La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde.
Notre limon cryogénique sous la bêtise des trottinant fond comme neige au soleil, la permanence n’est plus, l'éternel a des doutes. Il va falloir penser autrement, aimer le mou sous la semelle, comme sur mes plaines avec cette terre amoureuse qui s’accroche vainement. Meuble gras toussotant que nous sommes, revoir la boussole.
Chaque lame épaisse de glace qui craque est un tissu d’âme qu’on déchire, le bloc de gré qui s’affaisse geint et les racines dansent. La maison Pise a une autre gueule, tout croule, tout tangue sur la boule bleue pâte à modeler. La gorge d’outre-tombe râle en lave baryton. Ça gronde sous nos pieds, le ventre mou qui gazouille et croasse, des sons drones sourdent comme des respirations, des cotes craquent, la plèvre demande la parole.
Il y a une vie là-dessous, un moteur libéré, un souffle localisé qui se focalise sur le rythme dilaté.Thomas Köner a organisé la fuite sonore du pergélisol, c’était en 1993, époque où la croûte gelée tenait encore sa permanence.
Thomas Köner 1993/ 2010 « Permafrost » sur Type records