dimanche 31 décembre 2023

Loverman - "Loversongs" 2023

 


La pimbêche cette rose blanche qui s’épanouit quand le soleil anémié nous délaisse. Il reviendra comme la Pomponette, en attendant on coupe le bois et l’Hellébore se la ramène. Elle fait moins sa maline quand le soleil très haut lui tape sur les feuilles, c'est une assoiffée, une amoureuse des terres engorgées et ombragées, elle a beau nous dire que l'hiver est beau, que l’abeille lui est indifférente, la belle affaire. Elle est du beau monde, de celles qu'on affiches avec des paillettes et des candélabres de tables. Ou peut-être est elle des plus discrètes, timide et solitaire à prendre les regards emmitouflés qui la méritent, le peu de jour qui la dévoile. Elle aime skater des jours entiers les vases emplis, au chaud, longtemps après la fête terminée.


J'ai un beau disque sous mon crane qui chante les abeilles en dormance, l'impatience du vert, la douceur de cet hiver-ci.


La rose de Noël n'alertera aucune ruche, elle est amoureuse des longues nuits, des temps de bouillasse et des tables enjolivées, parées et clignotantes. Elle est juste de l'autre côté, au pied de ma porte fenêtre. « Into the night » aux allures Hazlewood imprègne tout l'espace, Loverman hante. Hellébore frappe au carreau, me fait de l’œil sous les chatons de noisetiers qui se réveillent impatients. Le Solstice d'hiver se faisait attendre, il est derrière déjà, le soleil a entamé sa lente remontée, tout redémarre, les merles à l'aube sombre ont recouvré leurs gosiers, le pollen s'évade, des cotillons pour un nouveau cycle.


Il aura fallu attendre les derniers Saints pour me faire ramasser par cette pépite albe. « Tinderly » pour un réveillon chamanique. Il peut faire gris à cendre tomber, « Loversongs » insuffle une canicule Sylvestre, comme ce bouquet de reines blanches qui fait la nique aux Rosacées des jardiniers. James De Graef a 28 ans, il sort son premier album sous des remugles Hazlewood, Cohen, Hawley... Sous la basse voûte qui nous asphyxie, « Candyman » est un miracle.


Loverman 2023 « Loversongs » chez PIAS

vendredi 29 décembre 2023

Nicolas Michaux 2020

 


Dans la famille Nicolas, je demande le Michaux. Plus aucune gène, on y va tout azimut, on amasse, ça défile. Rassurez-vous je ne ferai pas de papier sur Indochine.

Légèrement par delà la frontière, cet artiste anglophone nous provient de Belgique. « A la vie, la mort » depuis 2006 me turlupine, fallait-il une confirmation pour en parler ? aucune idée, je l'ai gardé secrètement et la suite est tombée.

« Amour colère » passe en boucle, basse moelleuse et chaloupée, guitare soporifique, sensuelle rythmique quand on aime le lymphatisme, mélodies simples et attachantes, quand aux claviers ils te prennent par l'épaule. Pour donner une idée, « Enemies » pourrait être un truc de Baxter Dury.

Il est récurent chez moi, posé avec toute cette famille que j'aime écouter dès que mon cerveau est en manque de mots, quand j'ai envie qu'on me parle et m'explique deux ou trois ressentiments. S'isoler avec des dessinateurs de son, des conteurs contemporains.

C'est « Une seconde chance » pour Nicols Michaux, et en plus il y a des « Chutes ». Cet opus date déjà de 2020, il était temps que je témoigne. 70's easy, des chansons à balancer sur l'autoradio, la BO Hi-Fi pour une virée vers quelques retrouvailles.


Nicolas Michaux 2020 « Amour Colère » sur Capitane records.

samedi 23 décembre 2023

A Broken Consort - Crow Autumn


 

L’œil du ligneux comme celui du cétacé fixe notre temps qui défile.

De vieilles plumes chatouillent l'acier d'une lourde clé posée près de quelques fioles remplies d'un jus mousseux d'outre temps, poison ou élixir. Une envolée de feuilles dentées du charme est venue décorer l'ocre sec et usé de la lourde table en merisier. Des cordes vacillent, l'automne est révolu. C'est un point de bascule, le tournent annuel des longues nuits qui s'acharnent. Le soleil va rebondir, il a léché de près l'horizon jauni par l'haleine des champs détrempés, il est punit. Le son en drone flotte avec le vent, c'est la respiration des biotopes, molle et ralentie, elle nous aspire et nous inspire.


Richard Skelton le cou embrassant le bois des cordes de son violon fait chanter l'âme des plaines, lancinantes, enivrantes. Le cerveau est brûlé des odeurs de boue à perte de vue. Je suis face au vent comme les vanneaux qui me scrutent, l'incantation plane de « Crow Autumn » et me dégouline dans les oreilles.



A Broken Consort 2010 « Crow Autumn » sur Tompkins Square

jeudi 21 décembre 2023

Nicolas PAUGAM 2023

 


C’est quoi ces minuscules piqûres de griserie qui viennent nous farder l’âme à l’écoute des chansons de Nicolas Paugam ? Entêtantes comptines qui trottent sans cesse, on rêvasse, on sifflote et fredonne à l’air libre, à la merci de n’importe quel enivrement. Le cœur emberlificoté est à la limite d’un petit pas de danse chassé, juste avant de reprendre le cours ordinaire des sentes. J’ai mon brasero pour ce solstice.

