vendredi 30 août 2019

Death and Vanilla 2019







Pram, Movietone, Broadcast chantaient leur pop cosmique sur les terres britanniques... en Suède, c'est Death And Vanilla qui nous enchante.
"Eye bath" un sommet planant qui trace la route à perte de vue, tout autour, une basse qui danse et une guitare élégiaque qui flirte avec les voix vaporeuses.



Death And Vanilla 2019 "Are you a Dreamer ?" label : Fire




 



mardi 27 août 2019

Black Midi



Le truc qui m'intrigue, c'est la petite touche rose collée au vert de Hooker, profond demi-tendre presque bouteille en haut à gauche sur la pochette, juste au dessus des ferrailles conglomérées, vivantes et encore dégoulinantes. Pour trouver mes mots, je l'ai d'ailleurs placée sous mes yeux, en écoutant « Ducter ».

Les esgourdes concassées par le jeu sec et Lo-Fi des gamins, je cherche à travers la taule des visages pour qu'ils voient le plaisir suffoquant que je prends à l'écoute de « Schlagenheim », la transe inhabituelle. Rictus syncopés des mâchoires, soubresauts des paupières comme des averses de grêles nacrées sur fond de ciel qui pisse un sang émeraude au goût d'acier.
Une pression inhabituelle sur la boite crânienne avec une impression de méthode parfaite et de grande ouverture, l'écriture est naturellement juteuse, la clameur percute sur une intelligence rock hors norme. C'est un souffle, il faut caler sa respiration dessus, « Of Schlagenheim » est époustouflant, « Western » merveilleux, « Speedway » infernal, « bmbmbm » démoniaque.....

Black Midi me renvoie vers un vieux groupe, les 90 Day Men et leur sublime « To Everybody », avec une énergie RATM et la finesse d'un « Vrooom » King Crimson. Mais en dehors de ces courts et légers flashs de références, Black Midi se lève irréversiblement sur un paysage unique, sur des verts vallons qui grondent et tremblent juste à cet endroit là. Et le petit côté rose bonbon arty au fond, ça m’étonne pas, ce sont des petits branleurs made in London, quelques chose de beaucoup, plus classe, féminin et délicieux que les 90 Day Men.

Black Midi 2019 « Schlagenheim » label : rough trade

mardi 20 août 2019

Vimala Pons & Tsirihaka Harrivel



Si dans ma tète, j'organise ma musique en artistes et beaucoup en labels, en cinéma je me guide avec les acteurs et surtout les réalisateurs. Blier, Klapisch, Chabrol, Dupontel, Becker parmi mes préférés. Tout gravite autour de ces cerveaux qui nous dessinent des vies.
Par exemple, tous les films de Bruno Podalydès me saisissent, me touchent profondément. « Adieu Berthe » « Bancs Publics » certes, mais surtout ce petit joyau « Comme un Avion ».
Pourquoi je vous parle de cinéma comme ça … je viens de découvrir « Bécassine », une fois de plus je suis sous le charme (et ne comprends en rien la polémique imbécile). Dedans, comme dans « Comme un Avion », il y a une actrice que j'aime beaucoup, Vimala Pons, folle ici, émerveillée ailleurs, toujours elle accapare l'écran, libre en ensorcelante. J'aime encore plus quand le réalisateur est fidèle à quelques acteurs.


C'est une belle surprise de la voir apparaître dans le monde de la musique, et surtout sur un label que j'affectionne beaucoup. Intersection des arts, coïncidence pour moi, Bécassine et Victoire Chose.

« Victoire Chose » est un duo, Tsirihaka Harrivel et Vimala Pons. Ils viennent de créer un album théâtral, cinématographique, foutraque, ambiant, planant, electro pop expérimental absolument excitant. Sombre et fou. (« Rome Yamaha » par exemple, troublant comme les duos Dominique A / Breut).

Le label, c'est Teenage Menopause / Murailles Music, fantastique catalogue qui me renvoie aux Nantais Collectif-effervescence / Murailles média d'alors, chez qui je collectionnais par correspondance toutes les sorties possibles. Il y a parmi leurs nouveautés, le « Elpmas »Moondog de l'Ensemble O dont je vous ai parlé il y a quelques mois.


«Victoire Chose » est une troublante introspection organique musicale provenant de la pièce de théâtre contemporaine « Grande », unique, comme l'album. Cosmique, nocturne, cuivrée et synthétique, la maîtrise de jeu de chaque morceau est époustouflante, tout comme les idées belles et barrées qu'ils veulent nous dire avec leurs corps imaginés. Tous les instruments sont joués par eux deux, artistes complets, avec en plus Olivier Demeaux du collectif, arrangeur et musicien ici.

Une aventure troublante fascinante à ne pas manquer. Et si des films à la musique, Vimala Pons irait me tirer vers le théâtre...



