Mitigé, moyen, gris, maussade et tempéré, le temps
post-caniculaire ravage le moral des aoutiens sur l’hexagone. Sur l’hexagone ??
pas partout, là-bas, tout en bas, la lumière du soir est encore nacrée et le
mercure bien accroché à la trentaine. Le brouhaha vient des terrasses pleines.
Bruit de verres, d’assiettes, de glaçons, discussions entre amis, les tables
sont toutes réservées.
C’est l’heure où le soleil se barre discrètement, Pascal et Lorenzo
ne vont plus tarder, les claviers attendent, les âmes chuchotent, c’est dans le
Midi, c’est un Set electro, leurs visions à eux de quelques standards, planant,
ambiant, dansant, c’est à la carte.. écoutez la chanson, dégustez leur version,
Pascal et Lorenzo… play.
Pascal, à force de te lire, de suivre ta passion engagée, ton
travail me devient « familier ». Ce duo est inédit, raconte(z)- nous
un peu cette rencontre.
Je crois que la vie offre des cadeaux quant on sait rester
ouvert et capable de se lancer à l’aveugle dans une « opportunité ».
Cette rencontre avec Lorenzo en a été une.
Voilà un gars qui passe au Conservatoire, demande à l’accueil qui transmet
toujours avec beaucoup de professionnalisme aux profs les attentes, demandes,
etc… des personnes.
Là ça a été « Pascal, y’a un gars qui est passé il cherche un pianiste
pour travailler ses compos… ».
Ca a un peu traîné avant qu’il ne m’appelle, on lui avait filé mes coordonnées.
Moi, perso, travailler sur des compos, alors que j’en ai à la pelle, j’étais vraiment
pas sûr que ça me brancherais, pour être honnête – j’ai déjà tellement de mal à
mettre en place mes projets persos que c’était pas d’actualité… mais… un simple
coup de téléphone avec une discussion et tout peut chavirer.
Lorenzo m’est apparu décidé, un projet construit intéressant en devenir – j’en
ai parlé avant de prendre une décision (car on sait parfaitement que cela prend
du temps personnel que de se lancer dans de telles aventures) – et j’ai opté
pour le oui.
De là il y a eu une lente évolution du projet et un partenariat véritablement
amical s’est installé…
Et les compos, bah… elles sont passées sur une autre étagère, mais elles
restent en tête car à mon sens elles sont d’une rare pertinence et qualité mais
là, c’est donc un autre sujet.
Un petit CV de vous deux ?
Jamais simple de parler d’une autre personne.
Ce que je sais de Lorenzo - car on ne parle pas que de zic, c’est d’abord ça
l’amitié, on parle de la vie, on se refait le monde autour de boissons
favorites et repas délectables, on parle famille amour, gosses, etc (…), on est
des épicuriens – c’est qu’il a bien de la bouteille en artistique, cours
Florent, acteur, producteur dans une maison de disques à Lisbonne, créateur de
musiques pour séries télé dans les années Navarro, batteur puis chanteur et
surtout créateur à chansons textes tant poétiques qu’engagées, d’amour , bref
sur la vie… rencontrer une telle personnalité c’est forcément s’enrichir et se
mutualiser.
Pour ma part études au Conservatoire avec le barda de diplômes qui vont avec…
je te passe les détails, compositeur, arrangeur estampillé sacro-sainte sacem.
Je suis entré dans la musique en enfance, classique choriste et soliste opéra
grâce à la chance de ma vie d’avoir été formé par la maîtrise de l’ORTF. Une
jeunesse de tournées, beaucoup de spectacles puis le dégoût d’un milieu
d’élites qui m’a fait choisir l’idée d’enseigner - ou du moins parce que je le
faisais en pointillé - de me lancer dans l’affaire afin d’un truc genre mission
perso idéaliste culturel, etc… années Lang oblige. De là changement de cap, de
vie…
En parallèle de l’enseignement, je passe au jazz, une passion… (batteur, car je
menais cette « double vie » déjà ado), à la direction d’orchestre
(big bands), l’arrangement et redeviens pianiste à la suite de problèmes
physique sur l’instrument batterie.