C’est une rechute, la récidive, je suis joliment retombé chez les Nicolas. Il se passe un truc, les Nico s’entassent et s’amassent, astre cobalt cette fois-ci, comme un Brassens chanté par Vanot, un Souchon habité par Vigneault, un Sheller Nataf des parcs et hortillonnages. Et puis tiens, « La lumière est immense » sur cette folle inconscience poétique. Il en a sous le Capo le Nico, et des tableaux bariolés, fauves et chaloupés, ses six cordes nylons aux accords cassés virevoltent et nous invitent dans un autre chez nous. Comment ne pas être charmé par « En pantalon qui va bien ». Il traîne dans ses sillons des personnages décalés, un grand-père, des phrases truculentes, des vieux airs de souveraines chansons d’un autre temps piquées de bossa hexagonale, un Gypsophile Belhomme solaire qui chante sous un ciel sans nuage à peine.Pour ne rien assombrir au tableau, les manettes de mix sont tenues par Fabien Martin, un studio..une famille.

C’est aussi des annonciations, « l’homme, heureux en somme, est un con, au plus vite il doit disparaître… » la patience qu’il va falloir. En attendant, taquinons la paix qui clapote au creux de nos ruisseaux, foulons les graviers et les humus, buvons la silice en se baguenaudant hébété sous les airs malins du ménestrel trouvère Nicolas ….. Paugam.

https://nicopaugam.bandcamp.com/music 

Nicolas PAUGAM 2023 « La Délicatesse » sur Syncop’s

dimanche 17 décembre 2023

Blonde Redhead - 2023

 


La lumière incendiaire transperce la maison, oblique elle vient enflammer la nappe rouge qui ensanglante les murs. « Sit Down for Dinner » transporte mon réveil.

Le jour se lève sûr de lui, le soleil dessine la flèche du bourg en ombre chinoise, tout est lumière ce matin. « Sucre de pastèque » de Brautigan résonne encore sur mon palais, ses nouvelles ont embellie mes heures les plus creuses de la nuit.

Le livre est refermé sur la table du salon, le soleil dehors fait fumer les branches du cyprès et le haut de mon muret. Dessus, le Rouge-gorge malicieux vient s'y réchauffer les pattes. Il contemple les prémisses de ce jour nouveau. Il aime l'hiver qui s'invite.

« Snowman » finit sa complainte, mon antre est clair, je vais prendre ma pelure, ma grosse écharpe et aller faire croustiller les feuilles gelées. Tout se mélange, le soleil pastèque, le sucre fraise des Blonde Redhead, le goût du café dans ma bouche, mon ruisseau qui m'attend juste en bas avec son doux débit mou imperturbable. J'ai hâte d'aller lui parler. Le froid a fait virer les couleurs au pastel, quelle douce matinée mauve.

Je n'ai aucun projet pour la suite, qu'une vague idée de laisser couler ce ralenti. La mélancolie du poêle qui redémarre me réclame une odeur de châtaigne. Elles sont là au pieds du potimarron, dans la coupelle vert bouteille, posés sur la ronde nappe rouge qui s'éteint, une nature morte en sursis. Au retour, je vais sûrement croquer des arbres à l'encre de Chine avec la voix encore de Kazu à peine troublée par le frottement de la plume sur la cellulose assoiffée. Longer le ligneux délicat du pinceau détrempé en laissant dégouliner « Rest of her life », malicieuse anesthésie, jusqu'à ce que le soleil aille incendier l'autre côté de l'horizon, sous l’œil coquin du Rouge-gorge impassible. 

 


Blonde Redhead 2023 « Sit Down for Dinner » sur Section1

vendredi 1 décembre 2023

Marcel Kanche 2023


 

Il fallait palier à ces jours de néant. Tellement de corps autour à gigoter, à brasser grave pour que dalle, des artisans du chaos. L'envie de charger la mule j'ai pris la tangente, je pars m'acheter des disques je me suis dit, comme on va prendre des verres.

Je suis allé glaner du son et des mots. J'ai pris mon temps, le disquaire, la priorité du moment.

L'idée a mûri sur la ligne 27 orangée direction Saint-Michel, la faim au cerveau, l'ordre des bacs à explorer. Aller acheter un disque comme un aguerri, la mission du jour et je me souviens de cette addiction collée au cortex à batifoler tout azimut. Des heures entières à fouiller partout les caisses et les promontoires les esgourdes habitées, les mains nerveuses et les phalanges affûtées.

International, français, indie, jazz ou prog, les jambes téléguidées et l’œil chasseur, je me vautrais en compulsif jamais rassasié. J'ai pesé mon addiction, calmé mes ardeurs, l'achat est devenu sobre et solennel. 


Ce midi, j'ai pris la tangente, j'ai élagué la routine pour aller perquisitionner Gibert. Sans idée précise aucune je suis allé marcher sur la canopée des arbres indigènes et j'ai pioché Séverin, Daniel Darc par Frédéric Lo, « Forêt » d'Antoine Bataille, Marc Delmas et sa « Superficie du ciel » .. Et puis je suis tombé comme une certitude, sur ce diamant brut, un de ceux qu'on ne contemple pas en streaming. Je l'avais dans les mains, je me suis redressé, le reste de la visite ne fut que ronronnements et réflexes .. j'ai barboté crâneur, compulser un peu dans le tout-venant, suis reparti assouvi.



« Elle dit regarde les arbres, ils boivent toutes nos larmes... et les fleurs portent tous nos drames ».

A peine exploré, « Un nid » est devenu cellulaire, impacté d'emblée par la pochette, les couleurs roussies de l'automne, un baume à l'âme. Les titres lus, les textes bus, je n'avais plus qu'à enclencher.

