mercredi 26 juin 2013

Rauelsson



Je ne suis qu'au crépuscule des huiles. Je démêle mes balbutiements de couteau avec des inspirations alentours susceptibles de flanquer mon slpeen. Comment faire pour se terrer, engloutir sa réalité, faire murir ses utopies dans de caverneuses taupières à sucer les sucs des racines, et faire ressurgir l’onde.
A trop flotter dans les airs, on oublie le minéral, les semelles sont restées trop longtemps collées à la terre brune... je flotte avec mon chapeau-cumulo à exsuder tout ce que je peux juter dans l'imbibé.
La respiration des inspirations n'a de valeur qu'à la saveur du sucre butiné des gelées royales d'une abeille cramoisie, un miel flamboyant et viscéral, une chair en lambeau qui ramperait sur des bacilles de coke, une peau coquelicot délavée accrochée à la chlorophylle.


Il n’y a que 450 exemplaires de ce chef d’œuvre ambiant, cette musique est unique. Raul Pastor Medall offre son travail, au piano, noyé dans un blanc de field recordings, des voix nébuleuses et quelques cordes platines.

Le blanc .. il n’y a que la belette laiteuse pour me dire qu’il faut que je me permette. La blanche hermine grignote mon épiderme et le noir me fait la moue. Je n’ai plus envie, il n’y a plus de charbon dans la mine, je ne sombre plus que vers la musique posée sur des silences, dessinant des étendues.
Si quelqu’un peut soigner mes insomnies et chasser ce blanc de mes nuits, j’irai alors peindre au levé du jour, avec « Vora » qui résonne, j’irai dérober les couleurs naissantes.


Quelques notes suffisent, quelques pigments sur cette pollution nacrée, une perle de sang, un postillon océanique, une goutte de transpiration, un éclat de lune ou un gravier solaire, un pépin de clairière ou une larme de chlorophylle.

Ne vient on pas du noir pour aller vers la lumière… blanche ?

La musique progressive dans le néo-classique, c’est juste un rayon de lumière qui vient tout bouleverser, une lueur, un grain de peine qui vient troubler l’horizon.

Sonic pieces, une auberge à suivre de près.

Rauelsson 2013 « Vora » label : sonic pieces
http://www.rauelsson.com/
http://www.sonicpieces.com/sonicpieces017.html





dimanche 23 juin 2013

Murat 2004



Grisé par ce séminaire tonitruant, ce petit marathon amical, et ennivré par le tourbillon des émotions, je retourne aux écoutes « gratuites ». Lendemain de fête, levé lumineux, le sourire aux pommettes, j'écoute « A bird on a poire », une autre amitié, une collaboration.
La rencontre a eu lieue sur le « Jim » de "Mustango".. « Bang bang ». « A bird on a poire », c'est Jennifer Charles des Elysian Field au chant, Jean-Louis Murat aussi, l'écriture en plus, et le fidèle compagnon artistique Fred Jimenez à la basse et aux compositions. Une formidable récréation.
« A bird on a poire », le plus beau disque pop d'ici.



Jean-Louis Murat, Fred Jimenez & Jennifer Charles 2004 « A bird on a poire ». label : label







vendredi 21 juin 2013

Sandie Shaw 69


Grand jeu sans frontière 6ème édition :
Samedi 22 juin :
La fête de fin de jeu
On va pas se quitter triste, allez ! Maquillage, paillettes, déguisements et cotillons... on va s'éclater.
 
 
Cette fille a un talent d'interprète inouï, et les mecs derrière, c'est pas des manchots. Convoqués : Paul McCartney, Beatles, Bee Gees, Led Zepelin, Bob Dylan, Rufus Thomas, les Stones, Dr John....
On pourrait s'effrayer de l'affiche, mais n'ayez aucune crainte, sans aucune frilosité la petite peste régente facile. Pas de cliché ici, ni de médiocrité, moi qui ne suis pas reprise plus que ça.

Rien de tel pour se « quitter », se retrouver sur une plage aux heures les plus reculées de la nuit, le sourire hippie, les paillettes dans le ciel, à écouter une fille chanter l'histoire du rock. Sa discographie est d'actualité, son histoire ressurgit, un prix à l'Eurovison, l'aile d'Eve Taylor, des ventes fulgurantes dans les 60's, un creux en 67, et ce disque de reprises en 1970. C'est pas un séisme, ni une compilation vaseuse, c'est juste un super bon disque qui ferait presque préférer la reprise à l'originale. si si, même « Love me do »..pire encore, même « Junk » (??!! ?? :D). La carrière de Sandra Ann Goodrich va doucement s'estomper.

