mardi 27 février 2018

Arvo Pärt - Keith Jarrett - Gidon Kremer 1984



Je crois bien n'avoir jamais chroniquer un album de musique classique. Sûrement à cause de mon innéisme et mon vertige, ce sentiment de virginité devant une œuvre séminale, le cerveau mis à nu. Musique classique, pas uniquement finalement puisqu'une fois de plus il s'agit du label sans frontière ECM. Autre transition à Metheny, l'année de création de « Tabula Rasa », 1977.


1984, cette œuvre d'Arvo Pärt est reprise par des orchestres, Stuttgart, Berlin, avec comme invité du collectif, Keith Jarrett et Gidon Kremer. Classe certes, mais néo aussi, puis post-moderne et contemporaine, plein de corde et un nouveau vertige, je vais avancé suffoquant à travers ces éléments successifs impressionnés.
Table rase sur les mots, mise à plat des émotions, reset musical sur cet instant prestigieux.



Arvo Pärt (Keith Jarrett – Gidon Kremer) 1984 
« Tabula Rasa » label : ECM

lundi 26 février 2018

Pat Metheny 77




Voilà exactement la traduction graphique de mes sentiments quand je suis chez l’Edition of Contemporary Music. De l’architecture certes, mais aussi du paysage, exigence des lignes et contemplation des impressions. Des couleurs parfaites ocre jaune et bleu cobalt, du jazz en fusion.

Le producteur est Manfred Eicher fondateur  du label, la batterie toute en finesse est assurée par Danny Gottlieb, la basse par Eberhard Weber, le piano par le fidèle collaborateur Lyle Mays déjà présent sur ce deuxième album de Pat Metheny. Le son Metheny est unique, pourtant ici quelques moreaux semblent dilués dans les balbutiements d’une carrière faramineuse à venir. « Sea Song » plénitude des étendues, le bras au saphir se pose sur les sillons du ressac. Discrète pièce délicieuse du catalogue ECM et de la discographie prolifique du guitariste américain.

Pat Metheny 1977 « Watercolors » label : ECM






jeudi 22 février 2018

Max Ananyev




Une autre insomnie, des minutes qui s’égrainent sur le blanc nuit et les silences. Les notes flottent et les arpèges voltigent, « White night ».. une autre marche.


Max Ananyev 2017 « The Way to the Ocean » label : preserved sound


mardi 20 février 2018

Susanna 2018



Impossible de dormir. Je me lèverais bien pour aller croquer cette Valériane que le gel a fatigué, là au seuil de mon muret muet depuis des années. A croire qu'elle est venue ici à l’encoignure de ma clôture pour me dire eh..je suis là, tes insomnies sont finies. Elle est mignonne.

La glace s'est faite la mâle, mes congénères ne dérivent plus en congères....pas sûr, aucun brise glace à l'horizon, aucune lame pour les âmes, rien pour défricher ce fouillis dinguelasse. La voûte se lève à peine, pas bonne mine ce soleil de plomb, le saturnisme nous guette à boire ce ciel de suie sans cesse. Il vient à peine faire suinter l'asphalte de sa sueur fossile, le rimmel crasse des fins d'hiver.

Ils ont sali ma Valériane avec leurs rues d'échappements, je vais me coucher quand même en pensant à ses petites fleurs médicinales roses pour m'endormir. Il paraît que son rose la rend fausse, je m'en fous, elle est là a filocher mon éveil et le blanc lui de mes nuits rendent mes insomnies incontestables. Je vais somnoler et compter jusqu'à centranthe... ma Valériane....


.....mon lépidoptère norvégien, Giovanna Pessi, Ida Hidle, Tuva Syvertsen, Susanna que j'ai découvert en 2007 grâce à Rune Grammofon. 

Susanna 2018 « Go Dig my Grave » label : susannasonata


lundi 19 février 2018

Léo Ferré - Verlaine/Rimbaud



Plus de quoi faire une boule de neige, les prochaines en rose de Gueldre blanchiront nos haies printanières. Viburnum opulus, les belles ombelles de la viorne feindront un temps de neige. Comme un miracle biologique, la symphonie des arbustes donne l’attrait des jardins, une autre promenade dans le Pré Catelan, ces belles allées au cœur d'Illiers ombray, « Du côté de chez Swann », et l'âme des poètes s'y balade, l'herbier de Marcel Proust.

Entre le blanc disparu et celui à venir, je flâne dans ce jardin littéraire, des petites notes magnifiques de Léo Ferré dans la tète. A défaut de Proust, c'est Verlaine et Rimbaud qui viennent mettre en musique de ses chansons bien douces l'errance d'un temps doux entre hiver et printemps.

