samedi 3 décembre 2022

Christine Perfect - 1969

 


Des petits matins chafouins que rien ne peut guérir, « Wait and see » dégouline sur le carreau. Le temps pleure. La buée des paupières.

Quelques âmes de carotène tombent, de doux agiles tourbillons « comme des toupies ».

Christine s'est volatilisée. « Christine Perfect » est absolument unique.


C'est un point de bascule, une transition, du Chicken Shack et du Fleetwood Mac, intersection, et la flûte de « Wait and see » me fait du mal.

Son timbre mat m'abîme, ce disque est une tendresse, un objet précieux, sa mine de pureté est touchante, je suis toujours resté amoureux de cette grande artiste indispensable. La pâleur de sa peau innocente m'attendrit. Cette pochette est une merveille, un soleil blafard baisse les tons devant cet abandon mélancolique et l'osier croustille. Elle s'est réfugiée discrètement au creux de l'histoire, son influence sourde deviendra incontestable. Mettons bout à bout toutes ses chansons du Fleetwood pour imaginer la grandiose révélation.

Je danse collé slow avec « I'd rather go blind », je respire comme on fond en larme. C'est une reine qui s'en va. Un sanglot long.


Peter Green s'est barré, la brèche s'est ouverte pour un groupe à géométrie variable. Christine va venir marquer de son étoffe la vie du mastodonte.. « When you say » en pure merveille est là comme une passation, un album 1969, juste avant d'épouser une autre Vie, fulgurante, à Mac2, la tornade Fleetwood. Le blues de Green colmaté par madame Perfect, blueswoman auparavant.

« No road is the the right road », rares les femmes sur ce terrain là.

A quel point elle fait partie de ma vie sonore sans pour autant en être conscient, c'est un peu ça Christine, indélébile dans la plus charmante discrétion. Le piano chiale, je remets « Wait and see » et déjà le jour n'est plus, l'automne est bien trop long, de plus en plus, le prochain hiver se fera sans elle.


Christine Perfect 1969 « Christine Perfect » sur Blue Horizon

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