Ténébreux à balayer la mélancolie.. je vais me traîner des journées entières à cabotiner des vieilles idées, à me ressourcer au Kanche qui me gifle depuis des années, deux décennies déjà. Sa bio s'épaissit, il est le vieil arbre noueux régnant dans mon jardin.


Cet album est tellurique, sombre et vital, un banc brûlé à l’orée d'une forêt noire qui nous verra disparaître, enchevêtré dans un soir enténébré, nous dansons mou diaboliquement comme des fardeaux que nous sommes, que nous avons toujours été. Et puis « Figure » de Bertrand Belin ajoute à ma génuflexion crépusculaire. Le son de celui-ci est magistral avec quelques fulgurance post-rock, « Un passage » sur un texte de Despentes. « Un nid », comme un Bashung avec des parfums de Ferré Manset Burger .. à déguster à main nue, seul absolument.


https://www.marcelkanche.com/


Marcel KANCHE 2023 « Un Nid »


samedi 18 novembre 2023

Fabien Martin - 2023

 


 

Je vais finir par ne parler qu'avec des gens qui me parlent. Mes chroniques parsemées deviennent strictement hexagonales. J'aurais bien tenté un truc sur les Stones ou les Beatles de Noël 2023 mais je trouve pas les mots, l'envie est à des lustres. Des bords de mer, sur le chemin au creux de la campagne ou à flan de montagne, plein de chansons où l'on se cherche nous soulèvent.


Et puis, il se passe quoi avec les Nicolas ? Laureau (Don Nino), Falez (Signal Faible), Contant (grande révélation), Paugam (touchante découverte) et j'écoute le Comment en ce moment avec son « Blason », et le Michaux aussi, cet artiste discret dont il va falloir absolument que j'en cause un moment. Le syndrome doit cesser.

Alors dans la gamme des chansons tristes qui nous construisent et nous guérissent, j'ai mon Fabien. Je me permets de dire « mon », car il m'est tombé dessus en 2004, ajoutant à l’arborescence des artistes de par ici sa branche ligneuse belle et fébrile. Des fils conducteurs torsadés du câble qui s’épaissit, il est dedans.


Son « .aMour(s) » flamboyant aurait dû être couronner, mais je sais où je vis. La neige est tombée sur le rouge rose orangé des amours exaltés. Du coup, comme un texte de Tesson blanc, un autre paradis se dessine.

Le flan sous les cimes donne sur l'estacade, rien de tel pour cogiter. Peu importe le relief, mont, colline ou rocher, tout de nous remue dans les remouds, grimper un arpent, ne plus avoir pied, ou tout contempler de la jetée. Pour savoir qui on est, hauteur ou profondeur.

La surface est un naufrage.


Auprès de Fabien une fois de plus des gens que l'on aime, Ours, Jil Caplan (je pense encore à son livre délicieux), le dansant des cordes graves Jeff Hallam (découvert pour moi avec Dominique A), et les cordes de piano dont on entend les os dans la « Boite noire ».


« Les radios qui ne passent pas ».... je sais où je vis définitivement. Fabien psalmodie et met à plat, les ailes un peu voilées. Des gros trucs se détachent en permanence, roche ou glace, ville ou calotte, falaise ou façade, un bout de plafond ou une étoile. En attendant, Fabien Martin continue son chemin, compose et chante sur nos cerveaux abîmés. « Comment devenir qui je suis » danse dans ma tète depuis des jours, il sera au Café de la Danse le 9 janvier (avec Nicols Contant en 1ère partie). Hâte de vivre tout ça littéralement.

https://www.fabienmartin.fr/ 

https://www.cafedeladanse.com/event/fabien-martin/ 

https://www.facebook.com/fabien.martin.77

Fabien Martin 2023 « Je ne fais que marcher dans la montagne »

vendredi 10 novembre 2023

Signal Faible - 2023

 


A point nommé, un faible signal où tout semble vouloir se soustraire vient me cueillir.

Dehors, rien n'est à retenir, et pourtant le vert des arbres semble s'accrocher. Les vents coléreux peuvent bien s'époumoner, le gris demi-jour épouse cette résistance, la feuille et son vert messidor ne lâche rien. J'ai bien vu un con en tee-shirt dans la rue, pas plus tard qu'hier, juste avant une énième trombe de novembre. Tongs dans les caniveaux, sandales dans la marmelade, on nage dans le superflu déboussolé.

La chlorophylle persiste et s'accroche, comment lui dire que c'est mort, de descendre le vaillant drapeau, qu'il faut se soustraire et laisser le « Nom du Domaine » nous parler de l'hiver, de dire au brouhaha de mourir un peu. Sans frimât, comment se réfugier dans les cœurs chauds. Des petites tètes s'agitent partout, des petites idées en feux follets, rien n'y fait. Comment ils vont faire si personne leur dit que l'été n'est plus ?

Le vent chante encore dans le peuplier.

« Nom de Domaine » arrive à point nommé, tellement de souvenirs superflus collés sur cette voix, cette mélancolie recroquevillée, ces accords, cette nonchalance chantant la beauté du silence des bocages et des prairies, des champs et de mes huis clos quand l'automne se la pète. D'autres voix s'ajoutent sur cette « Soustraction », la liste est longue, de Julien Orso Jesenska à Quermalet, en passant par Betsch, Vanot et Cabane, des Julie et un Gontard....puis des noms de frères qui font du bien, Dardenne, Podalydès. J'aime cette idée musicale et chaude de s'accrocher mes cœurs à ces endroits sensibles et permanents pour secrètement passer l'hiver vert avec nos âmes blanchies. Nicolas Falez est de retour et n'oublions pas que « rien ne guérit comme les chansons tristes.. ».



