C’est souvent ainsi dans mon ciboulot, des liaisons permanentes qui relient mon œil à mes oreilles, en passant par les souvenirs. Juste une lumière suffit, une onde, un paysage, un souffle, une impression.
Tout s’enchaine et le choix des musiques quand je rentre se fait naturellement. La nuit cuivrée y fut pour beaucoup quant à ce choix-là, l’absence de vent, le débit mou des hauts nuages, l’astre froid qui se laisse vêtir et une voix fantôme qui m’a suivi.
Aussi, une fois réfugié dans mon huis clos encore grisé par les senteurs moites, Susanne est venue chanter mon chemin, dire l’harmonie. Sa chevelure automnale pour ne rien laisser dehors. Nous avons ranimé, j’ai tout laissé entrer, ses compositions, sa voix, des textes, son octobre. Elle est devenue ma saison, ce carotène dingue qui enflamma la douce soirée tiède d’où je venais à là d'où je suis.
Tout est suspendu, percusion, flugelhorn et harmonium, même figé le temps défile. L’alentour est endormi, je me laisse sombrer, l'haleine de ma fenêtre entrouverte, ce parfum chaud des feuilles à terre.
Susanne Abbuehl 2013 « The Gift » labem :ECM