C'est juste un super bon disque quand on est plusieurs à bavasser un peu fort, à rire aux éclats, à tiser assoiffé, cernés de fatigue.. nan, rassurez vous, c'est pas un remake des petits mouchoirs, pas de yacht, ni 4x4 et ni huitres (quoique), juste des caisses de disques et quelques cubis à rafraîchir, voire quelques tonneaux à rouler... mais surtout quelques chansons cultes à partager, et pas des moindres. Dommage, pour l'apothéose, il aurait fallu une reprise des Beach Boys.
Bordel, qui a chourave ma roulée, ça s'fait trop ape ? Le feu crépite, les paillettes cosmiques saupoudrent la voute dégagée, Sandie Shaw est déguisée en pop star, noire de monde, insolente, et nous aussi tellement on se fout de tout le reste. Y'en a pour tout le monde. Ggrrr que le séminaire a été bon. Merci Sorgual pour le brassage des sentiments. Je vous embrasse tous et vous laisse avec Sandie Shaw et son « Reviewing the situation » de la bombe... toute façon, j'ai pas plus festif, là je suis à fond... puis on est pas sur un dancefloor, mais sur la plage pour fêter la quinzaine fada des cinglés de zic des anthropophages de disques.
Merci Jimmy.





Sandie Shaw 1970 « Reviewing the situation » label : 2013 salvo
http://www.sandieshaw.com/


jeudi 20 juin 2013

Nina Simone 67



J'ai lu ceci hier :



« A l'age de dix ans, alors que Nina Simone donnait un récital de musique classique dans sa ville natale, ses parents, au milieu de l'assistance blanche furent expulsés. De ce jour, la lutte contre le racisme et l'humiliation devint pour elle un combat quotidien.
« La première chose que je voyais le matin en me réveillant, écrit-elle dans son autobiographie, c'était mon visage noir dans le miroir de la salle de bains, et cela conditionnait ce que je pensais de moi le reste de la journée ».
Nina Simone aura eu une vie jalonnées d'évènements vécus comme des blessures, traversant sa voix comme autant de failles. Une vois imprévisible, tour à tour douce ou rauque, caressante ou rageuse. Une voix à la tessiture limitée, il faut bien le reconnaître, mais dont les inflexions s'avéraient capables d'épouser les moindres vicissitudes de l'existence. Une voix qui, enfin, trouva dans la musique classique des arpèges, des silences et des harmonies insoupçonnées, qui l'aideront à gagner en sauvagerie......... ». (Philippe Robert « great black music.. » édition : le mot et le reste).

Prêtresse de la soul... voix ébène envoûtante... star totémique.. culture noire...
…... à l'age de dix ans............................. Nina.


Nina Simone 1967 « Silk & soul » label : legacy
http://www.ninasimone.com/ 
https://www.youtube.com/watch?v=6MnymOLgmCQ&list=PLC6D52FB806779EFD





mercredi 19 juin 2013

Michael Jackson 1970/75



Grand jeu sans frontière : 6 ème édition :
Précoces ou tardifs, étoiles filantes ou confirmations, la musique a produit des petits génies à tous les âges.




J'aborde ce thème complètement à la ramasse, j'ai laissé passer trop de temps à fuir l'évidence. J'ai fouillé pour trouver cet artiste d'age mûr sur qui le succès est tombé sur le tard. C'était mon moteur et je revenais sans cesse sur Gainsbourg, ce génie à la longue carrière mais au succès tardif.

Et puis bim, l'inverse est tombé, juste en face, dans la pièce d'à côté, des tonnes de documents, des disques et objets, et sur l'armoire, Bambi avec ses gants et son chapeau.

Ici est bâtit un véritable musée sur Michael Jackson qu'elle délaisse depuis que je possède un gendre :D.

Qu'à cela ne tienne, je ne vais pas compulser ses bouquins pour étaler des trucs que tout le monde connait. Mes émotions à moi ? Juste ce musée que j'aime regarder, essayer, comprendre le processus d'une passion artistique voisine. Je n'aurai jamais piqué une tète dans cette phase pop si sous mon toit je n'avais pas eu cette trombe passionnée. Alors j'ai écouté, picoré, pris à moi, on prend ce que l'on veut de la famille Jackson. J'ai redécouvert, approfondi et chassé mes préjugés et surtout j'ai exploré.

