Grand Jeu Des Blogueurs
Mangeurs De Disques (4ème édition)Thème 7 : "La grande vadrouille" de la musique voyage
Une ligne de guitare danse et embarque
loin. A force d'encombrement cérébral, tout s'accélère et
s'entrechoque pour imploser et s'engouffrer dans un trou noir.
Engloutie, ma saturation se gomme d'un reset géographique, et mes
basses pressions ondulent en dunes chaudes, ocre jaune aveuglant.
Voyager juste sur une ligne de de guitare grave de transe molle.
J'aime marcher.. j'avale des kilomètres
en foulée de beauceron, des kilomètres de paysages.
Un piano, un accordéon viennent se
poser sur la ligne de guitare, et j'avance dans le sable, avec les
mêmes larges foulées. Safari psychique dans le désert.. quand
j'ouvre les yeux, je vois ma solitude, ici dans mes basses pressions
comme sur les dunes de sable au son des cordes d'Anouar Brahem.
Noir de monde devant, des silhouettes
floues, des fantômes comme des oasis. « Le voyage de Sahar ».
Tout est lent, doux et inconscient, les corps se meuvent en guimauve
ondulée, j'avance envouté, je prends le temps de marcher le long
des bordures, le longer la route, comme un voyage, « E la nave
va », cette vague douce et blanche qui me corrode. Mille fois
j'ai écouté cette chanson, j'ai reçu cette vague, un de mes plus
beaux voyages, la plus délicieuse de mes mélancoliques vadrouilles.
Cet album est troublant et m'emmène très très loin.
Anouar Brahem 2006 « Le voyage
de Sahar » label :ECM
Juste une pause « néautomnale »
.. je tombe sur le dernier Adrian Crowley qui vient épouser les
prémices d'ondes automnales, une bande son à la mélancolie
d'octobre qui approche. J'ai vu ce soir les premières feuilles
s'enticher de carotène, déjà les cartouches qui jaillissent
dimanche et le lièvres stressé comme un capitaliste en plein krash … le ciel est
épais, le blé d'hiver tendre.. et les corbeaux crânent.
Déjà « Season of the sparks » 2009
avait eu raison de ma gaillardise estivale, « I see three birds
flying » qui vient de paraître, revient comme les saisons,
mélancolie cyclique, pour un folk épuré qui se vautre entre Smog
romantique et un Richard Hawley boisé. Et puis cette pochette que je
jalouse que j'aurai voulu peindre à tout prix. Les teintes, le
contraste, ce dégradé d'ocre et de gris, cette posture bucolique ..
image en adéquation totale avec les chansons de cet artiste
irlandais. Un petit coin vaste pour se retirer sous les cordes.
Le ciel est à se tordre ce soir, lourd
un bleu gris crémeux chargé d'eau..je le scrute et je me dis que je
n'ai encore rien fait... rien pris.
Adrain Crowley 2012 « I see three
birds flying » label : chemical underground
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Mangeurs De Disques (4ème édition) Thème # 5 :
Au hazard Balthazar (un album choisi au hasard de la collection sans tricher)
Dans mon dressing où j'ai viré toutes
les fringues, j'ai rangé, archivé, classé tous mes disques. Des
lattes de sapin de 15 cm de profondeur en guise d'étagères, du sol
au plafond. A droite, en face, à gauche, y'en a partout, les vinyles
alignés par terre, les K7 en vrac dans des boites à chaussures.
Une petite caisse de plastique gris me
serre de caddie , comme ça, juste histoire de me la
péter pour le transport. Moi je les aime beaucoup mes disques.
Tous les CD sont classés par label,
coin du monde..ou style musical... Soul ici, Constellation par là,
derrière en haut les grands classiques américains Cash..Elvis, plus
bas les Floyd. Les yeux fermé je sais où est tel ou tel artiste.