Signal Faible 2023 « Nom du Domaine »

samedi 23 septembre 2023

Don & Françoiz


 

On m’avait prévenu, avec un nom pareil, la P’tite Annick, tu fonces vers le naufrage. Autant, j’ai toujours eu une attirance pour la petite agitation, l’ondulation facile, la tendre houle et les embruns sur les yeux, autant je fuis la tempête. La bave aux lèvres et la mousse fouettée sur les rochers c’est pas pour moi.

La P’tite Annick en laissait de l’écume sur la chaloupe. Ça éclaboussait par gros coefficient, lunatique, lunaire, c’était ma petite fontaine d’ici, ma sirène punk aux gros postillons, sauf que voilà, ça finissait toujours par cabaner, des tasses à prendre, et moi comme Jack dans l’eau gelée je m’accrochais au bat-flanc qui flotte.

Dès le début les gars m’avaient prévenu, « laisse ficher le camp cette jolie carlingue, tu vas finir au fond. Cette agace-pissette c’est pas pour toi ». Sauf que les p’tits gars, ils ne savaient pas que ma P’tite Annick il fallait lui mettre du son, des belles chansons d’un peu partout. Sa spécialité, les reprises, ça la calmait direct. Ça tanguait encore dur sur sa frimousse, mais je mettais calmement des chansons dans la tempête, un peu comme Roger Bricoux qui s’acharne à jouer avec son trio sur l’épave en devenir, et hop, elle se laissait happer. Le vent cessait, les moutons des vagues du grand large se barraient, l’huile sur la mer au fil des chansons. « Tiens, je suis sûr que tu l’as pas celle-là.. hein.. vas-y..c’est quoi ??  … ‘ouahh t’es trop forte ». Le ciel s’éclaircissait.

Ce soir-là, un gros vent entamait l’océan, un truc trainait comme un solstice divers en plein été, des creux mes aïeux comme dans un parc d’attraction, moi qui déteste les grands 8, sauf quand il s’agit d’écouter un disque Prog. Nous voilà bringuebalés comme de vieux pécheurs burinés, je vieillissais à vue d’œil, j’étais le vieil homme et sa mémère. In petto, j’ai sorti cet album tout neuf avec dedans mes chouchous de bien longtemps déjà, Françoiz Breut et Don Nino (Nicolas Laureau qui aimait l’idée de Domino pour son alias). Je n’avais qu’une idée en tête depuis mon retour ce tantôt, écouter « Cover Songs in Inferno ». L’aubaine.

C’est quand même vachement bien foutu la musique, elle a adouci les heurts en quelques minutes. Annick prise au piège dans sa phase descendante, moi confiant avec le livret dans les mains .. « Oh la vache celle-là, je l’adore. Jefferson Airplane… tu te souviens, ce sublime lapin blanc, folk celtique habité, et Grace Slick foutre Dieu, et Françoiz…. si nous partions sur la côte, je prends tous les Jefferson et quelques Breut.. nous dormirons dans la bagnole ».


Nous avons fini la nuit blottis partagés entre le calme retrouvé et l’excitation du blind test retournant des cartons de disques à la recherche de l’original. Le naufrage n’est pas pour aujourd’hui. Nous irons chez le disquaire demain, nous partirons nous deux, à la recherche des originaux. 

 



Don & Françoiz 2023 « Cover songs in inferno » sur Prohibited Records

lundi 14 août 2023

Casagrande

 


Chaque instant est posé sur Kodachrome, une pochette diapo, on gardera cet instant des « Villes sauvages » comme la photographie d’un moment de doux bonheur mélancolique. Un album délicieux défile, une soirée photo, des gens que l’on aime dessus, devant de beaux paysages nostalgiques. Notre enfance est déposée au pied d’un arbre, le vent se lève, les oiseaux laissent chanter les herbes.

Tout ce que j’aime cette discrète apparition, ces touchantes ballades. Sur la même étagère que Franck Monet, Albin De La Simone, JP Nataf, Bertrand Louis, Fabien Martin, Thierry Stremler, je déposerai Casagrande. Se poser et écouter le sépia sur l’écran de projection blanc déroulé. De belles personnes sont là, des sourires, de grandes respirations, des paumes qui se touchent, des joues qui se collent, quelques éclats, une larme, des moites odeurs sur un silence rempli de prunelles. L’histoire défile, les anecdotes reposent.

C’est cuivré, c’est l’hyper intimité déposé, les sentiments ondulent douillets. Les cordes graves dansent et se déhanchent comme Jeff Halam, les claviers sont légers, Fabien Martin colle sont papier peint. Armelle Pioline est là, Zoé Colotis aussi. Oh les belles chansons de par ici.

Tous confinés à s’aimer, un puzzle de 8000 pièces, des baraquements à s’isoler, mes murs sont pleins de « Villes sauvages ».

Noir de souvenirs, gorgé de campagne, l’ensauvagement des villes nous ramène à l’humus. Et dire que je suis né sous Pompidou… ah mais nan, sous De Gaulle, à qq jours près. 

Casagrande 2023 "Villes sauvages" label : Littoral records

https://casagrandemusic.fr/

jeudi 3 août 2023

PJ Harvey - 2023

 


La table de coupe a mangé l'horizon. Les moissonneuses ont quadrillé. Tout alentour chuinte couine et rechigne. La chaume est étendue. Un malingre coquelicot semble avoir été épargné. Il est là à danser debout jaillissant de la paille allongée.