Je suis alors tombé sous le charme pimpant des débuts de Michael. Sept albums des Jackson 5 sont déjà sortis quand son premier album est paru, il avait 14 ans. Les petits virtuoses doivent pulluler dans tous les domaines, mais quand il s'agit de voix, de danse, de planétaire, de pop et d'age (début à 5 ans), Michael est absolument unique, quelques soit notre opinion et notre place. Artistiquement il est indiscutable, il est l'insolence talentueuse la plus jeune dans l'histoire de la musique.

Quel album choisir ? « Ben », « Got to be there » avec les sublimes « Maria » et « Ain't no sunshine »,... « Music & me » … ou « Looking back to yesterday » dont le vinyl est très très côté ?

Un objet fabuleux en trois CD bourrés d'inédits, regroupe les premiers albums de Michael Jackson en solo et chez Motown.
« Here world : the motown solo collection » sorti évidemment en 2009.

Je l'ai choisi pour le thème, mais aussi parce qu'il m'arrive d'écouter des albums de Michael Jackson (même quand il ne chante pas avec Paulo), cette période surtout, exempt de toute saloperie people, c'est jeune, c'est Motown, des grands disques, une préciosité insolente.


Pour Gainsbarre, j'avais « Mauvaise nouvelle des étoiles » sous le bras, un gros succès tardif.



Michael Jackson 2009 « Hello world : the motown solo collection » 3CD







lundi 17 juin 2013

Jacques Bertin 2013



Grand jeu sans frontière 6ème édition:
Mardi 18 juin
Francophonie
Ici, on chante ou on est Français.

Ici au milieu de nos cinq murs sans frontière, la langue française est un art que l'on jalouse, que l'on respire.

Ici, la verve n'est pas pop. Le populaire est dans la rime riche, la quintessence des mots qui imposent aux notes une architecture chansonnière ancestrale qui arme cet hexagone tempéré. A l'image de nos douces collines, la palette des vers s'étend d'une large ductilité, et la prose s'épice de complexes édifices. Les acteurs y passent tout leur temps, décortiquent et font l'amour avec l'étymologie. Trois mots, trois milles émotions.

Il y a nos pères, ceux qui les tuent, ceux qui ne s'en défont jamais, les libres, les formatés, les sismiques et les mous. L'identité artistique est tellement forte, il y a les fayots et les maudits. Les mots sont là, tous à prendre, et juste à les évoquer, il y a un chant. J'ai mes conteurs à moi, eux seuls savent nourrir mes cellules. De la philosophie, des sentiments, mes idées derrières, mes convictions avec la note qu'il faut. La communion.



La chanson, c'est pas du gâteau, faut imbriquer, faut avoir du coffre et conjuguer, faut avoir morflé et aimé... « combien de souffrances... ». De la plus haute visibilité à la plus profonde marginalité, on chipe avec nos viscères ceux qui nous brulent les yeux, nous divertissent ou nous régénèrent.

Depuis quelques jours, Jacques Bertin est à nouveau parmi nous. Il a toujours été là, je vous en parle depuis la nuit des temps. Il y en a tant d'autres, et il y a lui, absolument lui. C'est un monde, une gueule, des coups de gueules, des tremblements cytoplasmiques. Pas beaucoup vu son nouvel album dans les bacs, lui qui cultive un recul indispensable sur l'industrie de l'art. J'aime les traits de ses chansons, j'aime de moins en moins les hommes moi non plus, et pourtant je veux qu'on m'aime quand même. Je ne sais plus comment m'y prendre pour trouver l'harmonie. On nous classe, range, catalogue, on nous rend cabot. Luttons et donnons envie, prenons les armes et dégustons des textes, croquons les grains de folie.

Et puis doucement je m'en fout, j'écoute Jacques Bertin, cet événement vital, cette tranquillité d'équinoxe sur un peuple qui ne sent plus la météo de nos alvéoles. Et puis j'en prends d'autres... « Chez Bertin, changement de propriétaire » par exemple avec Aragon, Gougaud, Brua, Ferré, Vasca, Sommer, Dimey, Bérimont..... tout est là, tout est dit.

C'est un secret donc, je vous le dit, Jacques Bertin nous parle à nouveau..pour qui veut entendre, de sa langue hexagonale riche, puissante, juste et belle. Les anamours ricanent, la mélancolie caliméro est ma redingote permanente que personne ne veut recoudre. Je vieillis mal moi aussi, à connaître si bien ses faiblesses, on s'impose tant d'efforts. Les excès ne tuent que les bons neurones et pourtant ma vie est à jeun de permissions, et le lierre rampe sur mon crépi qui s'épaissit.



