« Started off
free », et le ciel se couvre. Oh, rien de menaçant, juste
baisser les yeux et ne pas se disperser. Focus sur un crush récurent,
JAPW, « To Survive » la gorge serrée,
« Damned Devotion », « The Deep
Field »..au feu... et ce « Lemon, Limes and
Orchids » dans un reliquaire. Cet écrin, de la pop
soul qui va faire jazzer dans ses plus beau habits légers.
Rien ne dépasse, ciselé,
taillé dans l’albâtre avec des outils délicats et une chaleur
des cellules. Clim à fond dans la caisse, « With hope in my
breath » fait onduler l'habitacle, le pare-brise est
bouillant, je sens son haleine sur le poitrail, l'horizon se trouble,
tout devient mirage. « Long for ruin » et mon cou
perle, je lève le pied et tangue dans ma chemise serpillière.
J'ai dans la bouche une
grande idée de canne et d'agrume jaune citrique à vert profond
mentholé avec une avalanche de glaces, une banquise fondant à vue
de palais autour de ma paille en carton. Cet album classieux est un
cocktail caniculaire.
Joan as
Police Woman 2024 « Lemons, Limes ans
Orchids »
Tendance à étriquer
partout, les mots de chagrin sur une peau crachin, agripper la rampe
pour résister à la vitesse. Les semelles ne tiennent plus, ça sent
le roussi. Là où il n'y en a plus, avant de l'atomiser, la poésie
sous un angle d'ardoise cendrée, l'éraflure sur un son à
raccommoder sur le « Reflet du monde lointain
».
Comment faire pour nous
désencombrer ? Se désenclaver la gueule, peut-on encore se
soustraire de la rotation ?
Lymphe épaisse, entaille
de saignée par l'horizon, mon corps élastique s’allonge, la tète
dans les nuages, les talons dans le limon la queue girouette. Des
racines et des influences, troublante Léonie Pernet. « Poèmes
pulvérisés » me foudroie debout. Puis me traverse. Le
thermomètre est pulvérisé, allongé, plombé, je me laisse
traverser.
La « Reverie »
est passée, la bascule est là, le soleil repart dans l'autre sens,
les moissonneuses le savent bien. La chaume est une couleur que
j'adore renifler. L'ocre nacré cuit souligne les bois. Le ciel est
ambré, je découvre après Rebecca et Aliayta, « Still,
there is the sea » d'Ambre Ciel. Jessica Hébert fait
danser l'orchestre en fragments d'émotions avec son chant qui fait
place discrète.
J'ai vu des immeubles
surgir, puis disparaître, l'aurore comme le crépuscule là où tout
se bouscule avant le noir et le grand jour. Agnès Obel, Soap &
Skin... elle prend possession d'une âme philharmonique ambiante pour
chanter alors que tout se fige.
Tout plane au sommet de
quelques chose. Un mirage. Dans des nuées de poussière de blé
battu, Ambre culmine.
Le soleil au plus haut,
nuit toute petite pour fêter la musique, la fête des éboueurs, au jour qui se lève des
camions en ligne comme après la guerre.
Cette nuit-là, quand les
sœurs Foon se sont tues, il restait au dessus de mon jardin les étoiles médusées et un
doux vent faible qui faisait chantonner les charmilles. La
chauve-souris était déjà collée aux tuiles du hangar, plus aucun
battement, juste cette caresse musicale dans toute sa délicatesse.
Il me semblait que les lichens fredonnaient, les mousses reprenaient
un peu de rosée histoire de préparer la journée suivante. Les
vieilles guignes noires toutes cuites suintaient tout leur jus au
bout des branches lourdes de sucre. J'entendais le bruit des larmes
noires tomber sur la vieille table en fer, comme des clapotis grillés
en grésillements de musique de chambre nocturne. C'est comme ça,
les cerises saignent quand les moissons commencent.
La musique était là, la
plus belle qu'il soit, il n'a rien fallu nettoyer au petit matin.
J'ai posé ma tasse de café sur les traces de caramel sang comme une sève
figée. Le jour était là depuis quelques heures.
J'ai remis « Reverie » de Rebecca et
Aliayta. Constellation. Silver Mt Zion.. Set Fire to Flame. C'est un
pur chef d’œuvre. Ce n'était pas un rêve.
Je brandissais il y a une
grosse poignée de mois « Villes Sauvages »
adossé aux indispensables de mes étagères de par ici. Août 2023,
énumérant la liste avec lui des opus qui comptent. Il n'a pas été
depuis rangé ailleurs que sur cette cime-là, définitivement adopté. Tout s'est allumé depuis.
Je fredonne souvent les
« Silures », « Baltimore »,
elles sont ici proposées en versions outre-Manche, et je traverse
des frontières avec Casagrande dans ma besace, à peine dépaysé.
Je connais le chant habituel de Nicolas, et « Wild
Cities » me transporte vers le Polnareff 1975.
« Wandering man », « Rainy day song »,
une idée de réconfort chansonné sur une autre langue, et toujours
cette duveteuse mélancolie.
Une façon pop de prendre
à soi la chanson de par ici. Le mérite du globe. Il faut dire que
Fabien Martin est toujours aux manettes. Quel son, il fait des
merveilles...Littoral Little, une belle famille artistique qui me
colle à la peau.
Jeff Halam est là, son
jeu de cordes graves sur « Never let me down again »
entre autre, et pour l'écriture aussi. Et puis « Sea Song »
avec Cheval fou, Armelle déjà sur « Le gant sur la
peau »(« Glove
on your skin » avec Nadine Khouri cette fois-ci), la
dernière fois que cette chansons m'a flanqué les poils, c'était
avec Married Monk. Il faudra un jour élucider le mystère pour ce
joyau là, je lis tout, je cherche et farfouille, j'aperçois
quelques pistes, mais rien sur la mitochondrie.
Un crayon de bois dans ma
boite aux lettres, je vais rajeunir d'un seul coup. Rembobiner à
l'ancienne. La galette et la K7 pour un pack vintage, je suis comme
un gosse, j'use à nouveau mon auto-reverse. Deuxième album pour
Nicolas Contant, et une cassette en sus, il est fou, c'est tellement
bon.
