Je tourne en rond des lamentations
plein la tète. Un jazz lent et gris vient biner mes idées. Des
percussions cardiaques me battent les temps et l'orgue qui ondule me
donne envie de m'assoir ici, sur ce banc urbain vernis pour la
contemplation des pâles étincelles du regard des gens. Je vais en
prendre plein les yeux.
C'est un ciel à alourdir les sacs
poubelle municipaux d'obus 8,6 à moitié vidés. Je ne bougerai pas
d'ici. Tout le monde se croit en plein jour, il est à peine midi et
on entend tous les pas d'ici assis sur ce vernis. Qu'écoutent-ils ?
Je repense à mes plaines à quelques
heures de moi. Je repense aussi aux piteuses victoires de la musique.
Toucher le fond, peut-être pire que le vide. J'ai beau demandé
autour de moi par curiosité, personne n'écoute Vianney, trois ans
de suite...qui d'entre eux qui se croient en plein jour ?
C'est une richesse extraordinaire
d'avoir par ici un tel groupe parmi nous. Et puis tous ces artistes
qui gravitent autour, Mellano, Quermalet, Hallam, Elliott.
J'ai trainé quelques minutes
progressives à arpenter les ondes effarantes et sombres des
Marquises, la profondeur de ce disque, la richesse des écritures,
cet œuvre d'art.
Les Marquises 2017 « A Night Full
of Collapses » label : icidailleurs
Propulsé, éjecté, blackboulé, catapulté, bringuebalé et cahoté, malgré la grasse
lenteur enfouie, « Evermore » m'a gonflé à bloc, la
troisième chanson du nouvel album du grand retour de Grandaddy après
10 ans d'absence.
Pas de contrainte temporelle pour la
nostalgie, plus qu'une grande nouveauté, la musique des barbus de
Modesto suffit à réveiller toutes mes glandes, une mobylette qui
s'envole mollement subitement accéléré au ralenti tout en planant.
La musique que j'aime. Même la police du titre me fait du bien.
Merde, j'avais pas réalisé qu'ils me
manquaient autant les gentils dépressifs, ces rêveurs électriques.
Tout a été dit sur Grandaddy, tout va
débouler comme un rappel avec « Last Place », mélodieux,
fracassant, qui monte toujours plus haut dans les stratosphères
organiques. Dans les bacs dans quelques jours.
Grandaddy 2017 « Last Place »
label : 30th century
K7, Knopfler, Willy que j'ai toujours
préféré à Mink, un miracle redéboule sur mes enceintes.
Le premier album solo de Deville en
tant que Willy, et dedans Mark Knopfler en guitariste et producteur,
et Guy Fletcher au clavier.
L'influence Dire Straits est palpable,
l'arborescence, et cette année 1987, l'échappatoire d'un mec qui
bosse comme un ouf et qui offre ses services à Willy ou Bob ou
Bryan..
« Could you would you »,
« Heart and soul ».. ave maria et des chœurs gospel
Cohen, voici Dire Straits qui se pointe, « Assassin of Love »..
comme la discrète et belle intrusion auprès sur la « Valentine »
de Bryan Ferry. Quelques notes suffisent pour poser là l'air ou
l'ère .. « Spanish Jack » comme une lente dérive vers
les Brothers in arms … Les disques me rendent dingos, tout support
confondus, « Nightfalls » respire la moitié du Dire
Straits et Willy braque vers une nouvelle carrière. Rien à voir
avec Mark, c'est juste Mink qui relais et donne à Deville une autre
visibilité, un paquet d'opus à venir..
A l'époque, en dehors du fait que
j'écoutais Dire Straits en boucle, j'avançais sur ses racines, ses
rameaux, son arborescence pollinique qui me proposaient les
incontournables, comme cet opus, ou Dylan et les hommes qui donnent
tous des noms aux animaux.
« Southern Politican ».. eh
eh... Dire Straits V/S Lou Reed avec la voix de Willy.