Pour assurer un hasard crédible, j'ai
donc décidé de piocher au sol, là où j'entasse les galettes
écoutées et à ranger... elles sont en vrac, et là, pas moyen de
savoir.. sauf imaginer la musique diffusée les semaines
précédentes..un paquet.
A quatre pattes, je pénètre dans mon
antre paradisiaque comme un gosse qui joue à la guerre.. silencieux.
De l'avant bras je fous une pile en l'air, une tour de skeud qui
s'effondre et s'installe sur le parquet comme un chantier de dominos
tombés. Je sens les décombres à taton.. moi le terroriste qui
frissonne dans le noir total, comme le psychopathe fétichiste de
disques que je suis. A l'ancienne, j'entame la pioche comme on lance
une roulette Russe sur son Ipod, un random. Je tâte, je chope, je
dérobe et sort avec l'élu dans les mains, perplexe.
Je regarde la pochette à la lumière
du vasistas et me souviens du pourquoi ce disque ici, empilé sur le
sol.... un échange de commentaires avec Antoine, alias Dev.. sur un
certains côté ankylosé de Costello à une certaine époque.
J'avais alors sorti le seul disque de lui que j'aimais écouter,
« Flower in the dirt » de Paul McCartney. Declan MacManus
ne m'a jamais inspiré plus que ça. Mais sous cette forme
d'influence si.
Un dilemme se posait à moi.. comment
rester crédible.. ils vont jamais me croire, le remettre et choisir
un autre serait tricher,..et moi, je triche pas. La preuve, j'avais
choisi un cd de Paulo pour le must du premier thème.. hein!!! c'est
pas un bonne preuve ça ?? Du coup, après la pioche j'ai reposé le
must. Normal..pas deux Paulopar thème.
Un seul Paulo par thème j'vous dis..
le hasard fait bien les choses... allez les p'tits gars, vous me
croyez??? OUAIHHHH !!!!! alors c'est parti:
Paul McCartney, un des rares à avoir
résisté superbement aux 80's. Un très grand cru pour l'opinion.
1989, une renaissance pour Paul qui
sort une fois de plus d'une décennie musicale, un cycle. Le dernier
album en date, c'est « Press to play » en 86, un des
rares à avoir été décrié unanimement. Il y a bien eu une
compilation avec un super single « Once upon a time ago »,
un album hommage au public Russe, « Choba B CCCP »..mais
tout le monde attend un vrai disque de Paulo. C'est l'erre de la
Jacsksonmania, du retour des Floyd, le film « Imagine »
qui retrace la vie du Beatles manquant, le grand renouveau de George
Harrisson avec son meilleur album depuis « All thing must
past », « Cloud nine », un album très Beatles
(« Got my mind set on you »), tout comme « Flower
in the dirt ». « My brave face » sonne FabFour
indéniablement. Du coup le fameux bassiste ressort sa basse Hofner
pour la première fois depuis.
Beaucoup de monde sur ce disques, des
musiciens, Gilmour, Hopkins, Costello donc, et la rencontre avec
Hamish Stuart qui restera au sein d'un groupe pour quelques albums.
Des producteurs aussi, sept en tout, dont Trevor Horn, Steve Lipson,
Neil Dorfsman.... et Costello, dont il va coécrire quatre
morceaux... et même chanter pour un duo « You want her too ».
Un paquet d'inédits, de beaux
arrangements, de bonnes critiques, des tubes, des singles, le
billboard en feu, et surtout, des tournées colossales qui se
dessinent, et qui ne le lâchera plus. Et c'est reparti avec un fort
pourcentage de chansons des Beatles à chaque concert...encore cette
année.
C'est le retour aussi pour Costello et
Paul intervient à son tour sur « Spike » 1989.
La basse Hofner qu'il retrouve pour une
autre phase de carrière tonitruante possède encore collée dessus,
la liste des titres interprétés par les Beatles lors du dernier
concert 66.
