L’énergumène disait sautiller sur les plaines. Le désert, les grands espaces. J’avais pourtant l’impression qu’il était là, à mes côtés, vautré brindezingue comme désossé là par une murge dantesque. Il avait beau rugir, ses palmes fuchsia le dénonçaient, il n’avait pas bougé d’un tibia depuis la veille.
« The cellar song » a retenti des heures à faire frémir toute la carne du quartier ((I was drunk at the ) pulpit). La viande à la cave, cuite dans le torchon. Imbibée. Rien du tout les grands espaces, le lion doré à l’ocre moustache du Kentucky macère sur le plancher névrosé de ma cabane. Y’a quand même des gars qui jouent, banjo claudiquant, cordes molles, percussions percluses, un autre monde. Celui-là débute, le Palace Brothers, Will propulsé à sa vitesse, son propre débit en prince.
Pas l’impression qu’ils souffrent malgré la complainte de ses nylons. Pas vu le moindre manque des vastes étendues sudistes qui déroulent juste sous cette vieille porte en bois ajourée. On sent le vent chaud qui passe en dessous, le soleil aussi, l’odeur cury des plantes cuites, du sable poussiéreux et un ciel découragé par des procrastineux.
Quelle aventure ce « There is no-one what will take care of you », ou pas.
Palace Brothers 1993 « There is no one what will take care of you » sur Domino 2012