samedi 27 décembre 2014

The Heliocentrics & Melvin Van Peebles



Une transition avec le cosmique et le psyché, les londonniens The Heliocentrics ont convié le 70's soul man Melvin Van Peebles pour un album d'électro jazz totalement libre. La voix rappelle Gil Scott Heron lors de sa collaboration avec Jamie XX.
Douze chapitres qui propulsent dans une constellation musicale..la nébuleuse d'Heliocentrics et la fumée de Melvin.
C'est une belle découverte, deux mondes réunis, la pochette est sublime et il y a un 2ème cd avec la version instrumental.
 

C'est un voyage intemporel dans un jazz trip hop vaporeux, Floydien, afro, intemporel, très coloré, un voyage à bord d'un ovni de sorciers soniques avec le bassiste Jake Ferguson, le batteur Malcolm Catto et la voix de Melvin Van Peebles.


The Heliocentrics & Melvin Van Peebles 2014 « The last transmission »
label : now again

 

vendredi 26 décembre 2014

The Heads 2000



Le larsen est un filet de sang qui dégouline du crâne fendu par un caillou.
Ça tabasse dur, c'est brut et les Stooges ont surement inventé le Stoned rock.

Vingt ans, une vingtaine d'albums, de l'urgence, du drone biker concept non stop de Bristol, ça va très vite, ça fuzz dans le garage, ça purge et ça sent la murge, l'AcidMothers Temple, Dinosaur Jr, le Sonic Youth.
Les cylindres jam explosifs propulsent la thyroïde au travers d'un ciel abrasif. C'est cosmique et magmatique.
C'est remasterisé, ça ressort cette année avec du Peel Session en bonus, du « Gnu » qui tape, du coffret collector vinyl ultra compilé.

C'est The Heads.

The Heads 2000/2014 « Everybody knows we got nowhere » label : sweet nothing

 


mercredi 24 décembre 2014

Christmas music

 














 

 
Sous les déhanchement de Major Lance et Marv Johnson, je vous biz tous.. bon Noël les p'tits gars.
Cette sélection me fait baver.. je pars à recherche de quelques vinyls. C'est pas un bilan annuel, juste la couleur musicale de ma soirée.
 
 
Sélection inspirée par "1000 records covers" de Michael OCHS Tashen

lundi 22 décembre 2014

Carlos Cipa & Sophia Jani



Une belle symphonie de chambre se joue à quatre mains, Carlos Cipa et Sophia Jani. Sonates rêveuses caressées d'effets des entrailles du piano, ils sont deux virtuoses du clavier. Ils jouent et expérimentent à peine, juste pour le contraste. Le même clavier pour une belle histoire d'amour musicale. « Relive » est beau et frais, du classique moderne juste comme un levé du jour, un soleil naissant qui chante quoiqu'il arrive.

Carlos Cipa & Sophia Jani 2014 « Relive » label : denovali


dimanche 21 décembre 2014

Elton John 73 / 76




Vous êtes plutôt jaune ou bleu ? Plutôt « Goodbye yellow brick road » ou « Blue moves » ? L'exercice du double album n'est pas donné à n'importe quel artiste, avant le jaune, il n'y à guère eu que le "white album" et « Electric Ladyland ».

 
Le jaune est plus inscrit dans l'histoire du rock, son St Pepper à lui, il est fantastique et rempli d'images, des souvenances de Bernie Taupin gamin. Le groupe est instinctif, affuté, Elton très en vogue. Ils se sont tous réfugiés au fameux château de Hérouville, comme un huit clos artistique pour mieux créer en s'imprégnant du mythe naissant d'un lieu prisé. 20 minutes pour écrire une chanson, 15 pour l'enregistrer, deux ou trois prises suffisent, tout est magique et inspiré. Chaque titre s'enrichit d'une histoire, un contexte, l'ensemble un monument concept bâti par un vrai groupe. Même « Bennie and the jets » qu'Elton croyait être un accident, reste en haut des charts plusieurs semaines, l'album aussi.