Vimala Pons & Tsirihaka Harrivel 2019 "Victoire Chose
label : murailles music / teenage menopause






samedi 17 août 2019

Maxime Le Forestier 2019



Eh les gens, il n'en reste pas des milles et des cents des artistes comme lui, de ces temps-là. « Date limite », cette chanson courte aurait pu s'étaler sur dix minutes comme la « Supplique.. » de Brassens, cela ne m'aurait pas déplu plus que ça. Mon insouciance à moi ? je lutte dur quinqua pour la bichonner, pour ne pas qu'elle me file entre les doigts. Espoir en naufrage, utopie dans mes Nastases d'autrefois, la démission comme drapeau. Peine perdue.
Ça dégueule de partout, ça vomit à tous va, ça déborde, tout repart à la hausse, le jaune des ronds-points est tombé comme tombe le colza, on se la pète sur nos deux pattes, partout le bipède sent l'obsolète.
Maxime Le forestier nous offre un très bel album, touchant, poignant, révolte douce, sa voix et son visage comme dans un film de famille projeté sur un mur blanc. Attention à la date limite.

Maxime Le Forestier 2019 « Paraître ou ne pas être » label : polydor

mercredi 14 août 2019

MIDI SET Electro







Mitigé, moyen, gris, maussade et tempéré, le temps post-caniculaire ravage le moral des aoutiens sur l’hexagone. Sur l’hexagone ?? pas partout, là-bas, tout en bas, la lumière du soir est encore nacrée et le mercure bien accroché à la trentaine. Le brouhaha vient des terrasses pleines. Bruit de verres, d’assiettes, de glaçons, discussions entre amis, les tables sont toutes réservées.
C’est l’heure où le soleil se barre discrètement, Pascal et Lorenzo ne vont plus tarder, les claviers attendent, les âmes chuchotent, c’est dans le Midi, c’est un Set electro, leurs visions à eux de quelques standards, planant, ambiant, dansant, c’est à la carte.. écoutez la chanson, dégustez leur version, Pascal et Lorenzo… play.



Pascal, à force de te lire, de suivre ta passion engagée, ton travail me devient « familier ». Ce duo est inédit, raconte(z)- nous un peu cette rencontre.
Je crois que la vie offre des cadeaux quant on sait rester ouvert et capable de se lancer à l’aveugle dans une « opportunité ». Cette rencontre avec Lorenzo en a été une.
Voilà un gars qui passe au Conservatoire, demande à l’accueil qui transmet toujours avec beaucoup de professionnalisme aux profs les attentes, demandes, etc… des personnes.
Là ça a été « Pascal, y’a un gars qui est passé il cherche un pianiste pour travailler ses compos… ».
Ca a un peu traîné avant qu’il ne m’appelle, on lui avait filé mes coordonnées.
Moi, perso, travailler sur des compos, alors que j’en ai à la pelle, j’étais vraiment pas sûr que ça me brancherais, pour être honnête – j’ai déjà tellement de mal à mettre en place mes projets persos que c’était pas d’actualité… mais… un simple coup de téléphone avec une discussion et tout peut chavirer.
Lorenzo m’est apparu décidé, un projet construit intéressant en devenir – j’en ai parlé avant de prendre une décision (car on sait parfaitement que cela prend du temps personnel que de se lancer dans de telles aventures) – et j’ai opté pour le oui.
De là il y a eu une lente évolution du projet et un partenariat véritablement amical s’est installé…
Et les compos, bah… elles sont passées sur une autre étagère, mais elles restent en tête car à mon sens elles sont d’une rare pertinence et qualité mais là, c’est donc un autre sujet.


Un petit CV de vous deux ?
Jamais simple de parler d’une autre personne.
Ce que je sais de Lorenzo - car on ne parle pas que de zic, c’est d’abord ça l’amitié, on parle de la vie, on se refait le monde autour de boissons favorites et repas délectables, on parle famille amour, gosses, etc (…), on est des épicuriens – c’est qu’il a bien de la bouteille en artistique, cours Florent, acteur, producteur dans une maison de disques à Lisbonne, créateur de musiques pour séries télé dans les années Navarro, batteur puis chanteur et surtout créateur à chansons textes tant poétiques qu’engagées, d’amour , bref sur la vie… rencontrer une telle personnalité c’est forcément s’enrichir et se mutualiser.
Pour ma part études au Conservatoire avec le barda de diplômes qui vont avec… je te passe les détails, compositeur, arrangeur estampillé sacro-sainte sacem.
Je suis entré dans la musique en enfance, classique choriste et soliste opéra grâce à la chance de ma vie d’avoir été formé par la maîtrise de l’ORTF. Une jeunesse de tournées, beaucoup de spectacles puis le dégoût d’un milieu d’élites qui m’a fait choisir l’idée d’enseigner - ou du moins parce que je le faisais en pointillé - de me lancer dans l’affaire afin d’un truc genre mission perso idéaliste culturel, etc… années Lang oblige. De là changement de cap, de vie…
En parallèle de l’enseignement, je passe au jazz, une passion… (batteur, car je menais cette « double vie » déjà ado), à la direction d’orchestre (big bands), l’arrangement et redeviens pianiste à la suite de problèmes physique sur l’instrument batterie.
Bref, c’est sûr que je peux plus parler de moi dans ta question, mais la vie est un chemin sinueux et parfois y’a des grands virages à prendre et des remises en question à considérer.
Je l’ai fait souvent comme quand on a décidé (Lorenzo a fait de même… un fait commun) de tout planter pour venir d’installer dans le sud. Là pour lui comme pour moi, cela n’avait pas qu’un impact artistique que de décider d’une telle chose.


