Staples is Staples. C'est tout ce qu'on
demande. Depuis quelques jours je fais mes courses musicales sur
Tinder-sticks. Les palpitations sont les mêmes, le rendez-vous est
là, plus encore. Quatre chansons par face, quarante minutes tout lavé, le format
idéal, la crème au seuil, tout ce que je réclame sans publicité.
A quel moment ils sont devenus une
référence, une étiquette, avant qu'on en dise « mais ça me
rappelle Intel ou celui-là. ». Tindersticks à part entière
qu'on désigne, je n'entends plus qu'eux dans leur palier
ascensionnel, je grimpe avec, c'est tout un monde qui s'élève plus encore. Je
voulais du Tinder.. j'en ai à me rouler par terre en pleurant toute
ma respiration.
Tindersticks 2024 « Soft
Tissue » sur City Slang / Lucky Dog
L’énergumène disait sautiller sur
les plaines. Le désert, les grands espaces. J’avais pourtant
l’impression qu’il était là, à mes côtés, vautré
brindezingue comme désossé là par une murge dantesque. Il avait
beau rugir, ses palmes fuchsia le dénonçaient, il n’avait pas
bougé d’un tibia depuis la veille.
« The cellar song »
a retenti des heures à faire frémir toute la carne du quartier ((I
was drunk at the ) pulpit). La viande à la cave, cuite dans le
torchon. Imbibée. Rien du tout les grands espaces, le lion doré à
l’ocre moustache du Kentucky macère sur le plancher névrosé de
ma cabane. Y’a quand même des gars qui jouent, banjo claudiquant,
cordes molles, percussions percluses, un autre monde. Celui-là
débute, le Palace Brothers, Will propulsé à sa vitesse, son propre
débit en prince.
Pas l’impression qu’ils souffrent
malgré la complainte de ses nylons. Pas vu le moindre manque des
vastes étendues sudistes qui déroulent juste sous cette vieille
porte en bois ajourée. On sent le vent chaud qui passe en dessous,
le soleil aussi, l’odeur cury des plantes cuites, du sable
poussiéreux et un ciel découragé par des procrastineux.
Quelle aventure
ce « There is no-one what will take care of you »,
ou pas.
Palace
Brothers 1993 « There is no one
what will take care of you » sur Domino 2012
Exploration de fond en comble, IARC, ma
nouvelle agence de voyage. Après McCraven, DePlume, je m'attarde et
prospecte du côté de Jeff Parker le guitariste. Parker, quel nom idéal pour œuvrer dans le jazz. Quelques pièces sur International
Anthem Recording Company donc, avec une ouverture sur sa large
discographie et d'autre labels (Blacksmith Brother, Aguirre,
Rogueart, Clean Feed, Vent du sud...) c'est dire le champ de vision
de cet artiste à corde de Hampton, Virginie.
En attendant tout le reste, je patauge
et me pamoisonne dans IARC, en physique, sur les enceintes, c'est une
pure jouissance. Cette pièce-ci, c'est « Forfolks »
sorti en 2021. Il est tout seul avec son élément et ses cordes
tendues. Il y a du classique avec « My Ideal » de
Whiting/Chase/Robin. Il y a un Thelonious Monk et le « Ugly
Beauty », le tout entrecoupé de ses paysages à boucles
presque expérimentaux. Deux jours de prises en Californie, un
packaging de classe, un son cristallin, un moment intime partagé, un
profond voyage entre ciel et terre. Quel son préparé. Quel instant
de frissons ankylosés.
« Something so wright ».
Je ne connais pas de plus belle compilation. Madeleine? Sûrement, le
double vinyle ado passait en boucle, et cette chanson à un age où
le romantisme collait à la peau grasse et les idées volages à
l'âme.
Par pur plaisir ce midi, j'ai embarqué
en support physique laser cette simple compile du coup, juste pour
que ma chaîne numérique goutte à ce petit plaisir universel sans
crier dans la gare, ni même rembourser la mine de rien. Je vais me
délecter dans une autre pièce de mon huis clos avec cette vieille
connaissance, ce vieux son qui me va comme un gland. J'aime beaucoup
Paul Simon, même son dernier album dont pas grand monde n'a causé.
Et « St Judy's Comet »..
« Have a good time ».. à qui le dis tu mon Paulu,
« Still crazy..... »
En fait « Neogociations and
Love Songs »... » aurait pu être son album, ou
même une compilation.
« Rene and Georgette.. et
cette version sur « In the Blue Light »
J'oublie toute sa discographie, les répartitions, je n'aime pas trop
les compilations en général, celle-là est précieuse et
terriblement addictive , perdre ses repères, et s'en remettre à. Je
ne me suis jamais vraiment remis de cet objet acheté sans imaginer
l'effet à l'époque de sa sortie, je ne m'en suis jamais vraiment
remis.
Tiens, Paul Simon a discrètement
beaucoup compté dans ma vie musicale.
Le laser disc fraîchement acheté ce
midi défile sans que j'aille retourner la moindre galette. Là-haut,
à l'étage, il y a son habit de vinyle dans sa pochette cuivre et
noir, comme « Sensual World » de Kate Busch.
Tiens, un autre plaisir.. je vous laisse.