Il n'est pas fier plus que ça, d'avoir échappé aux dents du mastodonte. Il est juste là, à danser, entier sans être altier.

Tous les cœurs palpitent encore, le gibier s'affole, la terre rasée, tout est à nue.


L'acier a ébarbé. Sous un sirocco de poussières de blé l'ocre s'est allongé. Tremblez bromes et pavots, les grosses machines à dents grondent.



Une branche érodée sous un soleil cuisant, albédo sur sable blanc, sol de titane bouillant, tous les enfants questionnent. Des sons sourdent, des acoustiques lancinants luttent. Un coquelicot survit, sauvé des faux. Orphelin des euphorbes et des bleuets, sans aucune fierté, il tangue lucide, le rouge aux joues, tous les jours suivant seront des contentements. Et Août chante.


Août imbibé plante son automne, vermillon Papaver se dandine plus encore. Il repeuplera la prochaine saison de ses graines noires tombées sur la terre d'une année qui dépérit.


Qui d'autre que Polly Jean pour crâner humblement devant les dents de la table de coupe des grandes élagueuses.


Tranquille ce soir entre les murs blancs, les parfums vont revenir à nouveau, un genou à terre sur le ponton. PJ23 sera mon code de flottaison sur les grands horizons ras de paille, le divin coquelicot.


PJ Harvey 2023 « I Inside the Oldyear Dying » sur Partisan records.

samedi 17 juin 2023

Jean-Louis Murat


 

 

« Si je m'attendais ».. il était pourtant question de « Rester dans le monde »


Ce blog est parti d'une idée de partage avec comme parrain virtuel Dominique A. Je me disais il va longer ma motivation, me tenir par la menotte, me guider. Il fallait à tout prix que je divulgue et partage le monticule discographique. Toujours il me faut un point de fuite.


Plein d'autres ont déboulé.

Des artistes à tire-larigot.

Jamais trop, je me suis senti happé, tout s'est bâti autour d'eux.


Au fil des billets, le paysage en outil s'est installé, il a pris les commandes. Tout s'est lentement habillé d'horizon, de matinées nacrées en crépuscule vallonné. C'est un socle fertile d'être au service des beaux artistes. Le vertige labyrinthique d'ouvrir les vannes, de se laisser porter. Tout convergeait vers le motif.. j'écoute imbibé de nature quelque soit la saison. Une approche météorologique des écoutes est devenue une obsession, une sorte de phénologie musicale.


J'ai une confiance absolue en mes paysages irréversibles foudroyant notre anecdotique passage. Le globe n'est pas en danger, c'est juste le bipède dessus qui flippe sa race pataugeant dans ses glaires. Il croit tout maîtriser, et la patience des arbres devant la panique des ânes est la chose la plus rassurante que je connaisse.

Un jour, tout reprendra sa place, à son échelle, sans le nuisible bipède. L'équilibre biologique inébranlable perdu l'espace d’à peine quelques siècles, reviendra. Des molécules nouvelles et transformées subsisteront en nano stigmates, un poil de cul dans l’Amazonie, une vulgaire trace balayée d'une simple éruption. Nous, sur la planète, juste une petite gène.

L'infiniment petit préoccupe, une prise de conscience tardive. Il reste encore à se retourner, et prendre quelques minutes la considération du cosmos. On va encore rester quelques instants, puis on laisse tranquille. Désolé pour la gène occasionnée. L'être humain ne sera qu'une anecdote.

Un jour le paysage nous accueillera. Quelle idée rassurante que nos cellules éphémères aillent rejoindre tôt ou tard le moléculaire de la croûte. Un risible passage, une petite gène que notre déambulation énervée.


Dans tout ça, il reste l'amour et la poésie. Depuis quelques mois j'étais dans une très forte vague du gars qui nous parle de l'ancien monde réel. J'ai été cueilli par celui qui est allé rejoindre les cailloux. Je crois que c'est ça la principale différence entre Dominique et Jean-Louis, l'un peint les êtres humains, l'autre les paysages.


Un de mes récidivistes, un autre récurent, ils partent et sonnent le glas. Je me disais, Dominique A pourrait clore ce blog un jour, s'il arrêtait de me suivre, s'il venait à démissionner. Je marchais sur deux pattes, me voilà unijambiste. Ça va pas être facile de continuer à cloche-pieds


Une cime de poésie se fige. La foule s'ankylose de son plain gré.

Je suis tombé de vélo, abasourdi de gnons, brinquebalé et abattu. Je ressasse plein d'idées larmoyantes. Quel autre endroit ici pour causer de ça ? La disparition de Jean-Louis Murat. Je me suis bâti une vague idée d’idéale autour de son art, un refuge qui marie à merveille l'artiste et l'humain d'un même individu. J'ai beau me dire qu'il faut à tout pris rester dans ce coin de campagne qui jute toute les musiques que j'aime, mais les remontées inévitables à la surface médiatique me giflent l'âme, il faut voir tout ce qu'on nous donne à écouter.

Si je m'attendais. La marge de sa fraîche plaie à peine coagulée est à nouveau flanquée de dédain. Replongeons.