Au hasard dans ma pile de disque, un
must... le hasard fait bien les choses, pas un jeu sans Paulo,
j'aurai pu tomber sur un disque de Paulo dont j'ai déjà parlé.
Paul McCartney 1989 « Flower in
the dirt » label : parlophone/mpl
L'horizon s'est boursoufflé, les
troncs épaissis et l'arbre raccourci. La terre grise et poussiéreuse
a remplacé le gras limon de silex. Quant aux odeurs, c'est l'olive
et l'eucalyptus. Terre plissée avec une poignées de degrés en
plus... vous trouvez pas qu'il manque quelque chose au fond ??
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Thème # 2 : UNE AFFAIRE DE FEMME (Musique au féminin)
Un quartier de sièges plus loin, un couple quinquagénaire dévore des yeux un autre couple, naissant celui-ci, vert vert vert, adolescent. Eux se parlent, fort, lumineux, accaparent à eux seuls tout le wagon. Couple rancit ou rassis, muet juste en face de l'insolence. Grisâtre. Demi-lune sur poivre et sel, plus grand chose à se dire, les cernes aux bouts des yeux se sont tendues dans cette vertigineuse plongée nostalgique, comme il y a quelques décennies. Même le paysage qui défile à grande vitesse de l'autre côté de la vitre ne perturbe en rien l'impolitesse curieuse et triste, dévisager des yeux, ahuris. En face, des dents blanches aux éclats, l'insouciance éclabousse, des rires et des sourcils qui tanguent, la vitesse des doigts sur l'écran gras apple, polyvalence des gestes, efficacité... juste en face, rien dans les mains, rien à se dire non plus. Le négatif, un clair-obscur de ma place d'où je regarde le couple qui regarde le couple. Dans mon casque « Amoureuse » de Véronique Sanson.
L'étoile du Berger, "on peut se méprendre". "Aimer c'est donner une partie de sa vie", cet artiste là a aimé éperdument. "La fièvre qui mord sans remords", le sommeil à l'aurore, sa tète entre ses mains et c'est elle qui a du chagrin, un lendemain ? Et pourtant, il est question de perdre sa tète loin de lui.
Serrer, entrer, poser, angoisse, diable, langage, une autre planète pour une autre pluie. Artiste à part entière, intègre pour un pur chef d'œuvre de la chanson française, car en plus de la poésie amoureuse de l'auteur, la musique est là, un disque comme elle ne refera plus, du moins dans cette intégralité là. Une Barbara pop, un truc pas encore fait ici, une qui donne absolument tout à s'en brûler l'âme, prête pour une grande envolée artistique et discographique auprès de Stephen Still, juste après…pour un couple qui s’éteindra aussi dans l’alcool et la violence..une artiste aux hématomes à force de tout donner. Son couple à elle en 1972, c'était Michel.
En attendant, « Amoureuse », la féminité à l’état pur, une histoire de femme ?? peut être, surement, en tout cas, les sentiments qu’elle revendique n’ont jamais été aussi bien exprimés… « je n’ai plus vraiment toute ma tète » ….
Le bouquet final de cette réédition, le duo « Amoureuse » avec Fany Ardant, une autre effigie féminine sublime. Une véritable histoire de femmes.
Bon, y'a une bande de potes qu'est
venue prendre un verre, arrosée de cocktails en tout genre pour
quelques festivités musicales qui débutent, pour mon tour, j'ai entamé les
hostilités avec une disque risqué, des britanniques maudits !!! La
moue, le doute, grimaces volages et discutes alentours, rien au blind
test .. hop, je coupe, je zappe et comme d'hab quand la température
s'effondre, j'éjecte et place une autre galette. J'aime pas diffuser une musique non contagieuse, pis que mes potes fassent la moue.
1986, époque que j'aime pas des
masses, pour le son, et pourtant y'a un disque qui m'électrise, un
must, une petite bombe pour que la fête commence.