Ici on chante en français, je suis de plus en plus ailleurs à toujours dévorer les mots d'ici.

Jacques Bertin 2013 "L'état des routes" label : velen

http://velen.chez-alice.fr/bertin/disques/etatdesroutes.htm



samedi 15 juin 2013

Paul McCartney 93



Grand Jeu Sans Frontières Des Blogueurs Mangeurs De Disques - Sixième Edition
dimanche 16 juin:  «RIP»
A la demande de Jimmy, cette épreuve ne prendra pas de caractère morbide, nous acceptons les disparus par arrêt de carrière, split, manque de succès, les "chanteurs morts" comme disaient les Nuls.
 
 
 
Pour avoir foulé les clous d'Abbey road y'a pas longtemps, j'ai pu palper et me rendre compte de l'effervescence du mythe.
Je me suis déjà attardé sur l'histoire du disque 69, sans pour autant mentionner la rumeur qui fit trembler la planète cette année là, la mort de Paul McCartney. Une dizaine d'indices et d'interprétations sur la pochette, mettent le feu aux ragots... un effroi comme si l'on ressentait la fin des Beatles... les pieds nus, le corbillard, la plaque minéralogique... disparu, il faudra alors que Paul démentisse avec des apparitions publiques.

1993, à l'occasion d'une tournée épique, Paul est de retour sur les clous pour un clin d'œil à la rumeur, pour affirmer à la terre entière, que même virtuellement mort, il n'a jamais été aussi vivant.
Pour preuve, le groupe est grisé par les concerts depuis l'énorme « Tripping live fantastic » tour. Les McCartney prennent du plaisir sur scène, il n'a d'ailleurs jamais lâché les tournées, de nouvelles dates sont annoncées pour 2013/2014.. Les bandes blanches palpitent et le répertoire des Beatles est de plus en plus exploité. Par rapport à « Tripping.. » ce nouvel album live ne contient que des inédits, à l'exception de « Live and let die ». Paul possède quand même plusieurs centaines de chansons à son actif. C'est aussi l'année où il retourne pour la première fois à l'Hollywood Bowl en la présence de Ringo.
Abbey Road, une nouvelle idée ludique de Macca et le photographe d'origine Ian MacMillan est à nouveau convié pour un cliché hommage avec des chaussures cette fois-ci, pour ne pas mourir à nouveau. Paul, dans sa carrière est mort plusieurs fois. Rien de morbide ici, une résurrection, un amusement sur l'éternité des artistes, Paul is live. La vie réelle des stars, des légendes, ils sont toujours là, quoiqu'il arrive, même John, même George.

Ce disque ne connaitra pas un grand succès succès, une certaine overdose discographique, ce live est pour les fans absolus. Beaucoup d'autres concerts suivront et seront édités. Celui-ci, la vitrine de « Off the ground », est un moment scénique de plus et de haute qualité, un clin d'œil à la rumeur 69... Paul fut un chanteur mort à démentir...mais voilà, « Paul is live ».
Quoi !!! ?? ... si ils ont dit un jour que Paulo is dead... n'importe quoi :D

Paul McCartney 1993 « Paul is live » label : mpl/parlophone

jeudi 13 juin 2013

Rachel's 1996





Grand Jeu Sans Frontières Des Blogueurs Mangeurs De Disques - Sixième Edition

vendredi 14 juin:  «pictural »

Voilà un thème dédié aux nombreux artistes qui squattent ce blog, l'épreuve de la pochette dédiée à la peinture ou au dessin.


Au chapitre des arts mêlés, il se dessine un troublant travail de traduction pour une rencontre entre la peinture et la musique : s’immiscer dans les traits d’un artiste pour en faire jaillir des notes. A l’heure ou le groupe Rachel’s est révolu, et dont il ne reste que les travaux du pianiste Rachel Grimes, revenons un moment sur « music for Egon Shiele » datant de 1996, écoutons, observons, contemplons pour capter l’onde de création commune, la transmission, la mise en musique d’une œuvre.

Rachel's s'est interrogé sur un artiste peintre. Le groupe du Kentuky est venu approfondir et raconter musicalement la naissance d'une œuvre, la quintessence d'une vie de peintre.

Écoutons, imaginons.



Egon Schiele a t-il réussi à transmettre au groupe son inspiration, son histoire ? Des toiles sont proposées sur la pochette et à l'intérieur du livret, mais l'auditeur en explorant cette galerie de l'Autrichien, peut choisir à sa guise la musique qu'il entend à la vue des tableaux.... « Music for Egon Schiele » n'est qu'une proposition..une invitation, la leur. On peut aussi imaginer une autre musique, un autre son, l'oreille musicale est personnelle.

