lundi 20 octobre 2025

OP8 & Lisa Germano - 1997

 


Des choses fondamentales se diluent dans les absences, des petites perfections aux oubliettes. Il est passé des jours entiers cet OP8, revenu ouvertement sans affres ni doute, puis dilué dans les moult écoutes au fil des ans. Calexico augmenté. Lisa chez les garçons. City Slang, 4AD, Howe Gelb, tout un monde.

Un point de fuite, le pile endroit des idées qui se longent. Puis l'impact, le temps d'un album, la magie de tout un monde qui s'abouche. On dirait un couple, une histoire d'amour dite, le chant des inspirations regroupées.

Et mes enceintes avec cette moue crâneuse tout en tapant la membrane, « bah ouaih mon gars, combien de temps que tu n'as pas écouté ce chef d’œuvre ?!!! ». Émotions de très haute fidélité.

Mon rock-in-chair et mon chapeau de paille, vous allez vous balancer à nouveau dans le plus bel embrasement. « Perdre sa vie à chercher l'or d'un cœur ».

OP8 « Slush » sur V2

 

jeudi 16 octobre 2025

Lou Reed 1996


 

La profonde couleur bleu-nuit des bouteilles de fleur d'oranger m'a toujours apaisé. Le contenant d'abord, ce vitrail trouble de rayonnage, et aussi le parfum qui s'en dégageait dès qu'on dévissait le bouchon à vis. Je faisais souvent ça quand ma mère s'adonnait aux pâtisseries, je restais là à observer le protocole en aidant dès que je pouvais, une pesée, garder la pâte en mouvement pendant qu'elle battait le blanc des œufs ou tranchait la motte de beurre. Renifler la fiole de cocagne. Quelle belle idée d'associer ce bleu avec le parfum des oranges en fleurs, orange bleue comme la Planète. Ce petit flacon allumait mon imagination.

Plus tard pendant mes études de laborantin, je suis tombé sur le même verre bleu avec un bouchon à vis, dedans c'était de l'éther. Nous nous en servions pour endormir les souris d'élevage juste avant de les décortiquer. Je passais les cours de biologie animale à moitié endormi avec ce réflexe nostalgique de respirer le contenu suave de ce flacon bleu nuit joli comme un vitrail, un autre bleu moi qui suis de la vallée de Chartres.

Cette petite bouteille apaise quoiqu'elle contienne, rêveries orangées ou anesthésiant éthéré, j’aime énormément les flacons de verre de ce bleu-là, voilés de nuit le ciel parfumé. L'épaisseur cérulé gras pour conserver et protéger des lumières, garder intact à tout prix cette effluve qui dompte le cerveau. Un masque bleu, ajuster le crépuscule. 

 


Lou Reed 1996 « Set the Twilight Reeling »

samedi 11 octobre 2025

The Antlers - 2025

 


La météo dans les dents. Avec le recul, je réalise son influence permanente sur mes écoutes, l'envie musicale accrochée aux couleurs des arbres. Mon humeur à la merci, aucune volonté, Orion debout, brume matinale, alignée de peupliers jaunis, la lumière qui se nacre, j'ai ce qu'il faut en rayon.


Conseil d'un ami, il fait très noir dehors. L'heure avancée installe une buée grise argentée, l'horizon se trouble et le vent s'est couché. Mais c'est quoi cet album !!

Exactement comme je l'avais envisagé, la matinée est flamboyante et fraîche. Il a fallu que le vent lâche sa grasse matinée pour chasser le brouillard. Tout s'est incendié. Mon arbre boule de neige est rouge sang et ça tombe bien, j'ai rendez-vous avec « Blight » de The Antlers. Je me langui et le café gargouille. Le carnage dans mes douces émotions mélancoliques. Mise en scène. Inconsciemment, la veille j'ai presque tout programmé. Ce n'est en tout cas pas un hasard. Je suis assis dans ma verrière à contempler dehors le nuancier qui chante comme un bouquet final avant extinction des lumières et le règne interminable des gris.


Les petits bonbons violets de mon Callicarpe s'allument un par un, le soleil montre le lierre qui s'adonne aux derniers butineurs d'octobre. « Blight » distille, c'est une merveille, c'est tout ce que j'aime quand les champs fument et que les toiles d'araignées sont parées de perles brumisées. Plus tard j'irai explorer ces gars-là. En attendant je déguste.


