jeudi 21 août 2025

Eric Chenaux - 2022

 



Juste quelques petites infidélités, un autre ciel discographique de temps en temps, moi je ne connais Chesnaux que sous un ciel constellé. « Say Laura » est un instant particulier plus encore. Son jazz décortiqué, volage et éthéré, l'Epiphone lui va si bien. Des cœurs d'éponges en douces émulsions de basalte. L'intimité s'est installée, j'ai arrêté tout ce que je faisais et j'ai contemplé. C'est comme un tableau qu'on ne voit jamais de la même façon, un Nick Drake ondulé. Chaque écoute change la lueur et de lumière. Oblique ou en applique elle prend tout et nous farde, « Say Laura » plus que les autres, tellement de choses ressenties.

C'était il y a trois ans, rien à changé et tout s’acclimate. Juste avant de sortir prendre la moiteur d'un été au vestiaire, plus beau encore qu'un paradis alangui, « Say Laura ».


Eric Chesnaux 2022 « Say Laura » sur Constellation

mardi 19 août 2025

Citron Citron - 2024

 


La voûte se démantibule, la cogite s'attise et finalement cet automne de mi-août a son petit charme. Toutes ces feuilles jaunes tombées sans calendrier, les mêmes feuilles à terre qu'aux étés de la Saint-Martin, mais croustillantes ici, cuites en plein vole. Paysage inattendu.

Le sol chips se gausse un peu des grillons fatigués, les pas saccadés crépitent et rythment la tiédeur molle, une belle musique anachronique voltigeante voile la bouillante rondelle jaune, le ciel devient synthétique émoustillé par les clapotis des libellules qui barbotent. Les vesces se trémoussent sous mes pas craquants « Est ce que tu dors ? ».

Ce duo m'enchante, entre le monde de Burgalat et les rêves organique de Tellier.


Toutes ces feuilles qui jonchent déjà. Moi, bien loin d'une « Crise d'aaaangoisse » je danse dedans, il faut se faire à l'idée, il va falloir écoper un moment donné, je reste dans leur bulle, je suis accaparé et intrigué. « Maréeternelle » est un instant fantasmagorique, Citron Citron une découverte.Et quelle pochette !!


Citron Citron 2024 « Maréeternelle »


vendredi 15 août 2025

Alain Chamfort - 1976

 


Clarinette sur le bilan, costard dans les graminées, un peu too much le lapin sur le piano. Aucune fleur bleue dans les hautes herbes, pourtant je le suis à fond sur cette chanson, depuis un paquet d'années. Pourquoi l'impact de celle-là ? J'en sais rien, mais elle m'embarque toujours, flon-flon et re-flon-flon en cuivres gras et petit orchestre pop de bal musette quand tout le monde est presque rentré depuis quelques lampées d'une niôle locale qui rend fou. Le jour a beau mettre minable les derniers lampions qui vacillent et bavassent, tout n'a pas été résolu.

Pas grand chose à retenir de cet album, il est d'époque, et y'en a tellement des « Lucile », peut-être « La musique se lève à l'ouest ». Je n'ai aucune idée de la répercussion de Chamfort à ce moment-là, « L'amour tsé-tsé » .. insupportable. Lui aussi, souvent.

« Mariage à l'essai », rien que celle-là, Chamfort aux notes, Rivat à l'écriture. Un vieux mariage, je suis fou, je déteste l'idée des unions administratives et religieuses, j'ai joué le jeu début 90's, c'est passé comme on attend son tour pour valider son ticket de loterie. J'aime bien l'idée aujourd'hui, de cette journée pénible, ce truc qu'il fallait abroger le jour suivant pour mieux s'unir, ce vieux bois qu'il faut lasurer tous les jours, ce sentiment d'être un ancien combattant et d'aimer quelque soit le métal et la pierre. Ce n'était finalement pas une mauvaise idée.


J'ai une troublante anecdote avec ce vinyle. Aucune raison au début des 90's, qu'il soit dans le garage de cette famille-là, immigrée depuis 20 ans, à Lucé en Eure-et-Loir. Un Johnny encore, ou un Eddy, mais Alain !! Je n'ai jamais su d'où il venait, pourquoi il était là. Quand mon beau-père a disparu en 1992, nous avons perdu la trace de ce 33tours. Je demande souvent ce qu'il est devenu, le disque, qui l'a chapardé, revendu ou gardé précieusement pour la nostalgie. Il n’empêche depuis, je dors toujours auprès de sa fille avec mes vieux rêves.

Je viens de trouver sur Vinted le 1er des 3 coffrets pour autant d'euros que d'années de mariage pour moi et la fille du garage d'Augusto à Lucé avec dedans entre autre, le deuxième LP d'Alain Chamfort. Il a disparu avec lui, qu'est ce qui foutait là.. le disque. J'y pense souvent. J'écoute uniquement cette chanson de cet album. Elle est belle. Je fais tout pour que la fête continue même si tout le monde dit qu'on est fou.