Voilà, c'est la fin du parcours pour lui, on n'imagine pas l'impact de certaines choses. L'architecture fragilisée d'un blog déjà anémié. Toujours quelque chose me laissait la foi, des albums à brandir comme on gravit un col. Il en reste combien des artistes fondamentaux . J'ai l'impression d'avoir fait le tour, que tout est dit, d'être devenu une momie mentalement. Quelles idées pour rester, quelle étincelle pour continuer, ne pas se laisser bouffer. Lutter.Comment le peuple a t-il pu passer à côté du "Grand lièvre", "de "Toboggan", de "Morituri".....


« Enfin démissionnaire » disait Dominique A, continuer à s'exprimer dans le vide, celui abyssal qui gangrène le quotidien, un déclic pour continuer à nager dans cette fausse à purin qu'est devenue la culture chez nous, je parle de musique, de poésie là où il n'y en a plus, dans un paysage qui se ride. Tiens donc... « Suicidez-vous le peuple est mort »..


Pour le moment, je laisse glisser et s'agiter les alentours, je me recueille dans un sirop carmin, juste s'engluer dans un sommeil mou, des rêves rouge .. sous la lampe. Je me recroqueville à écouter solennellement, rattraper toutes ces années bâclées.


Accueille-nous paysage


samedi 11 mars 2023

Chris De Burgh 1980

 


Il y avait quelques tires qui traînaient dans ma mémoire, complètement perdus à travers le flou d'un artiste qu'on a jamais eu véritablement envie de brandir. Une chose délicate, fragile avec une belle mélodie à la « The year of the cat ». Tiens, Al Stewart, un autre artiste camouflé qu'un seul morceau a propulsé. Je pense aussi à Billy Joël.


 

Pas mal d'années creuses pour lui, première partie de Supertramp en 74, un succès qui ne vient pas, « High emotion » enfin, beaucoup plus tard, puis à nouveau la discrétion. En Europe c'est en Allemagne qu'il récolte le plus d'estime, comme Barclay James Harvest... tiens donc, encore des mal aimés.

Chris De Burgh, c'est pas des disques qu'on achète, il en a pourtant vendu 40 millions dans sa carrière. C'est pas un artiste qu'on entend souvent, il a pourtant 16 albums studio dans le cornet... alors il se passe quoi avec ce british à la voix crémeuse aux belles envolées ? C'est définitivement pas désagréable à écouter, même touchant par moment, ses petites épopées élégantes.


Pourquoi cet album ? Le son me plaît bien, John Helliwell est au sax, surement la vieille connaissance de 1974... difficile de parler de lui.

J'ai depuis retrouvé les chansons d'antan qui m'avait embarquées, ses débuts, son insuccès, elles sont même sur le premier album, « Spanish Train & other stories », pourquoi d'ailleurs je n'ai pas parlé de cet opus 75, de ce romantisme britannique à fleur de peau ? J'avais dû louer Chris De Burgh à l'époque, sans le garder pour autant, en rade de cassette vierge ? Il a glissé comme ça sans que je puisse le retenir, ou alors c'est son hit dans les radios qui me gonflait. Peut être aurait-il dû faire parti d'un groupe, la rame en solitaire est plus dur que la galère.


Je viens d'acheter quelques albums de Chris De Burgh qui manquait dans mes étagères, pour pas grand chose, je veux dire par là, qu'il fallait que je comble ma mémoire, illustrer mes souvenirs. Plein de bons moments, de la sincérité je pense, une tendresse particulière pour ce cru à la jolie pochette.


Chris De Burgh 1980 « Eastern Wind » sur A&M

mardi 28 février 2023

George Harrison 1973


 

1973 est l'année où George Harrison a créé « The material world charitable foundation ». C'est aussi la sortie de son quatrième album solo « Living in the material world ». J'ai longtemps cru à un album posthume tellement il fut absent des promontoires que je visitais. J'ai toujours été un peu perdu avec cet opus, même ma réédition 2014 ne mentionne pas la date authentique. Quelle fâcheuse manie d'estampiller la date de résurrection dans les crédits.

1973 donc et il aura fallu digérer la montagne..que dis-je la chaîne de cimes de « All Things Must Pass », les bottes en caoutchouc, la mort des Beatles et les nains de jardin. Une grande respiration plus tard, toujours chez Apple, George après trois ans de « silence » reprend sa discographie, il n’arrêtera pas jusqu'en 1982.

C'est un joli et troublant disque cette confirmation solo. Son monde à lui se bâtit. J'ai encore « Beware the Darkness » dans l'échine et tout le temps j'aurai du mal à lâcher ses bottes de jardin. Pourtant, j'écoute souvent cet objet touchant coincé entre le chef d’œuvre « Red Rose Speedway », la daube « Mind Games » et l'affligeant « Ringo ». « Band on the Run » pointe son nez et les scarabées tiennent le cap avec le bleu et le rouge. C'est dire qu'il va falloir se frayer une visibilité...ou pas. Et on oublie tout le reste, cet Harrison 1973 au casting infernal est là. Une garden party noire de monde sans nains (quoique), la liste est longue, même s'il n'est attablé que 6 apôtres.

Je suis resté un peu boudeur avec la suite, l'effet Beatles se dissipant, je me suis contenté de l'excellente compilation 89 « Best of Dark Horse 76/89 ». Je répète ici, « All Things Must Past »1970 et « Cloud Nine » 1989 sont mes sommets Harrison.


Comment se débarrasser des odeurs Apple sur le manche de la guitare en 1973. C'est pourtant et sûrement le début du reste de sa vie artistique à George.


