vendredi 29 novembre 2019

Pierre Lapointe 2019





Vous voyez bien le boomerang de la chose. J'ai beau tenter la diversion, essayer de me détacher de l'hexagone. En vain. Une grande manie à y revenir, peut-être pas l'envie de lâcher la chanson dans la langue que je comprends. Il faut qu'on me parle ces derniers temps. Cette saison avec les wagons glauques d'inhumains pâles m'injecte tellement de mots.
J'ai beau REMer, McCartner, Simon Joyner, Neil Younger, Nick Caver, Swanser...ça revient, malgré moi. Une envie obsessionnelle de comprendre ce que me disent les notes.

Les chansons de par chez nous sont la plus belle des maisons. Le passé de nos murs se referme inlassablement, la dérive des continents, le lent naufrage des vieilles croûtes. Un bail que là-bas j'adore cette autre dimension des chansons d'ici. Un peu plus d'espace et de liberté. L'Atlantique bombe le torse. Albin de la Simone comme un fil conducteur se fout de l'océan. Voilà le fil, la main tendue, le lien qui fait nos terres se coller d'harmonies et de douces manies.
Nous avons tous une armée désarmée dans nos cages thoraciques.

J'avais un peu perdu Lapointe depuis « Tu es à moi » (c'est comment possible une telle chanson !!) ou « Je reviendrai »..puis « Paris Tristesse ».
Il revient comme un boomerang francophone qui ne me lâche plus. J'ai beau anglophoner, portugaiser, italienner .. les mots mélodieux me reviennent comme une alerte rouge de submersion des côtes atlantiques...

Ici pour déjouer l'ennui de nos comportements, les écritures délicates à l'état pur viennent épouser une interprétation sincère et limpide. C'est un grand album de chansons de par ici et d'ailleurs.
Juste pour vous dire d'aller jusqu'au bout de cet album.. il a quand même été question de placer "Vendredi 13", ce sommet chanté, à la fin du disque.. c'est en boucle et c'est magnifique.


Pierre Lapointe 2019 « Pour déjouer l'ennui » label : audiogram


mardi 26 novembre 2019

Souchon 2019



On se demande bien ce qu'on devient. Qu'est ce qu'on va bien faire avec le jour qui vient. Le suivant.
J'en sais foutre rien, en attendant des décennies d'âmes défilent dans les mêmes états, une armée de salopards et quelques adorables, de vieilles connaissances qui disent sans cesse de belles choses posées sur de jolies mélodies.
Elle vaut quoi la vie ??

Alain Souchon 2019 « Âme Fifties »

samedi 23 novembre 2019

REM monster



Quel album culmine dans les 90's ?? sans conteste « Monster » de REM, et le beau monstre orange revient trancher le gris de son bleu puissant, gonflé à bloc.

Il fallait bien venir bousculer « Everybody hurts » et « Losing my religion » dithyrambiques, même si « Bang and blame » y ressemble un peu quand même. Braquer, secouer la planète.
« New Adventures in Hi-Fi » sera la suite.
En attendant, nous sommes en 1994 et le monde frissonne sous le masque vorace du monstre d'REM. Un matin d'urgence, c'est sûr un jour, « I took your name » réveillera la planète, hurlé à travers un mégaphone céleste géant.

A part ça ?? « Let me in » est un sommet poignant, bien au delà de l'idée d'effleurer le fantôme de Kurt Cobain.
Les remixes sont excellents, les bonus importants et les lives intéressants. En coffret 6CD, boîtier 2CD ou vinyle original.. « Monster » de REM, le meilleur album 90's est de retour.

REM 1994 /2019 « Monster » label : warner

 


lundi 18 novembre 2019

Tindersticks 2019


Tindersticks va finir par devenir définitif, le moment juste, biologiquement évident, le bout suffoquant du point de fuite de chacun de nos regards.
Effleurer tous les sens vers la plus délicatesse exactitude.

Irréfragables les cordes, « Les étrangers » de Léo Ferré, la marée philharmonique dans sa plus vive intimité.. et les arbres tombent sans arrêt, lentement et lourdement, comme une danse molle et lacrymale.
Orfèvre, horloger, chorégraphe des fragrances, saisons et tous les sentiments les plus nobles. Sensuelle fleur bleue.
Une grande ville dans le dos, comme un vague souvenir qui se brouille, l'essentiel au bout des souliers.
"No Treasure but Hope".. états d'âme adulés, la plus belle chose cette année, comme chaque année qu'un Tindersticks descend vers nous.