 
Le bleu est plus commercial, très estimé par le publique, les critiques et les ventes sont énormes. Le son change, nous approchons doucement des 80's. Les musiciens sont triés sur le fil, et autour de John/Taupin 73, il ne reste que Davey Johnstone. Les succès ne manquent pas et perdureront sur les ondes beaucoup plus longtemps que le jaune, sauf peut être pour « Candle in the wind ». La pochette est bleue, l'album enregistré au nord, à Toronto, avec un orchestre symphonique, l'ensemble est moins coloré, plus impressionniste, mais surtout plus inégal. Les succès immenses tirent l'album pourtant raffiné et voluptueux. Trois ans après Yellow, Elton est sur la pente descendante. Sa carrière est en dent de scie depuis le très moyen « Caribou », l'excellent « Captain fantastic... » et l'inexistant « Rock the Westies ». Pourtant, « Blue Moves » est peut être son dernier sublime album, la fin d'une ère folle et glorieuse.

 
Nous sommes en 1976, trois ans après « Goodbye Yellow Brick Road », Elton John tente, avec l'aide de son nouveau label Rocket, un nouveau grand coup avec « Blue Moves », l'autre double album, le bleu.

Moi..même si j'aime le côté moins évident du bleu, plus discret dans les bacs et les magazines, c'est le jaune. Et vous ?

Elton John 1973 « Goodbye Yellow Brick Road » label : mercury
1976 « Blue Moves » label : rocket


samedi 20 décembre 2014

Sound & vision




BERTRAND BETSH "Pas de bras, pas de chocolat" 2004
 
JEAN FRANCOIS COEN "Vive l'amour" 2004
 

ALISTER "La femme parfaite" 2011
 

JULIEN BAER "Une femme seule" 1997
 

WLADIMIR ANSELME "Cheval" 2012


 
ALEXANDRE VARLET "Mon garçon" 2013

 
JEAN BART "Le coup du platane" 1997

CZERKINSKY "Natacha" 1998
 

 
BERTRAND BELIN "Comment ça se danse" 2013

THE LITTLE RABBITS "la piscine" (1998 barclay)
 
 
Le grand con qui saute comme l'ange dans la piscine, c'est aussi celui qui pisse dedans, et même ceux qui sautent pas, tout le monde pisse dans la piscine ou dans la mer. 
Mon garçon, va falloir qu'on arrête de faire le con.
 
C'est un vrai casse tète de savoir comment ça marche, comment on accorde, comment ça se danse, le malaise et le komenkonfé, et l'on tombe sur des femmes seules, parfaites, sur Natacha autour des Beach Boys et et sur une certaine muse qui fait de l'art un amour éternel.. figé et créatif.
 
Le bœuf n'est plus seul dans les lasagnes, le lion hennit avant de courir à Vincennes, et le cinéma fait des plans extraordinaires, roi savane casaque ocre.
 
Le coup du platane et plus de chocolat..
 
 
 
Merci Bastien et Etienne.. j'ai à nouveau plongé dans ma malle à disques.. impossible pour moi de voir autre chose que du français, de la chanson d'ici un poil désuète ou rétro :D
 
Biz Etienne et Biz Bastien
 
 

jeudi 18 décembre 2014

Torgeir Waldemar



Le pouvoir des 16 chevaux est remis en doute, et les canassons peuvent gambader sur le sol aride country rock caniculaire. Impossible de lâcher la moindre larme pourtant le cœur y est. La gorge est sèche et c'est pas le bourbon qui va réhydrater les amygdales.
La voix est un chant de baladin 70's. Les cordes sont poussiéreuses, le banjo, l'harmonica, le rocking-chair, les slides et les grands espaces..tout est sec. L'esprit folk d'une musique traditionnelle assoiffée 100% USA.

 
Eh bien non, Torgeir est norvégien et je pense à Lee Hazlewood quand il faisait le cowboy en Suède, ou St Thomas, le country man scandinave disparu...
C'est une incantation sans frontière, « Insomnia » et son accordéon avant les 8 minutes paradisiaques comme un « Knockin on heaven's door » interprété par David E.Edwards.

C'est un magnifique album de country nordique alternative.


Torgeir Waldemar 2014 « Torgeir Waldemar » label : musikknyheter



mardi 16 décembre 2014

Andrea Belfi



C’est une transition improbable, juste tiré par le rose. Un rose de roses grises impressionniste figé et psychédélique. On passe du sucré au salé. Inutile de vous dire que le plaisir devient biologique avec les glandes aux aguets, et l’air devient iodé quand le cerveau s’immerge sur un corail sonore et que l’on sent les courants chauds vous longer les lombaires.
C’est une apnée quand quelques lames frisquettes me figent les flans et raffermissent la peau. Je ne vois pas d’autre situation que de dériver à peine sous le niveau zéro à l’écoute de ce chant expérimental.