Casagrande
2025 « Wild Cities » sur Littoral Records
C'était mieux
maintenant. Les textes défilent et rien ne changent. Les belles
histoires d'amours figent la plaque. La plus belle de toute dans les
douceurs les plus troublantes. On traverse depuis des millénaires,
passe à travers, ou pas. Faut pas contracter sinon ça pique, se
cramponner aux affections, sucer l'ardeur.
J'ai marché au bord de
la Remarde ce matin, il faisait encore frais. Le ru entortillé m'a
accompagné mollement jusqu'au ruisseau. Cortège d'insectes, opéra
d'oiseaux, le vent faisait frissonner les hautes herbes. Un talus de
canches ondulait, juste quelques vulpins des près à la danse timide
restaient raides. Plus le soleil montait, plus le lit s'élargissait,
trois libellules ne lâchaient pas l'ombre. Je suis passé à côté
du terrain de tennis abandonné. Deux belles pommes sur l'asphalte
mousseux semblaient attendre le nylon tendu. Juste derrière une
fontaine aguichait quelques guêpes nerveuses. En fredonnant « La
traversée », je me suis arrêté au café tout près
de l'église de Saint-Martin-de-Bleury. J'ai pris un bock avant de
rentrée chez moi. Quelque part loin d'ici le long des rivières et de la baraka,
faut éviter le mortier. Quelques grenades sur un terrain de tennis
en ruine.
J'allais bramer dans les
bastringues Avec un buriné bipède qui bandait pas pour le
burlingue Dans ce bar branché bipolaire À faire basculer les
belles-mères J'allais besogner le brouillard avec un tambour de
bazar
T'allais baver pour les babas et les
broutards à boucles blondes Des petites bulles de baraka (et des
bonbons pour les James Bond)
Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut
faire un break Y en a ras l'bol de ces blancs-becs Qui bandent
que pour le bazooka, pas pour la bagarre et le branle-bas ...
Ils s'braquent à bloc sur l'baston,
des barbes bleues bardées de bronze Des cow-boys bourrés de
béton, des zombies bidons et des bonzes Qui leur balancent une
blanquette à écrabouiller les banquettes (À vous briser les
roubignoles, à vous faire barrer d'la boussole)
Pendant qu'tu brûles de la banquise,
braconnant le bonheur sans but Et me baignant aux quatre bises
avec les boucs de Belzébuth
Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut
faire un break Y en a ras l'bol de ces blancs-becs Qui bandent
que pour le bazooka pas pour la bagarre et le branle-bas
(branle-bas) …....
Ras l'bec de brouter du bitume et
d'barjotter dans une bagnole Ras l'bec de branler de la brume et
d'barrater des branquignoles Pendant qu'les barbeaux du business
qui nous bastonnent des bassesses Biberonnent des bourbons dans
leur buick, j'bosse par peau d'balle et crotte de bique
Tu vas broyer tous ces bouchers qui se
font bronzer la baudruche aux Bahamas Avec ton blé (pendant
qu'j'balise dans les balluches)
Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut
faire un break Y en a ras l'bol de ces blancs-becs Qui bandent
que pour le bazooka, pour la bagarre et le branle-bas »
Piers Facini du Finistère
avec des songes d'Anthony. On sent moins le varech que Denez, l'art
de Brieg est pétrifiant, il déborde sur toutes les autres terres.
Habité, d'envergure mystique sur des flots d’acoustique. Il y
dedans quoiqu'il arrive du celtique. Antonio Zambujo du Portugal
danse sur les mêmes landes d'ajoncs et de conifères, et tant
d'autres encore. Du sable sous nos pas, qu'il soit dans la forêt ou
sur le bord des chemins, l'océan n'est pas loin, et le regard meure
sur la terre intérieure lacérée de quelques lancées électriques.
La belle découverte « Un
Noz A Vo », inconsciemment l'envie de fraîcheur
sûrement, mais la mer est belle aussi quand la dune brûle, la vague
est toujours froide.
Comment vont réagir les
puristes à cette parution ? Je prends ce retour comme un bonus
heureux avec dedans les ingrédients que j'aime bien. J'ai eu un gros
retour « This is Hardcore » y'a quelques
mois, l'aubaine tombe à ravir. Là, je suis bien dedans la pulpe,
j'ai ce qu'il faut, sans plus.. remugles et madeleine même, sa voix,
cette idée là, le style, la gratuité du processus.. et j'adore
plus que tout l'ocre et le cobalt.
C'est l'heure vibrante de
l'astre qui n'en finit pas de cuire. Lourdes persiennes, stores
dilatés, murs boursouflés. Si les gestes ralentissent, les ondes
d'un film spacieux calment le mercure, tout en s'accrochant
délicatement à ses degrés, histoire de garder la lumière.
Pas d'imbroglio chez
Hubro. Sous ces tuiles de jazz expérimental, d'ambiances follement
dilatées, Geir Sundstol trace ses sentes de paysagiste. De drôles
d’oiseaux dans cette auberge, précieuse agence de voyage au socle
musique inébranlable et minéral. Juste les couleurs qui changent
d'un artiste à un autre, une température, un angle, une hauteur,
quelques latitudes et des milliers de lueurs.
Le plafond s'approche du
haut des cranes, ça tape dur sur la faîtière. « Sakte
Film » maîtrise à merveille la thermo-hygrométrie.
Le Deveron a eu raison de
mon agitation. 10 ans d'age à la rescousse. Tout de suite le gras
Trip Hop de Jay-Jay et les souvenirs, la découverte irréversible de
« Whiskey » Portishead pas loin et ces
longs tempo mous qui me vont comme de longs lents langoureux baisers
abyssaux. « Backstage »
m'embarque. Il y a du silence chez JJJ, celui du salon dont il vous
en dépossède. Deux ou trois touches de piano pour la braise. C'est
un doux poison le « Backstage », sa
concoction habituelle, mon addiction crooneuse.