Je suis contemplatif et me laisse envahir par la vision encordée des Rachel's qui m'ont toujours procuré des images, des inspirations, des humeurs. Aussi, ce petit opéra intime, n'est que l'interprétation des œuvres terminées, accrochées, comme si l'on écoutait à déambuler dans la galerie. Elle exclut la création en elle même. Egon avait une musique dans la tète, un processus, un son diffus lié à ses gestes. On peut aussi imaginer une bande son aux allures progressives, ou planante, qui accompagnerait une toile, dès le premier coup de pinceau.


Rachel's 1996 «Music for Egon Schiele » label : quartersticks
http://www.rachelgrimespiano.com/
http://www.rachelsband.com/
http://www.egon-schiele.net/


Donc, les inspirations se croisent, écouter « Music for Egon Schiele » en regardant les toiles de l'auteur est une exactitude. On peut à notre tour, essayer de mettre des musiques sur des toiles, de trouver la bande son à défaut de ne savoir composer. Par le trait, le contraste, la palette et pour l'avoir vue apparaître par étape, en études progressive, j'ai entendu des notes sur une toile, j'ai choisis un album sur « La bataille de Mytilène ». Il est absolument vital que l'image perfore pour aller plus loin.

La méthode de travail a dû partir d'un long silence, d'un vide supposé, juste habité de quelques ondes fertiles insoupçonnées, de plancton créatif, le vide n'existe pas. C'est souterrain, ça gronde et sourde, ça monte en pression et les couches chromatiques se décident, le jour se lève. C'est surement de quelques tourmentes nébuleuses que va jaillir le plaisir, la fougue. Le séisme est déjà sous le lin, l'ébauche de couleur installée, les couches s'accumulent, le mouvement est là, la jouissance masochiste vibre.

Les cordes sont graves, toutes les cellules s'entrechoquent. Empirique, les contrastes se maquillent définitivement, l'éruption fait jaillir l'œuvre.. « Labataille de Mytilène »... Elle a pris racine sous terre, elle a gonflée son poitrail pour jaillir en vitrail... cette toile n'appartient plus à son peintre, à partir de maintenant elle est à nous et Rachel's peut composer.

Denovali vient de faire paraître un triple album de synthèse de Greg Haines. Dramatique, céleste, bouleversant de profondeur et de force. Du silence jaillit des drones verts et de la lave sanguine. Philharmonie des couleurs, symphonie des traits, des voix lointaines soprano pour le mouvement. Trois étapes, trois albums, une épopée, de la biologie, des vies. A l'écoute de cette montagne sonore, « La bataille de Mytilène » est pour moi la pochette exacte, au même titre que Egon pour Rachel's, ou l'inverse. Je regarde la toile et j'entends cette musique « cosmitoplasmique ».

Sorg aurait-il touché le point sensible ? Aurait-il fait jaillir quelques symptômes, a t-il diagnostiqué quelques failles dans nos comportements d'affamés ?

En attendant.. et j'ai dû me perdre quelques instants, voici une pochette représentant une toile de maître.

Greg Haines 2013 "Greg haines 2006-2012" label : denovali
http://leschroniquesdecharlu.blogspot.fr/2012/04/greg-haines.html


mardi 11 juin 2013

Bonnie "Prince" Billy 99



Grand Jeu Sans Frontières Des Blogueurs Mangeurs De Disques - Sixième Edition

Mercredi 12 juin :  «Black is beautiful »

Non, ce n'est pas le jeu de la pochette, on parle bien de l'artiste(s), de la musique, j'espère seulement que dans le contre pied, il n'y aura pas uniquement des admirateurs de Frank Black.

 
« Black is beautiful », j'avais l'embarras du choix, j'ai longuement hésité, plusieurs chroniques fleurissaient. La major Atlantic puise dans ses archives et ressort une flopée de rééditions soul/funk/jazz d'époque, des 70's. Au hasard « Let me in your life » d'Aretha 1974; « I had a love » de Ben E.King 1976; « Home style » de Brook Benton 1970 ou l'excellent « Headless heroes of the apocalypse » d'Eugene McDaniels 1971... difficile d'éliminer une de ces pépites de chocolat.

J'avais aussi Frank Black and the catholics, avec un album sublime qu'aurait pû sortir les Stones s'ils avaient été bons sur un album entier « Black letter days » 2002...THE DISC ROCK. Mais Sorg a prévenu pour Francis, et on va pas se fâcher avec ¼ de la planète. J'ai déjà reçu des menaces de rotule après Pets sounds, le disque le plus rigolo de l'histoire.

