samedi 11 mars 2023

Chris De Burgh 1980

 


Il y avait quelques tires qui traînaient dans ma mémoire, complètement perdus à travers le flou d'un artiste qu'on a jamais eu véritablement envie de brandir. Une chose délicate, fragile avec une belle mélodie à la « The year of the cat ». Tiens, Al Stewart, un autre artiste camouflé qu'un seul morceau a propulsé. Je pense aussi à Billy Joël.


 

Pas mal d'années creuses pour lui, première partie de Supertramp en 74, un succès qui ne vient pas, « High emotion » enfin, beaucoup plus tard, puis à nouveau la discrétion. En Europe c'est en Allemagne qu'il récolte le plus d'estime, comme Barclay James Harvest... tiens donc, encore des mal aimés.

Chris De Burgh, c'est pas des disques qu'on achète, il en a pourtant vendu 40 millions dans sa carrière. C'est pas un artiste qu'on entend souvent, il a pourtant 16 albums studio dans le cornet... alors il se passe quoi avec ce british à la voix crémeuse aux belles envolées ? C'est définitivement pas désagréable à écouter, même touchant par moment, ses petites épopées élégantes.


Pourquoi cet album ? Le son me plaît bien, John Helliwell est au sax, surement la vieille connaissance de 1974... difficile de parler de lui.

J'ai depuis retrouvé les chansons d'antan qui m'avait embarquées, ses débuts, son insuccès, elles sont même sur le premier album, « Spanish Train & other stories », pourquoi d'ailleurs je n'ai pas parlé de cet opus 75, de ce romantisme britannique à fleur de peau ? J'avais dû louer Chris De Burgh à l'époque, sans le garder pour autant, en rade de cassette vierge ? Il a glissé comme ça sans que je puisse le retenir, ou alors c'est son hit dans les radios qui me gonflait. Peut être aurait-il dû faire parti d'un groupe, la rame en solitaire est plus dur que la galère.


Je viens d'acheter quelques albums de Chris De Burgh qui manquait dans mes étagères, pour pas grand chose, je veux dire par là, qu'il fallait que je comble ma mémoire, illustrer mes souvenirs. Plein de bons moments, de la sincérité je pense, une tendresse particulière pour ce cru à la jolie pochette.


Chris De Burgh 1980 « Eastern Wind » sur A&M

mardi 28 février 2023

George Harrison 1973


 

1973 est l'année où George Harrison a créé « The material world charitable foundation ». C'est aussi la sortie de son quatrième album solo « Living in the material world ». J'ai longtemps cru à un album posthume tellement il fut absent des promontoires que je visitais. J'ai toujours été un peu perdu avec cet opus, même ma réédition 2014 ne mentionne pas la date authentique. Quelle fâcheuse manie d'estampiller la date de résurrection dans les crédits.

1973 donc et il aura fallu digérer la montagne..que dis-je la chaîne de cimes de « All Things Must Pass », les bottes en caoutchouc, la mort des Beatles et les nains de jardin. Une grande respiration plus tard, toujours chez Apple, George après trois ans de « silence » reprend sa discographie, il n’arrêtera pas jusqu'en 1982.

C'est un joli et troublant disque cette confirmation solo. Son monde à lui se bâtit. J'ai encore « Beware the Darkness » dans l'échine et tout le temps j'aurai du mal à lâcher ses bottes de jardin. Pourtant, j'écoute souvent cet objet touchant coincé entre le chef d’œuvre « Red Rose Speedway », la daube « Mind Games » et l'affligeant « Ringo ». « Band on the Run » pointe son nez et les scarabées tiennent le cap avec le bleu et le rouge. C'est dire qu'il va falloir se frayer une visibilité...ou pas. Et on oublie tout le reste, cet Harrison 1973 au casting infernal est là. Une garden party noire de monde sans nains (quoique), la liste est longue, même s'il n'est attablé que 6 apôtres.

Je suis resté un peu boudeur avec la suite, l'effet Beatles se dissipant, je me suis contenté de l'excellente compilation 89 « Best of Dark Horse 76/89 ». Je répète ici, « All Things Must Past »1970 et « Cloud Nine » 1989 sont mes sommets Harrison.


Comment se débarrasser des odeurs Apple sur le manche de la guitare en 1973. C'est pourtant et sûrement le début du reste de sa vie artistique à George.


George Harrison 1973 « Living in the past » sur Apple

jeudi 16 février 2023

Nils Frahm - 2021

 


A mes pieds, un bourdon vient déguster la bruyère. Ce petit buisson bas d’Éricacée est en fleur depuis la fin de l'automne, nectar d'hiver. Si la nuit blanchit nos aurores, mon après midi tiède à des allures de printemps. Du coup, je suis installé au soleil pénardos avec un bouquin, et juste une pelure à capuche pour pas me peler le caillou. Cette pause réparatrice extérieure me manquait comme jamais.