Un disque rare pour un artiste hyper
exploité en discographie. « Gravity » sort ces jours-ci
avec bonus et hyper son. Des souvenirs de Rocky IV, anecdotique, et
pourtant, c'est show.. efficace, puissant . Dents blanches et
moumoute, patte d'èph à retardement, costard et talonnettes. James
Brown..et le billboard fait tilt.
Une chance au grattage, une au
tirage... ma chanson leur a pas plu..... « Gravity »
monstrueux, « Turn me loose, i'm dr feelgood » même pas
cap ???... « Repeat the beat » non plus … « Return
to me » hummm.... Je ne cerne pas la cote des puriste sur cette
cuvée Brown, just un must festif de rattrapage :D
James Brown 1986/2012 « Gravity »
label : sony/bbr
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Thème # 1 : QUE LA FETE COMMENCE ! (Un must pour commencer... Lâchez-vous !)
Si Elbow est un groupe britanique méséstimé, Manic Street Preachers eux œuvrent de puis 92, dans l’injustice la plus ahurissante. Leur entrée en matière médiatique fut houleuse et provocatrice, mais la haute qualité rock de leurs albums est indiscutable. Le sixième album du groupe de Cardif est peut être le meilleur disque pop rock de tous les temps. Un must oublié, pour un collectif incontournable.
« Know your enemy » 2001 enferme un éclectisme ahurissant, rock, pop, reggae, disco, punk.. un disque époustouflant pour commencer la quinzaine sous des riffs torrides, une basse puissante et froide (Joy Division), une intelligence musicale exubérante.
Les refrains sont racoleurs, la construction d’une grande envergure, ce point culminant de la discographie des Manic Street Preachers retrograde les opus de Blur et surpasse les Smith. Les gimmick pop sont foudroyants, 16 chansons pour une véritable messe britannique emmenée par un timbre vocal puissant.
« Royal correspondent »..quelle construction, « The convalescent », quelle chaleur étouffante, « Miss Europa disco dancer » disco sombre comme Poni Hoax…. "His last painting", perfection pop…. « The year of purification », beau comme un REM….
On s’est fait une raison aux mésaventures commerciales de ce groupe, ils continuent à sortir d’excellents disques, pas de ce niveau là, mais des qui tiennent la route, comme « Life Blood » 2004, complètement invisible cette fois-ci. En attendant, un grand must au son particulier, un instant de grâce pop hyper festif..pour tous les blogueurs… avec en étendard, l’hyper tube « Ocean spray »..à pleurer.
Manic Street Preachers 2001 « Know your enemy » label : epic
Sublime mouvement abyssal pour cette
nouvelle échappée seule d’Evan Caminiti tète pensante de Barn
Owl. « Dreamless sleep » est une plongée océanographique
et solaire, Vangelis et Six Organs of Admittance réunis. Beaucoup
plus adouci que lorsqu’il était chez digitalis records,
complètement planant. L’acidité psychédélique est resté du
côté de Jon Porras, l’autre hémisphère de Barn Owl, avec son
album solo à lui, « Black Mesa », aussi hébergé chez
Thrill Jockey.
« Unicorn » de
Tyrannosaurus Rex folâtre dans mes enceintes et la poésie de forêts
folles sautille sur le dos d'animaux imaginaires. Pièces courtes du
prince hippie Marc Bolan, il était une fois..juste avant les amplis
branchés du T.Rex. Des fleurs dans les cheveux, la voix tremblote et
le flot est rapide, les guitares sont folles comme entre les mains de
Syd Barett, le flower power pollinise, féconde à souhait, et je me
dis qu'une abeille a surement dû se poser sur le berceau de DevendraBanhart quand il est venu naître chez le jeune dieu. Mêmes
textures, même psychédélisme de graminées, papillon volage en
transe amok, des peaux tendues africaines viennent enflammer les
cordes sèches, castagnettes et grandes chevelures, accords aigus de
comportements volatiles. Chants bucoliques, chœurs champêtres,
liberté folingue
Tyrannosaurus Rex 1969 « Unicorn »
label : A&M69-universal2004
La rentrée vous rend morose ? Le Club Des Mangeurs De Disques a ce qu'il vous faut : ni plus ni moins que la quatrième édition du Grand jeu ! Cette fois, c'est Mister Moods de L'Année Du Dragon qui a concocté les thèmes, j'espère que vous apprécierez. Comme à l'habitude, vous les recevrez dès que votre inscription sera validée.