Bref, c’est sûr que je peux plus parler de moi dans ta question, mais la vie
est un chemin sinueux et parfois y’a des grands virages à prendre et des
remises en question à considérer.
Je l’ai fait souvent comme quand on a décidé (Lorenzo a fait de même… un fait
commun) de tout planter pour venir d’installer dans le sud. Là pour lui comme
pour moi, cela n’avait pas qu’un impact artistique que de décider d’une telle
chose.
Je suppose que les tâches ont été bien réparties,
complémentaires ? complices ? L’électro, c’est autant musicien que
technicien, vous bossez comment ?
C’est marrant ta question.
L’idée d’enregistrer un album a été un processus évolutif de notre partenariat.
En gros, au départ les compos c’était en trio, avec un bassiste, Lorenzo
chantait en jouant petite batterie et perçus et moi je claviérisais genre jazz
modal, tu vois…
Puis cette « formule » a fait quelques concerts genre cafés asso,
petits bars, des scènes décalées car on pense toujours ici que la compo c’est
un truc à mettre en mode curiosité…
Parallèlement cette formule a aussi joué sur le répertoire estival de reprises
genre jazz crooner, chanson fr à textes, etc… là aussi une proposition
spécifique quant on connait l’orientation ici (covers à gogo, chanteuse à
tablette karaoké…).
On s’est retrouvés en duo, assez souvent car le bassiste n’était pas toujours
dispo – pour la première j’avais pris mon orgue afin de faire les basses, une
cata quand j’y repense…
Bon te dire qu’on a tâtonné mais que le fait de jouer sporadiquement puis
régulièrement ensemble des reprises ça fédère, ça amicalise, ça pose les gens
car faut faire des compromis, s’accepter et savoir bosser ensemble.
Un premier été terminé et Lorenzo me sachant passionné de synthés, d’ambiances,
etc… me lâche la proposition de revoir tout le répertoire compos en mode
électro. Il s’achète une Electribe de Korg, se lance dans des programmations,
sollicite le bassiste (qui déclinera le projet) …
J’arrive avec mon barda synthétique, on cherche on bricole, on fixe un peu,
puis, au détour d’un repas automnal entre salade de produits du pays et un
rouge excellent un « pourquoi pas ? » s’installe…
« Pourquoi on ne ferait pas aussi les reprises en electro ? ».
Après tout, personne ne fait ça ici, la formule duo n’a pas vraiment de
perspective artistique si ce n’est une redite de ce que je fais en piano bar…
bref l’idée parait pertinente et surtout une aventure passionnante.
C’est donc parti pour un automne hiver de programmation de révision et de vision
de ces titres standards. Au départ, on fait la chanson telle qu’elle mais très
vite elle va évoluer, s’adapter à cette texture et forcément se modifier
(structure, sons, accords, style…).
Pour la façon dont s’est naturellement fait le travail.
Lorenzo est à l’origine de la base texture à savoir la programmation de
l’Electribe qui est la racine du travail. Puis il chante avec un boitier
d’effets qui permet d’installer sa voix dans le son, un mixage live qui nous
est très chers car nourris à cette culture anglo-saxonne alors qu’en France on
met souvent les voix au-dessus du son pour l’idée du texte.
J’arrive alors avec mes synthés (qui progressivement pour le live se sont
réduits à deux alors qu’au départ je pensais rivaliser avec Rick Wakeman
question matos), je note tempos, ambiance, on relifte la grille si besoin et de
là choix des sons, des loops additionnels, des textures…
Une véritable notion d’arrangement se met en place.
On discute de la pertinence de telle ou telle chose de tel choix, etc…
Le plus dur sera d’oublier mon travail de « pianiste » pour laisser
l’inutilité du solo pour une caractéristique plus ambient (mais j’y suis arrivé
– le sens musical et ses nécessités a pris sa place).
