Près du Butin ensablé, la Seine s’emmanche. Du laiteux mou s’engouffre dans l’albâtre. La Manche n‘a que faire de l’océan, ici le bras l'agrippe. Plus haut sur la côte de Grâce, à coup cassé, les 24 cloches retentissent.
Le plissé de l'arrière pays en dit long sur l’humeur des nacres et du crachin. Le carillon comme un phare s’époumone. Sous le pont les navires n'entendent pas. Ils pataugent lourds et longent le grondement sourd des dockers juste en face. Dessus, les bahuts y vont et en reviennent. Je regarde cette huile beige épaisse et me demande bien ce qu’il peut y avoir comme poisson dedans, le taux de sel est la frontière. Quelles épaves aussi, englouties dans ce café crème. Plus en aval, le va-et-vient des remous comme une hésitation. Le sel ou le doux. Il doit bien avoir un endroit précis où l’équilibre est tenu.
La marée fait son lit, les berges attendent. Face au large, la vase du Butin respire une fois sur deux. Les bras de mer me fascinent. Celui-là crayeux et visqueux engloutit mes pensées. Toujours les mêmes tentatives de pénétration, puis cette même démission. L'afflux se gonfle et se dégonfle comme une molle respiration. Si le bras vient purger toute l’eau de l’homme, l'eau de mer pleure et prend tout. Lent débit des veines. Elle en déveine sans cesse tente de repousser et recrache.
Émeraude, Opale, Albâtre .. la côte Padma Newsome, Bryce Dessner, Rachael Elliott and Thomas Kozumplik, les Clogs révolus, des petites symphonies de poche en tableaux sonores. Ils composent cet accouplement des eaux, alangui et perpétuel. J'ai l'iode et l'humus sur mon museau.
Clogs 2003 « Lullaby for Sue » sur Brassland.