Pour les nouveaux venus, voici de quoi il s'agit : rien de compliqué, il suffit simplement d'avoir un blog (ou d'être hébergé chez un ami) et de poster, un jour sur deux, un album selon un thème imposé. Il n'y rien a gagner - sauf l'estime des plus grands blogueurs de la planète !
J'espère que vous serez nombreux à nous rejoindre et que nous nous amuserons autant que lors des trois précédentes éditions. J'attends vos inscriptions à l'adresse du Club.
La chaleur agonise derrière le prunus
tanin, les rayons s'y vautrent. Soleil démissionnaire de septembre
rayé par les traits de kérosène en partance. Des flèches pour
quelles destinations ? Quelques-uns s'élargissent et salissent.
Quelle destination ?
Mon hamac prend des allures de cockpit.
Un rail d'adrénaline plus haut sous le ciel strié, je suis passé
sur la caravane. Un cru Santana pour fêter la chute de l'astre qui
lèche nos feuilles et caressent nos peaux.
Je scrute les dunes désertiques sous
les accords chauds de Devapid. Nous sommes en 1972, quatrième album
avec un groupe nouveau. Derrière lui, trois brûlots de fusion, les
jeux sont faits, véritable tremplin et ce chef d'œuvre tranquille à
la pochette renommée.
Bande son d'un après midi où la
peinture n'est plus possible. Abstinence. De toute façon dehors le
soleil piquant m'invite et cligne de l'œil. Je lui donne mon
oisiveté à griller, ma flemme à mijoter. Et comme album, le nouvel
effort acoustique de Thomas Belhom.
Coincé entre une nouveauté de GiantSand déjà publiée et un double Calexico à venir, je découvre
« Rocephine » est reste plaqué dans mon hamac comme dans
un cocon de lin près à muter. Coincé, car ce musicien batteur/percusionniste devenu
solitaire était chez Calexico avec son binôme Naïm Amor (avec qui
il a sorti deux grands disques « Wavelab » et surtout
« Amor Belhom duo » 2000). Howe Gelb, alias Giant Sand
est peut-être le noyau de cette grande arborescence qui va de Thomas
à Bruno Green (Lilium et Hugo race (chez glitterhouse)). Une grande
famille boisée, la même sève. Un collectif, une même bannière.
Deux troncs d'arbre comme sentinelles,
une onde de chaleur molle me couvre et me flagelle les paupières....
Dedans, les murs sont couverts de chaux, et une abeille vrombit
mémère. Elle, cherche la fraîcheur des murs, moi l'ombre d'un
arbre pour me couvrir. Le son diffuse attristé, un ciel d'été
tardif, ou plutôt une canicule merdeuse, une chaleur traine-savate
comme j'aime. Des cordes partout, un peu de cuivre, moitié chanté
façon Xavier Plumas (Tue-Loup) ou Dominique A (« Dans ma
maison »). Stuart Staples est invité à chanter ses propres
paroles sur « A meaning shovelfull of promises ». Thomas,
première partie live des Tindersticks 2012. Moitié instrumental
sous cette ambiance de feutre ombragé, ultra-violet mou. Viva Yazon
elle, peint, elle est le design « Modiglaini » de cette
pochette ci. Un ensemble artistiquement magnifique. Un instant grisant,
contagieusement tristounet.