Je suppose que les tâches ont été bien réparties, complémentaires ? complices ? L’électro, c’est autant musicien que technicien, vous bossez comment ?
C’est marrant ta question.
L’idée d’enregistrer un album a été un processus évolutif de notre partenariat.
En gros, au départ les compos c’était en trio, avec un bassiste, Lorenzo chantait en jouant petite batterie et perçus et moi je claviérisais genre jazz modal, tu vois…
Puis cette « formule » a fait quelques concerts genre cafés asso, petits bars, des scènes décalées car on pense toujours ici que la compo c’est un truc à mettre en mode curiosité…
Parallèlement cette formule a aussi joué sur le répertoire estival de reprises genre jazz crooner, chanson fr à textes, etc… là aussi une proposition spécifique quant on connait l’orientation ici (covers à gogo, chanteuse à tablette karaoké…).
On s’est retrouvés en duo, assez souvent car le bassiste n’était pas toujours dispo – pour la première j’avais pris mon orgue afin de faire les basses, une cata quand j’y repense…
Bon te dire qu’on a tâtonné mais que le fait de jouer sporadiquement puis régulièrement ensemble des reprises ça fédère, ça amicalise, ça pose les gens car faut faire des compromis, s’accepter et savoir bosser ensemble.
Un premier été terminé et Lorenzo me sachant passionné de synthés, d’ambiances, etc… me lâche la proposition de revoir tout le répertoire compos en mode électro. Il s’achète une Electribe de Korg, se lance dans des programmations, sollicite le bassiste (qui déclinera le projet) …
J’arrive avec mon barda synthétique, on cherche on bricole, on fixe un peu, puis, au détour d’un repas automnal entre salade de produits du pays et un rouge excellent un « pourquoi pas ? » s’installe…
« Pourquoi on ne ferait pas aussi les reprises en electro ? ».
Après tout, personne ne fait ça ici, la formule duo n’a pas vraiment de perspective artistique si ce n’est une redite de ce que je fais en piano bar… bref l’idée parait pertinente et surtout une aventure passionnante.
C’est donc parti pour un automne hiver de programmation de révision et de vision de ces titres standards. Au départ, on fait la chanson telle qu’elle mais très vite elle va évoluer, s’adapter à cette texture et forcément se modifier (structure, sons, accords, style…).

Pour la façon dont s’est naturellement fait le travail.
Lorenzo est à l’origine de la base texture à savoir la programmation de l’Electribe qui est la racine du travail. Puis il chante avec un boitier d’effets qui permet d’installer sa voix dans le son, un mixage live qui nous est très chers car nourris à cette culture anglo-saxonne alors qu’en France on met souvent les voix au-dessus du son pour l’idée du texte.
J’arrive alors avec mes synthés (qui progressivement pour le live se sont réduits à deux alors qu’au départ je pensais rivaliser avec Rick Wakeman question matos), je note tempos, ambiance, on relifte la grille si besoin et de là choix des sons, des loops additionnels, des textures…
Une véritable notion d’arrangement se met en place.
On discute de la pertinence de telle ou telle chose de tel choix, etc…
Le plus dur sera d’oublier mon travail de « pianiste » pour laisser l’inutilité du solo pour une caractéristique plus ambient (mais j’y suis arrivé – le sens musical et ses nécessités a pris sa place).
Bon, ça a été long et il faut apprendre avec du temps à réduite, aller à l’essentiel et gérer le matos.
au départ, par exemple j’imaginais par usb, caler les tempis en synchronisant les machines, puis finalement je le fais en direct par impact, je trouve ça tellement plus vivant (même si le résultat parait au sortir identique…).
Puis une fois sur scène il faut connaitre ton matos par cœur, savoir qui fait quoi  et surtout avoir des la ressource j’entends par là avoir créé des loops, patterns etc… interactifs afin de ne pas s’enfermer dans un produit identique de redite mais évolutif, donc interactif en live permettant de la réactivité, de l’autonomie, du plaisir…
Pour l’enregistrement, on a bossé trois grosses journées ensemble.
J’ai galéré à remettre à jour mon logiciel car ça faisait un bail que je n’avais enregistré at home et il fallait me remettre dedans.
On n’a pas utilisé de plugs, ou très peu (réverbs, delays, etc…) mais en tout cas pas de synthés plugs…
 Juste enregistré et calé nos machines de live dans lesquelles on fait directement les « bons » traitements
Pour chaque chanson on a tenté des formats et formules issues de nos errances live à structurer et à pérenniser – on s’est basé que quelques prises live faites en situation pour des gimmicks, des sons, des idées fugitives… et on a lancé l’affaire.
On a fait quelques erreurs, très vite rectifiées, comme enregistrer les bases basse batterie de l’Electribe en une piste puis finalement on les a séparées, car plus simple à retraiter ultérieurement en mixant… bref c’est du temps, de l’investissement de la patience et de la motiv’ c’est pour ça qu’on a pas pris de studio et qu’on a tout fait nous-mêmes car on n’a pas compté le temps et on a eu toute liberté pour creuser au maximum les idées apparaissant au fil des mois.