J'ai bien failli me
fâcher avec sa tentative de coupe Aladin Sane dans les antennes. Il
est revenu malter mes soirées avec « The long term
physical effects are not yet known ». C'est de
l'histoire ancienne, mon cristal à nouveau est un vitrail ambré, la
lumière tourbée étreint mes glandes lacrymales. Ma nuque en
cadence molle se laisse caresser par la glue.
Début juin automnale, ça
tombe bien, la brique est trempée, je le garde pour calmer la
prochaine canicule.
Robert Foster, Elliott
Murphy, Murphy en Peter.. avec mon pote on écoute souvent ensembles
« nos petites vieilles ». C'est comme ça qu'on les
appelle les quelques unes à nous, entre nous. Lui est un gros fan des
Bauhaus, moi c'est plus The Go-Betweens.
Pas facile de causer de
ces piliers, pondre un billet lourd de contexte et d'histoire, sans
pour autant que ce soit notre came, patauger dans les remugles,
éviter les clichés. Crédibilité.
Impossible à survoler,
sauf peut-être le dernier Idol abjecte. Le devoir de dérouler,
mentionner, des etc à tout bout de champs, ne pas faire comme si on
découvrait.
Ou alors si. Se poser
candide tout frais, en vieux puceau béa qui débarque, histoire de
moins juger en se décroûtant la couenne. Y'a bien des jeunes
d'alors qui balances comme nos viocs jadis.
Robert, ça passe
tranquille, lumineux comme un petit dèj dans le train, Peter de
Bahaus bof, un peu trop K2000 ou alerte à Malibu, au choix. Elliott
a pris une entière de mes soirées et j'y retournerai, « Infinity »
superbe à flotter sur son opulente discographie.
Et voici notre
intersection avec mon pote branleur, l'accord parfait sur nos petites
vieilles. « The Cleasing » avec le recul,
une des plus belles sorties l'an passé. J'y croyais pas trop, je
suis conquis.Je le garde, il sera Peter pérenne. Au fait, il sort quand un autre album solo la Jagger ??
J'ai pas vu venir ce
train caché par l'autre que je prends très régulièrement. Dès
l'entrée instrumentale « Rio », jusqu'au sublime
morriconien « Free » et change de quai. Le bolide
qui cache, c'est Warhaus que j'écoute non stop le plus souvent
possible. Quand « Ha ha Heartbreak » m'a
pris la tronche en 2022 je me suis dit qu'il s'agissait là d'une
définition presque parfaite d'une pop idéale à mes yeux, partagée
avec celle de Baxter Dury à certains moments de l'année.
Gémellité J.Bernardt et
Warhaus ? Maarten et Jinte à s'y perdre, physiquement pareil.
Pop donc, luxuriante,
spacieuse, mélodieuse, moderne, moelleuse et bien produite. Easy à
n'importe quelle lumière proposée. Trip chaloupé de crooners
baladins.. de « Zero one code » à « I'm
the ghost you forgot » récurent et entêtant.
Je suis bloqué en boucle
sur « Karaoke Moon » depuis des mois, le
genre d'album qui passe à travers les écrits, mais qu'on ne range
jamais. Comment parler de cette petite perfection pop ? par le
biais de son binôme scindé Jinte Perez, alias J.Bernadt, deux opus
2024 avec celui de Maarten Devoldere de la Flandre-Occidentale,
indissociables. Les fièvres du Balthazar.
Un air de coquelicot et
de lin a pris la clé des champs. Terminé le jaune à faire pâlir
l'orge et le froment. L’épeautre vit sa vie et les nuanciers
défilent.
Ce tendre violet des
étendues de linacées est apaisant, il contraste avec la robe
sanguine des pavots. Les lumières sont pornographiques, j'aime tout,
je suis polygamme.
J'ai longtemps était
partagé par la sorti du premier opus de Jesse.D Vernon, « Morning
Star » 1999 au crédit noir de monde. Je collectionnais
les disques « Microbe » et les conseils de Magic !
Seulement voilà, jamais dedans, peut-être une fois de temps en
temps. Il va falloir que je l'écoute à nouveau, car je tombe sur
« Luminal Zone » et je suis hyper emballé,
à tel point que les souvenirs du siècle dernier s'effacent.
Absolument printanier,
totalement rouge et bleu, aucun goût de moutarde dans le
vestibulaire.
« Mind mind »
comme une belle légèreté plus que tiède, « Coming
around » en ballade Macca avec Linda derrière, le doux
funky de « Carry it home »... Cet album est bon,
simple, sympa, easy en écoute à laisser défiler sans s'anicrocher
avec quoique ce soit.
J'ai dû louper quelques
chose de Morning Star, rendez-vous manqué. Tiens..« My
Place in the Dust » avec John Parish aux
manettes..pareil. Je ressors Magic !, les deux premiers albums,
je m'y replonge tout en gardant « Luminal Zone »
comme s'il s'agissait de retrouvailles.
Morning
Star Music Club 2025 « Luminal Zone »
sur Rough Trade
J'ai fait une belle
découverte en 2023, Nicolas Paugam et son univers bariotifolié. On
écoute sa discographie comme on s'abrite soi-même sans être
bricoleur. « La Délicatesse » m'a cueilli et je suis
encore sur sa balade sauvage. C'est une transition, avec son frère
Alexandre, ils ont fondé Da Capo que j'ai découvert en 2023 donc. À
peine le temps de découvrir la discographie grosse déjà, que
« Songs from the Shade » me tombe sur les
tuiles.
Pas un pour rattraper
l'autre. La fantaisie du rêve est venue à peine bicarbonater mon
réveil. À moins que le matelas ne me pelote encore. Dandy Arty
fantasque en douce épopée plombée.
J'ai 90 Days Men en tète,
la même dinguerie, Space et la même classe spiders qui fait
l'élégance baroque et le nuancier fou de la lune et du soleil.
« The Moon and the Sun ».. c'est pas possible une
chanson pareil !! me suis fait sucer la fémorale ou bien ?
