Hope Sandoval ;
Cat Power et
Stina Nordenstam sont dorénavant des icônes référentiels dont personne n’ose contredire l’envergure depuis qu’elles ont placé chacune d’entre elles des pièces artistiques indéboulonnables. Elles sont les étiquettes-songwriters les plus utilisées pour définir l’art des filles qui depuis sortent des disques dans la lignée d’un folk/pop romantico-mélancolique aux voix extrêmement séduisantes.
Le tri est considérable parmi les chanteuses qui se réclament de cette hérédité et la référence se dispute, on se chamaille l’étiquette, et pourtant tant de déchets et d’albums à écarter.
C’est dans les bas-fond de l’underground musical indépendant qu’il faut aller chercher la perle comme un hommage humble et sincère aux icônes idolâtrés.
SILJES NES œuvre dans l’isolation totale en assurant presque tout. Et pourtant le son de «
ames room » est complexe et délicieux. L’intimité est poussée à son extrème, la norvégienne convoque Stina Nordenstam à l’heure de «
people are strange » dans un miracle de pudeur ambiante. Des idées sonores, des choix d’instruments, une atmosphère délicate, bricolée acoustiquement avec une légère touche electro. Exceptée «
searching white » qui nous emmène dans l’électricité de
Polly Jean Harvey période «
Desire », l’invitation à l’épure pastel des pièces nordiques tendrement mélancoliques est totale.
Un peu plus rare, dans les profondeurs collectives de quelques labels heureux que l’on aime découvrir au détour d’une curiosité artistique hasardeuse ou affiliée à des confrères plus connus, BLANKET avec son album unique «
Blankit » épouse sans controverse aucune le fantôme de
Mazzy Star. Tant de pâles copies depuis et Vicky Steer qui vient s’emparer du spectre d’Hope Sandoval avec tellement de facilité…. A tel point qu’on se demande si ce n’est pas elle qui ressurgit dans un ultime projet collectif. L’album est constant, fidèle à une ligne dépouillée, romantique, langoureuse, extrêmement poétique. Le même drame hante la voix légère de Vicky, admirablement servit par trois musiciens acoustiques. D’obédience acid-folk, le label
Try Harder héberge là son disque le plus lisse, poli et coincé entre quelques groupes barrés (Jonquil ; Blood red shoes..). Divin et difficile à dénicher donc; la surprise est totale.
Cat Power..... qui peut s’attaquer aux façades « casse-gueule » et vertigineuses de Shan Marshall depuis qu’elle a plafonné et placé définitivement au sommet «
you are free ». Dépouillé et épuré de la même façon,
Emily Jane White grimpe en rappel et sans filet la face nord avec une aisance décontractée, souvent à la guitare, quelquefois au piano, et toujours accompagnée de percussions timides, et de quelques cordes plus graves (basse et violoncelle). La gémellité réside dans la voix, de même, les compositions ne manquent pas de décortiquer le phrasé, la mélodie et le jeu des cordes. Comme s’ils étaient joués en live, les morceaux défilent dans une texture brute sans aucun artifice, joué à la maison, dans le même degré d’intimité que ses deux folkeuses précédentes. "
Dagger " est balancé tel quel avec ses fausses notes, mais dont l’harmonie des accords plaque et boulverse. "
wild tigers i have know " est directement tiré de "
you are free". Il faut attendre "
blue” en 8 ième position afin d’être définitivement étourdit dans une ballade électrique entêtante et belle à valser. "
Dark undercoat" est distribué en France chez
Talitres qui place ici une de ces pièces folk maîtresse.
Etiquettes ou pas ces trois albums s’écoutent dans une apaisante parenthèse musicale, enracinée ou pas.
SILJE NES «
ames room » 2007 label : fat-cat
http://www.fat-cat.co.uk/BLANKET “
blankit” 2007 label : try harder
http://www.tryharderrecords.com/EMILY JANE WHITE “
dark undercoat” 2008 label : talitres
http://www.talitres.com/