Après plusieurs années à collaborer avec une voix féminine, tu t’associes avec Lorenzo. Tes repères ont changé ?
Tu sais, je joue avec beaucoup de personnes très diverses, donc il me faut toujours m’adapter.
Je revendique clairement mon rôle non de pianiste ou claviériste, mais d’accompagnateur…
C’est pour ça qu’on me sollicite. C’est pour ça qu’au départ on a bossé avec Lorenzo, pour aller tellement plus loin. C’est un processus évolutif mais non mes repères ne changent pas (parfois des tonalités pas forcément pianistiques, mais ça aussi ça fait progresser) – je reste au service de la musique.


Sa voix se module très bien dans les ambiances, gimmick Gainsbourg, ambiant Sébastien Tellier.
Comme je te l’ai dit avant, on a mixé dans le son, un choix vraiment pas simple car il faut que les textes soient compréhensibles et que la voix agisse cependant comme un instrument, donc un compromis doit être imaginé et ensuite (le plus compliqué) géré techniquement.

Bon, j’y vais, j’appuie sur « Play » … Pascal et Lorenzo, ça commence fort, pas d'intro, direct le dancefloor, capter les esprits et happer dès le départ ? « It don't mean a thing » vous commencez ce Set par ce morceau ??
Marrant, au départ on commençait effectivement par ce titre, puis on l’a mis plus tard, quand effectivement va falloir commencer à bouger vos c… les jeunes.
Va falloir une petite explication pour la technique. « Stand by me » version Daft Punk... C’est un bassiste ou une programmation ?? et le son clavier moog ... wurlitzer?? (Désolé n’y connais rien, mais y'a le son de Supertramp ou Jonasz début 80's), cette version là, vous devez la traîner jusqu'à très tard ? Pétillante et emballante version.
Toutes les basses sont programmées, l’avantage d’être tous deux batteurs et d’avoir bossé forcément avec des bassistes donc de connaitre le sujet…
Le son de clavier c’est un Rhodes de synthèse (ils en font d’excellents maintenant dans les workstations (Un Kroos Korg) et le petit gimmick c’est un truc qui m’est venu en live et que j’ai retrouvé (par chance ce soir là on avait enregistré la prestation et je me suis dit là c’est le gimmick pour porter la chanson, d’ailleurs je l’utilise toujours et l’ai fait évoluer…). C’est effectivement la version qui fait que d’un coup les corps oscillent jusque loin – on a eu fait des versions dépassant les 15-20 mn…
J’aime ton allusion Supertramp/Jonasz, c’est nos cultures, donc forcément..

Gainsbourg en fil conducteur. Ça part comment une reprise, sur quel rythme, quelle intention ? Requiem par exemple est un climax assez spécial, percu sombre... Votre côté planant ajoute à la lumière nocturne, envoûtant.  Quant au Poinçonneur techno... faut m'expliquer comment ça part.… et comment réagissent les auditeurs…
Gainsbourg, franchement on n’y pensait pas plus que ça…
Je crois qu’on reprenait le poinçonneur en jazz, vraiment sporadique le truc…
Un des premiers soirs où l’on propose (avec des appréhensions, car vraiment c’était nouveau tant pour nous que pour l’établissement qui osait nous prendre autrement, habitué au répertoire version piano bar jazzy) notre nouveau concept, j’invite mon ancienne agente à passer écouter et savoir si ça l’intéresse un tel produit. Il me fallait un avis.
Elle passe, écoute, prend quelques photos (je lui avais demandé de nous faire un visuel) …
Un ‘tit verre, la biz, elle file et me fait un retour.
« Les gars, si vous voulez que je vous vende… il vous faut un truc porteur, un fil conducteur… avec votre âge ( !), vos looks et le répertoire vous devriez penser à un set complet de Gainsbourg ».
Alors on a commencé à trier dans le bottin du grand Serge, on a déformé, usé de dub, de reggae, on a revisité et on a proposé aussi ce set Gainsbourg et voilà comment une idée une étincelle peut déclencher un travail.
Et bien sûr ça marche cette proposition de set Gainsbourg (environ 12 titres – on a trié ici…).