Élixir sonore injecté..
voix ajustées.. les mélodies à couper les gorges des carnes
envoûtées. Je tangue, les montagnes acidifiées sont cendrées
comme le Black Mountain écaillé.
Je ne regarde pas les
ondes de peur qu'on ne parle point de cette folie, cette pureté
mélancolique .. comment grimper la chaîne si de cendre elle est
monticulée ? « Skeletons » et je dors dans
la ravine les os encore fumants. « Shadows » je
suis phoque en suie ; « Alone » où est
Rover ? C'est coffré et fragile, classique et cabarété.
« Hear me Brother » ? Nicolas ??
Le pavé Merlan Poire se
pavane dans l'assiette, avant la morsure du beurre noisette. Le
clapet s'impatiente j'ai du sel au bout des doigts, mes méninges
suintent. Déguster comme on tient une pancarte, bientôt la
traversée de Paris tranquille, sans se faire péter le steak plus
que ça, avec sous le paletot le DVD du dernier Mission :
Impossible enroulé avec la hampe.
Sur la planche en
éventail comme dirait Brigitte, j'ai déposé quelques tranches
fines de Comté, elle vont s'attendrir avant la croque. De l'autre
côté de la baie vitrée grande ouverte sur un printemps qui bombe
le torse, le hamac m'attend pour ma digestion au méthane. Ce sera
pour tout à l'heure quand j'irai fredonner avec le merle les airs
enjoués du dernier Bertrand Louis. Je repenserai à Baudelaire, puis
Verlaine, je relirai quelques textes des « Fleurs du Mal »
si le tangage ne m'embarque pas. À moins que je ne me fasse pomper
copieusement le cépage Glyphosate par une femelle moustique que nous
aimons tant.
Clavecin « Because »
pose la palette direct et ouvre l'heure époustouflante. Une petite
baffe les amis. Je n'aurais pas piqué un hanneton en voyant la
pochette et le nom qui va avec, du Syd Beatles je vous dis. J'ai un
vague souvenir d'un album des Simian qui avait en plus electro tâtait
du côté pop Fab Four dela sorte. « Lovely Suzy »
titille même le Harrison inspiré et l'ensemble un Caleb Landry
Jones hyper produit et polissé.
Certes ça va faire râler
les anti-revival rappel vintage rétroviseur en folie, mais et bref,
le son culmine, la prod reluit, le jeu excitant happe, ambitieux,
comment trouver encore de telles mélodies avec tout ce passé pop
massif et fastueux. Il faut rester jusqu'au bout, « To
please you all » et « The pagan truth »
sont des bijoux de 6 min.
Oubliez la pochette, ce
double vinyle est luxuriant, pas plus sombre que ça.
Oubliez le pseudo du bordelais pareil, je vais me faire une cover à
moi avec un blaze perso en écoutant ce brûlot, genre Arthur Kinks,
Art Barett.... Je vais pourtant aller acheter cet opus du côté de
la rue Saint Sabin, chez le taulier Born Bad.
Arthur
Satan 2025 « A Journey That Never Was »
sur Born Bad
Il y a donc eu un nouvel
IDAHO. Les 13 ans d'absence auraient dû décupler ce beau retour
embruiné, quelque soit la distribution. Les californiens ont fait
les beaux jours de mes 2000's (auprès de Grandaddy, Spaklehorse, Low..
dans le genre) et un peu plus encore.
Un an qu'il est sorti !!,
personne ne m'a rien dit... c'est ma came pourtant, ce sec son en
poisseuse lenteur qui me traverse. Je vais réserver tout le reste
pour me focaliser, ça tombe bien, une chaleur inattendue nous tombe
dessus alors qu'avril met son jaune crucifère à terre. L'ombre d'un
arbre pour ne pas me cuire le casque, peut-être les gambas au
soleil, le nouvel album d'Idaho tout le laps de temps qu'il faudra,
il est tout pile-poil comme j'aime, doucement, le strict minimum.
Rien à voir avec un
confinement. Je me souviens très bien encore il y a cinq ans et ce
recroquevillement, le cul dans l'herbe à souffler, à fouiller
l’alentour de proximité, approfondir les quelques encablures.
C'est finalement le seul moyen qu'on ait trouvé pour stopper les
guerres et les avions. Je me souviens d'entendre souvent mes
grand-parents afficher cette phrase qui me sidérait.. « il
leur faudrait une bonne guerre... ». Peut-être je sortirai
bientôt une même idée à la con.. genre « Il leur faudrait
un bon confinement à tous ces cons.. ».
Rien à voir avec le
confinement mais je suis bloqué à l'étage de mon toit, pour cause
de travaux. En bas c'est le chantier, l'odeur de plâtre, le vacarme,
la cloison qui tremble, là-haut, c'est la mansarde, la lumière
oblique, le cocooning tuilé, seul étage où personne du dehors n'a
le droit de monter. Les vinyles, les livres et les Compact-Disc y
sont soigneusement déposés. Le rocking-chair s'y balance, les
canapés sont racoleurs et le son délicieux. L'ordi éclaire la
sous-pente blanche, les disques laissent passer la profondeur prune
de la peinture murale. Le parquet grince et je laisse le grésillement
des galettes me bercer.
Oui, pourquoi je vous
raconte ma vie comme ça, je suis en fait tombé sur un album oublié,
comme tant d'autres, comment peut-on tout écouter nos pépites si
tous les jours il faut laisser le confinement dans le confins des
souvenirs !! Je suis isolé en haut avec Catherine Lara et son
premier album. Remugles d'émotions pétrifiées. Au moment où la
rockeuse inondait les ondes, je revenais avec sous le bras « Ad
Libitum », totalement improbable (Je crois que j'ai le même
problème avec le premier Lenorman).