Ça se passe chez Ici d'ailleurs,
quelques albums déjà, beaucoup de collaborations (Red était sur
« Remedios »), des amis. Un sentiment de solitude
impeccable pour épouser mon isolement sous l'arbre sous le soleil
sous le ciel noir outremer qu'on ne peut voir ... solitude.. à deux .. Viva Yazon est
toujours là à mettre en peinture la musique de Thomas. Quelle
collaboration musicale je pourrais habiller d'huile un jour ? Ou un autre
support artistique ? Tout ce que j'écoute à peindre.. Thomas
Belhom/ Viva Yazon est une magnifique collaboration amoureuse.
Thomas Belhom 2012 « Rocephine »
label : Ici d'ailleurs
Guitares claires parsemées en haute
altitude, comme Rotkho. Quelques crépitements de certitude,
scintillements électroniques loops sur voix éthérée. On pourrait
croire ainsi à un nouvel opus de The Notwist, Hood, ou encore une
échappée vaporeuse de Tom Yorke.
« Watch/Illuminate » de
Shoeb Ahmad est un peu tout ça.
De la dream pop anesthésiée sous les
neurones de Taylor Deupree, cet architecte sonore de l'école 12K. Trois ans
de boulot pour l'Australien Shoeb Ahmad, 400 exemplaires proposés, un
engourdissement analgésique, de la dilution et des étendues.
Du blanc.
Un joli dosage et des formes
nuageusement druidiques, tourbillons sonores sous morphine. Un drone
de convection, lumières et chlorophylle, une ambiance rêveuse,
« Watch/Illuminate » invite. Abyssale, ou
stratosphérique.. complètement planant en tout cas.
Shoed Ahmad 2012 « Watch/Illuminate »
label: mystery plays
J'ai esquivé le piège Cat Power avec
mon blaze-radar, pour mieux me vautrer dans l'appât Belle &
Sebastian. C'est cette étiquette que brandit la vitrine généreuse
du premier album de Stevie Jackson, guitariste de Belle &
Sebastian qui fait froid dans le dos. Une occas pas chère pour un
album hyper lège.
Non en fait c'est quasiment
allergisant, une perte de temps sidérale pour une pop assourdissante
basée sur une inconsistance époustouflante proche d'un nauséabond
saoulant de Mika.
Insupportable et insipide à la fois,
l'enjoué et le ludique exigent un minimum d'intelligence pour être
contagieuse, communicative, voire jouissive. Le pire, c'est qu'il y a
du monde dans le crédit !
Pas l'habitude d'un tel billet, mais
là, ça sent un peu .. l'arnaque.
« I can't get no »..ça
s'invente pas, même entre parenthèse.. devrait se cacher la bouche sur la pochette.
Stevie Jackson 2012 « (i can't
get no) » label : banchory www.steviejackson.net
échelle de richter : 2
support cd (:C)
après 1 écoute
Les fill'qui d'vint smarier, craignant d'raster stériles,
Allint frotter douc'ment leu'petit ventr'gracile
Sur c'te pierre magiqu'qui fécondait leux flans"
Cette roche druidique est cloîtrée au
milieu d'un no man's land
de friche et de tags. Ancienne gare de
mon village.
Terres ensablées par l'industrie
ancienne, hangars désaffectés
et pourtant terrain vague à l'époque,
terre champêtre.
Une légende ici, pas loin des pierres
carrées et empilées de l'épaule,
cette roche oblongue qui transmet la
fertilité, à condition de s'y frotter.
Dans le petit trou du flan, les enfants
nés
venaient déposer une sucrerie une fois
grandis.
Les palets de Gargantua, le menhir
druidique, l'épaule de mouton..
Une terre d'histoire.
Vers 1900, quand la chanson en vieux français est née :
Vous préférez Charlotte et Beck, ou Lou et Daho ? Des ondes filiales qui trainent. Ah ouaih, Lou Doillon écrit et compose, ça change beaucoup. Oui mais Charlotte joue du piano, puis elle a une voix dans le lignée gainsbourienne des chansons géniales effleurées. Mais Lou, c'est pas le but, sa voix, c'est pas Jane, même si les chansons ont une légère qualité subliminale de l'ex de sa mère.