Bon, ça a été long et il faut apprendre avec du temps à réduite, aller à
l’essentiel et gérer le matos.
au départ, par exemple j’imaginais par usb, caler les tempis en synchronisant
les machines, puis finalement je le fais en direct par impact, je trouve ça
tellement plus vivant (même si le résultat parait au sortir identique…).
Puis une fois sur scène il faut connaitre ton matos par cœur, savoir qui fait
quoi et surtout avoir des la ressource
j’entends par là avoir créé des loops, patterns etc… interactifs afin de ne pas
s’enfermer dans un produit identique de redite mais évolutif, donc interactif
en live permettant de la réactivité, de l’autonomie, du plaisir…
Pour l’enregistrement, on a bossé trois grosses journées
ensemble.
J’ai galéré à remettre à jour mon logiciel car ça faisait un bail que je
n’avais enregistré at home et il fallait me remettre dedans.
On n’a pas utilisé de plugs, ou très peu (réverbs, delays, etc…) mais en tout
cas pas de synthés plugs…
Juste enregistré et calé nos machines de
live dans lesquelles on fait directement les « bons » traitements
Pour chaque chanson on a tenté des formats et formules issues
de nos errances live à structurer et à pérenniser – on s’est basé que quelques
prises live faites en situation pour des gimmicks, des sons, des idées
fugitives… et on a lancé l’affaire.
On a fait quelques erreurs, très vite rectifiées, comme enregistrer les bases
basse batterie de l’Electribe en une piste puis finalement on les a séparées,
car plus simple à retraiter ultérieurement en mixant… bref c’est du temps, de
l’investissement de la patience et de la motiv’ c’est pour ça qu’on a pas pris
de studio et qu’on a tout fait nous-mêmes car on n’a pas compté le temps et on
a eu toute liberté pour creuser au maximum les idées apparaissant au fil des
mois.
Après plusieurs années à collaborer avec une voix féminine,
tu t’associes avec Lorenzo. Tes repères ont changé ?
Tu sais, je joue avec beaucoup de personnes très diverses,
donc il me faut toujours m’adapter.
Je revendique clairement mon rôle non de pianiste ou claviériste, mais
d’accompagnateur…
C’est pour ça qu’on me sollicite. C’est pour ça qu’au départ on a bossé avec
Lorenzo, pour aller tellement plus loin. C’est un processus évolutif mais non
mes repères ne changent pas (parfois des tonalités pas forcément pianistiques,
mais ça aussi ça fait progresser) – je reste au service de la musique.
Sa voix se module très bien dans les ambiances, gimmick Gainsbourg, ambiant Sébastien Tellier.
Comme je te l’ai dit avant, on a mixé dans le son, un choix vraiment pas
simple car il faut que les textes soient compréhensibles et que la voix agisse
cependant comme un instrument, donc un compromis doit être imaginé et ensuite
(le plus compliqué) géré techniquement.
Bon, j’y vais, j’appuie sur « Play » … Pascal et
Lorenzo, ça commence fort, pas d'intro, direct le dancefloor, capter les
esprits et happer dès le départ ? « It don't mean a thing » vous
commencez ce Set par ce morceau ??
Marrant, au départ on commençait effectivement par ce
titre, puis on l’a mis plus tard, quand effectivement va falloir commencer à
bouger vos c… les jeunes.
Va falloir une petite explication pour la technique. « Stand by me » version Daft Punk... C’est un bassiste ou
une programmation ?? et le son clavier moog ... wurlitzer?? (Désolé n’y
connais rien, mais y'a le son de Supertramp ou Jonasz début 80's), cette version
là, vous devez la traîner jusqu'à très tard ? Pétillante et emballante
version.