Bref, Black is beautiful, et je me pose inéluctablement sur Bonnie « Prince » Billy 1999, pour plusieurs raisons. « I see a darkness » est le disque qui me fit entrer dans le monde acoustique et lumineusement sombre de Will Oldham. Sa barbe n'avait pas encore couvert son collier, il sortait fraîchement de Palace Brother, Palace music, Palace song, Arise therefore etc... Un disque à foutre par terre, une marge qui happe comme un trou noir, de l'anti-folk, de l'antimatière qui concentre tout. Une pochette charbon, un désespoir sublime qui se dessine pour la musique.

Et puis une chanson sur laquelle on balance toute le venin de nos quotidiens, toute la hargne de vouloir gueuler quelque chose en sourdine. « Black »... « black is the colour ».
Le noir te rejette tout dans la gueule, le blanc te pompe et te suce la substance artistique. C'est l'inverse pour le spectateur. Le noir a toujours rejeté ma tourmente à la figure... depuis que je peins le blanc, tout part dedans, tout m'exorcise et m’apaise. Je vais finir par croire que le noir est mon ennemi.

Et pourtant Black is beautiful dans mon plafond, tout s'y assombrit, tout est désappointement et désillusion. La démission est un incendie qu'il faut sans cesse que j'arrose. On s'y fait, on vit avec et on oublie que c'est un état permanent. Alors je peins, j'écoute, je suis loin et regarde, je prends des disques par le plexus, le bulbe et la moelle. Mes esgourdes ne sont que les paraboles.

« I see a darkness » est arrivé alors que Bonnie « Prince » Billy naissait. Peut-être je n'aurai pas dû tomber sur un tel disque à cette époque là, cette année où des proches ont disparus (« Madeleine-mary..belle transition pour le thème précédent), là où l'histoire du « Royaume de Siam » s'écroule, et où je me retrouve tout seul devant mon chevalet. Et je me souviens d'un coup de fil, le dernier, pour me dire qu'il fallait que je continue, que je peigne, que ça devenait bon, mes ciels. Black is beautiful, jamais le noir n'a été aussi noir, et aussi beau toutes ces années à l'étaler. Maintenant je glisse doucement vers le blanc, j'ai appris à absorber l'obscurité.



Le reste de la carrière de Will Oldham pour moi est la continuité, du bonus. J'ai rarement été déçu par un de ses albums. Il surfe sur les critiques depuis quelques temps. J'ai rarement vu du noir aussi beau cette année là.



Bonnie « Prince » Billy 1999 « I see a darkness » label : palace records / domino







 

 


dimanche 9 juin 2013

Gérard Manset 79


Grand Jeu Sans Frontières Des Blogueurs Mangeurs De Disques - Sixième Edition

Lundi 10 juin :  « Une madeleine auditive »


A chaque fois que vous entendez cette musique, elle vous relie à une histoire, un événement, un sentiment très personnel. Alors racontez !


Écrire un billet sur Manset n'est pas quelque chose qui se fait à la légère, il faut une raison valable, avoir sombré dans son écriture et bâtir un pavé bourré d'émotions.
La madeleine de Proust est pour moi un chemin plus facile, une esquive, avouer qu'il charrie des montagnes de souvenirs à chaque fois que le saphirs vient labourer un peu plus les sillons noirs.

« Royaume de Siam » déclenche, dès la première note. Il suffit de le sortir lorsque l'envie d'un travelling arrière me démange. Ce disque est familial, artistique et m'injecte le spleen des inspirations naissantes.
Comme le premier orgasme de sa vie, il a suscité en moi la première envie violente de créer, une sensation bizarre qu'il fallait faire quelques chose à tout prix, que nous n'étions pas uniquement des tubes digestifs.

