samedi 8 novembre 2025

Arnaud Fournier 2025


 

Post-rock à l’orée d'une grise ville, l'haleine vrombit à l'approche des tours à fenêtres grises mines. J'ai l'habitude d'aller voir ailleurs quand il me manque ce genre de son. Ça rigole plus chez Ici d'Ailleurs, après Zerö, Arnaud Fournier.

C'est âpre, un goût de sang dans la bouche de métro, le voyage fut long, les coteaux fleuris se délitent sur les façades éméchées. Les belles noues en caniveaux ruisselant d’auréoles mordorées s'entortillent vers les grands boulevards. Quai 24 à Montparnasse, la Tour se dessine en flou, mon cou se brise, la pluie a dû crépiter toute la nuit, des moues bistres défilent loin de mes pâturages. Avenue du Maine je bifurque sur Froidevaux et longe ce Champ du repos à ma gauche, les platanes ont jauni l'asphalte. J'avance vers les Catacombes. Ma ligne de métro est fermées pour une dizaine de jours, une autre ligne m'emmerde et les bus pataugent partout pour offrir quelques enjambées. J'ai mon casque et mes gambas. La marée de vélos, c'est pour dans une heure, deux ou trois noires trottinettes fulgurantes seulement me frôlent. Le ciel est gris jaunâtre comme le pus des yeux des fatigues que je croise. Boulevard Saint-Jacques, « New York Belle Île » me percute, le bas des immeuble blancs au dessus de la Butte aux Cailles apparaissent doucement, tout clignote, artères irrespirables, record d'humidité, les articulations dégustent. « Miroirs » attaque mes cellules. Hint est là, les anxiétés sortent des ténèbres.


Arnaud Fournier « 100% black Puzzle »

jeudi 6 novembre 2025

Adrian Crowley - 2025


 

« Elle boit mes larmes à la nuit agonisante... ». On est en pleine semaine, c'est une chance. Bientôt le week-end, planquez vos bouteilles, Adrian est là, et en pleine bourre. Avec qui je préfère partager un godet pour me déboîter la gueule ? Dury fils ou Crowley à 8,6 sur l'échelle de la joie ?

J'écoute « Measure of Joy » et je sombre, ou plutôt je m'accorde un reset pour repartir un peu plus et garder le cap, m'accrocher à la risette. Ma catharsis, me carcasser l'échine en s'ossant le bulbe et traverser la meute hagard. Cet Adrian est ma Ventoline quand il faut traverser Denfert en ruine, le musée de la libération juste en dessous et les cranes entassés juste en face dans le Champs du repos. Envergure dans la cave. Faut creuser encore pour cacher les bouteilles, puis élargir, envergurer. On va finir par trouver un coquillage à force de forer le bleu outremer et fourrer la vase ainsi au plus profond de nos sous-sols de sanitaires à vider.

« Measure of Joy » n'est pas un leurre, Crowley n'est pas Callahan, ni Arab Strap et pourtant, la lie sonne l'appel du lit. Ces gars là chantent bien nos haleines avinées et l’hallali quand il faut entortiller la viande dans le torchon. Si on était vendredi, je ne serais pas le même, « ivre de promesses ». Une chance. On est jeudi, ça ne tient qu'à un fil.

Adrian Crowley, à boire sans mode et rations.


Adrian Crowley 2025 « Measure of joy » 

 

mardi 4 novembre 2025

Andrea Laszlo De Simone - 2025


 

Fantastique épopée opulente et généreuse, le bilan d'une vie dans un onirisme envoûtant, troublant, brumeux et luxuriant. Comme une biographie, ce disque en biopic propose les images du film de sa vie. Interludes ambiants comme pour laisser se dessiner quelques scènes que l'on devine.

Introspection orchestrée, la mélancolie dans la besace, on s'engouffre dans son émanation.

C'est un vertige, mes mots sont timides, j'énumère comme ça en urgence, concis, sec, à l'inverse de cette grande aventure.

De la buée sur mes carreaux, ou alors sur mes lunettes, à moins que ce ne soit mes yeux.

Totalement sous le charme. Presque sans mot.

Andrea Laszlo De Simone 2025 « Una Lunghissima Ombra »

 

samedi 1 novembre 2025

Hamilton Leithauser 2025


 

Une vielle connaissance, une voix qui résonne. Pas rendu visite depuis 2014. J'aime beaucoup sa façon de prendre son expression, d'interpréter follement ses escapades pop bariolantes. La fulgurance de son groupe et la gifle 2004résonne toujours, le cri fauve d'un cortex rock engorgé, je voulais dire la gorge babillarde.

Je reviens à Leithauser via cette nouveauté facile, légère, toute chargée de son interprétation fleurie d'un léger fauvisme Dexys. Timbre toujours aussi généreux histoire de souffler chaud sur les premiers frimas de novembre des dernières fleurs.