Léo Ferré 1964 « Verlaine et Rimbaud » label : barclay



Illiers-Combray  huile sur toile février 2018

jeudi 15 février 2018

Rhye 2018



A force de lâcher franchement les nouveautés pop moderne, on va imaginer tout comme Dracula s'adressant à Jugnot que « je ne t'aime plus Lepope ». Il faut dire que ça foisonne pas mal de ce côté là, tout azimut et je m'y perds un peu. J'ai trébuché sur Django Django, juste avant de tombé en petite extase sur Rhye.

Une légère chair de poule comme elle sur la pochette, (la même que sur « Woman » ?) a parcouru le disque. Un thème, une musique vachement bien foutue pour le corps. La voix de Milosh, comme un doux mélange Keren Ann et Bardi (Lady & Bird), est à la hauteur du tempo sensuel et mollement endiablé. Les idées sonores sont exquises et les notes tombent comme le goutte à goutte des branches gelée qui se réchauffent. La débâcle des enceintes. Perle de neige en eau ensoleillée, ça coule merveilleusement bien.

Laissez vous envahir par « Phoenix », le contagieux, le toxique, le Daftpunkien, le sommet.

Rhye 2018 « Blood » label : hostess entertainment unlimited

mardi 13 février 2018

Curtis Harding 2017



On sert les dents, on sort les disques, un d'entre eux aura eu raison de la boue quotidienne, petit remède à la merdasse qui colle aux grôles de cette journée bien grasse.
Tout se volatilise, la neige fond à vu d'œil. Un souffle chaud vient annoncer le retour du soleil, c'est une nouveauté et pourtant ça sonne Motown. Un album soul avec la belle particularité qu'il a été produit par Danger Mouse. Et ça se sent que c'est lui, le même son de basse, de batterie et d'orchestre que pour Rome avec Lippi.

Deuxième album, des pochettes qui se suivent, c'est chez Anti- et la neige fond, ou comment finir en beauté une journée dégueulasse.


Curtis Harding 2017 "Face Your Fears" label : ANTI-



lundi 12 février 2018

Les Valentins



Edith et Jean-Louis, la transition parfaite à la fantaisie de Bashung. La sphère de Daho, Darc Fontaine, Jacno et Thiéfaine. On pourrait appeler ça « au service de.. » et pourtant à eux ils ont trois albums et des demandes alentours.
Je ressors « Juke Box » avec ce bleu blanc rouge et des mines de fâcherie qui va mettre fin au duo. Fambuena et Pierrot, regardez leurs traces un peu partout, à travers cette famille de piédestal.
« Juke Box » justement, « Entre elle et moi ».. « Nos mères »... la même production que nos nuits quand nous mentons. Et puis l'album défile dans une harmonie imparable, simple, propre. Pas la place qu'ils auraient méritée, une à eux exclusivement, pour cet album surtout. Leurs empreintes sont ailleurs, éparses, marquées sans pour autant qu'on le sache.. mais il y a aussi « Juke Box ».

Allez, bientôt le 14, pas de fleuriste, ni bijouterie, un p'tit morceaux des Valentins.

Les Valentins 2001 « Juke Box » label : barclay

vendredi 9 février 2018

Bashung 98



Comment encore me placer sur cette fantaisie ? Toujours à chaque écoute je monte sur mes grands chevaux et traverse passionnément toute la surface hexagonale, à la recherche de ce qui se fait de mieux. « Fantaisie Militaire » s'est glissé sur un piédestal.

Torse immergé, les mains en cercueil, le dormeur du val, mort ou vif. Un soldat sans joie au milieu du vert kaki des lentilles. Squelette endormi, baies de balle rouge comme des blessures visées, ensommeillées. Homme blessé, naissance des eaux troubles, pâleur et corps flottant, Ophélie, Angora, « ..onde calme et noire où dorment les étoiles ..» … nénuphars célestes.


Avec Fauque deux ans d'écriture, un débit de mots pour n'en synthétiser que quelques phrases, les mots entre eux vont tant charger le noyau, cette matière noire vers où tout va. Belleville et des après midi entières à cogiter, les Valentins, une ferme en Sologne pour la mise en boite, Lamy, Mortier, Lederman, puis le studio Antenna avec Lamoot, le Grand Nicolas et le Duc de Guise pour la technique, le son, les machines et le Pro Tools, avant le studio Nomis de Londres et Caple/Edwards/Baker. Le château de Miraval. « Oncle Al » avec Racaille pour le studio Davout, et le Pierce Entertainment à la Burger..... et je me disperse dans le dédale technique et historique, mais je veux savoir.


