mardi 30 janvier 2024

Pierre-Yves Macé - Sylvain Chauveau 2023

 


Des lumières de toutes sortes font briller l'aluminium et le platine. Des températures de part et d'autre éloignées du point zéro, le mercure en balançoire. On ne sait même plus si tout se dilate, si tout est polaire. Une petite chose semble sautiller, sable ou neige, moineau magnétique sous l’œil figé de la grande chouette.

La résonance trouble des acoustiques imprègne toute les émotions. La pointe d'une plume écrit l'histoire des âmes sur le minéral. Un monde ancien pervers et paradoxal fait écho sur quelques machines ondulantes. Le son est extraordinaire. Les éléments chimiques se renvoient les atomes, tout finit par fusionner.

Deux grands noms se percutent dans une danse organique, Iridium et Silicium, Chauveau et Macé, architecte et paysagiste sonores, l'échange s'étire à l'infini dans une matrice de silence argenté. Cuivres et cordes se dandinent sur de frêles ondes cybernétiques.


Sylvain Chauveau & Pierre-Yves Macé 2023 « L 'Effet rebond » sur Sub Rosa

mardi 23 janvier 2024

Nits - 1998


 

 Des éclats de rire au creux des dunes, les enfants dansent dans le sépia. Certains disques sont rangés comme des amulettes, juste adossés à de vieilles diapos.

L'oyat est foulée et le sable du temps dégouline. J'écume les souvenirs dans un doux coma, tout se recompose et Nits résonne en Alankomaat.

Le coucher de soleil est figé, des joues rosées me sourient, le sablier est un con. Des images sont punaisées sur la voûte, une vie en collage et des remugles à déguster. Les enfants ont quittés nos murs. Plus que la boite à chaussures en rétroviseur, ou le paquet de madeleines en douces dunes dodues, quelques beaux albums d'alors envahissent mon huis clos et du sable fin me coule sur les tempes.

Le blé d'hiver en petite houle de janvier, je rebrousse en dansant sur le flamenco fou de « Sister Rosa » avant de m'écrouler rassi et bercé par la mélancolique basse des « Three Sisters ».

1998 en plein sente, des idées de belles chansons toutes chargées d'amour et de manques me tournent la tète. Sablier interminable en hélice folle, je vais rester encore un peu suspendu avant d'atterrir.


Est-ce pour cela, que « Alankomaat » est ma préférence des Nits ? Y'a de ça, c'est sûr.


The Nits 1998 « Alankomaat »


samedi 20 janvier 2024

Roger Eno, 2023


 

Sur le cobalt pétrifié, un bouton sec d'hibiscus s'est hérissé d'une délicate chevelure de gel. Le gris détrempé a disparu, dehors la chambre froide ensoleillée parle de patience. Rien ne bouge, pas même la plus hautes des fines branches du bouleau. Les avions ne dessinent plus rien. Le glacis bleu se dilue et tombe sur la ligne horizontale. Quelles autres nappes Eno pour orchestrer cet instant.


Ces frangins là planent à 15 000, flottent et insufflent, Roger pas moins que Brian. Deutsche Grammophon s'est attendri depuis que les néoclassiques viennent changer la palette et ajouter quelques machines délicates. Max Richter et même Moby. Sous ces tuiles là, ils se sont à leur tour fardés de grandiose, de son extraordinaire. « The skies, they shift like chords » est un petit miracle matinal suspendu. La terre est raide, les buissons pleurent la montée du soleil, l’orchestre resplendit, c'est une grande et belle journée de janvier.


Roger Eno 2023 « The skies, they shift like chords » sur Deutsche Grammophon

mardi 16 janvier 2024

Astrïd - 2023



Derrière chez moi s'étend un arrière pays infesté par le vide. De longues plaines dévastées dominent quelques vallons courbes peu profonds, ils sont doux et silencieux. Une orgueilleuse ceinture d'arbres les démasque. À quelques buissons de chez moi l’étendue happe, il est possible à certaines heures creuses de la journée de n'y croiser personne. Ce moment précis où tout se met à chanter, sans voix aucune. Le paysage sonore qu'il faut aller chercher.

C'est la phénologie qui guide la mélodie, le Celsius la tonalité, le vent peut être cuivré ou argenté, qu'il glisse ou s'engouffre, les plumes d'or ou de plaintes...la lumière mixe.


Ce matin la respiration est pastel, le froid immobile a nacré les sons. Je suis allé fouler mon arrière pays. Le drone ankylosé, le son des champs engourdi, je me suis régalé de ce concert de cordes planantes et de nappes mélancoliques, braves et pénétrantes. Je ne suis pas loin de mon trou creusé quelques décennies déjà, à quelques charmilles craquantes de là, que le gel fait chanter. Je sais que derrière moi à bout de toits, Cyril Secq m'attend et qu'il a peint tout ça.


Astrïd chante mes paysages depuis que le Ruthénois Arbouse Recordings a laissé s'évader.


https://musicforastrid.bandcamp.com/album/always-digging-the-same-hole

https://www.facebook.com/astridmusique/


Astrïd 2023 « Always Digging the Same Hole » sur False Walls

Manic Street Preachers - 2004

  En couple les oiseaux, ça sautille sec sur la parcelle fraîchement fauchée. J'ai toujours eu horreur des couples qui vont faire leu...