 
Andrea Belfi pour moi, c'est Hapna, Room40, Die Schachtel..les mers ambiantes que je connais. C’est aussi cette année la « Natura morta » de chez Miasmah et l’arborescence B/B/S avec Erik Skodvin le patron du label. C’est des collaborations océaniques, c’est une famille italienne de musique nouvelle.. Stefano Pilia, Guiseppe Lelasi, Valerio Tricoli….et plus loin Fabio Orsi, Valerio Cosi, Gianluca Becuzzi...

« Forme Creano Oggetti »..comme une vague Pompeï des profondeurs de mer du sud. Les tambours sont assourdis par l'oreille immergée. C'est un cœur sous-marin qui bat et se débat sous la pression d'un drone mélodieux, aqueux et alcalin.

Andrea Belfi est un grand voyageur vertical pour nos profondeurs cérébrales.


Andrea Belfi 2014 « Natura morta » label : mismah

 
 

dimanche 14 décembre 2014

Nancy Sinatra 66



Le chlorure de sodium est l'excitant absolu de ma lécheuse, un seul grain et c'est l'extase. Pas encore né le mec qui va me faire bâfrer un gros gâteau à la crème, même une barre chocolatée me révulse... et pourtant en cachette, je déguste quelquefois le sucre Nancy, et je frôle le diabète rose Candy, du saccharose plein le cerveau, de la douceur à se blottir à l'ombre d'un soleil cuivré et caramélisé.

 
Lee Hazlewood est déjà dans les parages pour le premier album de Nancy Sinatra en 66, c'est une pure merveille d'époque ensoleillée, des ballades 60's avec orchestre. C'est 100% pop USA, rock jazz hyper sucré.
Va vraiment falloir que j'arrête d'écouter « Sugar » de Nancy Sinatra, une de mes friandises préférées, mon palais est glucosé.

« Something stupid » dans les bonus avec papa Frank, juste comme ça, pour finir de croquer dans la nougatine dominicale.

Nancy Sinatra 1966 « Sugar » label : reprise

samedi 13 décembre 2014

Vanilla Fudge / Ten Years After / Steve Miller Band





Qu'est ce que j'aime le temps pourri de chien et ne pas culpabiliser à me jeter dans mes caisses de disques... eh!!! fait pas beau dehors, pas grand chose d'autre à faire.

Trois albums de blues rock psyché, deux amerloques, un british et surtout trois pochettes similaires. Tiens, si on s'amusait avec les pochettes, avec dans l'idée des p'tits crus, des ptits crus, toujours des p'tits crus.

Deux grands groupes dans l'histoire, un autre que je connaissais beaucoup moins, trois discographies assez conséquentes aux dates proches...et trois pochettes similaires.

Un billet « ludique » dédié à Franky, pour passer le temps, et mettre des couleurs sur celui de dehors qui baisse les bras.

Vanilla Fudge 1967 « Vanilla fudge » label : atco
Ten Years After 1970 « Watt » label : deram
Steve Miller Band 1968 « Children of the future » label : capitol








jeudi 11 décembre 2014

Robert Wyatt 2014


 
Robert Wyatt est un des rares artistes à dessiner un monde colorié devant nos écoutes. La lumière change, les contours s'adoucissent, son paysage à lui comme une peinture nouvelle vient nous changer d'air.
J'écoute Robert Wyatt comme je déambule au beau milieu des toiles d'une galerie fantastique et naïve. Pas trop d'étiquette ou de paramètre, une vision, un peu de tout, du jazz d'un autre monde, de la liberté. C'est aqueux et solaire, vierge et crépusculaire.
Le temps glisse sur cet anglais à deux vies, il est difficile de dater une œuvre, une chanson, on peut tout écouter n'importe quand. Ce crooner est un monument et sa voix un instrument de jazz de cuivre cassé.

 
 

J 'ai « Rock Bottom » comme un tatouage, et « Sea song » qui m'épaissit la lymphe. J'étais au lycée lorsque j'ai entendu cette chanson chez mon disquaire, à Chartres, un chaleureux magasin de vinyles d'occasion qui s'appelait Abbey Road. Pierrot derrière son comptoir et sa platine m'a tout de suite lancé « C'est la plus belle chanson que je connaisse ». Je suis entré dans ce monde là à cette période là, et j'ai tout pris.