George Harrison 1973 « Living in the past » sur Apple

jeudi 16 février 2023

Nils Frahm - 2021

 


A mes pieds, un bourdon vient déguster la bruyère. Ce petit buisson bas d’Éricacée est en fleur depuis la fin de l'automne, nectar d'hiver. Si la nuit blanchit nos aurores, mon après midi tiède à des allures de printemps. Du coup, je suis installé au soleil pénardos avec un bouquin, et juste une pelure à capuche pour pas me peler le caillou. Cette pause réparatrice extérieure me manquait comme jamais.


Le temps est déposé, tout se recroqueville pour s'ouvrir plus beau. Des remugles de confinements viennent effleurer mes chimères. Y'a pas si longtemps ce truc, comme une hallucination. C'était bien ce doux délaissement, ce temps superbe allongé à regarder le ciel sans avion, un entracte au tumulte, ce délassement. Sentir comme le brouhaha qui tombe, le gibier s'approcher pour nous susurrer sans rancune la compassion alors qu'ils pourraient se foutre de notre trombine et nous becqueter les yeux.

C'était bien les ravagés du bulbe cloîtrés, le monde feutré, les poumons libérés, le dos posé. Tout est tellement reparti trop vite qu'on a l'impression que ça fait belle lurette qu'on tentait de réapprendre à vivre. Suffoqués à remettre les gants, courbaturés, y aller comme si de rien n'était, et on nous dit qu'il faut en plus s'en acquitter. Finalement rien n'y fera tant que tous ces culs n'iront pas se faire cuire.


Depuis quelques mois, il m'est devenu légion de pouvoir m'ankyloser les roustons, de me passer une nappe de néo-classique sans qu'aucun chuchotement ne vienne froisser ce flottement divin. Je vais quand même pas me foutre la tronche dans un plastron, me faire greffer des paupières pare-balle.. une heure de tranquillité à me délecter, ça leur arracherait la gueule !!! me vautrer sous un chaud soleil lunaire avec le bourdonnement diablotin d'un maître butineur en voix de disparition, juste là, près de mes godasses.


Nils Frahm « Old friends new friends »sur Leiter

mardi 31 janvier 2023

Deep Purple - 1987

 



L'hiver, au dessus des tuiles du mur, je pouvais voir le cimetière, le haut des caveaux, le bout des croix que seuls les branches sans feuille dévoilaient. Il y a des murs pour parquer ces enclos d'os, une propriété privée, avec tous ces cochons à glands qui errent dehors.

C'est exactement à travers ces houppiers nus que la maison à la lumière bleue a pris toute sa substance, sous l'orgue cryptique de « Bad attitude » et les riffs endiablés de l'intro « Mad dog », au clavier nerveux de « Strangeways ». Un certain hiver d'une décennie mourante, sous la mansarde, je passais ce disque en boucle.

Ces jours là flottaient sur une scolarité compliquée, le rock FM pulsait les membranes, Toto et Foreigner en tète, j'étais fan. Mais il me fallait du plus gras, plus trempé, il fallait coller au paysage qui m’accaparait pendant des heures. « The House of Blue Light » dans mon sac US, parfumé par les échappements de ma bécane, j'ai flingué mon Grundig à l'user, avec pour le coup mon baptême Deep Purple, même si j'avais déjà entendu causer de la flotte enfumée. Le dédale alambiqué de ce groupe là, tel les Eagles ou Jethro Tull, de la géométrie variable avec des piliers, à s'y perdre. La dream team ici, Ritchie, Ian, Roger Jon et l'autre Ian. Ils ne sont pas au plus mauvais de leur forme, pourtant cette cuvée 87 n'est pas celle qu'on brandit enragé sous les pifs dubitatifs.


Le chambranle est d'or, je suis accoudé à ma fenêtre et je vois la lumière bleue lunaire, le vaporeux cobalt des nuits embrumées, la face livide nébulisée par le son d'une époque bancroche qui aspire tout. Anicroches pour moi, je choisissais sans influence et dans ma fuite pour plus tard y revenir, je glanais en matant le haut des croix sans aucune idée de mon destin.

On est con quand on à 17 ans .. j'en avais un peu plus, j'étais pas plus intelligent mais je posais le hérisson et la chape. Déjà Led Zep la curiosité, je suis entré chez les Deep avec ce hard FM cru 1987.

Aussi, en dehors de Paice le jeunot, trois piliers cumulent 231 ans, 77 ans .. le « Whoosh ! » dernier en date a ravivé le bahut .. mais pour la madeleine, c'est « The House of Blue Light ».


Deep Purple 1987 « The House of Blue Light »

jeudi 26 janvier 2023

Nick Wheeldon 2022


 

Sur Whiskypédia, il est mentionné que Joe Cocker est natif de Shefield. J'ouvre mon R'n'F du mois et je vois la liste s'allonger des gars de ce coin gris et fertile de l'outre Manche laiteuse qui montre du poing devant les grandes sœurs rivales Liverpool et Manchester.

Un autre Cocker, Jarvis, Hawley aussi. Nick Wheeldon est de ceux-là. Inconnu total pour moi malgré son opulence créative qui frôle d'hyper activité.


Mes tiquettes à moi (terme subtile piqué au Toine) : Jawhawhs , Dylan, Molina, The Walkmen, George Harrison et plein d'autres... bref quand je connais pas, je cherche mes repères et m'installe.

Un classique intemporel, avec des tendres approximations sonores.

Le ciel ne veut pas se lever, un album de fragilité est englué dans mes pensées grises, une espèce d'abandon heureux, un « Gift » écru vient me sucer la morosité d'un janvier qui s'achève. Je sautille comme un Shadock, un espoir frileux tremblotte et le gris se noircit.