Requiem a été notre kiff… un des meilleurs moments de mes prises de son de l’album (l’orgue glauque et tonitruant, la gratte wah wah samplée, et ce pattern d’origine de drums qui reste une montagne.
Le poinçonneur a énormément évolué en live, maintenant je joue le gimmick de James Bond en sus et on l’a torturé tendance plus raï.
Les auditeurs ?
Ils chantent et dansent toutes générations confondues, un impact de malade et parfois on se demande affairés sur nos machines en live, comment un tel truc peut se produire…

Suis allé à Sète cet été, énormes pensées pour Brassens, il a souvent été repris en jazz, en reggae, ça paraît évident.
Cette chanson a été longtemps le moment clé de nos prestations, elle n’a pas tellement évolué rapport à nos concerts initiaux.
J’en suis resté à l’orgue et au fender autowah et à ce gros gimmick qui pousse en fin des refrains et qui là encore a été trouvé au hasard, un soir et gardé.
Traitement presque dub volontaire et une grosse difficulté en home studio à retrouver l’ambiance du live qui plait tant aux gens, je crois que j’ai dû réenregistrer les claviers rythmiques un nombre incalculable de fois puis… j’ai dit un jour c’est pour aujourd’hui, j’ai fermé les yeux imaginé les gens et j’ai fait d’un trait sans quasiment recalage… bizarre…

« Waiting in vain » je connais moins, vous m’avez embrouillés dès l’intro, on dirait une version Daho ... vous avez fumé les p'tits gars ou c'est le rosé ?? en tout cas, ça le fait.
Reprendre Marley sans faire du reggae…
On a barré ambient sur une version plutôt ballade jazz qui était au départ le truc live.
Mon axe, perso ça a été before and after science de Eno (Julie with…) … pour les grappes de rhodes.
Le rosé on aime ça… t’inquiètes…
Bon plus sérieusement, c’est le titre qui m’a posé le plus de problèmes de mix et même là je reste loin du compte de ce que je voulais (le syndrome Eno pose la barre tellement haute que j’ai pas le niveau technique… même si on a bien bossé l’affaire).
il faut toujours un titre qui pose problème, on n’aurait jamais cru que ce soit celui-ci…

Petit effet microsillon sur « Hit the road » ... petit côté George Michael ... Il va sortir en vinyle pour les DJ ?
Ce serait trop bon…
Non, juste un petit coup de fun en réécoutant un vieux Ray Charles, je me suis dit…

Lounge profond pour le fond d'une nuit qui s'étire « Don't worry » est une véritable petite sucrerie, vous choisissez votre heure dans la soirée pour placer ce morceau ?
Justement, vers la fin de soirée afin que le temps s’étire et que tous communient en chantant ce truc imparable…
« Sing sing sing » ... vous attaquez la montagne, enflammer une salle, attirer les mélomanes. J'adore votre touche world celtique, moins gaie que l'origine.
Marrant on avait plutôt pensé oriental, mais en y réfléchissant …
Bon t’as repéré le truc avec ce petit instru trad qui vient bousculer l’histoire.
Je l’ai trouvé au fond d’un sample de mes synthés… la question a été j’ose ? ou pas…
j’ai osé et quand j’ai envoyé le prémix à Lorenzo il a direct adhéré voir plus c’était l’enthousiasme… autrement dit… faut oser.

« Fly me to the moon » c'est un délire perso ?? ou un blind test pour l'auditoire ?? ... ils la reconnaissent ?? bravo pour cette ambiance qui sied mieux à la lune que l'original je trouve.
Comment relifter un truc pareil…
On a eu le même problème avec tous les standards de jazz souvent blindés d’accords à tout va, de progressions harmoniques de ouf, etc… et d’un B (du AABA) toujours bordélique à gérer.
Mais n’oublions jamais qu’un standard repose souvent sur un mode, donc une gamme…
Là c’est une forme anatole, donc tu reviens à la racine tonale du truc, tu trouves les deux accords permettant une simplification radicale et surtout efficace. Tu pense dub en t’inspirant d’un Gainsbourg aux armes… et puis go !
Les gens ?
Les anciens tendent l’oreille intrigués…
Les jeunes se demandent ce qu’est ce nouveau tube…

Bon, sinon, pas une seule reprise de Paul McCartney, c’est un choix commun, qui a refusé des deux ??
Je savais bien que ça t’échapperait… pas.
Plus sérieux, la pop n’est pas simple à trafiquer Electro.
De plus Macca ou les Beatles c’est tellement… identitaire.
Tu peux dévier en jazz, coveriser acoustique ou un tantinet groovy…
Mais avant de faire d’eux une réalité Electro il faudra (ait) vraiment réfléchir à fond, creuser loin, loin…
Alors, qui sait ? On fait déjà un Wicked Games qui est plébiscité par les gens et on vient de mettre Heroes dans l’escarcelle.