Ses chansons en
coquelicots crépons sont éditées par April Music, la poésie est à
son comble (aménagé). Boublil à l'écriture, elle aux notes. C'est
une jolie époque pour plein d'artistes qui sont devenus autre chose
après. Je sais pourquoi maintenant j'aime tant Marissa Nadler des
forêts. Il y a un vinyle de Joan Baez rangé pas loin .. comment
j'ai classé tout ça moi ? Pochette noire, visages en
clair-obscur, avril c'est surtout la mort d'Orion. Pas évident de
mettre Catherine Lara sur la table, qui la connaît ainsi, juste
avant le petit jour, le cœur à découvert ?? Un quatuor
acoustique habité, Denise Glaser en onde protectrice, « L'étranger »
religieusement qui me fait penser à « La veuve de Joe Stan
Murray ». Tout coule au gré de son chant et des
enjolivures la vêtant.
Quelques heures confiné,
je n'aurai sans doute pas retrouvé Catherine à l'étage, la Lara
land des beaux jours, la mienne cet après midi sous la pente, « Ad
Libitum ». D'un autre temps.
J'avais sûrement besoin
d'une nouvelle peau. Un instant magique. Je zappe musique dans le
vide depuis quelques jours, j'écoute de vieilles choses qui me
réconfortent certes, mais en décalage total avec le foutre
pollinique des nouvelles lumières d'avril.
Sur nos abris,
l'indécence des branches, le fécond même la nuit, et au bal des
couleurs sucrées à butiner, la liste est longue. L'opéra des
oiseaux, la course des feuilles, et le silence débourré entrelardé.
Je fouille sans espoir déterminé, je picore la croûte, il me faut
un truc qui gigote et s'entortille. Et puis à travers ma cave à zic
(et un souvenir Magic!), l’arrêt net sur cette petite grenouille
et la boucle qui démarre.
C'est une écoute
raccord, l'accord parfait avec l'air qui jute là juste alentours et
même au creux des rhizomes enfouis.
C'est un signe pour moi,
cet album séminal en boucle et cette respiration profonde sous mon
Cercis éclaté par le haut soleil dans l'axe. Dès la
troisième chanson « Line Back 22 » j'ai squatté
pour ne plus rien lâcher. « How long can you keep up a
lie ? » et un clavier qui se mêlé au tronc... « 10
Ways.. » et son petit accès de fougue sur « Exhaust
the topic »... « Puddle.. », je ne
connais absolument rien d'elle, je suis vulnérable, comme j'ai pu
l'être très souvent avec Kazu Makino.Et puis tiens, la pochette plombée est très jolie.
À peine émergé du pavé
« Turn the Beat Around » de Peter Shapiro,
je tombe sur cette remise à zéro de Francis. Un album à bousiller
toutes les soirées blind test; qui, quand, où ?. Steve Dahl
doit s'agiter la paillette dans sa tombe.. il est pas mort ??
bah le disco non plus. Il n'a jamais mouru, il s'est même glissé un
peu partout des zazous à bien après qu'on ait cru l'avoir tué.
Inferno, Moroder, HI-NRG, penthouse musical, Studio54, politique,
Chic, social, Paradise Garage, freak, de la cave au dance floor.. et
les Maxi Extended Remix à la sauce dancing machine sur à peu près
tous les groupes de rock qui n'en répondaient pas, même Led
Zeppelin.
« Need you
again », « Back it up », « Broken
Glass » du Francis et le corps se laisse aller.
Les vinyles inondent à
nouveau, comme c'est bizarre, tout revient et les abeilles gisent,
même Barry.
Johnny à Pantin 79
jouait le jeu, se pinçant du disco sur le final « Le bon
temps du rock'n'roll » de Bob Seger qui a discoté lui
aussi .. « lewok'n'roll est là pour rester» qu'il
a hurlé le Jo, presque touchant. Trois
ansaprès ce live
avec le costume du King qui a discoté lui aussi, il chantait son
« Veau d'or Vaudou ».
Bref, dans ma chambre au début des 80's, il y avait adossé à cette
prise mythique du Pavillon de Pantin, le « Main
Course » des Bee Gees,
l'aube d'une erre nouvelle pour les frangins. Et moi, tout m'allait,
King, Gees ou Pantin quand on avait plus rien à Smet.
Shapiro
et son fleuve sur « L'histoire secrète de la
Disco » bu, je me
laisse embarquer par le nouvel album de Neal Francis avec sa tronche
Jagger qui a discoté lui aussi, comme plein d'autres, comme moi,
comme ce grand sapin sans cône du quartier de Buttes aux Cailles
complètement vêtu jusqu’en haut d'une écharpe de Glycine mauve.
Je arpenté la Rue Gérard à l'écoute de ce disque improbable. J'ai
dû faire un tour entier sur moi même quand « Back
it up » est passé en
plein pavés. Le conifère lui tanguait sans cesse sous le vent
couloir infra basse pas loin des Cinq diamants, avec son écharpe Sly
violette au parfum Nil Rodgers.
Quelle
coïncidence ces pages et cette musique, quelle évidence.. le disco
..il est là pour rester.
Viens là mon petit
bichon, ils disent plein de saletés sur toi, papa est là, on va se
remettre un petit coup de « Negative earth » dans
le cornet, la version live 74 en plus, histoire de bien leur arracher
une larme de résipiscence à ces mesquins.
Il faut défendre la
chose et rendre justice. Alors, va falloir choisir la bonne pièce,
le bel argument et pas se vautrer le papillon avec un « Turn
of the Tide » ou « River of Dreams »
et tendre la batte aux hyènes.
Juste après ce qui est
sûrement leur sommet studio unanime (« Everyone Is
Everybody Else » 1974), sort la même année le « Live
74 » qui rivalisera avec « Live Tape 77 »
pour les aficionados. Cinq albums à mettre en scène, un premier
bilan, Lees est barbu, Les est toujours chevelu, l'inspiration est au
sommet, cette prise londonienne est dorénavant une référence.
Certes il y a le « Mockingbird » pour le final,
mais il n'y a pas le « Child of the Universe »..et
ça, faut en profiter. J'avoue à la décharge des détracteurs, au
même titre que le mur du Roger ou la biquette du Brian, que le
groupe s’appuie beaucoup trop depuis des lustres sur ces deux
morceaux piliers récurrents.
