Avachi sur la rambarde, je laisse le
poids du buste fléchir sur ce panorama accablé de tristesse. Je
laisse choir mon ennui sur ce collier de bagnoles froides. Ces
voitures m'emmerdent, qu'est ce que je m'emmerde , je sais pas quoi
faire, je prends une troisième bière en espérant que ce gris mute
en flatulence de licorne triste. J'ai la pensée dégingandée, la
rotule stressée, si je reste immobile comme ça, je vais finir par
choper des berniques. En attendant, que dalle, mais je suis où au
fait, chez qui ? Ce mini parc qui se termine en eau de boudin est
d'une laideur.. tiens, c'est bizarre, on dirait quelqu'un qui fait le
poirier nu, une peau de dalle livide, un entre jambe négligé.
C'est bizarre ces airs nu-folk, on
dirait les débuts de Devendra Banhart, la fragilité de Bevel, ou
encore la dépression de Lazarus. C'est mignon, c'est doux, mais
qu'est ce que je m'emmerde.. qu'est ce que j'aime m'emmerder
quelquefois, laisser décanter les agitations.
Elle a pas de cul cette forme sans tronc,
on dirait un aqueduc mousseux, du lichen noir qui croustille.
D'habitude j'aime les sous-bois, l'ombre des arbres, mais cette
langue de terre pubienne me dit rien de bon, trop de béton partout,
pas assez vivace. Pas une bagnole ne bouge, même le taxi jaune ne
laisse de marbre. On dirait un dimanche, si ça s'trouve on est
dimanche.
Il est beau ce disque finalement, je
crois qu'il faut s'ennuyer pour coller à cette musique minimale à
l'encéphalogramme plat. J'aime bien avoir ce genre de disque aux
apparences merdeuses, mais qu'il faut mettre à certains moments de
sa torpeur mentale pour sentir la substance. Un certains malaise, à
la limite du vertige somnolent.
J'ai tué trois quart d'heure en
écoutant Tan or boil 2006 sur un balcon improbable... un groupe
Australien produit par Preservation. Étonnant.
Tan or Boil 2006 « Seamstress in
a suitcase » label : preservation