Plus largement, comment s’est fait le choix des morceaux ? le public a influencé les décisions ? Combien de morceaux laissés dans la marge de cette Set list ?
Le choix a été compliqué mais on a fait une sorte de « parité » …
Un juste équilibre entre jazz, chanson, pop… et tempos.
Combiner influence dancefloor, ambient et dub/reggae qui sont le socle.

Le public…
C’est l’an dernier qu’un client d’une plage est venu nous dire « Vous avez un disque les gars ? » - « Non… » - « Dommage car vous en vendriez beaucoup » …
Puis un autre et encore un autre…
Alors on a lancé l’affaire et voilà…
La semaine dernière on a retrouvé ce client et la première chose qu’il a faite c’est d’en acheter un…
Voilà pour l’influence du public… ça nous a encouragé à tenter l’affaire et à la réaliser.

Actuellement on a plus de trois heures de musique live – en espace raisonnable…
Entends par là que parfois des titres comme Dont stop the music partent dans une transe d’environ 20 mn…. Minimum.
On a plein de nouveautés… (Dormir dehors, Amant de Saint Jean, une version jungle de my baby just care…)

C’est plus facile de vendre les albums pendant les sets, ils sont aussi chez un disquaire ?
Là on est un peu à l’arrache car l’album a été plus long que prévu à sortir et on a attaqué la saison avec lui dans la musette.
En principe on devrait faire qq showcase chez des disquaires locaux, fêter ça sur une plage amie et inviter en mode événement – je suis en train de m’en occuper, mais ce sera pour septembre octobre.
Cet album a été imaginé pour le public, en live.
Il se vend bien car les gens sont intrigués et veulent un « souvenir » de leur soirée.
On s’en sert aussi pour démarcher.
Aujourd’hui si tu veux une « scène » en dehors de notre réseau, il faut un produit CD et le reste (tout le patatras internet…) – voilà c’est donc fait.
On espère aussi le refiler, qui sait, à un label, mais c’est encore une autre histoire et on préfère tellement s’éclater sur scène.

Comment s’est passé l’enregistrement ?
Comme je te l’ai dit, d’abord trois grosses journées puis une confiance amicale et mutuelle.
Récup’ des pistes Electribe dans mon portable, discussion sur l’orientation rapport au live à trouver, gestion de divers patterns, puis long travail de prises claviers (loops, recherche de sons – d’autres synthés que ceux du live, donc choix du truc le plus pertinent, transformer ton salon en magasin de musique…, avoir de la câblasse partout, te balader une journée avec le casque sur la tête… puis envoi ou moment de nouveau ensemble pour écouter, choisir dans le plus (je fais toujours le plus pour prendre le moins) et enfin enregistrer les voix qui au départ étaient en mode « témoin » sans réelle structuration afin juste d’avoir la ligne.
Être patient, être capable d’accepter que c’est pas bon et qu’il faut refaire, chercher et savoir s’arrêter en gardant l’idée qu’il s’agit d’un produit qui doit rester proche du live sans pour autant s’empêcher de creuser plus loin…
Partager la critique et les avis de chacun et savoir faire des compromis quand c’est utile, donc se connaitre et s’accepter.
C’est aussi une aventure humaine et aujourd’hui en live cette aventure est bien réelle et posée sur des bases de respect, d’écoute et d’amitié.
C’est essentiel.

