lundi 9 mai 2011

Jethro Tull



La quintessence du héron à flute, l'origine du collectif malléable gravitant autour de Ian Anderson, du blues comme les début de Fleetwood Mac, du jazz généreusement incorporé au folk celtico-médiéval du groupe classico-psyché le plus fou de l'histoire du rock foutraque.
Héron fou sur une patte, flamant patchwork halluciné oeuvrant pour tirer vers le haut une pop 70's aux airs de bourrée et de soli à bec inégalable.

Chaque son de flûte traversière depuis me ramène à Jethro Tull, le groupe que j'ai découvert à l'armée avec un pote de chambrée qui me filait des K7 audio d'Aqualung (et de Roy Harper par lamême occasion). Je ne me souviens plus de son nom. Nous avons juste échangé musique pendant des heures et des heures de planton.





Nous sommes en 68, un véritable carrefour des genres, une grande place ouverte à tout, noire de monde. Les Stones ont importé avec acharnement le blues de Chicago vers Dartford, les Beatles chamboulent tous les genres alors qu'ils se meurent inéluctablement, le progressif gronde pour exploser véritablement début 70's (Jethro Tull a d'ailleurs apporté deux pièces à ce mouvement: « the passion plays » et « thick as a brick » 73 et 72, juste après avoir fait exploser les charts avec « Aqualung »).


Cette œuvre majeure, « This was », ne sera jamais dupliquée dans l'histoire du groupe, le socle est alors profondément blues et Mick Abrahams qui partira juste après ce disque, est le guitariste fondamental, et fait de « This was » un brûlot crossroad innovant sans précédent.
68, c'est une petite révolution dans ce genre académique, les puristes blues et surtout jazz crient à l'hérésie, luttent outrageusement contre la « dérive » et l' avilissement du genre..une flute traversière dans le crossroad, c'est un peu comme un impressionniste proposant des ombres violettes dans un paysage classique. D'autant plus que Ian Anderson se lance dans des adaptations méconnaissables: « serenade to a cuckoo », « cat's squirrel » sublimes morceaux. Puis vient s'ajouter à cela une touche de classique bourée » sur l'album suivant), du terreux hard à la Led Zep, du rock pierreux de barbus crades, des rebondissement progressifs, tout en gardant le style établi d'un harmonica à la Mayall et des accords ancestraux. Une lumière nouvelle vient éclairer la caste conventionnelle, et vient assouvir cette soif de changement.





Premier album d'un groupe qui n'arrêtera pas de grandir sans cesse, notamment avec l'apparition du nouveau guitariste Martin Barre dès l'album suivant « Stand up » (fraîchement réédité avec un concert au Carnegie Hall qui existait déjà dans le coffret quatre cd 25 years anniversary, la fameuse boite à cigare), le nouveau duo inébranlable (il restera jusqu'au bout) pour un groupe malléable sans cesse renouvelé (arborescence des musiciens très complexe).

Une pluie de rééditions DeLuxe s'abat sur les bacs depuis quelques temps. L'avantage de ces résurrections, c'est d'y trouver des pièces rares, des prises inédites, des unrealesed, des sessions live par exemple. « This was », contrairement à « Stand up » paru en 2010, est une mine d'or historique, une air que je jalouse pour ne pas l'avoir vécu, alors je me soigne, je compense et je passe en boucle ce double cd qui remplace mon vinyle crépitant, jusqu'à plus soif. John Pell dans les parages, des versions BBC à tomber, l'apparition de « love story », une reprise de « stormy monday », et surtout un de mes morceaux fétiches, « dharma for one » (que j'ai découvert sur le double vinyle « living in the past »), véritable transe indéfinissable.

Ian Anderson a avoué ne plus avoir l'énergie rock pour faire perdurer le groupe sur scène et dans les bacs. Mais la discographie est immensément vaste avant qu'on puisse réclamer le retour du héron musicien phallique brandissant sa flute en onanisme furieux au dessus du publique.
« This was » indispensable.

Jethro Tull 1968 « This was » label chrysalis
réédition 2008 sur EMI
http://www.j-tull.com/







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