mardi 28 février 2023

George Harrison 1973


 

1973 est l'année où George Harrison a créé « The material world charitable foundation ». C'est aussi la sortie de son quatrième album solo « Living in the material world ». J'ai longtemps cru à un album posthume tellement il fut absent des promontoires que je visitais. J'ai toujours été un peu perdu avec cet opus, même ma réédition 2014 ne mentionne pas la date authentique. Quelle fâcheuse manie d'estampiller la date de résurrection dans les crédits.

1973 donc et il aura fallu digérer la montagne..que dis-je la chaîne de cimes de « All Things Must Pass », les bottes en caoutchouc, la mort des Beatles et les nains de jardin. Une grande respiration plus tard, toujours chez Apple, George après trois ans de « silence » reprend sa discographie, il n’arrêtera pas jusqu'en 1982.

C'est un joli et troublant disque cette confirmation solo. Son monde à lui se bâtit. J'ai encore « Beware the Darkness » dans l'échine et tout le temps j'aurai du mal à lâcher ses bottes de jardin. Pourtant, j'écoute souvent cet objet touchant coincé entre le chef d’œuvre « Red Rose Speedway », la daube « Mind Games » et l'affligeant « Ringo ». « Band on the Run » pointe son nez et les scarabées tiennent le cap avec le bleu et le rouge. C'est dire qu'il va falloir se frayer une visibilité...ou pas. Et on oublie tout le reste, cet Harrison 1973 au casting infernal est là. Une garden party noire de monde sans nains (quoique), la liste est longue, même s'il n'est attablé que 6 apôtres.

Je suis resté un peu boudeur avec la suite, l'effet Beatles se dissipant, je me suis contenté de l'excellente compilation 89 « Best of Dark Horse 76/89 ». Je répète ici, « All Things Must Past »1970 et « Cloud Nine » 1989 sont mes sommets Harrison.


Comment se débarrasser des odeurs Apple sur le manche de la guitare en 1973. C'est pourtant et sûrement le début du reste de sa vie artistique à George.


George Harrison 1973 « Living in the past » sur Apple

jeudi 16 février 2023

Nils Frahm - 2021

 


A mes pieds, un bourdon vient déguster la bruyère. Ce petit buisson bas d’Éricacée est en fleur depuis la fin de l'automne, nectar d'hiver. Si la nuit blanchit nos aurores, mon après midi tiède à des allures de printemps. Du coup, je suis installé au soleil pénardos avec un bouquin, et juste une pelure à capuche pour pas me peler le caillou. Cette pause réparatrice extérieure me manquait comme jamais.


Le temps est déposé, tout se recroqueville pour s'ouvrir plus beau. Des remugles de confinements viennent effleurer mes chimères. Y'a pas si longtemps ce truc, comme une hallucination. C'était bien ce doux délaissement, ce temps superbe allongé à regarder le ciel sans avion, un entracte au tumulte, ce délassement. Sentir comme le brouhaha qui tombe, le gibier s'approcher pour nous susurrer sans rancune la compassion alors qu'ils pourraient se foutre de notre trombine et nous becqueter les yeux.

C'était bien les ravagés du bulbe cloîtrés, le monde feutré, les poumons libérés, le dos posé. Tout est tellement reparti trop vite qu'on a l'impression que ça fait belle lurette qu'on tentait de réapprendre à vivre. Suffoqués à remettre les gants, courbaturés, y aller comme si de rien n'était, et on nous dit qu'il faut en plus s'en acquitter. Finalement rien n'y fera tant que tous ces culs n'iront pas se faire cuire.


Depuis quelques mois, il m'est devenu légion de pouvoir m'ankyloser les roustons, de me passer une nappe de néo-classique sans qu'aucun chuchotement ne vienne froisser ce flottement divin. Je vais quand même pas me foutre la tronche dans un plastron, me faire greffer des paupières pare-balle.. une heure de tranquillité à me délecter, ça leur arracherait la gueule !!! me vautrer sous un chaud soleil lunaire avec le bourdonnement diablotin d'un maître butineur en voix de disparition, juste là, près de mes godasses.


Nils Frahm « Old friends new friends »sur Leiter

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