lundi 29 avril 2024

Manset 2024

 


Jadis je me sapais de ma plus belle mélancolie et j'allais rejoindre la devanture la plus proche qui proposait le nouveau Manset. Peu importait le contenu, un nouveau Manset, s'il vous plaît.

De mes plus belles armures en habit fier, déterminé j'allais m'enquérir de l’œuvre, de la Matrice histoire de Revivre toujours un peu plus, d'un billet pour Manitoba ou Obok, plonger dans la vallée de la paix, le Siam en Crabe, prisonnier de la lumière, j'allais fuir mon réel.

Naguère je partait en guerre pour avoir l'objet solennel, ça avait de la gueule. Rien n'aurait pu m'en dissuader, c'était comme ça, aucune hésitation possible pour mon rendez-vous, aucune raison à mon crane ne pouvait me barrer la route. Un mythe au bout du chemin se dessinait. Ferré je m'y rendais.


J'ai enfilé ce matin la parure de ma plus belle brumaille et je suis allé recueillir le nouveau Manset. Quoiqu’il arrive..rien que le geste.. quoiqu'il y ait dedans, rien que pour l'idée.


Manset 2024 « Les Algues Bleues »

vendredi 19 avril 2024

Manic Street Preachers - 2004


 

En couple les oiseaux, ça sautille sec sur la parcelle fraîchement fauchée.

J'ai toujours eu horreur des couples qui vont faire leurs courses ensembles..papa conduit la charrette et manman la charge pour toute la famille. Des fois y'a les gosses avec, cette corvée immonde d’auto tamponneuse au milieu des rayons surchargés m’affligent. Papa coche sur la liste tout en gueulant sur ses rejetons qui réclament. Manman énervée elle aussi, prends les produits rayés de la liste et les entassent dans la charrette avant de passer à l'autre rayon. Y'a pas un code de la route comme sur leur parking dans ces hangars hagards... « lost in the supermaket » disait l'autre. Les mêmes produits, aux mêmes endroits avec des codes partout.


Là c'est pas pareil. Les oisillons attendent au creux du nid frais, de douces brindilles et de la mousse encore verte. Il ne faut pas perdre de temps, œufs à découvert ou petits sans plumes affamés à la merci d'une rafale de vent ou d'un prédateur belliqueux. Tous les deux sautilles et s'échangent qq brins d'herbe, un petit lombric arraché d'un coup sec à la terre molle, entre deux rosettes de pâquerette. Je ne fauche qu'à quelques endroits, une parcelle pour se poser et quelques acheminements pour accéder. Le reste est mon laboratoire, je laisse, guette et observe.. tout y renaît, tout grouille, un monde jaillit calmement. Ces deux là sautillent, petite becquée, partage du butin, bisous de bec avant un retour vif d'entre mes cyprès sombres.

Sur ma droite, contre le mur en pierre, un névé de pétales blanches s'est formé depuis qu'il ne pleut plus et que le vent fait des siennes. Mon cerisier semble se foutre de la gueule de l'hiver, la guigne a eu ses flocons. Un filé d'eau arrive jusqu'à mes pieds, la dernière averse n'a pas était tendre avec les pollens.

Le ciel se couvre encore, il va falloir rentrer et laisser ces couples à plumes faire le plein avant la nuit. Moi mon frigo m'attend et mes livres à une brassée de ma couette.