The Antlers 2025 « Blight »

jeudi 9 octobre 2025

Modern Nature - 2025

 


Folk carotène, un Musée Mécanique Low Eliott Smith qui sent le bois de chauffe. Les jours raccourcissent certes, mais il fait tiède sur les palissades, des britanniques dans le désert. Des voix canons, des accords clairs et distincts, il pleut sur le sable. Quatre dans le minimum pour des belles tranches de chansons lentement chaloupées. Cosy, bien isolé, les feuilles emmènent le orange par terre, doux et moelleux, c'est un acoustique chanté qui réconforte comme un vieux poêle à bois, avec dessus une gamelle qui fait fumer la soupe, et éventre les châtaignes. Fredonner calmement en joie avec la mousse qui renaît et le pissenlit Larousse.


Modern Nature 2025 « The Heart Warps » sur Bella Union

samedi 4 octobre 2025

Little Simz - 2025

 


Piégé par la pochette, moi !!?? Oui et non. L'hameçon mordu, j'ai voulu me débattre, intérieur joue blessé à me morde, mais la mâchoire s'est vite détendue. Loin de me noyer, je me suis posé, et comme un vieux gigot rescapé sur la berge j'ai gigoté, retrouvant ma respiration sans broncher, dandinant comme un dadais, eh ouaih, j'écoute du rap les gens, que j'ai dit à mes préjuger graphités de bourru.

Alors, calmez-vous, j'ai dit ni oui, ni non, pas dupe non plus, et les puristes du genre étiquetteront-ils ce bel objet de rap ??

Bref, ma rétine a crocheté un sublime album de RAP, mon corps à danser ankylosé, et mon cœur a flanché sur la petite madame SIMZ. Déçu il y a quelques semaines par les nouveaux projets de BUCK 65, j'ai failli définitivement lâcher l'affaire. « Lotus » m'a sauté dessus.. Oh l’entourloupe qui n'en est pas une, oh la belle bassesse des somptueuses hauteurs, bien joué la pochette .. sublime, comme le disque.


Little Simz 2025 « Lotus »

jeudi 2 octobre 2025

Jeff Tweedy 2025

 



Impossible d'être tranquille 5 minutes à siroter du psyché Freak sans être sifflé du casque par quelques priorités. BLACK LIPS totalement barrettien balayé par un Feu ! De Dieu. Le retour des Chatterton. Puis SOLAR EYES, monstrueux album de rock cosmique psyché de voyous bariolés sauvagement bâillonné par le monumental triple chef d’œuvre de Jeff Tweedy.

Les fauves à la cave, « No rider on the horse » à l'écurie, obligé, « Love is for love » s'installe à fond la boucle pour un moment. « Twilight Override » va me faire l'automne.


Comment dire …


Les vrais héros ne passent pas en boucle sur les réseaux, aucune de leur trogne sur les écrans. Très peu de chose à emporter sur le dos quand on part sauver des âmes. Le poète héroïque tend sa fêlure de la motte au nuage, ses douleurs comme un mycélium, et tous ses défauts pour nous tendre la main. Vulnérable plus que maudit, la seule consolation à l'idée d'être un animal raté comme les autres. « Twilight Override », une trinité.

La gloriole planétaire est pour les ânes, le troubadour patauge et sauve des vies. La toile d'araignée est un danger pour l’œuvre, comment après des siècles de mélodies trouver l'étincelle et enquiller la triplette des belles vies comme celle-ci.


Comment dire …


J'ai dévalé quelques chemins ce midi après une nouvelle écoute, il fallait un instant de recul. La glandée bat son plein, rares ceux qui deviendront un chêne. Pourrir ou se faire bouffer par les cochons, les cycles sont les mêmes pour tout le monde, seul le Quercus sait la lumière. Notre histoire est bien vieille. Au retour, avant de remettre cet album, je me suis posé sous la tronche oblique du soleil encore taquin, il chatouille le prunus et me raye le profil. Le Tipoulet partout est venu me chatouiller de ses fines pattes. Jeff a fauché toute autre possibilité d'écoute. Époussetant, balayant, élaguant les camarades de promontoire, il va me faire l'automne, déjà quelques chansons en boucle, comment avancer.


Comment dire...


J'écoute approfondi avec des émotions abyssales et beaucoup de légèreté dans le sourire. Peu importe le poids politique, je ne sens que la lutte poétique à sauver l'âme repue et l’œil fatigué, ce héro patenté. L'opulence n'a rien à voir là-dedans, juste un peu bavard, l'urgence à témoigner et l'automne a son remède. L'évidence défile et les jaunes s'installent, pas une seule baisse de régime et je respire à grand poumon. Les cordes de « Better day » folâtrent, la belle journée, juste « Fell free » pour quelques heures. Jeff Tweedy quand même.. « Love is the king » ok, mais je lui préfère de loin « Love is for love ».


Comment dire ...

Jeff Tweedy 2025 « Twilight Override »

OP8 & Lisa Germano - 1997

  Des choses fondamentales se diluent dans les absences, des petites perfections aux oubliettes. Il est passé des jours entiers cet OP8, re...