Toutes les basses sont programmées, l’avantage d’être tous deux batteurs et
d’avoir bossé forcément avec des bassistes donc de connaitre le sujet…
Le son de clavier c’est un Rhodes de synthèse (ils en font d’excellents
maintenant dans les workstations (Un Kroos Korg) et le petit gimmick c’est un
truc qui m’est venu en live et que j’ai retrouvé (par chance ce soir là on
avait enregistré la prestation et je me suis dit là c’est le gimmick pour
porter la chanson, d’ailleurs je l’utilise toujours et l’ai fait évoluer…).
C’est effectivement la version qui fait que d’un coup les corps oscillent
jusque loin – on a eu fait des versions dépassant les 15-20 mn…
J’aime ton allusion Supertramp/Jonasz, c’est nos cultures, donc forcément..
Gainsbourg en fil conducteur. Ça part comment une reprise,
sur quel rythme, quelle intention ? Requiem par exemple est un climax
assez spécial, percu sombre... Votre côté planant ajoute à la lumière nocturne,
envoûtant. Quant au Poinçonneur techno...
faut m'expliquer comment ça part.… et comment réagissent les auditeurs…
Gainsbourg, franchement on n’y pensait pas plus que ça…
Je crois qu’on reprenait le poinçonneur en jazz, vraiment sporadique le truc…
Un des premiers soirs où l’on propose (avec des appréhensions, car vraiment
c’était nouveau tant pour nous que pour l’établissement qui osait nous prendre
autrement, habitué au répertoire version piano bar jazzy) notre nouveau
concept, j’invite mon ancienne agente à passer écouter et savoir si ça
l’intéresse un tel produit. Il me fallait un avis.
Elle passe, écoute, prend quelques photos (je lui avais demandé de nous faire
un visuel) …
Un ‘tit verre, la biz, elle file et me fait un retour.
« Les gars, si vous voulez que je vous vende… il vous faut un truc
porteur, un fil conducteur… avec votre âge ( !), vos looks et le
répertoire vous devriez penser à un set complet de Gainsbourg ».
Alors on a commencé à trier dans le bottin du grand Serge, on a déformé, usé de
dub, de reggae, on a revisité et on a proposé aussi ce set Gainsbourg et voilà
comment une idée une étincelle peut déclencher un travail.
Et bien sûr ça marche cette proposition de set Gainsbourg (environ 12 titres –
on a trié ici…).
Requiem a été notre kiff… un des meilleurs moments de mes prises de son de
l’album (l’orgue glauque et tonitruant, la gratte wah wah samplée, et ce
pattern d’origine de drums qui reste une montagne.
Le poinçonneur a énormément évolué en live, maintenant je joue le gimmick de
James Bond en sus et on l’a torturé tendance plus raï.
Les auditeurs ?
Ils chantent et dansent toutes générations confondues, un impact de malade et
parfois on se demande affairés sur nos machines en live, comment un tel truc
peut se produire…
Suis allé à Sète cet été, énormes pensées pour Brassens, il a
souvent été repris en jazz, en reggae, ça paraît évident.
Cette chanson a été longtemps le moment clé de nos prestations, elle n’a pas
tellement évolué rapport à nos concerts initiaux.
J’en suis resté à l’orgue et au fender autowah et à ce gros gimmick qui pousse
en fin des refrains et qui là encore a été trouvé au hasard, un soir et gardé.
Traitement presque dub volontaire et une grosse difficulté en home studio à
retrouver l’ambiance du live qui plait tant aux gens, je crois que j’ai dû
réenregistrer les claviers rythmiques un nombre incalculable de fois puis… j’ai
dit un jour c’est pour aujourd’hui, j’ai fermé les yeux imaginé les gens et
j’ai fait d’un trait sans quasiment recalage… bizarre…
« Waiting in vain »
je connais moins, vous m’avez embrouillés dès l’intro, on dirait une version
Daho ... vous avez fumé les p'tits gars ou c'est le rosé ?? en tout cas,
ça le fait.
Reprendre Marley sans faire du reggae…
On a barré ambient sur une version plutôt ballade jazz qui était au départ le
truc live.
Mon axe, perso ça a été before and after science de Eno (Julie with…) … pour
les grappes de rhodes.