 

J'écoute rarement des compilations, mais depuis quelques jours, je suis accaparé par la double synthèse ciblée des travaux de Wyatt, d'un côté « Benign dictatorships » avec les sublimes collaborations, de l'autre, sa présence « Ex » au sein des groupes d'avant.
La cohérence et la beauté des associations est telle qu'on a l'impression qu'il s'agit d'un nouvel album. L'ex machiniste place d'emblée « Moon in june », l'épique jazz de bravoure période Soft Machine.. et j'entends aussi bien le Floyd Barré que le Supertramp de la même année..69. La prog dans son excellence, un jazz à l'électricité kaléidoscopique, de virtuosité improvisée.

Les vocalises de la taupe à lunettes sont sincères et uniques.

Quand passe « Free will and testament », je danse un slow dans les bras de Madame Cuckoo, la belle multicolore croquée à la sanguine qui répand son teint de sienne sur mon cou de terre battue.

Je ne sais plus comment vous dire que cette compilation est déjà indispensable, juste histoire de prendre cet univers arborescent sous un autre jour. Des pages entières à écrire.. ou juste une phrase : « Different every time : Ex Machina ».

L'a pas une tète de père Noël ? faut en profiter.. deux doubles vinyles d'excellence.

Robert Wyatt 2014 « Different every time » label : domino
 
 
 
 

mardi 9 décembre 2014

David Sylvian 2014



Franz Wright psalmodie quelques passages de son roman pour lequel il a reçu un prix littéraire en 2011, « Kindertotenwald ».

Pour le dédale sonore, David Sylvian est aux manettes, assisté de Christian Fennesz. J'entends les chaos de « Blemish », avec des méandres jazz improvisés de classique moderne disséqué.

Franz Wright se répand sur son état d'homme malade et menacé par une disparition imminente, et je pense au timbre de Gil Scott Héron sur « I'm new here ». C'est comme une messe, le temps qui s'arrête. Une plage, une heure, toute une vie qui défile et touche à sa fin sous la palette de Sylvian qui expérimente un nouvelle fois et plus encore.

C'est un arbre mort et majestueux au travers d'une brume émeraude.

David Sylvian 2014 « There's a light that enters houses with no other house in sight »
label : samadhisoud
 

samedi 6 décembre 2014

Black Sabbath 70



Bordel, faut que j'arrête la Marie Wizard sans filtre, je vous jure je viens de voir la dame livide en cape noire dans mon jardin, juste sous mon arbre boule de gomme complètement roussi. Les mêmes tiges défleuries devant elle, l'herbe morte vivante qui gigote... ehh, c'est pas une légende, la femme diabolique qu'on croyait qu'elle n'existe pas, bah elle n'existe bien... j'ai même entendu un air d'harmonica à la Morriconne, mais version Led Zep ou Jethro Tull.. c'est magnifique la fumée du Wizard.

J'ai voulu lui parler en tendant la main dans le froid polaire qui culmine à 6°C.. niet, N.I.B, que dalle, fait la gueule la dame au visage pâle comme de la Cream. Le ciel s'est rosi et la basse de cette « Evil woman » m'a sucé la plèvre, mon abdomen est un orgasme.
J'ai eu beau hurler alentours et à la mort, rien, pas un bruit dans mon « village endormi », juste ce gris pourpre et cette rouille rose d'un soleil maquillé et bourré.
Je me suis affalé sur le tronc le plus proche, et j'ai vu gravé en graffiti le mot « Warning ».
Ok, péteux et penaud, je suis rentré pour dire aux gosses que j'avais vu la dame en noire sublime qui n'existe pas ou plus ou jamais... ils m'ont répondu « oh nan, tu vas pas encore mettre du Barbara ».

J'vais m'coucher... je me mets dans le casque « Black Sabbath » 1970, la naissance légendaire, avec le livret de la version DeLuxe que j'adore et qui a remplacé ma K7 audio rouillée par une levure rhodotorulée, avec des pochettes de 45T dedans, plein d'histoires et de textes à traduire... j'adore le blues trempé, j'adore le hard de l'époque..j'adore les 70's. Mais si elle était rouillée.. les K7 étaient en fonte à l'époque, avec un boitier en écorce, j'avais d'ailleurs un mal fou à rembobiner avec mon bic, à cause du lichen chrome sur la bande.
Bonne nuit.. vais me cacher « derrière le mur du sommeil », mon saturday night fever de sanctuaire.... si ça s'trouve, elle va revenir me rendre visite cette nuit, la dame en noir.