Le temps est déposé, tout se recroqueville pour s'ouvrir plus beau. Des remugles de confinements viennent effleurer mes chimères. Y'a pas si longtemps ce truc, comme une hallucination. C'était bien ce doux délaissement, ce temps superbe allongé à regarder le ciel sans avion, un entracte au tumulte, ce délassement. Sentir comme le brouhaha qui tombe, le gibier s'approcher pour nous susurrer sans rancune la compassion alors qu'ils pourraient se foutre de notre trombine et nous becqueter les yeux.

C'était bien les ravagés du bulbe cloîtrés, le monde feutré, les poumons libérés, le dos posé. Tout est tellement reparti trop vite qu'on a l'impression que ça fait belle lurette qu'on tentait de réapprendre à vivre. Suffoqués à remettre les gants, courbaturés, y aller comme si de rien n'était, et on nous dit qu'il faut en plus s'en acquitter. Finalement rien n'y fera tant que tous ces culs n'iront pas se faire cuire.


Depuis quelques mois, il m'est devenu légion de pouvoir m'ankyloser les roustons, de me passer une nappe de néo-classique sans qu'aucun chuchotement ne vienne froisser ce flottement divin. Je vais quand même pas me foutre la tronche dans un plastron, me faire greffer des paupières pare-balle.. une heure de tranquillité à me délecter, ça leur arracherait la gueule !!! me vautrer sous un chaud soleil lunaire avec le bourdonnement diablotin d'un maître butineur en voix de disparition, juste là, près de mes godasses.


Nils Frahm « Old friends new friends »sur Leiter

mardi 31 janvier 2023

Deep Purple - 1987

 



L'hiver, au dessus des tuiles du mur, je pouvais voir le cimetière, le haut des caveaux, le bout des croix que seuls les branches sans feuille dévoilaient. Il y a des murs pour parquer ces enclos d'os, une propriété privée, avec tous ces cochons à glands qui errent dehors.

C'est exactement à travers ces houppiers nus que la maison à la lumière bleue a pris toute sa substance, sous l'orgue cryptique de « Bad attitude » et les riffs endiablés de l'intro « Mad dog », au clavier nerveux de « Strangeways ». Un certain hiver d'une décennie mourante, sous la mansarde, je passais ce disque en boucle.

Ces jours là flottaient sur une scolarité compliquée, le rock FM pulsait les membranes, Toto et Foreigner en tète, j'étais fan. Mais il me fallait du plus gras, plus trempé, il fallait coller au paysage qui m’accaparait pendant des heures. « The House of Blue Light » dans mon sac US, parfumé par les échappements de ma bécane, j'ai flingué mon Grundig à l'user, avec pour le coup mon baptême Deep Purple, même si j'avais déjà entendu causer de la flotte enfumée. Le dédale alambiqué de ce groupe là, tel les Eagles ou Jethro Tull, de la géométrie variable avec des piliers, à s'y perdre. La dream team ici, Ritchie, Ian, Roger Jon et l'autre Ian. Ils ne sont pas au plus mauvais de leur forme, pourtant cette cuvée 87 n'est pas celle qu'on brandit enragé sous les pifs dubitatifs.


Le chambranle est d'or, je suis accoudé à ma fenêtre et je vois la lumière bleue lunaire, le vaporeux cobalt des nuits embrumées, la face livide nébulisée par le son d'une époque bancroche qui aspire tout. Anicroches pour moi, je choisissais sans influence et dans ma fuite pour plus tard y revenir, je glanais en matant le haut des croix sans aucune idée de mon destin.

On est con quand on à 17 ans .. j'en avais un peu plus, j'étais pas plus intelligent mais je posais le hérisson et la chape. Déjà Led Zep la curiosité, je suis entré chez les Deep avec ce hard FM cru 1987.

Aussi, en dehors de Paice le jeunot, trois piliers cumulent 231 ans, 77 ans .. le « Whoosh ! » dernier en date a ravivé le bahut .. mais pour la madeleine, c'est « The House of Blue Light ».


Deep Purple 1987 « The House of Blue Light »

jeudi 26 janvier 2023

Nick Wheeldon 2022


 

Sur Whiskypédia, il est mentionné que Joe Cocker est natif de Shefield. J'ouvre mon R'n'F du mois et je vois la liste s'allonger des gars de ce coin gris et fertile de l'outre Manche laiteuse qui montre du poing devant les grandes sœurs rivales Liverpool et Manchester.

Un autre Cocker, Jarvis, Hawley aussi. Nick Wheeldon est de ceux-là. Inconnu total pour moi malgré son opulence créative qui frôle d'hyper activité.


Mes tiquettes à moi (terme subtile piqué au Toine) : Jawhawhs , Dylan, Molina, The Walkmen, George Harrison et plein d'autres... bref quand je connais pas, je cherche mes repères et m'installe.