Le rosé on aime ça… t’inquiètes…
Bon plus sérieusement, c’est le titre qui m’a posé le plus de problèmes de mix
et même là je reste loin du compte de ce que je voulais (le syndrome Eno pose
la barre tellement haute que j’ai pas le niveau technique… même si on a bien
bossé l’affaire).
il faut toujours un titre qui pose problème, on n’aurait jamais cru que ce soit
celui-ci…
Petit effet microsillon sur « Hit the road » ... petit côté George Michael ... Il va sortir
en vinyle pour les DJ ?
Ce serait trop bon…
Non, juste un petit coup de fun en réécoutant un vieux Ray Charles, je me suis
dit…
Lounge profond pour le fond d'une nuit qui s'étire « Don't worry » est une véritable
petite sucrerie, vous choisissez votre heure dans la soirée pour placer ce
morceau ?
Justement, vers la fin de soirée afin que le temps s’étire et que tous
communient en chantant ce truc imparable…
« Sing sing sing »
... vous attaquez la montagne, enflammer une salle, attirer les mélomanes.
J'adore votre touche world celtique, moins gaie que l'origine.
Marrant on avait plutôt pensé oriental, mais en y
réfléchissant …
Bon t’as repéré le truc avec ce petit instru trad qui vient bousculer
l’histoire.
Je l’ai trouvé au fond d’un sample de mes synthés… la question a été
j’ose ? ou pas…
j’ai osé et quand j’ai envoyé le prémix à Lorenzo il a direct adhéré voir plus
c’était l’enthousiasme… autrement dit… faut oser.
« Fly me to the
moon » c'est un délire perso ?? ou un blind test pour
l'auditoire ?? ... ils la reconnaissent ?? bravo pour cette ambiance
qui sied mieux à la lune que l'original je trouve.
Comment relifter un truc pareil…
On a eu le même problème avec tous les standards de jazz souvent blindés
d’accords à tout va, de progressions harmoniques de ouf, etc… et d’un B (du
AABA) toujours bordélique à gérer.
Mais n’oublions jamais qu’un standard repose souvent sur un mode, donc une gamme…
Là c’est une forme anatole, donc tu reviens à la racine tonale du truc, tu
trouves les deux accords permettant une simplification radicale et surtout
efficace. Tu pense dub en t’inspirant d’un Gainsbourg aux armes… et puis
go !
Les gens ?
Les anciens tendent l’oreille intrigués…
Les jeunes se demandent ce qu’est ce nouveau tube…
Bon, sinon, pas une seule reprise de Paul McCartney, c’est un
choix commun, qui a refusé des deux ??
Je savais bien que ça t’échapperait… pas.
Plus sérieux, la pop n’est pas simple à trafiquer Electro.
De plus Macca ou les Beatles c’est tellement… identitaire.
Tu peux dévier en jazz, coveriser acoustique ou un tantinet groovy…
Mais avant de faire d’eux une réalité Electro il faudra (ait) vraiment
réfléchir à fond, creuser loin, loin…
Alors, qui sait ? On fait déjà un Wicked Games qui est plébiscité par les
gens et on vient de mettre Heroes dans l’escarcelle.
Plus largement, comment s’est fait le choix des
morceaux ? le public a influencé les décisions ? Combien de morceaux
laissés dans la marge de cette Set list ?
Le choix a été compliqué mais on a fait une sorte de
« parité » …
Un juste équilibre entre jazz, chanson, pop… et tempos.
Combiner influence dancefloor, ambient et dub/reggae qui sont le socle.
Le public…
C’est l’an dernier qu’un client d’une plage est venu nous dire « Vous avez
un disque les gars ? » - « Non… » - « Dommage car vous
en vendriez beaucoup » …
Puis un autre et encore un autre…
Alors on a lancé l’affaire et voilà…
La semaine dernière on a retrouvé ce client et la première chose qu’il a faite
c’est d’en acheter un…
Voilà pour l’influence du public… ça nous a encouragé à tenter l’affaire et à
la réaliser.