Tindersticks 2019 « No Treasure but Hope»label : lucky dog / City Slang


samedi 16 novembre 2019

Pomme



Je n'ai rien vu de l' « à peu près ». « Les Failles » sont pour moi.
Camillia Jordana, Barbara, Emilie Simon, Keren Ann... dans les esprits.

Une allée de Séquoias, d'où sortent ces mélodies pleureuses à la Betsh « Les Oiseaux ».
L'hiver et le grand froid.. j'ai beau me dire que c'est pas la première fois.. Des belles petites scènes à frissonner.

« Les Failles » de Pomme, un album à croquer.

Pomme 2019 « Les Failles » label : polydor



mardi 12 novembre 2019

Bon Entendeur 2019



J'ai un film dans ma besace que je ressasse, un acteur aussi, et puis une musique que j'ai voulu comme sonnerie de portable. Pourvu qu'on m'appelle sur un coup de tète, j'aime à exhiber ce sifflet lourd de légèreté. 
Faut taper un peu dans les décennies pour parler de ça avec les paupières bringuebalantes. Ce film, cet acteur, cette musique.. J'y pense très souvent.

« Les Bronzés font du ski », « Emmanuelle », mais pas que. « Coup de Tète » aussi. Pierre Bachelet s'est bien éclaté avec le grand écran. Et j'aime placer ce morceau là dans un blind test pour imaginer une voix fulgurante crier "c'est Pierrot".

Vintage. Recyclage. avant - arrière, "Aller - Retour".

Ouaih mais bon, quand c'est bon comme ça, faut laisser couler, voire dégouliner et se laisser prendre par d'hyper belles mélodies intemporelles de par ici.
J'ai découvert Claudine Longet via la compilation "Dirty Diamonds vol1" en 2003, ça sert à ça les boucles, les samples et les travelling arrière, les fouilles extraordinaires, l'envie d'archives et de mettre sur le zinc tempéré des trucs qu'on ne savait pas que ça existait mais que ça existe quand même. Isabelle Pierre.. bordel, Clara Luciani se doit de reprendre ça... Chédid, Nino, Mouloudji …... Les interludes Begbeider, PPDA et Niney sont des liants émouvants.

Quelle belle idée cet objet plein de cohérence musicale. Zouzou, Moulou, Jeanette en mode Professeur Inlassable, Moby ou Daft Punk... De toute façon moi, tu me mets Mouloudji dans le casque et j'embrasse ta mère en pleurant. Et si tu me fais entendre le sifflet de notre Joker à nous François Perrin qui erre dans les rues de Trincamp, je fonds de bonheur, de légèreté et d’arrogance quant à la dérision qu'il faut cirer au quotidien pour garder une once d'humanité, et d'humilité.
Allez Trincamp..

Vous écoutez Arnaud Bonet, Nicolas Boisseleau, Pierre Della Monica... merci pour cette bande son...à Bon Entendeur. 

Bon Entendeur 2019 "Aller - Retour" label : columbia / Sony Music  

 





lundi 11 novembre 2019

Angelo Branduardi 1980



Des tâches de rousseurs sur les trottoirs, les tilleuls de leurs feuilles maquillent l'asphalte d'éphélides, couleurs de trottoirs en automne. Sous les Tilias je marche et regarde ce teint pâle rougit de petites pommes. Je fredonne Branduardi. Couleurs d'automne, couleurs de trottoirs.

Angelo Branduardi 1980 « Va où le Vent te Mène »

En bonus, l'album italien, c'est toujours plus beaux Brandu dans sa langue . 


jeudi 7 novembre 2019

La Brinche



Murat et une betterave, je l'imaginais journaleux, lui m'imaginait peinturlureux à coup sûr. David est venu me voir. Pas une seconde dès la première passée le doute ne s'est installé. Son charisme, ma timidité et toujours des trucs à faire chialer, ou s'esclaffer. Un jambon persillé et du rosé devant "Calmos", un monde à refaire à coup de vinasse et un paquet de pistaches. Y'a un bled, « On est pas d'un pays, mais on est d'une ville », y'a une pompe à essence qui traîne entre nous, celle de Pépère Goulu, né à Auneau rue des crottes de chien, un vieux père avec sa dent pour sa soupe aux vermicelles, il regardait les voitures passer à Gallardon rue Guy Pouillé, juste en dessous de la Tour, et puis un tourbillon extraordinaire d'âmes à pleurer, galerie de tronches, de monstres et de gens si jolis.