Un classique intemporel, avec des tendres approximations sonores.

Le ciel ne veut pas se lever, un album de fragilité est englué dans mes pensées grises, une espèce d'abandon heureux, un « Gift » écru vient me sucer la morosité d'un janvier qui s'achève. Je sautille comme un Shadock, un espoir frileux tremblotte et le gris se noircit.



Nick Wheeldon 2022 « Gift »Label : Le Pop Club

mardi 17 janvier 2023

W̤e̤s̤t̤,̤B̤r̤ṳc̤e̤ ̤&̤ L̤a̤i̤n̤g̤ 1972

 


 La montagne a lâché Leslie, un autre sommet va surgir.

Au détour de bacs à brocante, je suis tombé sur cet opus enfoui, pourtant à la sortie ai-je lu, un succès notoire a blindé ce trio pour trois albums dont un live qui clôturera la virée américano-écossaise.

Leslie West est la voix et la guitare, Corky Laing aux caisses, il manquait une basse crémeuse et une voix sublime, Jack Bruce. Sublime certes, mais secondaire, c'est le rauque de West qui va prédominer un poil sur « Why Dontcha ». Ça tabasse crade, c'est d"époque.


La texture du disque à la pochette éméraldine est hard à tendance blues, voire du blues rock burné, une pléthore de groupes 70's. On pourrait le croire anecdotique, il tient très bien la platine malgré la grosse marée.

On peut aussi bien suivre la carrière de West, ou comme moi celle de Bruce pour son parcours et son sublime organe qui s'est diaboliquement baladé sur l’histoire du rock (« Third degree » est quand même bien plus extra que « Turn me over » par exemple), tout était réuni pour qu'il soit hors de question que je reparte sans ce vinyle là.


West, Bruce & Laing 1972 « Why Dontcha »

dimanche 15 janvier 2023

Bob Seger 1973

 

Du gris, du blanc, un nuancier de cendre que seuls le marcescent roussit et la terre brune réchauffe. Mais c'était sans compter le jaune, janvier est aussi le mois cadmium. Certes les chatons de noisetiers s'ouvrent et laissent entrevoir la blondeur safranée de ses entrailles, aussi, alentours, les mahonia, forsythia et mimosa s'épanouissent et font la nique aux lueurs d'hiver.

La joie au visage emmitouflé, j'erre parmi ces discrets petits agréments, sans compter qu'au chaud dans ma besace, se brinquebale la galette jaune 73 du Boss. Non, pas Bruce, le vrai, Bob, from Detroit.


 

J'avais perdu l'habitude de fouiller les bacs à la recherche de cette pépite. Longtemps je me suis contenté du Mp3 de mon suppôt à écouteurs. C'est fait, une réédition improbable 2008 sur Lost Diamonds, un truc argentin (je suis pas rancunier) avec bonus. C'est une période bénite de sa discographie, une succession d'albums importants qui va aboutir au Graal, au sommet « Live Bullet » 75, plaque tournante. Cet opus à la pochette jaune janvier donc n'est pas des plus glorieuses, elle est pourtant visuelle, je la pensais virtuelle, celle qui se retrouve tous les 4 à 5 ans chez les disquaires (m'a t-on dit). « Back In 72 » mériterait, tout comme un autre chef d’œuvre « Beautiful Loser », une édition Deluxe comme il se doit. Rares sont les artistes de cette envergure à échapper à l'incontournable résurrection.


Une sacrée bande de zicos pour cette session, son groupe à Bob, mais aussi le Muscle Shoals band, et plein d'amis sur tous les instruments, dont JJ Cale. Ça joue bien, pro, naturel, c'est un grand moment de plaisir rock avec son groove à lui, et son timbre unique. Du Live Bullet, se calent ici « I've Been workin' » (reprise de Van Morrison qui a aussi inspiré le titre de l'album), « Turn the page » s'il vous plait et en bonus « Heavu music - part2 » et « Lookin' back ». Puis des bombes comme « Midnight rider », « Rosalie »... et la pépite « So I wrote you a song ».


C'est un rappel, déjà fait un billet sur cet opus que je n'avais pas entre mes mains à l'époque. Bob récurent, je radote Seger l'incontournable, il est là comme les saisons, janvier jaune saupoudré des premiers pollens, du jaune hivernal, « Back In 72 » le vrai, l'indispensable dans mon sac. Je bégaie de mon plain gré, depuis le temps que ce blog tourne en rond, autant respecter le cycle.Promis la prochaine fois, une nouveauté neuve.

 



Bob Seger 1973 « Back In 72 »

Chris De Burgh 1980

  Il y avait quelques tires qui traînaient dans ma mémoire, complètement perdus à travers le flou d'un artiste qu'on a jamais eu vé...