Des débats des échanges, et des
albums qui resurgissent, comme par miracle..le son Mark chez Willy,
ce magnifique crooner latino à la tronche taillée et déglinguée,
qui commence ici une nouvelle carrière.
XTC « English Settlement »;
Laurie Anderson « Big Science »; Costello
« Imperial Bedroom »; Roxy Music
« Avalon »; The Clash « Combat
Rock », Led Zep « Coda »; Cure
« Pornography »; le Boss « Nebraska »;
Marvin Gaye « Midnight Love »; Fagen « The
Nightfly »; Lou Reed « Blue Mask »;
Prince « 1999 »; Michael Jackson
« Thriller »; Petty « Long
After Dark »; Paulo « Tug of War »;
Duran Duran « Rio »; « IV »
Toto; « Mirage » Fleetwood Mac; « Hello I Must be
Going » Collins; Joe Jackson « Night and Day »;
Depeche Mode « A Broken Frame »..le concert
du Central Park de Simon & Garfunkel, la New Wave of British Heavy Metal (Maiden, Saxon, Priest, Leppard, Van Halen, ..)...... 1982, et au
beau milieu de tous ces albums historiques, « Love Over
Gold ».. Comment se placer où cette année là, et
avec le recul qu'est devenu cet album avec lequel le groupe sera
qualifié de « grand groupe de rock pour ceux qui n'aime pas
le rock ».. Knopfler le « leader charismatoc »
…Rock'n'Folk...le début du débat .. ou pas.
Pas sûr qu'à l'heure actuelle, avec
ces blaireaux qui aiment leur banque, on puisse entendre une telle
musique sur les écrans bruyant de publicité (place maintenant à
Queen, Hendrix ou Led Zep bagnoles et cosmétique). Une belle onde
flottait dans le tube cathodique, j'avais environ 15 ans, une pub
pour le crédit agricole « Private Investigation »,
je suis allé illico louer le groupe responsable de cette petite
merveille hispanisante et planante. Loin de moi l'idée à l'écoute,
qu'il s'agissait là d'un groupe de country-blues rocking-chair à la
JJ Cale. Un trompe l'œil ?
« Love Over Gold »
est un instant unique dans la carrière de Knopfler, comme un essai,
une prise de risque par la surproduction volontaire. Jusqu'ici tout
allait bien, tout était homogène et fidèle, le Making Movies, le
Communiqué, le Sutlan des succès. Puis alors que le punk
s'essouffle, le disco se meurt, que le son des 80's commence à
régner, « Love Over Gold » s'installe en
chef d'œuvre avec sa pochette rock prog absolument pas trompeuse.
Des idées de mythe social se dessinent à travers les textes, un
western moderne, la migration du rien vers les grandes villes qui se
battissent sans visibilité, l'ère Reagan, des bilans, Detroit, une
ville maintenant en dépôt de bilan, en jachère, un instantanée sur l'industrie
en évolution jusqu'à tomber, bientôt la montée des eaux, la première des plus grandes pollueuses est menacée par la montée des eaux, New York dans quelques décennies...
Il fallait bien dans cette décennie
musicale que je boudais, trouver les nouveautés qui me conviennent.
Cherchant dans le passé la bonne musique, j'avais ma nouveauté. A
cette époque, les fauchés n'étaient pas moqués, ni dénigrés
comme plus tard et maintenant. Toutes les générations aimaient
Police et Dire Straits.
Complètement imprégné de « Love.. »
pendant des mois, je suis retourné vers Dire Straits avec
l'extraordinaire bilan « aLCHEMY ». C'est là que tout
l'empire de la fender strato rouge a logiquement fait suite,
avec l'idée que Knopfler calibré et rigoureux, jouait sur scène
comme en studio, pas d'impro, pas d'odeur de soufre, gimmicks et soli efficaces, un pro, des airs qu'on pouvait siffler après.
« Telegraph Road » identique en live sans note spontanée, mais qu'à cela ne
tienne, c'est exactement ça que le publique voulait entendre.