Bon, ça craint comme rubrique nécro-people que rien ne justifie. « Places » est un grand moment de chansons populaires, sublimé par le travail sonore de Daho, le même plaisir qu'à l'écoute d'IRM.
J'étais follement amoureux de la grande belle-sœur, la tète m'en tourne encore, tous ces atome qui gravitent autour... Mais au fait, Daho, l'a pas effleuré le cerveau de Serge un moment ? Passation.
Oh là là, « Charlotte forever », le premier album découvert à sa sortie. Passage aux chimères de quadra oblige, Lou cette fois-ci me plaque, son premier album. Annoncé, confirmé, sublime. Peut-être une icône de plus qui s'impose naturellement.
Le timbre est sublime, tellement différent, tellement difficile à gommer ces neutrons indéboulonnables, que l’on déboulonne quand même, puis tellement évident à voir comment Chan Marshall se vautre par exemple.
Lou Doilon signe là un disque qui marque la rentrée et qui laissera des traces ici. Un disque bien à elle, complètement assumé, de très haute tenue pour un premier essai.
Lou Doillon 2012 « Places » label : barclay http://loudoillon.fr/
échelle de richter : 8,8
support cd
après 2 écoutes
Pour aborder cet opus, il faut imaginer la belle époque des vinyles, où l’œuvre discographique se pense en deux faces. « Lorca » de Tim Buckley n’est possible que scindé en deux.
Le prince de la folk américaine après cinq albums de très haute tenue propose sur « Lorca » une cassure illustrée sur la face A, avec deux morceaux sublimes de jazz pop dégingandé transcendé par son sublime timbre de crooner clair, « Lorca » et « Anonymous proposition ». Le son expérimental, dissonant et décalé attire l'auditeur vers une complexité nouvelle. La deuxième face du disque, même si elle affiche encore une légère teinte bringuebalante, tend vers un folk conventionnel habituel au songwriter voyageant entre Elvis et Nick Drake.
J’écoute la face A de « Lorca » et déguste la même écriture abstraite qu'avec « Blemish » de David Sylvian, lorsqu’il est venu rompre sa discographie de crooner pop.
A chaque retour de vacances, tout le monde ouvre sa boite aux lettres affligé d’une tachycardie toc. Factures, amendes, mauvaises nouvelles, cartes postales moches… Moi en revenant de mon exil estival, j’ai découvert un cœur qui bat dans ma boite aux lettres ; le nouvel album d’Aube L, comme un fil conducteur de blogueur, une récompense aux billets publiés.
A peine « I am » dégusté, Aube réapparait avec «Stars in your scars » , et moi j’aime bien les discographies généreuses. Si sur « I am », j’avais l’impression d’une envergure sonore, je plonge ici dans une sensation d’intimité troublante, un aveu, un travail d’introspection jonglant entre synthé 80’s, guitare franches et timbre vocal hypnotisant. Certes le ciel est toujours aussi chargé, le gris anthracite, le même clair-obscur. « Stars in your scars » pourrait habiter les murs du label 4AD… du Blonde Redhead des débuts en Dead Can Dance-Radiohead, du Bowie en Joy Division avec des mélodies lacrymales, un Antony aux yeux de chats…. Toujours noire de monde les chansons d’Aube...« habitée par tant de monde », c’est peut être le fil conducteur de tous ses albums.
Un autre monde se dessine avec « Stars in your scars », un approfondissement généreux scintillant de quelques préciosités et de mélodies lacrymales complètement mélancoliques. Un album troublant entièrement réalisé seule. Aube..je t’embrasse.
AubeL « Stars in your scars » label : autoproduit
Échelle de richter : 8
Support cd
Après 3 écoutes http://www.aubel.biz/