Des odeurs de vacances près d'Amboise avec sur la platine des cousins/cousines, le « Royaume de Siam », avec des parfums de l'île d'or, peupliers et balançoire en fer. Je collectionnais les capsules de bière que je ramassais sur l'île, je rentrais avec mon gros sac et écoutais Manset 79.
De retour dans ma Beauce plate, je retrouvais ce disque chez mon oncle peintre cette fois-ci, à chacune de mes visites dans son atelier. Quel son, quels craquements, des chansons qui arrachent le bide à 15 ans, avec en toile de fond, les odeurs de térébenthine et d'huile de lin. L'association s'est bétonnée à cette époque, la création passera par l'huile. Dès que l'inspiration est en berne, ou la démission collante, je mets « Royaume de Siam » est les écluses s'ouvrent, les digues lâchent, et je crois que j'ai chialé pour la première fois sur ces chansons là... « La mer n'a pas cessé de descendre », « Seul et chauve »..par terre j'étais. Le désir lacrymal n'a jamais cessé de monter à chaque écoute.
Regarder la pochette originale, c'est déjà une bonne partie du travail qui est amorcé. L'original, car ces remugles puissants ne sont possibles qu'avec la version vinyle, il faut les crépitements, mais aussi les deux chansons disparues sur les versions numériques, « Seul et chauve » et « Balancé ». Depuis, j'ai lu le livre éponyme de Manset, et sombrer à nouveau dans son cerveau labyrinthique. Je me suis aussi renseigné sur l'histoire de l'artiste et sa discographie via quelques bouquins, pour ajouter, sans jamais perde le goût de la madeleine.

Vous voyez, rien sur sa carrière, rien sur mes sentiments de la restructuration de ces chansons.. juste 1979, le disque a circulé autour de moi pendant quelques années, à chaque fois dans deux circonstances particulières. Des années il a fait son travail inéluctable de tatouage cérébral, de moteur, de parfum tenace, de madeleine auditive. Tout me remonte à la gorge quand je mets « Royaume de Siam » de Gérard Manset.

Gérard Manset 1979 « Royaume de Siam » label : pathé marconi







Un clin à Jimmy .. ce disk est un peu notre rencontre qui gonfle plus encore la madeleine :D




Birkin 69



Un ami proche un jour, m'a légué cet album qu'il avait acheté à sa sortie, pour une amourette qui ne durera pas. 1969, tout sera consommer sur « Je t'aime moi non plus... » qui à l'époque, était une petite révolution, une grand scandale. Cette chanson qui passe d'une femme à l'autre, d'une muse à l'autre est évidemment mythique, la relation sera éphémère et cet album l'instant unique d'un couple fulgurant. Il paraît juste, que lorsque l'on est très très amoureux, les 4 min 15 de la chanson Bardot/Birkin sont assez difficile à tenir.

 
C'est un gros dimanche pluvieux, très gris, le frisquet après la canicule.. je croule sous une tonne de disques pour aller squatter chez Sorgual :D.. je suis même allé dans mon garage pour fouiller qq cassettes.
J'ai mis ce vinyle, et d'autres Birkin.. quelle pochette, quel disque gavé de tubes, quelle année :D Toutes ces chansons là sont dispersées sur des tonnes de compiles, l'album intégral est à peine croyable, même « Le canari est sur le balcon », « 18-39 ».. s'immiscent sans problème dans ce monument culturel érotique.


Jane Birkin 1969 « Jane Birkin & Serge Gainsbourg » label : fontana








jeudi 6 juin 2013

Teho Teardo & Blixa Brageld



 

La voix de Blixa Bargeld est reconnaissable entre toutes, une nouvelle collaboration voit le jour, après le sublime « Mimikry » sur lequel il avait partagé l'affiche avec Alva Noto (anbb).
C'est avec le guitariste italien Teho Teardo qu'il s'attèle ici a construire un album cérébral, une percutante rencontre entre l'expérimental de la botte et l'expérience d'un Neubauten.
« Still smiling » est une troublante virée dans le contemporain introspectif, une once kraut aux couleurs industrielles, post-rock planante, une beauté dubitative sévère, sombre et sérieuse.
On finit par danser sur cette dureté lancinante et cinématographique. Teho Teardo écrit beaucoup de musiques de film.
 
Le mariage est réussi, la danse macabre pleine d'espoir. Les cordes sont frappées, l'orchestration chaloupée et les nappes de cordes graves tanguent, des arpèges qu'on à l'habitude d'entendre chez Constellation. Les textes sont en Anglais, Italien et Allemand, et il flotte dans cette ambiance de vieux cabaret ténébreux, une proximité tamisée poignante.



Je crois que ce résumé fait bien l'affaire, Neubauten hébergé chez Constellation made in Italy.


Teho Teardo & Blixa Bargeld 2013 « Still smiling » label : specula










mercredi 5 juin 2013

Sr Chinarro



Dans le lexique des musiciens au sommet, il règne le King, le roi de la pop, le Prince, le Duke ou encore God pour la main de clapton. Pour ceux qui ne connaissent pas, Sr Chinarro est El Presidente dans sa péninsule ibérique.