Alain Chamfort 1976 « Alain Chamfort » sur CBS

lundi 11 août 2025

Jean-Louis Murat 2008


 

On se recroqueville derrière des cicatrices, quelques chansons belles comme des amulettes tournent comme les saisons. On repasse tout, je cherche la faille, je me vautre et lutte contre les amours en fuite. Des leçons à farfouiller mes déraisons, je me mets des coups de savates dans l'âme comme on brame le glas, je m'enlise dans le déni.

Spleen de Tristan en longues heures de tristesse. Je ne m'y ferai jamais.

J'écoute, je me noie, un morceau m'échappe, il tape dans la poitrine, je vérifie d'où vient « La prière », mon streaming chiale et je fouille parmi mes galettes. « Marlène » appelle à la génuflexion, foutre de crénom. Le flot amer pour quelques notes se dissipe, comme une nouveauté, j'écoute cette chanson bonus cachée de Jean-Louis Murat. Lourd comme une âme en peine, grinçant comme la cruauté, je jubile en triste sujet, il fait un peu plus jour, je découvre un JLM.


Jean-Louis Murat 2008 « Tristan »; "La prière"

 

samedi 9 août 2025

Chris Garneau 2021

 


Ma salive en plein estivage, j'ai le goût de la chaume dans le naseau rien qu'à regarder la poussière des herses s'envoler. Le soleil est déjà dans sa descente, la sève à bout de souffle. Les prunus passent à autre chose.

La chair de guigne est un souvenir, le noyau attend la pluie. J'écoute « The Kind » en boucle, toutes mes cellules en transhumance dévalent sans rien déballer. Je fais de la rétention d'émotions, j'hésite à dévoiler. Il n’empêche, tout s'est figé et le Panic-pied-de-coq chante à crête rabattue ses épis plumés de haute gorge à dévaler sous le vent-là vital et tonique.

Descendre des alpages, amener en bas l'altitude sous ses paupières et toutes les écritures d'en haut pour faire un disque. Sommet de poésie.


Chris Garneau 2021 « The Kind »

mardi 5 août 2025

Wet Leg - 2025


 

Bouffée de chaleur sur les joues, la tempe offensive et les yeux plissés je dévore « Moisturzier » à moitié urgé. Ça gicle affolé solidement développé. Je me suis dit dans un premier temps, ouaih, y'en a des tonnes des groupes ainsi à faire du bruit. Ce beau brelan m'ébranle, les deux filles ont trouvé trois zicos du tonnerre, la recette fonctionne, je suis pris au jeu.

L'accroche racole et me colle au casque. Âpre et sec complètement boumer je me dandine.

J'ai loupé l'apparition virale de 2022, on me la fera pas sur cette confirmation proposée aussi en cassette.

10 balles la nouveauté, rien que pour faire jouir ses baffles et tremper le carrelage. Petit coup de gingembre dans mon ciel gris, filles caféines, je tiens plus en place.


Wet Leg 2025 « Moisturzier »

jeudi 31 juillet 2025

Guy Blackman 2025


 

Le temps des lilas disparu est un leurre, un autre celui des Indes fleurit quand tout est grillé. Plus intense en couleur, moindre en odeur. De l’autre côté de la palissade, les Robiniers sans épines

tapissent les trottoirs de leurs confettis crèmes. On dirait un lendemain de carnaval. Sophora et Lagerose sont à la fête. C’est exactement l’image qui m’est venue à la vue de cette sublime pochette. Une dominante de couleurs qui apaise.

Il fallait aussi que je tombe sur de la chanson nébuleuse, légèrement bancale et fragile tout en

gardant l’idée que je déambulais déboussolé au beau milieu de l’été qui avait déjà connu la brûlure. Un ciel vaseux, un thermomètre moelleux, météorologiquement intemporel avec alentours les teintes qui ne laissent aucun doute sur l’instant. Il pleut un peu sur les ardoises. J’ai laissé cette aubaine musicale diffuser comme on enfile une pelure au petit matin d’un été qui reprend son souffle.

Les abeilles butinent au sol les fleurs tombées du Sophora japonica avant d’être piétinées. Le rose

intense des fleurs de mousseline du lilas d'été, ce sera pour ce soir quand les fleurs s’allumeront. « Out of sight» est un nectar délicieux qui me perd un peu dans l’air, dans l'émoi et le calendrier.


Guy Blackman 2025 « Out of Sight »

Eric Chenaux - 2022

  Juste quelques petites infidélités, un autre ciel discographique de temps en temps, moi je ne connais Chesnaux que sous un ciel constellé...