Trois semaines, c'est depuis « Sultan
of swing » le temps qu'il fallait en moyenne à Dire
Straits pour enregistrer un album. Trois mois pour celui-ci. Et moi
déjà bien accroc au Pink Floyd, BJH et Supertramp, mais aussi à
Clapton, JJ Cale et au laidback, je plongeais à travers cette
nouveauté étonnante, l'album prog de Mark Knopfler.
Il a beau tout écrire et riffer à sa
façon, Dire Straits ce n'est pas qu'une guitare, c'est aussi un
clavier celui d'Alan Clark, et les fidèles à ses côtés, Illsley à
la basse et cofondateur du groupe et Withers à la batterie, et
bientôt … le saxo.
L'épilogue « It never again »
et on palpe bien ici le sa passion Dylan quand ce dernier à
découvert l'électricité, avec en bonus un finish prog ondulant
autour d'un solo comme une impro live de studio.
« Love over gold »,
guitare sèche et piano, une mélodie langoureuse et grave avec un
timbre nonchalant façon Chris Rea, c'est le titre éponyme,
magnifiquement calé entre les deux morceaux rock de l'album. Une
chanson qui aurait pu être bouclée en 3 minutes pour passer sur les
ondes. Oui mais voilà, nous sommes sur « Love Over
Gold », et les cinq chansons du disque prennent le
temps de distiller toute la sève d'un Knopfler qui va bientôt voir
venir la gloire. La moitié de cette chanson là, est un finish en
envolée romantique, orgue et xylo décrescendo.
« Industrial disease »,
voilà le petit hic pour moi, le clavier orgue hyper joyeux de Clark,
le même que l'on retrouvera avec plus de succès encore sur « Walk
of Life ». Primesautier ? Gai.. j'avais un problème à
l'époque avec la gaité.
Un album sans saxophone, le saxo, mon
autre grincement, le truc qui allait bientôt débouler et tout
gâcher pour moi « Your Latest Trick », je crois
bien avoir lâché prise. C'est là que tu interviens Pax ;D.. fameux
solo en hit qui ne passait pas du tout à l'époque.
Complètement fauchés les british,
absolutly dire straits.
Et pourtant, même si le Sultan n'a pas
récolté plus que ça sur leur sol natal, il a sur le continent, à
quelques brasses des îles britanniques, construit un culte de groupe
né dans les années 80 sans en avoir pris le son, la tendance et la
couleur. Mark Knopfler est juste un guitariste intemporel qui aurait
pu poindre sa technique à n'importe quelle décennie. Sa mark de
fabrique zoomée sur la pochette de la compilation « Money
for Nothing ».. c'est pas de médiator, ni d'onglet, le
pouce, l'index et le majeur jouent avec les cordes ou la corde,
l'auriculaire et l'annulaire sont posés sur le bois du coffre rouge
ou métallique de sa Normal, un finger-picking inspiré de
Nasheville. "Love." c'est aussi l'apparition de cette fantastique Gibson Chet Atkins CE déjà testée pour le finish de "Romeo.."
une planche sans caisse, une mince cavité avec une rosace, un son classique amplifié par un micro.
A ce doigté vient s'ajouter sur
« Love.. » son envie de jazz, Mike Mainieri
et Ed Walsh sont dans les crédits, clavier et vibraphone, quelques
touches palpables qui font la charpente prog de cet album en plus des
arrangements complexes.
Nous ne sommes pas encore sur le
Brother et avec tout cet argent pour rien qui va débouler, eux les
fauchés, plus rien ne sera plus comme avant, un seul album viendra
beaucoup plus tard « Calling Elvis », dix
ans après comme pour faire fonctionner la machine une dernière
fois, avec en parallèle une grande carrière solo qui se dessine.
Après la tournée de « Love
Over Gold », les premiers signes de fatigue
apparaissent pour le groupe et le leader part en Écosse pour
assister au tournage du film « Local Hero ».
Il embraye juste après sur l'enregistrement rock'n'roll d'un ep
« ExtendeDancEPlay », histoire de laver
l'hyper production et les mois de studio de « Love.. ».