Une discographie impressionnante qui a du mal à passer les frontières, ce sombre songwriter chante en espagnol et a sorti ses albums principalement au sein de la belle auberge Acuarela discos, dont il était le pilier. 1994, premier album, il est depuis 2006 chez mushroom pillow. Son blues rock teinté de pop est d’obédience grave, voire ténébreuse, sous la forme d’un Bill Calahan avec la rota en plus.

« Enhorabuena a los cuatro », quand même sorti depuis février, est rehaussé de couleur, éclairé plus que d’ordinaire. On le soupçonne même d’être devenu « heureux », ayant pris de la hauteur au fur et à mesure que sa barbe pousse. Et je me souviens d’un disque épique où il touchait le fond de la noirceur enluminée. « La primera opera envasada al vacio » 2001). Toucher le fond avec cette bande son était un voyage immobile redoutable.

Les nuages se sont dissipés depuis quelques opus, plus encore sur celui-ci, le pays sombre dans la crise, El presidente règne sur les montagnes de la Guadalajara. Sr Chinarro s’envole et devrait se faire entendre avec un album d’envergure internationale, plus pop, et toujours en espagnol.


Sr Chinarro 2013 « Enhorabuena a los cuatro » label : mushroom pillow
http://www.srchinarro.com/









mardi 4 juin 2013

Dear Reader




La renaissance baroque d'une créativité colorée fantastique provient ces jours-ci d'une berlinoise ayant vécu à Johannesbourg. Il est question d'apartheid dans les textes.
Là bas, elle était en duo. Pas loin d'ici elle est seule avec sa voix et son écriture, une foule d'instruments et d'invités. Pour les références, c'est du côté de Kate Bush et Johanna Newsom qu'il faut plonger.
« Rivonia », son quatrième album, est multicolore, libre, puissant d'inspiration. Un piano en filigrane, un aspect choral conceptuel qui donne le frisson, sérieux mais pas mélancolique, un peu comme l'instant précis où le coquelicot vient, avec la bleuet donner les adieux au colza qui n'arrive plus à éclabousser le ciel. Orchestral.
Ouaih si..un peu mélancolique quand même, quand on aime pas voir le colza mourir... je vais plutôt dire optimiste, un rouge opiacé de coquelicots qui longe les berges.
 
Le nouvel album de Dear reader est féérique, une pop lyrique sidérante, rococo de chœurs romantiques. Un tsunami de grand air, magistralement lumineux....quelle écriture !!....tombé amoureux comme un bleu.



Dear Reader 2013 « Rivonia » label : city slang
http://dearreadermusic.com/
http://www.cityslang.com/dear-reader/







dimanche 2 juin 2013

Ulfur



Une nouvelle clarté trace l'horizon. Le jour se lève et les murs de la nuit volent en éclats. Un hymne à la nature et l'éveil biologique se dessine comme une lente et puissante montée de lumière.

Plus de chant, mais quelques voix fraîches, des animaux et du field recordings fleuri. Des étendues de claviers pastels et des cordes de nuages clairs viennent marquer l'espace.

Une touche d'électro pour les collines qui enflent à vu d'œil, et des cordes qui dégomment les seuils.  Ulfur, c'est la bande son des grands espaces à peines dévoilés, quelques ondes papillons pour que le soleil prenne son envol. La symphonie des prairies, le son du grand nord caniculaire.
Je suis étendu sous le soleil de juin, la chaleur du rayon percute ma paumière en veille, mais l'air frais vient froncer l'épiderme... transat frileux, casque évasif... équilibre des températures, troubles des sensations.


Ulfur 2013 « White mountain » label : western vinyl
http://westernvinyl.com/artists/ulfur.html
http://ulfurhansson.com/






Powerdove




Powerdove ne va surement pas faire exploser les billborads. « Do you burn ? » enflamme de petites chansonnettes pop d'expérimentation intime.
La substance d'Annie Lewandowski (ex-curtains) est escortée par la guitare de Deerhoof, et les abstractions acoustiques de Thomas Bonvallet (L'ocelle marre). Un univers de huis clos pour laisser l'écriture de Powerdove s'emparer du cerveau. Un endroit miniature construit un vaste voyage mélancolique.
Là où nous sommes, Powerdove y est aussi, assis tout près Délicieux petits moments d'isolement, de chansons recroquevillées et dépouillées.
Il fait nuit, le jour qui vient de disparaître et va bientôt poindre sa pâleur. De quel côté sommes-nous ?

Powerdove « Do you burn ? » label : murailles music / african tapes
http://www.annielewandowski.com/






Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...