Black Sabbath 1970 « Black Sabbath » label : vertigo.
 
 

vendredi 5 décembre 2014

Current 93 1996/2007


 

Les hallucinations gothiques et romantiques se répandent comme une expérimentation diabolique en pleine cathédrale. Les peurs et les angoisses, comme des lamentations acoustiques gracieuses et fantomatiques. C'est un baladin fou des contrées abandonnées par les corps que les esprits ont chassé, pour leur épargner la beauté d'un paysage qu'il faut mériter, un paysage qui peut d'un instant à l'autre sombrer dans l'apocalypse. Le chant du bien et du mal.


« Where the long shadows fall », la première pièce inédite du premier cd, s'étalent sur 18 minutes, c'est une lente complainte sur un son de grande dimension. Une voix de femme en boucle semble sortir d'outre-tombe, d'un vieux phonographe que personne ne peut empêcher de tourner. Une basse très lente et une guitare inquiétante sont les serviteurs de la voix spectrale de Tibet.

 

« All the pretty horses » est la pièce discographique central et officielle de cette session 96, « All the pretty little horsies » et la chanson éponyme sont une des plus belles complaintes néo-folk de Tibet.
La guitare sèche, la flute, tout chante, danse et provient d'un siècle que l'on a oublié. C'est un carnaval sombre avec des lueurs d'espoir.
C'est un album concept, un opéra gothique et acoustique, et toujours derrière, comme un papier peint ancestral usé qui se décolle, une onde de berceuse pastorale comme un drone de nappe sur laquelle des visages valsent.
 

« Le vert de l'herbe et le bleu du ciel sont immenses et terrifiants... et les oiseaux tombent autour de nous ».
 

Murmures ou chants inquiets, D.Tibet habite ses écritures dark-folk. La paranoïa touche à son comble sur « The inmost light » et « Twilight twilight nihil nihil » rempli de revenants. Logorrhée mortifère sur un drone putride à la Swans. Le cauchemar est en route, mais il sait aussi nous consoler avec cette chanson éponyme et Nick Cave à la voix. Il est comme ça le cerveau de Current 93, il endort, vous engourdit, vous effraie et vous console, un suceur de cerveau, un briseur de rêve d'enfant, un embellisseur d'enfer.
Un tableau paradisiaque avec des arbres morts qu'on finit de contempler sous des chants grégoriens.





 

Le troisième album, cette autre pièce dantesque inédite de 22 minutes, est une célébration nostalgique, une incantation grouillante d'esprits et bourdonnantes de field recordings, avec la voix de la femme du phonographe qui revient dans un écho encore plus lointain. Sommet d'introspection, « The stars are marching sadly home » vous emmène sur des chemins au retour incertain, chutant sur une berceuse angoissante de Shirley Collins.

 

Le dehors est un gris glacial sans vie, le sourire denté de Mogwai m'a dirigé vers les abîmes 90's de Tibet, vers cette pièce rare rééditée en 2007, l'œuvre intégrale de ce qui s'appelait en 1996 « All the pretty little horses ». Les facultés du corps sont gelées, l'esprit taupe creuse et farfouille dans les galeries labyrinthiques de mon cerveau. Pas d'autre moment que celui-ci pour que les émotions abondent à l'écoute de ce triple album diaboliquement paradisiaque. Un grand moment

Current 93 1996 / 2007 « All the pretty little horses » / « The inmost light »
label : durtro





 
à Régine ma marraine et Guy mon parrain (...qqchose - 2014)

jeudi 4 décembre 2014

Mogwai 99



Et toujours dans cette continuité d’un rock fin 90's post quelque chose juste à l’aube d’une légende, Mogwaï avec une voix, un minimalisme ravageur qui proposait les écossais naissants sous des lumières intimes à peine tamisées. C’est exactement à ce moment là que j’ai accepté l’invitation, alors que j’étais déjà auprès de Migala.