Nick Wheeldon 2022 « Gift »Label : Le Pop Club

mardi 17 janvier 2023

W̤e̤s̤t̤,̤B̤r̤ṳc̤e̤ ̤&̤ L̤a̤i̤n̤g̤ 1972

 


 La montagne a lâché Leslie, un autre sommet va surgir.

Au détour de bacs à brocante, je suis tombé sur cet opus enfoui, pourtant à la sortie ai-je lu, un succès notoire a blindé ce trio pour trois albums dont un live qui clôturera la virée américano-écossaise.

Leslie West est la voix et la guitare, Corky Laing aux caisses, il manquait une basse crémeuse et une voix sublime, Jack Bruce. Sublime certes, mais secondaire, c'est le rauque de West qui va prédominer un poil sur « Why Dontcha ». Ça tabasse crade, c'est d"époque.


La texture du disque à la pochette éméraldine est hard à tendance blues, voire du blues rock burné, une pléthore de groupes 70's. On pourrait le croire anecdotique, il tient très bien la platine malgré la grosse marée.

On peut aussi bien suivre la carrière de West, ou comme moi celle de Bruce pour son parcours et son sublime organe qui s'est diaboliquement baladé sur l’histoire du rock (« Third degree » est quand même bien plus extra que « Turn me over » par exemple), tout était réuni pour qu'il soit hors de question que je reparte sans ce vinyle là.


West, Bruce & Laing 1972 « Why Dontcha »

dimanche 15 janvier 2023

Bob Seger 1973

 

Du gris, du blanc, un nuancier de cendre que seuls le marcescent roussit et la terre brune réchauffe. Mais c'était sans compter le jaune, janvier est aussi le mois cadmium. Certes les chatons de noisetiers s'ouvrent et laissent entrevoir la blondeur safranée de ses entrailles, aussi, alentours, les mahonia, forsythia et mimosa s'épanouissent et font la nique aux lueurs d'hiver.

La joie au visage emmitouflé, j'erre parmi ces discrets petits agréments, sans compter qu'au chaud dans ma besace, se brinquebale la galette jaune 73 du Boss. Non, pas Bruce, le vrai, Bob, from Detroit.


 

J'avais perdu l'habitude de fouiller les bacs à la recherche de cette pépite. Longtemps je me suis contenté du Mp3 de mon suppôt à écouteurs. C'est fait, une réédition improbable 2008 sur Lost Diamonds, un truc argentin (je suis pas rancunier) avec bonus. C'est une période bénite de sa discographie, une succession d'albums importants qui va aboutir au Graal, au sommet « Live Bullet » 75, plaque tournante. Cet opus à la pochette jaune janvier donc n'est pas des plus glorieuses, elle est pourtant visuelle, je la pensais virtuelle, celle qui se retrouve tous les 4 à 5 ans chez les disquaires (m'a t-on dit). « Back In 72 » mériterait, tout comme un autre chef d’œuvre « Beautiful Loser », une édition Deluxe comme il se doit. Rares sont les artistes de cette envergure à échapper à l'incontournable résurrection.


Une sacrée bande de zicos pour cette session, son groupe à Bob, mais aussi le Muscle Shoals band, et plein d'amis sur tous les instruments, dont JJ Cale. Ça joue bien, pro, naturel, c'est un grand moment de plaisir rock avec son groove à lui, et son timbre unique. Du Live Bullet, se calent ici « I've Been workin' » (reprise de Van Morrison qui a aussi inspiré le titre de l'album), « Turn the page » s'il vous plait et en bonus « Heavu music - part2 » et « Lookin' back ». Puis des bombes comme « Midnight rider », « Rosalie »... et la pépite « So I wrote you a song ».


C'est un rappel, déjà fait un billet sur cet opus que je n'avais pas entre mes mains à l'époque. Bob récurent, je radote Seger l'incontournable, il est là comme les saisons, janvier jaune saupoudré des premiers pollens, du jaune hivernal, « Back In 72 » le vrai, l'indispensable dans mon sac. Je bégaie de mon plain gré, depuis le temps que ce blog tourne en rond, autant respecter le cycle.Promis la prochaine fois, une nouveauté neuve.

 



Bob Seger 1973 « Back In 72 »

mardi 10 janvier 2023

Iggy Pop - 2023

 


Une giclée de fragrance TNT dans le cou, l’haleine Nitroglycérine, la démarche chaloupée et la peau de roche aux allures d’écueil bravent le gros temps. Se rouler torse poil sur un sable détrempé, quitte à être mouillé, quitte à s'échouer. Des siècles de vie dans la tronche. Invoquer « Morning show » au lever du jour sous l'odeur du café, sous peine de retourner au pageot, ou de se rouler par terre en capricieux frénétique, le falzar flottant en Frenzy.


Sur les hauts sièges du pays, de tendres puceaux décident, des mues à plein écran sur les chaînes TNT en continue émeuvent. Les timbres rouges peuvent disparaître pour l'ère nouvelle, celui rogomme du lézard ancestral est immortel. Nos nerfs garderont la lèche.


Un casting de vieux branleurs, de la gomme, du brutal, l'adage de stades sans age.

Les montagnes se foutent de la montée des eaux, les crocodiles iront boire l'eau des lacs sous les mélèzes.


Iggy Pop 2023 « Every Loser » sur Atlantic

Manic Street Preachers - 2004

  En couple les oiseaux, ça sautille sec sur la parcelle fraîchement fauchée. J'ai toujours eu horreur des couples qui vont faire leu...