Actuellement on a plus de trois heures de musique live – en espace raisonnable…
Entends par là que parfois des titres comme Dont stop the music partent dans
une transe d’environ 20 mn…. Minimum.
On a plein de nouveautés… (Dormir dehors, Amant de Saint Jean, une version
jungle de my baby just care…)
C’est plus facile de vendre les albums pendant les sets, ils
sont aussi chez un disquaire ?
Là on est un peu à l’arrache car l’album a été plus long
que prévu à sortir et on a attaqué la saison avec lui dans la musette.
En principe on devrait faire qq showcase chez des disquaires locaux, fêter ça
sur une plage amie et inviter en mode événement – je suis en train de m’en
occuper, mais ce sera pour septembre octobre.
Cet album a été imaginé pour le public, en live.
Il se vend bien car les gens sont intrigués et veulent un
« souvenir » de leur soirée.
On s’en sert aussi pour démarcher.
Aujourd’hui si tu veux une « scène » en dehors de notre réseau, il
faut un produit CD et le reste (tout le patatras internet…) – voilà c’est donc
fait.
On espère aussi le refiler, qui sait, à un label, mais c’est encore une autre
histoire et on préfère tellement s’éclater sur scène.
Comment s’est passé l’enregistrement ?
Comme je te l’ai dit, d’abord trois grosses journées puis
une confiance amicale et mutuelle.
Récup’ des pistes Electribe dans mon portable, discussion sur l’orientation
rapport au live à trouver, gestion de divers patterns, puis long travail de
prises claviers (loops, recherche de sons – d’autres synthés que ceux du live,
donc choix du truc le plus pertinent, transformer ton salon en magasin de
musique…, avoir de la câblasse partout, te balader une journée avec le casque
sur la tête… puis envoi ou moment de nouveau ensemble pour écouter, choisir
dans le plus (je fais toujours le plus pour prendre le moins) et enfin
enregistrer les voix qui au départ étaient en mode « témoin » sans
réelle structuration afin juste d’avoir la ligne.
Être patient, être capable d’accepter que c’est pas bon et qu’il faut refaire,
chercher et savoir s’arrêter en gardant l’idée qu’il s’agit d’un produit qui
doit rester proche du live sans pour autant s’empêcher de creuser plus loin…
Partager la critique et les avis de chacun et savoir faire des compromis quand
c’est utile, donc se connaitre et s’accepter.
C’est aussi une aventure humaine et aujourd’hui en live cette aventure est bien
réelle et posée sur des bases de respect, d’écoute et d’amitié.
C’est essentiel.
Je me souviens perso d’un après-midi dans un jardin avec des
amis qui jouaient du Djembé. Ils m’en ont filé un assez large, et j’ai pris un
plaisir fou de partir en répétitif, je pouvais plus le lâcher, et surtout
devant nous, tout le monde s’est mis à danser (que des filles se jour-là).
Une drôle de sensation pour moi, d’imposer, d’avoir le contrôle... je suppose
que votre « objectif » principal est de voir tout le monde se
lever pour danser ? c’est quoi alors la sensation ? ça vous
arrive de mettre le feu à la salle comme dans le Café Trichter et les swing
kids sur « Sing sing sing »
??
Accrocher… toujours accrocher et être attentif aux gens.
C’est capital.
Mais pas que là, je fais ça tout le temps – le live c’est un partage avec les
gens.
Si tu joues pour toi c’est raté (du moins exclusivement pour toi…).
je dis toujours à mes élèves, la musique c’est en trois étapes qui s’accumulent
mais dont la dernière est le meilleure qu’il faut savoir gagner.
1- Apprentissage et ténacité si tu aimes…
2- Ca y est, tu te fais plaisir et satisfaction de l’apprentissage qui reste
infini, ne l’oublions pas mais t’as franchi les étapes vers le plaisir perso et
ouf… tu sais pourquoi t’as bossé.