Dans mon huis clos, j'ai une petite caisse en bois qui me serre de charrette à courses pour ma musique. Tout est aligné à l'étage et mes enceintes sont en bas. Je ballote mes disques dans cette boite en balsa, légère et belle. C'est un coffre joyeux d'abondance qui peut se la péter de véhiculer de belles choses. Elle peut contenir une vingtaine de CD, ça se bouscule souvent, le choix pour une journée. Elle est belle ma boite en balsa qui chante, elle est un rêve et dedans tous ces artistes qui se bousculent, ma boite à musique manivelle, mon limonaire portatif. Aucune règle, pas la peine de faire la queue, il y en a même qui ne passeront pas, ceux que j'ai pu écouter en boucle il y à quelques saisons. J'ai dans l'idée d'aller faire mes courses là-haut et d'aller prendre ce Manic qui vient d'être réédité. Je me souviens de cet opus introuvable dans l'hexagone, disponible à Londres et qu'un pote m'avait ramené, il avait fait les courses pour moi. « Know your enemy » avait pourtant fait ses preuves sur la planète en 2001. Le deuxième CD est hallucinant de bonus, pareil à « Know your enemy » Deluxe paru en 2022.

Coïncidence, je suis sur le doc Simple Minds. Glasgow ou Cardiff, Jim ou James Dean. Pourquoi les écossais me laissent de marbre, pourquoi les gallois m'enflamment ? « Lifeblodd » très classe avec un son puissant, moins saturé que son précédent.


Le couple d'oiseaux est rentré, je vais aller seul à l'étage, avec mon caddy en bois léger et sans roue. Outre le fait de ne pas piffer les couples en supermarché qui poirotent devant la caisse au tapis roulant en caoutchouc noir dégueulasse avec chacun sa charrette toute chargée de boites et de broc, je suis le seul à savoir où les ingrédients sont rangés pour une recette galloise hyper sonique aux mélodies british tranchées d'une haute voix pop, basse qui tape et guitares volumineuses. J'adore les Manic, post chef d’œuvre cet album est majeur. 

 



Manic Street Preacher 2004 « Lifeblood » / 2024 Deluxe 3CD sur Sony


vendredi 5 avril 2024

Matt Low 2021


 

J'ai pris un Thoreau par les cornes et j'ai vu le kayak qui comme un avion s'enlise dans cette grande partance toute chargée d'aventures au long court.

Moi-même je voulais sortir ce tantôt, puis au dessus de ma tète ce grand ciel triste à sec, comme une âme fatiguée d'avoir trop pleuré. Ce chagrin fou depuis des lunes invisibles et même l'année dernière à essorer les paupières de ce bougre plafond enlisé dans sa déprime.

Il fallait s'y attendre, au bout d'un moment les larmes sont à sec. Et pourtant la complainte est toujours au fond des glandes. La voûte tente de se régénérer, rétention des eaux, elle a une sale gueule quand même et je vais rester dans mes pénates. Je fuis la menace asséchée.


Du coup l'eau vient d'en bas et nos sols sont un giscle. Le pas mou, je ne sais plus où aller, alors comme d'autres matent l'eau, je décide de me suspendre ente deux eaux. Canapé, télécommande et bouquin. Au sec. Quoique. Je pagaie et rame, où vais-je ?

Juste avant de me décider entre plonger dans les « Sept jours sur un fleuve » de Henry David Thoreau, ou me remettre une énième fois « Comme un avion » de Bruno Podalydès, j 'écoute ma découverte du moment Matt Low. J'ai dû me perdre dans les méandres des artistes de par ici pour ne jamais avoir entendu parler de ce Matthieu là. D'autant plus qu'il a côtoyé à l 'époque le Murat de Babel (paroles de « Vert pomme »). « Caillou » dans ses chansons lui aussi.


La télécommande figée, une nouvelle fois j'écoute « La rueé vers l'or » et je me dis que c'est exactement tout ce que j'aime. Comment est-il possible que ces disques là n'apparaissent que lorsqu'on fouille éperdument ? Le groin aux aguets, tellement de fois bredouille.. je vais lire un peu, le deuxième jour du Thoreau, avant d'aller flotter vers Vimala et Agnès. Quand Matt se sera tu.


Le ciel n'arrive plus à pleurer tellement depuis des jours il a chialer sa race. J'ai de la peine pour lui.

À venir le 26 avril.. son nouvel album, en attendant...


Matt Low 2021 « La ruée vers l'or » sur Microcultures.

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...