La lenteur engourdie englue les envolées électriques stratosphériques où la douceur prend le dessus sur le post rock rugueux qui fait maintenant leur signature.
C’est le son d’une lune mercure sous une voute pétrole, une avancée de noctambules plombés au faciès pâle de nuit blanche. Notre cycle biologique nous empêche toute initiative viable. L’heure qui défile est un lent compte à rebours qui injecte une nouvelle énergie, un carburant mortifère qui parasite la foule. « Come on die young » est une communion avec notre moue et la lourdeur de nos cortex affublés à vouloir happer l’amer à boire. Il y a plus sombre, plus pesant, mais ici, nous sommes à lisière d’un groupe qui va rugir.
C’est un piano fantomatique, du Migala, de Black Heart Procession du Lo-Fi lancinant aux dents qui poussent, c’est du plomb aux allures argentées.

Un CD bonus propose des inédits assez remarquables, dont le sublime « Nick Drake », puis quelques perles rares de sessions autour ce cet album 99 devenu culte. C'est un peu la référence qui se dessine ici sous un remastering tout neuf et resplendissant. Une pièce indispensable dans l'histoire du rock moderne.

Mogwai 1999 « Come on die young » label : chemikal underground

mercredi 3 décembre 2014

Migala 98


 
Sontag Shogun m'a renvoyé vers une autre grande émotion sonore ambiante et cinématographique. Un cinéma particulier, indépendant, une autre vision intime d'une errance dans un No man's land.
 
« Asi duele un verano » pour un groupe espagnol révolu et devenu culte dans le post rock. Sauf qu'ici, nous sommes presque au début du voyage, 1998 abrité par Acuarela discos.

 
Un gris merdeux de port abandonné qui fait fuir les âmes « normalement » constituées, un accordéon agonise sur la grève, des objets flottent autour d'une autre épave de chalutier éventrée. Le vide comme une mélasse qui adsorbe toutes les couleurs, toutes les températures. Du crachin à perte de vue, le vent bombarde et les lignent se débinent. Tout est fuite. Il y a un peu de rouille et de cobalt écaillé sur la coque glauque qui attire les mélancoliques tels des berniques sans âme.

Il faut y être né pour vivre ici.
 
Pas de piano, mais une guitare, les frères Hernandez et Yturriaga, la charpente de Migala devenu plus célèbre sur les albums suivants. Même la marée haute est dans la voix, une marée grasse pleine de vase, un sable mouvant sonore, une bande son de littoral hors saison.

Puis ce chef d'œuvre pleurniche avec son l'orgue mortifère, son l'âme floydienne et sa voix Ian Stapples.. « Gurb song ». Qu'est ce que j'ai pu écouter en boucle ce morceau, juste à l'aube d'un nouveau siècle, et que j'imaginais pas plus heureux que les précédents. Des siècles pour rien..et ce paysage qui parle tant, la juste connexion d'une errance maladive et d'un horizon en fuite.
 
Depuis 2004, et après cinq albums, Migala s'est dispatché en une arborescence discographique formidable..toujours chez Acuarela discos : El hijo; Fantasy bar; Emak bakia; Num9;
« Asi duele un verano » la bande son des naufrages mélancoliques.



Migala 1998 « Asi duele un verano » label : acuarela discos






lundi 1 décembre 2014

Sontag Shogun



C'est une corruption cérébrale, une troublante divagation dans un morne rêve. Un état grisâtre et heureux m'envahit à l'écoute de « Tale » la rêverie des Sontag Shogun, un trio de Brooklin.
Deux architectes aux images sonores, et un pianiste pour les mots.

« Tale » est totalement ambiant, un climat qu'il faut capter quand la voûte plombée et les champs retournés vous en donnent les moyens. C'est un égarement éphémère, on se laisse hypnotiser par un paysage ordinaire, une lumière aplanie, un vieux cargo échoué en naufrage depuis des années, et l'on se demande même ce qu'on fout là sous la pluie neigeuse. Impossible de partir, l'horizon inexistant est si grisant.

Cette fiction musicale est un moment délicieux, il a causé à travers mon cordage, des souvenances mêlées d'images nouvelles que Sontag Shogun a su me transmettre.... un véritable magnétisme sonore, une suggestion néo-classique bourrée d'émotions.

Sontag Shogun 2014 « Tale » label : luau recs



dimanche 30 novembre 2014

Fred Pallem & le sacre du tympan 2008



Une ouverture comme une bande-son infernale bourrée de rencontres, celle de ma nuit-concept rebondissante, une super grande production de gros casting pour mes oreilles excitées, orchestre, ensemble, Fred Pallem est là, une soirée à rallonge proposée par Pascal, une véritable collection de partage musical.
Et déjà Piers Facini vient me prendre à la gorge, de bon matin. « Sharpening bone » idéal pour arpenter les rues trafiquées de Paname qui garde encore sa fierté lumineuse, juste coincé entre ma nuit et le boulot. Ma nuit, je ne vais pas en parler, juste essayer de restituer la bande son des tronches de titane, le boulot non plus, des bronches de méthane subliminales à toussoter pour un rien.

