vendredi 28 octobre 2022

Susanne ABBUEHL 2013

 


C’est souvent ainsi dans mon ciboulot, des liaisons permanentes qui relient mon œil à mes oreilles, en passant par les souvenirs. Juste une lumière suffit, une onde, un paysage, un souffle, une impression.

Tout s’enchaine et le choix des musiques quand je rentre se fait naturellement. La nuit cuivrée y fut pour beaucoup quant à ce choix-là, l’absence de vent, le débit mou des hauts nuages, l’astre froid qui se laisse vêtir et une voix fantôme qui m’a suivi.

Aussi, une fois réfugié dans mon huis clos encore grisé par les senteurs moites, Susanne est venue chanter mon chemin, dire l’harmonie. Sa chevelure automnale pour ne rien laisser dehors. Nous avons ranimé, j’ai tout laissé entrer, ses compositions, sa voix, des textes, son octobre. Elle est devenue ma saison, ce carotène dingue qui enflamma la douce soirée tiède d’où je venais à là d'où je suis.

Tout est suspendu, percusion, flugelhorn et harmonium, même figé le temps défile. L’alentour est endormi, je me laisse sombrer, l'haleine de ma fenêtre entrouverte, ce parfum chaud des feuilles à terre.

Susanne Abbuehl 2013 « The Gift » labem :ECM

mardi 25 octobre 2022

Red Hot Chili Peppers - 2022

 



Comment dire, depuis le temps que le barrage retient tout, comment développer alors que les vannes se sont ouvertes, la tète hors de l'eau comme on peut, une branche, des respirations, les turbines devenues folles, une berge qui glisse, une barque qui nous échappe des mains, la brasse en vain, des rochers à éviter, on se débat, les poumons appellent à la rescousse, il nous faudrait des branchies, si tout va bien on arrivera à l'océan dans quelques jours à condition que le débit se calme, le contre-courant même pas en rêve, c'est trop tard, on est dedans, faut se laisser porter, lutter contre les fonds, baisser la tète sous les ponts, John revenu a ouvert les vannes, depuis le temps qu'ils l'attendent, de l'autre côté le niveau se vide, ici, plus bas, dans le bouillon, les rapides, des chutes, des cascades, des riffs, un rythme insoutenable, glissade fauve, faut s'accrocher ou se laisser porter, qui à parler d'oublier l'abondance, de fuir l'opulence, la pente est Red, tout est lâché, fallait pas s'y baigner, play c'est trop tard, aucune bouée, on est dedans, trop rapide pour les amarres, écarter les membres et attendre le sel, le calme d'un estuaire, puis de la planche en étoile se relever, s'échouer, attraper le sable et remonter la pente, revenir à la rétention, là-haut au pied du barrage, sauter à nouveau pour un énième manège, une autre descente pour d'autres berges, d'autres branches loupées, d'autres rochers à esquiver, la même chute, les mêmes riffs, le rythme identique dans la respiration … à condition de la garder.


Red Hot Chili Peppers 2022 « Unlimited Love / Return of the Dreal Canteen »



jeudi 20 octobre 2022

Seb Martel - 2022

 


Je ne me souviens plus qui a dit qu'il valait mieux une guitare 12 cordes que la discorde.

Le son de cet instrument est pour moi une thérapie.Des accord qui s'égrainent comme on s'aime. De l'objet il est amoureux, Seb Martel depuis bien longtemps est en accord avec sa guitare, ici et un peu partout, son jeu se pose, inspire et construit.

Un album tombe du ciel, aucune couleur, que des nuances, des contrastes, une pluie de lueurs. Des cordes comme il peut en tomber dans un doux déluge de pluie fine, de bruine fantastique, de tendre averse, un crachin amoureux.

L'objet entre les main devient météorologique, délicat, il accompagne la toile et martèle nos sensibilités, longe les inspirations cellulaires, embrasse les cœurs. Plein de monde avec lui, des collaborations, dans les galeries, partout des guitares, celles du Musée de la Musique qu'il utilise ici, innombrables, unique collection à sa merci. Même celles enfouies dans la réserve ont été enlacées par ce musiciens hors-norme.

En pleine pandémie, Seb Martel s'est recroquevillé à la Philharmonie sous des pluies de cordes pour créer cette œuvre où ne chantent que des guitares de tout temps et quelques invités de maintenant.

 

 

Seb Martel 2022 « Saturn-63 » label : Infiné


jeudi 13 octobre 2022

Pierre Barouh - 1982

 


Le lierre d'Irlande au dessus des Cyclamens épouse les nuances de rose. Même le cèdre a déjà aspergé sa lourde poudre jaune, la saison du pollen touche à sa fin. Du séminal, du vital, la reproduction par les airs font des plantes des espèces supérieures. Depuis le temps qu'on nage, qu'on rampe à la recherche d'un liquide pour se répandre, se reproduire, patauger vers l’œuf.

Des muqueuses, le pollen s'en branle, lui c'est le vent .


Le séminal dans les airs, un peu comme la musique en fait, se nourrir sans cesse des notes et des verbes, des ondes et des vibrations. Jouir des harmonies. Nos cellules se multiplient non pas dans les airs mais sous des airs, sous influences, faut trouver le liquide.

Il n'est pas impossible que quelques mélodies, quelques phrases superbement alignés aient caressées mes brins en hélice, mon escalier vrillé de bases azotées qui n'en finit pas.


Quand j'écoute Bertrand Burgalat, il me ramène sans cesse vers Pierre Barouh. Le timbre, la voix, le chant certes .. mais pas que. L'esprit sûrement.

Et là je me dis, le pollen a fait son boulot..il flotte et féconde. Tout est cyclique, ressac, hélice, elliptique, tout tourne, tout revient, danse perpétuelle, pas rond totalement.

Des semences, rien n'a jamais été totalement pur, vierge de toute influence, toujours une trace de protéine qui traîne, un nucléotide qui se ballade, des tronches de cultivar qu'on semble avoir déjà vu quelque part, une situation déjà vécue, ou rêvée, un album comme une arborescence qui ouvre sur d'autres cosmos, des choses qui flottent inertes, d'autres qui exhalent, exaltent, qui se posent et font renaître.

Du pollen partout où que ce soit. Saravah, pollinisateur.


Pierre Barouh 1982 « Le Pollen » chez Saravah

Clogs 2003

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