3- Pourquoi tu fais ça ? mais pour apporter le bonheur… à qui ? mais
au public bien sûr et là t’as bossé pour quelque chose… Que tu sois Khatia
virtuose, Metheny branlette intello – ou pas selon les jours, ou Pascal de base
ton axe ce sont les gens. Tu ne crée pas pour les gens… tu ne fais pas de
démagogie pour les gens, non, mais tu dois leur faire plaisir et si tu es
engagé dans ce que tu fais ça marchera forcément car ton but est de leur donner
la part de toi artistique.
Alors quant on voit se lever pour chanter, danser, participer…
Bah c’est le bonheur inexplicable mais bien réel.
Pas forcément un « objectif », juste un souhait imbriqué dans chacun…
Bon, c’est toujours les filles qui se lèvent pour danser –
c’est vrai que c’est motivant… 😊
Il y a un bon dosage entre l’ambiant et le dansant, vous
devez vous adapter à l’atmosphère d’un soir ?
Oui, en effet.
Mais en général on commence ambient puis entre beats, puissance du son et
gestion de titres c’est parti…
On a investi dans du son – l’électro impose un système qui tient le choc et
malgré tout on a quand même eu de curieuses surprises sur des fréquences en
live…
cela dit nos supports sont faits pour soit faire lever, soit rester dans une
atmosphère lounge… là aussi on a bien bossé sur le critère.
Des soirées difficiles, hermétiques, bloquées ?
Coté public pas vraiment…
Cependant difficile auprès de certains organisateurs habitués à notre critère
piano bar de faire passer ce concept.
il nous a donc fallu chercher de nouvelles scènes genre « notre
endroit » … et on les a trouvées.
Il y a toujours de la place pour tous, à toi de trouver la tienne.
Je ne connais pas ce coin du monde, la photo, je pensais à
Ramatuelle, mais c'est St Tropez ?? c'est un endroit idéal pour ce genre
de musique ? Comme le jazz dans les rues de Sète ??
La photo a été réalisée par Gregory Cornillac, un ami
parent d’élèves.
Le mastering par mon fils aîné Tony.
On a tout fait entre famille et amis…
La photo est un montage, les maures, St Tropez, un bout de plage depuis St
Maxime…
Bref, comme la musique, un mix d’influences.
Gregory est un gars créatif et soigneux, il travaille sur un clip pour Midi Set
Electro.
Ses premiers envois sont captivants…
La musique c’est donc une question de rencontres…
On a voulu un « produit » qui nous changeait de
nos habitudes.
On a cherché vers le son, l’Electro est apparue comme évidence.
Puis, une fois cela posé on s’est juste dit qu’en fait on avait bien créé « un
produit de plage », volontairement ou involontairement, je ne sais pas
trop…
Il fallait qu’on se renouvelle et qu’on imagine avoir un projet
« autrement » - parfois ça marche, c’est le cas… parfois c’est le
flop…
Je ne pense pas qu’une seule fois on se soit véritablement penché sur
l’idée : est-ce que ça va plaire aux gens…
Cette remarque peut te sembler contradictoire face à ce que j’ai dit plus haut…
Non, on a d’abord pensé à faire le meilleur projet et produit possible car
aujourd’hui on le sait, si t’es sincère les gens te suivent…
On constate que le public a besoin de musique, mais aussi de nouveauté – donc
dès que t’installe un truc un peu différent (pas nouveau, mais juste autre et
franchement c’est pas si compliqué…), ça intrigue, intéresse et forcément
t’auras de l’écoute.
là avec des standards et un traitement « actuel » fait par des
quinquas je pense qu’on a ciblé dans les bonnes cases en faisant juste un peu
plus que ce qu’on savait faire avant.
Merci en tout cas pour ce délicieux moment chez moi, comme si
vous y étiez, vous faites les particuliers ??
Tu me cherches business là…
on fait tout, tout le monde et pour tous – l’essentiel est le partage alors tu
parles, chez toi !...