 
 

Je suis un adepte de la pause, celle-ci est d'une puissance sans barrière, celle qui m'a empêchée d'écouter du jazz pendant des décennies. Basse, solo, vocal, clavier, blues de jazz trempé et je grille ma clope plus tôt que prévu. Il faut dire que le quartier est plus beau ce matin, l’itinéraire est quasiment tracé, le trajet sans question, sinon j'aurais pris la ruelle à gauche, puis la voie sans issue, ou le parc un quartier plus loin. Ne pas douter, juste les oreilles et le trajets qui s'embellit.

Les chansons défilent et le café crème du matin prend des allures d'extrême douceur, moi qui n'aime que le robuste amer, mais va quand même falloir passer la vitesse supérieure, poussé par les klaxons cuivrés de l'orchestre, je me pousse pour aller ouste et filer à mes trousses. C'est un brûlot, une pincée de gingembre dans cette tasse de pétrole crémeux.

 
Je suis un convalescent de jazz, un récidiviste en latence. Mon cerveau a été brûlé très jeune par cette musique paternelle, tout comme le classique maternel.. depuis je lutte sur cette fuite, à accrocher les wagons, ces océans et ces pays de retard.....
…. et je passe direct au fin fond d'une nuit bronze d'onomatopées scintillantes et clinquantes (André Minvielle). La journée passe très vite, je ne me souviens plus des heures coulées, juste l'emprunte du blues matinal qui s'est étendu...et déjà le jour se lève sous les trompettes à la Baker, juste avant de balancer au flan de ma fatigue le piano et la gorge de Kanche.

Ce disque est fou, à quel soir du matin je suis ?

Combien de fois Marcel Kanche m'a pénétré ? Je ne pensais pas le rencontrer ici, à cette heure, dans cette ruelle, même si mon naufrage aurait pu me souffler quelques indices. C'est une heure où l'on cherche l'ombre des âmes et où l'on croise le retour des troupes d'un cirque cabaret country avec dans la bande Sanseverino, celui que l'on a vu quelques heures plus tôt survoler les « zob..jets ». Pas prêt de bailler aux corneilles.
Je me souviens avoir rencontré Tarantino dans le « compartiment tueur » du métro qui m'a mené jusqu'ici, vers cette nuit qui n'en finit pas d'être insomniaque, en pleine journée multicolore. Sébastien Tellier et Matthieu Chédid étaient bien déglingués aussi, sont un peu cinglés les mecs, ça grouille, et tangue sévère sur ce melting pot culturel, dans sa plus belle cohérence.

 
 
Heureusement Julien Loureau est venu me présenter une amie artiste à lui, une femme superbe, anachronique scintillante sous ses sapes bleues outremer seventies, elle me susurrait « Grover corner » dans le cou, style Burgalat, et j'avalais ma salive comme on regarde un « Picasso blue »..Mais, alors qu'Alice Lewis chantait sur scène, j'ai perdu de vue la fille bleuté, comme le reste de ma nuit. OSS 117 a du venir me la chiper...je vois pas autre explication.

Je suis rentré anéanti, vidé, et j'ai remis au casque ce blues cuivré incandescent « Shapering bone » qui m'a suivi toute la sainte journée, et jusqu'au soir suivant du matin d'avant. Cette chanson, c'est mon lien, mon point d'attache, la boucle est bouclée, et j'ai repris un robusta serré sous cette lumière du soir, ou du matin, je sais plus..j'en sais rien. Je me rappelle d'un bruit qui résonne, et du timbre de Kanche sous la trompette, comme un écho, une incitation, une incubation.

Ah si, j'ai aussi croisé Pascal qui m'a présenté Fred Pallem qui a fait de ma nuit a été une véritable comédie musicale euphorique.

D'ailleurs Pax m'a raconté une tonne de truc sur ce compositeur, arrangeur, chef d'orchestre de big band... c'est ici, c'est une chronique simultanée.




Fred Pallem & le sacre du tympan 2008 « La grande ouverture »
label : atmosphériques

 


Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...