Le fidèle Pick Withers quitte le groupe, comme son petit frère
David toujours à l'ombre de son ainé... « Twisting by the
pool ».. un nouveau petit grincement pour moi, du
primesautier pour parer au grand sérieux de « Love.. »
? Je n'ai jamais réécouté ce morceau.
Des petits hics, rien de bien méchant,
rien qui ne puisse m'empêcher d'écouter quelquefois « Love
Over Gold » et d'autres albums de Dire Straits. Même
« Calling Elvis » (que je trouve de plus en
plus bon) revient quelquefois sur ma platine, je suis un grand
consommateur de Laidback, country-blues rocking-chair, du
boisé planant, même si j'ai une grande préférence pour JJ Cale. En dehors et avec le collectif labellisé, Knopfler
est un guitare hero incontournable extrêmement populaire...et ses collaborations:
Chet Atkins, Sting, Emilou Harris, Tina
Turner, Paul Brady, Scott Walker, Roy Bittan, du E Street Band, Willy DeVille,
Randy Newman, Hank Marvin, Brendan Croker et la virée Nothing
Hillibillies, Clapton, JJ Cale, Bryan Ferry (magnifique « Boys
and Girls »), Dylan (« Infidels »,
« Slow train coming ») , une carrière solo
à l'ombre d'un passé qui pollinise encore.
Et les films : « Cal »,
« Local Hero », « Coimfort and
Joy », « The Color of Money »,
« The Princess Bride », « Last
Exit to Booklyn ».... « Wag the Dog ».....
Quant à sa carrière solo, presqu'une
douzaine d'albums à siroter pénard sous un arbre de Judée, ou un
prunus en fleur, Knopfler, comme un pollen musical.
Dire
Straits 1982 « Love Over Gold » label : mercury
Merci à toi Pax, je me suis replongé
dans mes souvenirs 80's, j'ai révisé la carrière du guitare héro
et creusé tout particulièrement ce disque là, un album
médiatiquement « secondaire » et qui a beaucoup compté
pour moi, mes 15 ans.
Une nouvelle coïncidence, cet album
allait de soi. Il n'empêche, qu'est ce que le saxo de Brother m'a
foutu les boules..à l'époque ;D
Me faut de l'oxygène..d'où sort ce
truc que pourtant j'en connais le nom. Dans mes souvenirs, ça
ressemblait pas à ça .. d'autant plus que pour Foxygen 2017, je
suis tombé suis la cassette audio à la pochette chiadée, épaisse
et épidermiquement gonflée de pâte ancienne, tel un viel album
d'Elton John raté, ou un autre opus baroque pop fauve et
rebondissant … arrff nan overdose. Premier dérapage de l'année.
Bon, des fois les chœurs envoient
direct vers les plages saccharosées d' « Avalon »
teletubies wilson abbarantesques, mais bon.. là, non, c'est pas
possible..je vais finir pas choper le diabète ou la gastro.. et puis
oh allez j'y vais, le tableau de la pochette est tout claqué.. je
comprends rien, c'est de la bouillie, des fois ça sonne faux, un
gamin qui se prend pour Jagger est revenu jouer dans une très mauvaise comédie
musicale. Pourtant « San Fransisco » partait
bien... « America » et cette vague impression que ce pays
est devenu nauséeux...
Juste en face sur la colline empourprée
de gris, de petits carrés de fenêtres défilent sans cligner, des
yeux troglodytes me fixent.
Peu importe la vitesse, tout semble
s'être arrêté sur cette chambre là. Dedans et à travers, un
piano dessine un autre paysage que le mien. Les mêmes points de
fuite, ce moment unique où j'écoute là ce piano joué ici à un
autre moment que le mien.
Mon vernier se perd dans l'espace
musical, je suis ici exactement, tout seul à écouter les notes d'à
côté, à fuir au même endroit. Les notes de Dino Spiluttini.
Islands of Light 2014 « Ruebke »
label : home normal
En immersion totale sous les arpèges
finger-picking de Gareth Dickson, j'ai croisé le fantôme de Nick
Drake.