Moi le maussade calfeutré, David le solaire des êtres humains. Seulement quand on se ballade dans la forêt près d'Ymeray pour aller voir la caravane à Tarzan, il ne reste que nos idées à la con, importantes, d'enfant qui errent dans des bois d'hiver, et des brouettes de trucs à des milliers d'arpents de la réalité, les godasses toutes crottées. Que dire de la Mère aux Cailles.
Il a des mots pour mon huile, j'ai du couteau pour son crayon, un jour c'est sûr on foutra... Il m'appelle souvent, Dubouquin, je l'appelle comme ça. Lui il m'appelle Dupinceau, et quand l'Hôtel de Ville me foutra la paix un jour, j'irai pisser dans les ruisseaux avec lui, entre deux tables d'auberges, l'amitié est dans le pré.


Dubouquin, il est écrivain, sept livres et le Prix de la Solidarité en 2013. Il pige pas mal de chose des âmes ordinaires, pigiste il est aussi, de par chez nous. Il est comme mon biographe.  Il est du coin, comme moi, pas loin. Voise et Eure se causent et se zyeutent jusqu'à Maintenon depuis belle lurette.
Il a fait renaître « La Guerre des Boutons » par chez nous, Armenonville. Martin cul nu dans la forêt, il est revenu tout habillé. Avant les livres, c'était dans le zinc qu'il chantait, textes, chant, guitare. Son groupe c'était la Brinche. Quelques personnages de ses chansons sont allés se balader dans ses bouquins, sur un trapèze. La grande période de cette musique accordéon, Tordues, Debout sur le zinc , les Ogres de Barback, La Rue Kétanou, Rue de la Muette, Les Blaireaux, Joyeux Urbains.... justement, dans la compilation « La nouvelle Guinche » en 2004, ils sont dedans avec tous ces autres là....

La Brinche, David, Greg, Jeff et Cat, c'est : « Au Hasard d'une Rue » en 2002 ; « Il faut se Méfier des Mots » 2004 ; La Brinche ...avec les Gens » 2006. Puis plus rien.
Il a remis ça avec son pote accordéoniste Greg, ils viennent de tourner un clip sur cette chanson enregistrée dans les débuts, en 1999 et en bonus en 2004, "Louise Ménager"..... Me taperais bien une petite cote à 1 euro avec eux.. à un cheveu près, j'y étais.


Oh, il aura fallu que je peigne ma Beauce à moi et que je veuille bien me montrer un jour de 2009 dans mon bled pour qu'une betterave sous « Le cours ordinaire des choses » nous lient gentillement. Je ne suis pas la cadence de sa liberté, mon réveil m'emmerde et la pointeuse me ronge les sangs.. un jour c'est sûr mon frérot, ma Fav'... on foutra.


http://www.davidramolet.fr/


La Brinche 2019 "Louise Ménager"  
 




mardi 5 novembre 2019

Giant Sand 2018/2019




Capter l'eau des cactées à défaut d'humer l'humus et des ligneux, ramper pour aller boire à pleine dent le cactus orangé, chercher l'aqueux coûte que goutte.
Du sable dans la gorge, de la poussière sur les gencives, les yeux brûlés par la surpopulation des succulents, je rampe et serpente entre les corps de l'eau. Comment j'aurai pu savoir, boire en mâchant juste ici où je devais griller sur place à coup sûr.
A défaut de ramer comme le galérien pour pas grand chose, je rampe des bras, je lève le cou et croque entre les épines en pensant à ce vieux Malbec dans mon verre cathédrale, juste avant que je parte pour le désert, épine-vinette mordorée transpercé de soleil à travers le cristal rond de mon ballon, si loin déjà. J'ai avalé du raisin, je bouffe du sable et me désaltère au xérophyte. Mes yeux convulsent, je voix la vallée de la pluie.

L'eau coule sur mes canines, me noie la glotte et me lave le menton, overdose de flotte fluo, l'extase allongé sur le sable géant. J'ai dû mâcher un fungi pas catholique sur ce figuier de Barbarie, ils dansent tous avec leurs yeux de reptiliens affamés .. « Desesperate man » on the sand. Mon acupuncteur est un fucking fakir, il m'a pris pour un branleur, il m'en a mis partout, je meurs de soif et je me roule dans ce pourpre irradié à épines. Les badigoinces ensanglantées, la langue charoïte, l'oeil médusé sur les Cactaceae, je bouffe tout, chacun sa gueule, même si je suis tout seul dans ce grand désert hallucinogène et troublant, Giant Sand est un groupe indispensable depuis que les déserts existent. Il revisite, reprend, c'est encore meilleur.... Je lâcherai jamais, je veux du « Body of Water » à fond, jusqu'à plus soif.

Giant Sand 2019 « Recounting the Ballads of Thin Line Men »
2018 « Returns of valley of rain »  label : fire records


Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...