Je me souviens perso d’un après-midi dans un jardin avec des amis qui jouaient du Djembé. Ils m’en ont filé un assez large, et j’ai pris un plaisir fou de partir en répétitif, je pouvais plus le lâcher, et surtout devant nous, tout le monde s’est mis à danser (que des filles se jour-là).
Une drôle de sensation pour moi, d’imposer, d’avoir le contrôle... je suppose que votre « objectif » principal est de voir tout le monde se lever pour danser ? c’est quoi alors la sensation ? ça vous arrive de mettre le feu à la salle comme dans le Café Trichter et les swing kids sur « Sing sing sing » ??
Accrocher… toujours accrocher et être attentif aux gens.
C’est capital.
Mais pas que là, je fais ça tout le temps – le live c’est un partage avec les gens.
Si tu joues pour toi c’est raté (du moins exclusivement pour toi…).
je dis toujours à mes élèves, la musique c’est en trois étapes qui s’accumulent mais dont la dernière est le meilleure qu’il faut savoir gagner.
1- Apprentissage et ténacité si tu aimes…
2- Ca y est, tu te fais plaisir et satisfaction de l’apprentissage qui reste infini, ne l’oublions pas mais t’as franchi les étapes vers le plaisir perso et ouf… tu sais pourquoi t’as bossé.
3- Pourquoi tu fais ça ? mais pour apporter le bonheur… à qui ? mais au public bien sûr et là t’as bossé pour quelque chose… Que tu sois Khatia virtuose, Metheny branlette intello – ou pas selon les jours, ou Pascal de base ton axe ce sont les gens. Tu ne crée pas pour les gens… tu ne fais pas de démagogie pour les gens, non, mais tu dois leur faire plaisir et si tu es engagé dans ce que tu fais ça marchera forcément car ton but est de leur donner la part de toi artistique.

Alors quant on voit se lever pour chanter, danser, participer…
Bah c’est le bonheur inexplicable mais bien réel.
Pas forcément un « objectif », juste un souhait imbriqué dans chacun…
Bon, c’est toujours les filles qui se lèvent pour danser – c’est vrai que c’est motivant… 😊
 
Il y a un bon dosage entre l’ambiant et le dansant, vous devez vous adapter à l’atmosphère d’un soir ?
Oui, en effet.
Mais en général on commence ambient puis entre beats, puissance du son et gestion de titres c’est parti…
On a investi dans du son – l’électro impose un système qui tient le choc et malgré tout on a quand même eu de curieuses surprises sur des fréquences en live…
cela dit nos supports sont faits pour soit faire lever, soit rester dans une atmosphère lounge… là aussi on a bien bossé sur le critère.

Des soirées difficiles, hermétiques, bloquées ?
Coté public pas vraiment…
Cependant difficile auprès de certains organisateurs habitués à notre critère piano bar de faire passer ce concept.
il nous a donc fallu chercher de nouvelles scènes genre « notre endroit » … et on les a trouvées.
Il y a toujours de la place pour tous, à toi de trouver la tienne.

Je ne connais pas ce coin du monde, la photo, je pensais à Ramatuelle, mais c'est St Tropez ?? c'est un endroit idéal pour ce genre de musique ? Comme le jazz dans les rues de Sète ??
La photo a été réalisée par Gregory Cornillac, un ami parent d’élèves.
Le mastering par mon fils aîné Tony.
On a tout fait entre famille et amis…
La photo est un montage, les maures, St Tropez, un bout de plage depuis St Maxime…
Bref, comme la musique, un mix d’influences.
Gregory est un gars créatif et soigneux, il travaille sur un clip pour Midi Set Electro.
Ses premiers envois sont captivants…
La musique c’est donc une question de rencontres…
On a voulu un « produit » qui nous changeait de nos habitudes.
On a cherché vers le son, l’Electro est apparue comme évidence.
Puis, une fois cela posé on s’est juste dit qu’en fait on avait bien créé « un produit de plage », volontairement ou involontairement, je ne sais pas trop…
Il fallait qu’on se renouvelle et qu’on imagine avoir un projet « autrement » - parfois ça marche, c’est le cas… parfois c’est le flop…
Je ne pense pas qu’une seule fois on se soit véritablement penché sur l’idée : est-ce que ça va plaire aux gens…
Cette remarque peut te sembler contradictoire face à ce que j’ai dit plus haut…
Non, on a d’abord pensé à faire le meilleur projet et produit possible car aujourd’hui on le sait, si t’es sincère les gens te suivent…
On constate que le public a besoin de musique, mais aussi de nouveauté – donc dès que t’installe un truc un peu différent (pas nouveau, mais juste autre et franchement c’est pas si compliqué…), ça intrigue, intéresse et forcément t’auras de l’écoute.
là avec des standards et un traitement « actuel » fait par des quinquas je pense qu’on a ciblé dans les bonnes cases en faisant juste un peu plus que ce qu’on savait faire avant.

Merci en tout cas pour ce délicieux moment chez moi, comme si vous y étiez, vous faites les particuliers ??
Tu me cherches business là…
on fait tout, tout le monde et pour tous – l’essentiel est le partage alors tu parles, chez toi !...

MIDI SET electro (Pascal & Lorenzo) 2019
http://lifesensationsinmusicii.blogspot.com/ 
 


dimanche 11 août 2019

Escudero / Branduardi / Fanon





Bon, là ça rigole plus. Choses sérieuses, ou plutôt de l'écoutable dans toutes les profondeurs. Des artistes qui me tiennent à cœur. Il pleut, c'est gris, une nouvelle trilogie de vinyles de par ici, avec la pochette comme liant.