Je ne sais plus dans quel sens ma tète
a bu ce déluge de notes encordées dans l'hyper calme. A force de
flotter ainsi sur « Orwell Court », je vais finir par ne
plus couler, et m'échouer sur une rive sombre accroché à du bois
mort recouvert de lichen.
Atmosphérique et planant, c'est le
nouvel album du guitariste écossais Gareth Dickson.
Je crois bien que je suis tombé
amoureux de Jenny en 2015, je parlais de folie maîtrisée en
superbes créations, fille apocalyptique laissant couler ses visions
musicales et ses paysages ensorcelés.
Rune Grammofon a lancé cette artiste
en 2011, et c'est chez sur Sacred Bones que « Blood Bitch »
est sorti l'an passé.
La norvégienne est de plus en plus
belle quand elle chante, lunaire, stellaire, une voix à faire pâlir
toutes ses comparses. Il est question beaucoup de féminité, de
sang, celui que l'on suce ou que l'on perd. Cette impression que
l'album ne va pas être facile d'accès s'envole dès le début, avec
ce troublant mélange des styles, des visions, ce parfum enivrant de
couleurs, cette introspection qu'elle nous offre comme un aveu. Il y
a toujours chez Jenny, cette touche expérimental qui nous happe
strictement vers elle et nulle part ailleurs. Et une nouvelle fois, la pochette est un chef d'œuvre.
Cérébral, corporel, intriguant et
intime, Jenny a une nouvelle fois hypnotisée toutes mes émotions.
Orange Can et son « Home burns »
dès les premières secondes de « Backpage », du Beta
Band qui se balade entre les notes, puis « Memories »
vient nous poser au beau milieu d'une prairie verte tendre avec en
fond d'écran l'Ono Plastic Band adossé à un arbre
séculaire..« Isolation ».
J'ai aussi en mémoire, ce grand groupe
disparu, le Radar.Bros s'il avait été chanté par Elliott Smith.
Puis « When we were young »
commence exactement comme le « Fearless » de Meddle.
Une fois de plus, peu importe les
références, ce quatuor est de Londres et tout de cet épicentre là
respire la bonne musique.
Engourdissant, grisâtre, la voûte pas
bien haute, ce psychédélisme mou reluit de tout feu.. « 1969 »
manquerait plus que Maximo et James m'appelle papa.. et pourtant
c'est pas du son de gamin, plus de la musique à papa, du cool retro
Lo-Fi, du planant tristounet sans fioriture, easy très efficace. Je
crois bien que voici une nouvelle petite sensation retro qui fait
parler d'elle. C'est le deuxième album de The Proper Ornaments.
« Memories », petit chef
d'oeuvre en boucle chez moi.
The Proper Ornaments 2017 « Foxhole »
label : slumberland
Ils sont rares les artistes à claquer
le blind test dès la première note. Mike Oldfield a sa touche à
lui, sa signature, sa patine, comme des cycles biologiques, le
Tubular est déjà revenu, l'Ommadawn à son tour repasse près de
notre sphère. Un amoureux transit des instruments, des notes « all
instruments played by Mike Oldfield »..Gibson, Flamenco guitar,
bass, Fender Telecaster, mandolins, banjo, ukulélé, celtic harp,
acoustic steel guitar.... organs, farfisa and hammond, mellotron,
solina, clavioline, piano.. bodhran, african table drums,
glokenspiel, penny whistles....
C'est un monde à part qu'il faut aimer
pour y revenir sans cesse comme une chose nouvelle, comme à son
rythme, elliptique, une planète repasse et revient à cet endroit
d'un univers que l'on ne connait qu'à travers ce passage là, à cet
endroit du ressac, cette nouvelle saison, la même qu'il y a quelques
temps presque au même endroit et qui reviendra.
Comment faire découvrir un tel
artiste, quel album choisir, laquelle de ses saisons, quel cycle ?
« Ommadawn » ? « Return to Ommadawn » ?