Hamilton Leithauser 2025 « The Side of the Island »

jeudi 30 octobre 2025

Storm Corrosion 2012


 

Complètement happé par la pochette, elle me renvoie aux grandes heures du Cerberus Shoal et du Big Blood. C'est au chapitre rock-prog, un autre projet de Steven Wilson. Porcupine Tree main dans la main avec Opeth (Mikael Åkerfeldt). Le résultat est stellaire, vaporeux et minéral. De belles lumières sous des filtres clairs.

Nappes, moments acoustiques comme Gowan Ring,une grande maîtrise dans l'apaisement mystique.

Aucune grande envolée tellurique, ou presque pas (« Hag »), le sanguin amorti, une kyrielle de personnages engourdis défile et « Happy » approche le monde inspiré de Thom Yorke.

Nylon des cordes, étendue des claviers, le dessin des écritures est paradisiaque à sa façon. Un bancroche éden. Je suis dans le prog jusqu'au coq.

Au détour d'une réédition vinyle, je découvre cette autre face cachée de Steven Wilson, histoire d'un seul album, singulière bambée à peine déroutante.


Storm Corrosion 2012 

 

mardi 28 octobre 2025

Moundrag 2025


 

Incroyable, fallait oser, jusqu'au look Ozzy, je n'en demandais pas tant, des jeunots du fin fond du phare-ouest paimpolais, je joue le jeu et plonge comme un vieux diable addict au rock psyché heavy prog. Les nappes de synthé affolent le couchant. Le batteur annonce la tempête dès l'intro. Affolant.

Un papier lu (R'n'F), une écoute accroche, et les infos tombent. Une réédition de Uriah n'aurait pas autant déclenché d’enthousiasme chez moi, ça vient de sortir, c'est Moundrag et j'ai les poils.

« The Caveman » mon Dieu, dommage que je ne puisse plus me laisser pousser les cheveux. Les étiquettes pleuvent, normal, ils côtoient le Deep Purple, les touchent du doigt, ont fait un soir leur première partie, il y a de la mélodie en plus et surtout un jeu à deux. Du vivier plein les bras, une prouesse.

Je reprends mes esprits, les frères Duvivier ont commis ce « Deux » brûlant de jeu, de passion et d'histoire. L'est où la gratte ??!! on dirait pas mais rien du tout (j'ai pourtant commencé à « Air guitarer » comme un bleu), un batteur, un clavier, et un bassiste pour cet opus. La voix est raccord, l'onde est fantastique.. King Emerson Ghost etc. Tout y est à deux .. Deep Paimpol.


Quoi d'autre ? Bah la pochette, absolument dans les cordes, magnifique. J'ai commandé l'opus disponible qu'à distance pour l'instant, histoire de le présenter à mes enceintes et de brandir bien haut cet incendie du genre. Beau et infernal. Venez mes enfants, papa a un truc à vous faire écouter, c'est une nouveauté, nan c'est pas british, presque, après vous faites vos valises, on se à Quimper.


Moundrag 2025 « Deux » sur Spinda/Stolen body


https://www.libraires-ensemble.com/musique/26024512-deux-moundrag

https://spindarecords.com/products/moundrag-deux


samedi 25 octobre 2025

Geckos 2025

 


Si c'est pas du pif sablonneux ou de l'addict subliminal ça, juste pour me dire d'aller faire un tour de ce côté-ci, de Howe, parce qu'il se trame un truc dingue qui vient juste de paraître. On pourrait appeler ça un super groupe comme on a pu voir s'amuser les Travelling. Howe Gelb, M.Ward et McKowski en toute humilité viennent de commettre un petit album du cru, solaire et poussiéreux.

Lézarder au clair de lune.


Il y a quelques années, durant l'un de mes exodes chez mes frères lusitaniens, j'ai vu figé au dessus du frigo sur le mur blanc du sous-sol, um lagarto, un Gecko hagard. Je l'étais aussi, moi le beauceron gris éberlué. Je n'ai rien dit, ni alarmé. Il y a un irlandais chez ces americanos chaleureux, Mark McCausland, l'alias de McKowski. J'aime l'idée des projectiles outre-atlantiques qui peuvent faire par exemple de Fleetwood Mac un autre groupe (ne cherchez aucune ressemblance).


Bref, il y a une semaine je replongeais dans OP8. Une soirée entre amis avec une playlist Calexico et hop, l'alterégorithme.

Et puisque nous sommes tous sur écoute, voici la dernière proposition qu'on me propose. Je cède, je prends, je craque et j'accepte. La main tendue invisible. Je l'adopte. Et « Black diamond » me cisaille la veineuse.

Je veux longer les interstices, me faufiler à travers les entre-côtes, observer figé, embrasser les adventices, et grailler quelques insectes morts à défaut d'aller ouvrir le frigo, juste en-dessous de moi. Plages instrumentales assommées (« Scoundrel »), humide balade cuivrée (« River song »), plomb texan totalement liquide (« Botas negras »), retour à la pedal steel (« Blame it on the ocean »).. Je suis collé au mur blanc, pourvu juste que l'on ne m'ait pas vu.


Geckos 2025 «Geckos »

Arnaud Fournier 2025

  Post-rock à l’orée d'une grise ville, l'haleine vrombit à l'approche des tours à fenêtres grises mines. J'ai l'habitu...