lundi 14 août 2023

Casagrande

 


Chaque instant est posé sur Kodachrome, une pochette diapo, on gardera cet instant des « Villes sauvages » comme la photographie d’un moment de doux bonheur mélancolique. Un album délicieux défile, une soirée photo, des gens que l’on aime dessus, devant de beaux paysages nostalgiques. Notre enfance est déposée au pied d’un arbre, le vent se lève, les oiseaux laissent chanter les herbes.

Tout ce que j’aime cette discrète apparition, ces touchantes ballades. Sur la même étagère que Franck Monet, Albin De La Simone, JP Nataf, Bertrand Louis, Fabien Martin, Thierry Stremler, je déposerai Casagrande. Se poser et écouter le sépia sur l’écran de projection blanc déroulé. De belles personnes sont là, des sourires, de grandes respirations, des paumes qui se touchent, des joues qui se collent, quelques éclats, une larme, des moites odeurs sur un silence rempli de prunelles. L’histoire défile, les anecdotes reposent.

C’est cuivré, c’est l’hyper intimité déposé, les sentiments ondulent douillets. Les cordes graves dansent et se déhanchent comme Jeff Halam, les claviers sont légers, Fabien Martin colle sont papier peint. Armelle Pioline est là, Zoé Colotis aussi. Oh les belles chansons de par ici.

Tous confinés à s’aimer, un puzzle de 8000 pièces, des baraquements à s’isoler, mes murs sont pleins de « Villes sauvages ».

Noir de souvenirs, gorgé de campagne, l’ensauvagement des villes nous ramène à l’humus. Et dire que je suis né sous Pompidou… ah mais nan, sous De Gaulle, à qq jours près. 

Casagrande 2023 "Villes sauvages" label : Littoral records

https://casagrandemusic.fr/

jeudi 3 août 2023

PJ Harvey - 2023

 


La table de coupe a mangé l'horizon. Les moissonneuses ont quadrillé. Tout alentour chuinte couine et rechigne. La chaume est étendue. Un malingre coquelicot semble avoir été épargné. Il est là à danser debout jaillissant de la paille allongée.

Il n'est pas fier plus que ça, d'avoir échappé aux dents du mastodonte. Il est juste là, à danser, entier sans être altier.

Tous les cœurs palpitent encore, le gibier s'affole, la terre rasée, tout est à nue.


L'acier a ébarbé. Sous un sirocco de poussières de blé l'ocre s'est allongé. Tremblez bromes et pavots, les grosses machines à dents grondent.



Une branche érodée sous un soleil cuisant, albédo sur sable blanc, sol de titane bouillant, tous les enfants questionnent. Des sons sourdent, des acoustiques lancinants luttent. Un coquelicot survit, sauvé des faux. Orphelin des euphorbes et des bleuets, sans aucune fierté, il tangue lucide, le rouge aux joues, tous les jours suivant seront des contentements. Et Août chante.


Août imbibé plante son automne, vermillon Papaver se dandine plus encore. Il repeuplera la prochaine saison de ses graines noires tombées sur la terre d'une année qui dépérit.


Qui d'autre que Polly Jean pour crâner humblement devant les dents de la table de coupe des grandes élagueuses.


Tranquille ce soir entre les murs blancs, les parfums vont revenir à nouveau, un genou à terre sur le ponton. PJ23 sera mon code de flottaison sur les grands horizons ras de paille, le divin coquelicot.


PJ Harvey 2023 « I Inside the Oldyear Dying » sur Partisan records.

Manic Street Preachers - 2004

  En couple les oiseaux, ça sautille sec sur la parcelle fraîchement fauchée. J'ai toujours eu horreur des couples qui vont faire leu...