Un amis est passé chez moi quand Mike
Oldfield 2017 diffusait une fois de plus dans ma sphère musicale..
C'est un bel album pour faire découvrir ce multi instrumentiste à
quelques uns qui ne connaissent pas cet univers là, et qui sonne
pareil dès la première note de chacun de ses disques. On pourrait
offrir un des Tubular, un discret Hergest Rigde, une Incantation
puissante, son « Voyager » celtique, un QE2, ou bien les
deux superbes rééditions « Discovery » et « Crises »..
mais si, mon ami connait Mike Oldfield finalement.. « Moonlight
Shadow » et « To France ».... mais oui l'Exorciste
aussi.
Cet « Ommadawn », qui
revient dans la plus belle discrétion, là est une pure beauté
musicale, un son limpide, minutieux et puissant, il revient sous
d'autre teintes, une saison avec un autre temps.. il faut juste aimer
cette végétation là, cette lumière bien à lui.
Mike Oldfield, c'est Mike Oldfield, dès
la première note, on part chez lui, à cet endroit unique et précis
à chaque écriture.
Mike Oldfield 2017 « Return to
Ommadawn » label : virgin
Les feuilles brulées au sol ont
commencé à nourrir le limon, la lumière déjà n'est plus la même,
février le dernier mois mort laisse pourrir encore avant que ne
bande la fougère à travers ce tapis moisi.
Le bois mort flambe, les perdreaux
prêts à être bouillis, déplumés, le Tull en botte fidèle à ses
rebonds pose une fois de plus son saphir sur les sillons boisés d'un
vieil arbre à platine.
1977, c'est pas un album dont on parle
en premier, tout comme le suivant « Heavy Horses », c'est
les 80's qui approchent, c'est une période qui débouche sur
« Bursting out » le live. Le punk brûle les continents,
Anderson lui part en forêt avec sa flûte et son écriture de
menestrel sautillant.
Pas plus boisé que ma grand mère
danseuse classique, le son de « Songs from the Wood » est
rock et organique, toujours un fond celtique..
Anecdotique ? Peut-être, moi je l'aime
bien ce disque, mais y'a t-il un tull qui ne me tue point ?? J'ai
brûlé quelques rameaux de trognes sur mon lopin détrempé, sans
perdreaux ni chien, tout crotté je suis rentré à la nuit pour
écouter le Tull 77 avec un bon verre de vin pour me réchauffer. Un disque de saison.
Jethru Tull 1977 « Songs from the
Wood » label : chrysalis
Roger Glover a fait tourner la planète
avec sa grenouille folle et son « Love is all »
étourdissant, collectif et fou.
Donald Glover lui, sans aucun lien
familial ni culturel, vient de commettre un album de cinglé, multi dimensionnel,
foutraque et ravagé par le talent. Un truc à faire valser le globe
pareil. Sous cette pochette Miles Davis ou Sun Ra, se cache un rock
electro ultra moderne, tout dedans, et une furieuse sensation que
Prince a pris possession de son cerveau, à Donald Glover, alias
Childish Gambino.
L'album est foutraque comme Zappa, la chanson « Have
some love » c'est le sang Princier donc, de temps en temps des petites ondes
organiques Santana en progression, et le tout avec beaucoup de soul funky R'n'B où
viennent se fondre et s'engouffrer une tonne de références.
Tant d'étiquettes s'annulent, ce
disque est unique et chaud langoureux. Impossible de garder le
cerveau en état normal, d'essayer avec la raison de gérer cette
lave molle.. rythme, son, vocalises, jams, expérimentations
architecturées, le corps et la tète, des fumées qui font rire, un
jeu qui fait dérailler... tous les instruments y passent, tout doit danser là dedans et faire régner la musique à
tout prix.
« The Night me and your Mama
Meet » presqu'un final gospel à chialer toutes ces cellules,
comme un Hendrix fantomatique... venu retrouver pour le disque Prince quelque part,
via ce californien « Awaken, my Love! ».... Love is all.....
Childish Gambino 2017 « Awaken,
My Love! » label : glassnote / caroline international