Grande passion pour Escudero, ce grand cabochard toujours droit debout, une passion sans concession qui vient du cerveau et du ventre. J'aime quand il chante les aberrations humaines, quand il dessine la planète des fous. Ce disque comme un autre me bouleverse, celui là pour la pochette.

Branduardi c'est moins la colère, plus la liberté d'aller chanter en ce baladant au creux d'un paysage, le mien très souvent. Baladin, malandrin, ménestrel et grand poète, c'est pas le disque dont on parle le plus par chez nous, mais j'y suis assez attaché. Musiques Angelo, paroles son épouse Luiza, les adaptations françaises Pierre Grosz. Délicieux.

Maurice Fanon, j'ai une petite tendresse pour ce gars là, comme on peut en avoir pour Reggiani par exemple. Il est du cru, de par chez moi, Lycée Marceau de Chartres comme moi, né à Auneau à quelques pas de mon village, il est enterré à Lucé à quelques allées de quelques proches. Une fois de plus, c'est pour la pochette, cet album n'a pas eu un réel succès. Fanon, c'est spécial, c'est surtout « L'écharpe » et « La fille de Rennes » pour moi, voici un album enfoui de Maurice Fanon.

Leny Escudero 1977 « La Planète des Fous » label : malypense
Angelo Branduardi 1988 « Du Pain et des Roses » label : ariola
Maurice Fanon 1975 « A l'Heure Blanche du Laitier » label : barclay

vendredi 9 août 2019

Lavilliers / Clerc / Balavoine





Déluge pour le phréatique. Il pleut et il a plu. Recroquevillé, extrait du dehors des occupations habituelles, je m'affale devant mes vinyles. C'est une aubaine ces nuages généreux..ou pas... Je prends, regarde et retourne, je tape dans le gaz... c'est l'été et je ne lâche pas l'idée des triptyques. Je tripote et pelote mes vielles galettes.. je trouve un fil conducteur de pochette..
des tronches pas possibles, mais pas que.
« Sans Entracte », c'est la pochette originale, dedans, Vallet, Dabadie, Plamondon et même Gainsbourg viennent à la rescousse remplacer Roda-Gil. Pas chose facile. C'est absolument dispensable, voire pas indispensable du tout, mais quelquefois un Julien Clerc est un petit luxe. Et puis pour l'histoire, il y a « L'assassin Assassiné ». Le saphir me dit qu'il s'écoute très très bien ce disque …. la platine est mon amie.
Lavilliers 88 avec pour la 2ème fois un Maxi 45 tours, génial à déposer sur la patine quand il pleut. Faut pas oublier de mettre l'option 45T, sinon ça fait du Cohen. Beaucoup moins percutant que le précédent « Noir et Blanc » sur « Voleur de Feu ».
Puis comme ça en passant, un Balavoine.. jamais écouté en entier .. je l'avais perdu de vu à cette époque, j'étais resté sur "Vendeur de Larmes"... 

Des inécoutables écoutés. Quoi en penser ? Il pleut averse et je fouille vous dis-je. « It's raining again » et je reste fixé Lavilliers une fois de plus. C'est l'été, vous allez me pardonner.... si si, j'en ai trouvé d'autres.. bougez pas... je reviens...

Bernard Lavilliers 1988 « If »
Julien Clerc 1980 « Sans Entracte »
Daniel Balavoine 1985 « Sauver l'Amour »

samedi 3 août 2019

Corea-Burton / Towner / Darling




Transition ECM, les nuits Micus ont dérangées l'ordre des choses. Au petit matin, la lumière lustrale est venue briller avec les cordes de David Darling et le chant des oiseaux. Pourtant ils ne chantent pas comme au début du mois de mars, la quantité de lumière descend, ils le savent bien. Le gosier est loisir, épanoui, la reproduction, on verra la saison prochaine. L'attirance est vers le bleu, le calme. Guède de cocagne ou indigo des îles, décontracté du blanc.
Les premières lueurs consensuelles embrassent les paupières, le son séminal, le réveil de presque tout. Le jour avance sur les cordes d'un littoral plombé de nuages. Peu importe, ils disparaitront dans quelques heures, ou pas. Les notes elles peuvent bien s'étendre jusqu'à ce que le vibraphone de Burton sur le piano de Corea viennent rappeler au silence des mélodies et à l'astre qui dégringole à nouveau. Soirée cristalline après une journée de cobalt et un petit matin nacré.. pas vu passer les heures. Que des notes d'ailleurs et du bleu à perte de vue.

David Darling 1992 "Cello"
Ralph Towner 1973 "Diary"
Gary Burton & Chick Corea 1973 "Crystal Diary"

Label : ECM

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...