Y a t-il des madeleines
pour l'adolescence ? Quand la musique diffusée est de son
propre choix. J'étais doux, réveur en retrait de tout après
l'enfance, je me laissais vivre au fil des saisons et les punks
étaient des aliens, qu'est ce qu'il m'a pris de me réveiller au
sortir du collège, j'étais bien moi avec mes vinyles sur mon
Grundig sous la mansarde à contempler la plaine sans rien faire
d'autre, sauf peut-être chevaucher ma bécane pour aller vinyler
chez un disquaire ou une bibliothèque. Je me souviens exactement des
choix de celle de Chartres quant aux disques à papillons proposés.
Le « Live Tape », j'en ai claqué ma
mitraille pour le mettre dans le caddie de Rallye. Et encore à sec
en carbure avant les prochains, « Face to face »
et « Victim of circumstance » en cassette. Ça se
méritait un album à l'époque bande d'ingrats. Et puis la mollesse
du « XII » sur les rochers de
Perros-Guirec, pendant les vacances de Pâques 1985 à boire le
celtique de « The closed shop ».
La madeleine est pleine
comme une huître, une perle dedans, ce «Live 74 »
tombé bien longtemps après, quand l'affect récurent s'est déplacé
vers les débuts, laissant l'adolescence sur la grève des échouages
« Gone to Earth », « Welcome to
the Show » qui restent recroquevillés dans le dos du
gâteau pour mes contemplations d'un autre temps. Calmez-vous, je les
aime encore ces opus, tel « Octoberon » en
drapeau comme des aile, il est juste question ici de défendre son pain.
Bref, un live à écouter
pour les live, et pour le groupe, pour ceux qui ont encore un doute,
aussi pour refaire le lasure d'un vieux mur ligneux qui craquelle. En
tout objectivité, c'est un grand disque :)
La belle Osmanthe en haie
parfume le chant du merle, il n'en faut pas plus pour imaginer la
journée autrement, son haleine de fruits tièdes aux ondes de jasmin
mets en ébullition quelques idées que je cherchais jusque-là. Il est très tôt, pas
impossible que je relativise beaucoup de choses aujourd'hui jusqu'à
mon prochain passage ici. Les fleurs oléacées aiment se faire
remarquer, j'ai pas l'air con avec mon Bel-ami sur le paletot.
Le jour apparaît au bout
de la voie ferrée, dans quelques minutes le festin du nectar et la
haie se pavane. Mes yeux prennent l'aiguillage, les petites fleurs
blanches courent le long de la tige et montrent du doigt la
direction. Le temps repartira quand le haut de la plaine passera au
vert, pour l'instant l'incendie prend, le ciel m'écrase et je
cherche une musique à écouter.
L'Osmanthe a susurré son
âme albumine, c'est tombé comme une haleine fleurie, de buisson en éveil, « Toi là-bas ». Le pointillisme
colza jaunit l'étendue, dans quelques temps je valserai à nouveau
avec les lilas.
J'ai trouvé la bande son
pour démarrer le potron-minet, l'hameçon. J'ai vu les 100
prochaines années sur scène, y'avait « Ma gueule »
déjà, c'était beau et doux, délicat comme le lourd parfum
silencieux des petites fleurs crèmes du jeune matin. Plus mélodieux
que jamais, une embellie, le feu s'éteint, il n'y a plus que du vert
partout..il va falloir y aller.
Albin de
la Simone 2025 « Toi là-bas » sur Tôt ou Tard
Les manuels de survie et
le macaron devient radioactif et faisandé, cinq ans après le fiak
politique et la pause humaine. On ose tout, comment les envoyer au
charbon chargés de consignes. Tète de linotte au pouvoir,
l'amateurisme patauge dans la marée noire normative. La vase et le
naufrage est long.
Le contenant préoccupe,
dévidé dedans et la croûte croule sous les lourds édifices avec
l'abrutissement parpaing des souffles courts. Bosser pour un obus,
opprobre à la pointeuse.
Qu'à cela ne Thinienne,
j'ai le son de Lynott dans la tète. C'est le bassiste, principal
compositeur et chanteur du groupe et « Baby face »
galope (tiens donc). Mururoa, radioactif, faisandé et en plein
nuage, les Thin Lizzy naissaient.
Piles plates et vêtements
chauds à prévoir, frontale Barilla al dente et suppositoire ardent,
c'est qui cette « Sarah » ?
Qu'ils aillent tous se
faire braiser la rondelle avec les fascicules abrasifs d'urgence
coûteuses, faut pas contracter, compote à la Biafine pour
l'estomac.
Sous l'effet des sessions
acoustiques à paraître, j'ai ressorti les albums du Lizzy. Lisier
ce qu'ils veulent, je n'irai pas dans un bunker, ni dans le Dakota.
Juste « Eire » de rien, voire « Dublin »
en plein air, quoiqu'il arrive, sous un ciel incandescent sans
manuel.
Thin Lizzy
1972 « Shades of a Blue Orphanage » 1971
« Thin Lizzy »
Ce garçon, en dehors de
refaire le son des papys prog genre Tull and Co, Caravan, Elmer etc,
sort très régulièrement des opus sonores aboutis, puissants et
très chiadés avec toujours la même dégagement alentours.
C'est un énième drapeau
brandit du genre, car si la tiquette Kokalane vibre encore
sous les décombres de quelques acharnés, il est des acteurs qui se
battent et ne lâchent que dalle, défendent et guerroient sans
barouder. Ian Anderson à l'Olympia... Steven Wilson à Pleyel. Bref.
Ça bataille à manger un toit, étoiles abyssales au plafond.
C'est une belle
transition en apothéose pour les disques avec un morceau long sur
chaque face. J'adore, je prends les 2 côtés d'un bloc, ou en deux
fois..j'adore et récidive.
Ce mec là travaille
non-stop. C'est un style, un genre, une famille..que dis-je..un
monde. Steven Wilson envoie sans cesse.
