mardi 31 janvier 2023

Deep Purple - 1987

 



L'hiver, au dessus des tuiles du mur, je pouvais voir le cimetière, le haut des caveaux, le bout des croix que seuls les branches sans feuille dévoilaient. Il y a des murs pour parquer ces enclos d'os, une propriété privée, avec tous ces cochons à glands qui errent dehors.

C'est exactement à travers ces houppiers nus que la maison à la lumière bleue a pris toute sa substance, sous l'orgue cryptique de « Bad attitude » et les riffs endiablés de l'intro « Mad dog », au clavier nerveux de « Strangeways ». Un certain hiver d'une décennie mourante, sous la mansarde, je passais ce disque en boucle.

Ces jours là flottaient sur une scolarité compliquée, le rock FM pulsait les membranes, Toto et Foreigner en tète, j'étais fan. Mais il me fallait du plus gras, plus trempé, il fallait coller au paysage qui m’accaparait pendant des heures. « The House of Blue Light » dans mon sac US, parfumé par les échappements de ma bécane, j'ai flingué mon Grundig à l'user, avec pour le coup mon baptême Deep Purple, même si j'avais déjà entendu causer de la flotte enfumée. Le dédale alambiqué de ce groupe là, tel les Eagles ou Jethro Tull, de la géométrie variable avec des piliers, à s'y perdre. La dream team ici, Ritchie, Ian, Roger Jon et l'autre Ian. Ils ne sont pas au plus mauvais de leur forme, pourtant cette cuvée 87 n'est pas celle qu'on brandit enragé sous les pifs dubitatifs.


Le chambranle est d'or, je suis accoudé à ma fenêtre et je vois la lumière bleue lunaire, le vaporeux cobalt des nuits embrumées, la face livide nébulisée par le son d'une époque bancroche qui aspire tout. Anicroches pour moi, je choisissais sans influence et dans ma fuite pour plus tard y revenir, je glanais en matant le haut des croix sans aucune idée de mon destin.

On est con quand on à 17 ans .. j'en avais un peu plus, j'étais pas plus intelligent mais je posais le hérisson et la chape. Déjà Led Zep la curiosité, je suis entré chez les Deep avec ce hard FM cru 1987.

Aussi, en dehors de Paice le jeunot, trois piliers cumulent 231 ans, 77 ans .. le « Whoosh ! » dernier en date a ravivé le bahut .. mais pour la madeleine, c'est « The House of Blue Light ».


Deep Purple 1987 « The House of Blue Light »

5 commentaires:

RanxZeVox a dit…

Drôle d'album que celui ci. Le précédent, celui du retour en fanfare, m'avait laissé circonspect, je l'avais aimé parce que j'avais tellement envie de l'aimer que c'était acquis d'avance. Ce House of blue light par contre, il m'a fait de l'effet, pas forcément un effet sidérant, mais quand même une sensation. Il est zarbi comme un indien à moitié à poil ce disque, non ? Au final, de la période reformation, c'est le seul que je réécoute de temps en temps. Pour vérifier. Il garde une sorte de mystère, quelque chose de pas formaté, ou mal formaté plutôt, vu que ça l'était de toute façon, formaté.
Je les ai vu sur la tournée qui a suivi au festival Monsters of Rock, les trois ou quatre titres du disques passaient bien la rampe, et ils étaient tous encore en forme sur les classiques. En fait, plus que ce disque, c'était cette époque là qui était bizarre. Le début de l'ère d'exploitation de la nostalgie. On pouvait soudain vivre les concerts qu'on voyait dans les magazines de nos grand frères dix ans plus tôt. Belle illusion que la dure réalité a depuis rattrapé.
Reste ce machin que je vais tenter une fois de plus, sans savoir si je dois t'en remercier )))

charlu a dit…

P'tite révision de temps en temps ça fait pas d'mal. Tiens..le Perfect, à part la 1ère chanson, il me fait pas le même effet. A la limite le son me conviendrait plus, plus "chaud"..mais voilà c'est ma madeleine. Alors je dirai plus un cow boy cul nu..mais bon, je comprends totalement l'effet moyen qu'il peut procurer.. ouaih parce que c'est ma madeleine :))))
J'imagine aussi l'impatience de les retrouver avec Perfect, d'où la faim et l'effet un peu rassasié avec le 2ème et ce House. Bref, ça s'écoute pas mal tout ça.

Et le Whoosh!.. comment tu le trouves ?

RanxZeVox a dit…

après réécoute, ce house of blue light passe toujours mieux que perfect stranger(qui comme tu dis aurait pu se contenter d'être un single du premier morceau), reste que ça sonne toujours plus comme du Rainbow dernière période que comme du Purple grand cru.
Whooosh, j'ai pas écouté, j'ai eu peur en les voyant sur arte )))

Charlu a dit…

Tiens en parlant arte.. Lennox et Eagles en ce moment..pas dégueux. Eagles notamment, j'apprends beaucoup, à part Henley, j'avais pas les tronches en tète.

Bref.. tente Whoosh.. m'en lasse pas.. un des meilleurs depuis "Purpendicular" mon préféré.

RanxZeVox a dit…

Eagles est un groupe incroyable, l'émission sur arte reprend le double dvd History of Eagles, me semble t-il (du moins quand ils la diffusent en version longue). J'ai rien à dire sur eux, je les adore depuis tout mome, leur fameux Greatest Hits est l'un des premiers disques que j'ai osé piquer dans la pile de mon frangin (en son absence), après ça t'es accro à vie, chaque titre est parfait. Je crois que le premier dont j'ai été fada fut Tequila sunrise.
Je vais tenter whooosh, j'aimais aimé bananas alors pourquoi pas.

Manic Street Preachers - 2004

  En couple les oiseaux, ça sautille sec sur la parcelle fraîchement fauchée. J'ai toujours eu horreur des couples qui vont faire leu...