Un fils asthmatique, l'architecture glaiseuse d'un couple, mensonges, séduction et héroïsme dans le cercle d'un cirque, soldat perdu, Walhalla, la Belle aux bois dormant jusqu'en 2043, la liberté dans l'enfermement qu'on s'inflige, Yasmina, Monica, les femmes sont la vie, ode à la féminité, des vies privées et le grand air de « Dehors ». Un militaire qui perd son sang froid, le commun des mortels à la limite du supportable, Colin et Chloé écument les jours, soldats perdus, « Sais-tu que la musique s'est tue – sais-tu qu'un salaud a bu – l'eau du nénuphar – l'honneur tu l'as perdu – sur ce lit de bataille ».. et que dire de « Mes prisons » ?..je ne respire plus, ce disque reste toujours aussi suffoquant et beau.
C'est sûr, la nuit on ment.

« Effet de serre – ma vie sous verre -s'avère ébréchée.... me poser sur la branche au risque de me trouver à l'étroit... »

Je ne sais plus trop où me mettre, je devine mon socle, je croyais « Bleu Pétrole » au dessus, et « L'Imprudence » absolue... je reviens sans cesse sur la « Fantaisie Militaire » comme on dissèque sa carte génétique, fouille son arbre généalogique, comme on finit par se recueillir sur notre irréel définitif.
Le dormeur du val qui dort, c'est peut être juste le disque littéraire qui restera au delà de pas mal de choses, presque de tout ce que je pense. Après un long processus de création, des lieux et des rencontres, "Fantaisie Militaire" est là.

Alain Bashung 1998 « Fantaisie Militaire » label : barclay




mercredi 7 février 2018

BJ Nilsen 2017



Palier à la sécheresse des tonnes de phrases, se charger du silence et marcher. Nous faisons parti intégrante de la nature, beaucoup plus qu'un simple légo d'un monde sociétal. Nous avons perdu toute appréhension de la biologie, la conscience du cosmos, le plaisir de s’arrêter quelques instants devant un arbre. Marcher, le génie de la balade, régénérer nos esprits en le plaçant exactement dans le paysage qui nous a fait. Renouer avec l'élément, la liberté intellectuelle et morale.
Des errances de Henry D.Thoreau, aux rêveries du promeneur solitaire de Rousseau, faire d'une marche un projet de reconstruction mentale, s'enivrer des contemplations, laisser la densité du silence imprégner nos tissus, sentir le calme ravissant et chavirer aux choses ordinaires.

« … je quittai peu à peu ces menues observations pour me livrer à l'impression non moins agréable mais plus touchante que faisait sur moi l'ensemble de tout cela. »

Eau rousse, descente, montagne, une excursion pour le cerveau avec BJ Nilsen. Je pars marcher pour écouter dans le silence les bruits du paysage.

BJ Nilsen 2017 « Massif Trophies » label : editions mego

dimanche 4 février 2018

Nils Frahm 2018



Je regarde Broderick et Frahm avec la même curiosité. Comme une gémellité artistique du néo-classique, leur carrières se longent. La même évolution.
Tout comme Broderick a développé un son, Frahm n'est plus qu'un piano, cuivres, voix et ici beaucoup de machine tendrement syncopées viennent étoffer son écriture. « All Melody » est une œuvre complète, avec quand même des interludes piano bien à lui avec ce son particulier du micro dans la caisse.

Similitude de travaux, sous le même toit, après Peter Broderick, Nils Frahm revient amplement. Le mercure chute, des musiques de quoi se cloîtrer dans une chambre aux vitres embuées, déguster cette musique de huis clos vaporeux.

Nils Frahm 2018 « All Melody » label : erased tapes

samedi 3 février 2018

DBUK



On m'avait prévenu, fallait pas prendre ce bateau, l'étroit pour le large exigu, le vaste rafiot de l'oncle John. Pas tant le bois de la coque qui fait que ça tient sur l'eau, mais sur quoi il flotte la nuit ce petit hémisphère de coquille de noix. Tout sauf de l'eau, nappe pétrole de brou pour glisser avec vers le fond, l'ongle jasmin coupé qui flotte aussi au dessus de l'eau, comme lui et moi, John sur son bateau.

Capitaine de suie, à travers les huit chansons, il n'a même pas vu que j'étais à bord, je crois qu'il ne sait pas non plus où la poupe va. Peu importe, l'accordéon guide, le Ukulélé aussi. J'ai mal à la carcasse, le vertige des profondeurs fossiles, le poumon de l'accordéon pousse à perdre haleine. Doucement vers le mur noir d'un huit clos océaniques, j'avance au son des rames, je suis sur le navire petit de l'oncle John et flotte au bruit des larmes.

J'ai beau visiter toutes les contrées de Jay Munly, du Broncos Fight Song et du Slim Cessna's Auto Club, rien ne me fera accoster et descendre du bateau de John, le tonton.

Ça flotte sur quoi ?? bière, bourbon, vin... telle ou telle coque ??

DBUK 2017 « Song one through eight » label : scac

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...