Autre duo paysagiste,
Grubbs & Connors. La palette devient marécageuse, les notes se
morfondent, il n'est pas question de performance, mais de création
avec recul et cogitation, pauses et introspection. Nuancier en berne,
apesanteur ou profondeur, les instruments sont aussi travaillés. Oui
je sais, mis il fait aussi nuit au printemps. Piano effets,
somnambulisme en pleine journée, grattes hyper mises en rêve.
C'est une lumière
précise à ce juste endroit. Un équilibre d'entités sous les
tuiles de Room40, s'il vous plaît.
David
Grubbs & Loren Connors 2024 « Evening
Air » sur ROOM40
Guitare et batterie
farfouillées, le méditatif est cinglé. Les cordes et les peaux
sont travaillées au corps jusqu'aux mânes. Du vieux jazz psyché
réunit les deux âmes en fusion. C'est un live, une performance
minimale, harmonieuse battle explorée, deux faces de 25 minutes
environ, j'adore ça. Ça pourrait être une heure sur un seul
morceau. « Beginning » et « Conclusion »
c'est pas la même chose. Shulze, Tubular.... The Necks.. j'adore ça.
On a le temps de
s'immerger et on va pas se gêner. L'impression qu'ils sont plus
encore. L'expérimentation vivante avec un filet d'acidité des 70's
quand les piliers du jazz abaissaient leur pH.
Je connais Ambarchi et
ses balades chez Hapna, Tzadik, Touch, Editions Mego, Textile, Drag
City, Staubgolg et Rune Grammofon... ce duo est une découverte,
deuxième trace physique pour eux.
Le son est jouissif, la
pochette me tue. « King Regards » objet
physique extraordinaire.
Oren
Ambarchi & Eric Thielmans 2025 « King
Regards » sur AD93
Félicia repasse par ici.
Elle est cyclique, instrumente mes pensées. De nouveau les montagnes
avec un bleu. Elle arrive et à nouveau me prends la tète entre ses
mains, me murmure l'engourdissement de mon ressort, éponge mon
agitation. Mon corps tout entier est passé par le siphon, moi qui ne
prend jamais de bain.
Une saignée des tendons,
bavardage siphonnée, je me laisse prendre par le sable de mon
fauteuil et je grimpe à nouveau dans mes souvenirs, sur les flans
obliques du ravin de Méouille, au creux des combes du Pelat.
Il y a bien longtemps, je
me suis assis sur la roche grise du mont Pelat. Tout en haut. Le
grand vide d'un côté, la vallée dévalant de l'autre avec le lac
d'Allos en contre bas, l'espace ne s'est pas arrêté.
Elle est avec moi et tant
d'autres avec, je revis mon Mercantour d'alors avec le vertige en
plus, juste le corps qui parle et la pensée à la merci de tout, la
sensation inoubliable susurrer là par cet album. Grimper d'un pas
lent écouter son espace, tout regarder au ralenti, l'horizon montre
les dents, le ciel se fonce, le vent dans la capuche chante, et mes
godasses sur la molle terre éponge déneigée depuis quelques
semaines seulement suggèrent le battement. C'est le son de mes pas
lunaires. Sans bouger, Félicia est venue farfouiller ma tète à
nouveau.
Félicia
Atkinson 2024 « Space as an Instrument »
sur Shelter Press
Le rock à Billy pas pour
moi, le Wock'n'Woll à la rigueur, mais de moins en moins. Elvis à
très petite dose, par contre Gene Clark.....
Et voilà ma douleur. Je
découvre en pleine poire, un album de Gene Vincent que je pensais
rangé dans les gaufrettes du Rock'n'Roll à Billy. Cliché.
Dès la première note je
glisse. « Sunshine », personne ne m'a rien dis,
jamais. Bravo les amis. Ce morceau, c'est Vincent, pas Clark du coup,
et pourtant. Du Mickey (Newbury) aussi, plus que de l'Elvis. et
l'album défile. Certes du Rock'n'Roll quand même, mais vachement
grignoté par les 70's et le Western. Le pavé tombe avec dedans une
sensation Rory Gallagher, « Slow Times Comin' ».
Quasi 10 min, quel pied.
Cajin Colinda câline qui
cajole au violon de saloon. Mais je ne danse pas, alors assis sur le
tabouret du fond, la « Geese » me récupère.
Retour au Gene,
« 500miles »..en mode à nouveau Clark et Newbury
(Mickey).
Je découvre, ou plutôt
je n'écoute volontiers Monsieur Craddock que depuis quelques jours. Avec
ce vinyle extraordinaire éponyme à la belle pochette, son avant-dernier.
Et de descendre de
l'étage sous le charme de ce bon son, ma compagne ajoutant, « c'est
joli ça, on prend un truc ? Tu veux un Gin Vincent ? »
(dédicace au Toine).
J'ai scarifié la
croûte, il a beaucoup plu, le cou tendu luttant de la pâquerette
sacrifiée a rangé ma ferraille. Il fallait bien un peu sacrifier.
J'ai abdiqué. Ma sueur sur le lombric, le merle s'est régalé. Vers
salés, vers quelle solitude la narcisse sort de la boue. La
perce-neige fait la moue, révolue déjà et pourtant tout renaît.
Le crocus et les crocs, l'impatience. Je suis rentré m'abriter.
Pas envie d'être
zigouillé dans le Zigourrat, alors je zigzague et cherche. La
musique est ma religion quand la plaine ne veut plus de moi. Je
fouille et far-fouine. Je connais, c'est déjà entendu. C'est frais,
j'adore, je réchauffe. Les étiquettes à la corbeille
j’approfondis, ça me plaît. Les clichés oubliés.
Découverte sur des
terres remâchées. C'est vachement bien ce disque. Des radios en
tète, des ondes qu'on sait déjà et surtout ce tantôt à chercher
du son à écouter, un truc nouveau pas très neuf. Assis sur mon
lino, Bony brame et chante, il règne sur mon oisiveté.
The Bony
King of Nowhere 2024 « Everybody Knows »
sur Unday Records
Il s'agirait plutôt de
causer de la disparition des abeilles.
Un discours martial, un
siècle disparaît. Les tracteurs épandent toujours autant …
certes, concourt de chibre planétaire et menace nucléaire … la
rengaine, mais creuser des tranchées à nouveau sans pour autant
semer, on rêve mon cher Watson. Le bipède s'est dressé avec un
silex dans les paluches pour faire du feu et récolter. Pour égorger
aussi. Les réseaux sociaux.
Mes parents sont nés en
1943 sous le bruit des bottes et des obus. Je les ai embrassé ce
midi encore en leur lâchant. « eh merde, si ça s'trouve vous
allez vous barrer avec le même bruit, sans les abeilles ». Leur boucle, les
cycles, une spirale.
J'ai toujours été
partagé entre le rejet et la haine. Au moins avec la misanthropie on
peut développer quelques intelligences écrites en laissant pleuvoir
les squelettes blancs et couler le sang délavé.
Alors, je n'ai pas dit
que la pluie ça mouille, elle inonde aussi à notre échelle. Pour
l'instant elle donne des couleurs rosées à mes saxifrages qui se
réveillent. Du coup, le reste …. question d'échelle.
J'ai la bêche en feu, le
plantoir en rut. Le ciel est silencieux et le pollen féconde le
vent. L'Est et l'Ouest ont la même odeur, la terre tourne.
Une envie de m'enfoncer
l'asticot dans l'humus. Et je n'ai pas parlé de faire l'autruche.
Juste se faire du bien dans la taupinière, accepter la terre, avoir
conscience du cosmos et embrasser la gorge des myopes souterraines.
Sombre glorihole à plat
ventre la tronche dans les Véroniques tendrement bleutées et la
Cardamine en joue prête à catapulter ses graines, biner un peu pour
revivre, tenter le bulbe assoiffé dérangeant la chrysalide enfouie
et tomber sur un obus des années 40. Je kiffe le monde.
Eméraldine en cime, la
dîme jazz sur nos âmes. Une étendue dark cyan jusqu'au dôme
pointu blanc suce la calebasse. On s'accroche et on descend, suspendu
sous le plafond. Les parallèles sont arrondies et la rivière
remonte vers le bleu céleste. J'ai des doutes sur les sens. Et l'endroit où je
suis. C'est un jazz que j'aime particulièrement. Il est bleu, free,
expérimental, tendu et un poil post-rock, détendu et imaginé à
l'envers, la neige au bout tout en bas, la boule à flocons que l'on
renverse dans son huis clos. Sax cordes et peau, la délicatesse
acidulée des altitudes, éminence azur.
C'est un point de vue
extraordinaire sur l'inimaginé calé sur cet endroit unique.
Dénovali est un univers
parallèle. The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble est son jazz affect.
The
Kilimanjaro Darkjazz Ensemble 2006 « The Kilimanjaro
Darkjazz Ensemble » sur Denovali
Je nage comme je
peux au milieu des moutons. Plantés, les grands arbres à hélices
ne sont pas des phares, ils donnent juste le sens du vent. Il y avait pourtant les moutons. Mais où
sont les falaises ? Les poteaux de craie ont des reflets
d’outremer, les abysses sont peut-être plus proches que la côte,
j’ai pas mon tuba. Anémones à terre, éoliennes de mer, je suis à
bout de souffle. Ventilons. Ces pâles pales qui tournent allument
l’ampoule du phare que je n’arrive plus à voir. Quelle connerie,
tourner en fond. Mon angoisse est palpable, dans quel sens nager ?
Tranche de hasard définitif, mon front hagard sent les récifs,
« étouffer les sirènes ».
Quel drôle de
rêve avant d’aller à nouveau me plonger dans ce bain de fadaise
d’entretemps. J’ai la trombine salée et mes draps sentent le
varech. J’ai pas regardé le 7-0 on s'en foot, la rade ne prendra
jamais l’eau. Quelques tempêtes seulement. Les rades en zinc. La troisième mi-temps
dans la troisième dimension, une mise en bière animale avec les
matins assassinés. « Miossec, tonnerre de Brest »
invitation au voyage en ARTE, et voilà mon déclic citrate. Foutu terre du Finistère
qui tangue sous mes quatre fers. « Boire »
en boucle du coup, pour les souvenirs, l'album contagieux, ça m’apprendra,
la prochaine fois j’écoute « Baiser ».
Et Sheffield me tombe sur la peau. A
force de me faire cracher dessus par ce ciel vérolé, l'idée d'être
aspergé par moult giclées cellulaires m'est venue comme une averse.
Tant que les ligneux ne suceront pas la terre, la boue nous collera
toujours cette moue tenace. Bientôt le bourgeon, la pompe vers les
cieux, débourrage et envies d'y ajouter sa gomme arabique, en
attendant la peau duveteuse sur le velours du sofa, toujours
l'espoir.
La ville est sale, les tronches sont
dégueulasses, des fantômes font la marelle sur les auréoles
mordorées d'hydrocarbure, bitume la grise, des yeux sur la rivière
de caniveau, le gargouilles entendent tout. J'ai un chef d’œuvre
dans la tète. Des cuivres graves, de la grave Brit bien lourde avec
accent et chœurs, J.Cocker de Sheffield, pas Joe, mais Jarvis, la
chaloupe timbrée, la pochette Roxy, l'idée de tanguer sur de la pop
sensible bien bâtie, les violons sur des claviers crachins, 1997 en
apothéose. Ma fille avait 2 ans, mon fils naissait, j'avais quand
même le temps de bouffer de l'opus sonore dans sa plus belle
texture, danser un slow sur « Dishes » et de me
bouffer la « Sylvia » dans sa flotte. Quel
disque !!
L'intro à la Arab Strap du titre
éponyme a toujours tendance a faire vriller mon attitude et mes
gestes dans mon huis clos qui passe du sérieux au sulfureux, cuivres
zombies, Jarvis incarne au maximum, double pavé, monument.