La pochette est noire, un nouveau trio
est là avec les visages, des tronches intensément, des piliers, et
pas des moindres une nouvelle fois, Mark Kozelek, Jim White,Ben Boye.
C'est aussi une impro, un grand disque
de rock gris, Jam, Word Spoken, Jazz vrillé ou ballades raides à la
Reed ou Cave... Le dernier Jim White, hyper conseillé à sa juste
valeur par quelque branleur ici bas, m'a renvoyé vers la folie americana de
16Horsepower, c'est une belle rencontre avec Mark Kozelek qui
n’arrête pas un seule seconde, c'est sa quatrième collaboration
pour cette année.
Trois, trinité, une pochette noire, un
live, une chose bizarre, Kozelek va très vite, je n'ai pas le temps
de suivre. Pourtant là c'est autre chose.. de blanc il n' a que Jim,
du noir sans courant qui parle, des mecs qui jouent très bien, Ben
Boye alias Justin Von Beefheart, le jazzman fou.
Jamais Kozelek ne m'a autant accaparé.
Sans trop savoir pourquoi exactement, je n'ai pas une tendance à
garder précisément ces travaux, peut-être un peu plus ses groupes.
Ceci dit, celui-là va peut être me faire approfondir son œuvre, ou
pas. Interloqué, ne plus glisser ?
Je suis dans le noir, sans jus, coupure
et coupé du monde, bugg électrique. L'ordi avec ses 34% d'autonomie
crache ses dernières énergies avec ce trio live improbable. A la
bougie avec ce qui me reste de pile ou de de jus dans la carrée..
j'écoute Kozelek & Co qui rend toute sa substance.
Mark Kozelek with Jim White and Ben
Boye 2017 label : caldo verde
Pochette blanche sans visage, quelque
architecture sobre flotte, juste la présence de l'homme, sans le
voir ni l'entendre. Trois visages invisibles et pas des moindres :
Aidan Baker le grand constructeur et paysagiste sonore canadien à la
guitare, Simon Goff musicien britannique contemporain au violon et
quelques percussions, et Thor Harris le texan à la batterie, lui
c'est chez Young god records qu'il bosse, Swans, Angel of Light, un
pote de Gira, mais aussi Shearwater.
C'est un trio Lo-Fi expérimental qui
joue en live, en impro, du kraut atmosphérique, un jazz cinétique
qui se répète, un rock cérébral engourdissant et résonnant.
« No Place » est un voyage
profond joué dans un hangar suspendu.
Aidan Baker/Simon Goff/Thor Harris 2017
« No Place » label : gizeh
A l'origine de ces moments d'écoutes,
Moustaki est venu blanchir les quelques rayons d'un soleil absent
depuis une dizaine de jours par chez moi. Son « Fado tropical »
vient à chaque fois me braiser le spleen. Un disque de Moustaki,
c'est toujours un moment particulier, une écriture intime et
mélodieuse, un « Droit à la paresse » que je
m'autorise sur mon confident, comme le rocking chair de JJ Cale.
Moustaki, comme on va rendre visite à un tonton philosophe qui
répare nos âmes.
Puis, cet ami de Georges, m'a emmené
sur une pochette similaire, Léo Ferré 68... que dire, comment je
vais finir cette séance.... quoi penser en dehors de ce moment
particulier à écouter les deux albums, les deux portraits pâles
juste devant moi, troublants.
Des visages blancs, disques d'hiver à
écouter près du feu, visages blancs, et Barbara s'est invitée,
Barbara et sa « Ligne droite », Moustaki à nouveau. Ce
monde artistique m'étourdit, des cohérences fulgurantes qui se
touchent. Visage sur fond blanc, Reggiani aussi à chanté du
Moustaki, « La vieillesse » pour ce disque là,
son album 81. Ferré, parmi les poètes, « Les poètes »,
Aragon et cet autre lien avec Ferré, un autre visage de titane et
une écoute personnelle, Ferrat 69, « Au printemps de quoi
rêvais-tu ? ».
A l'origine, j'ai vu le ciel se lever,
le mercure un peu chuter, la paresse s'est emparée, je sais que la
courbe s'est inversée, les jours rallongent, imperceptibles, il
suffit juste de le savoir, le creux de l'hiver qui débute avec
quelques auteurs génétiquement immuables. Après midi blanche à
écouter Moustaki, Ferré, Barbara, Reggiani et Ferrat.
Que des
albums éponymes, sauf Barbara.
Des disques blancs.
Georges Moustaki 1974 « Georges
Moustaki » labl : polydor
Léo Ferré 1968 « Leo Ferré »
label : barclay
Barbara 1972 « Amours
Incestueuses » label : mercury
1994 la résurrection de « Live
at the BBC » des Beatles est dans les bacs, débute alors une vague de retour aux Beatles. L'année suivante ce sont les 3 volumes des doubles
anthologies qui refont littéralement bouillir à nouveau l'histoire.
Pour ne pas faire de l'auto
concurence, la maison de disque demande à Paul de rester en dehors
de l'actualité, le temps que ces fouilles archéologiques soient
digérées purement par les fans. « Rester tranquille », lui, il
se fait une raison et se met à l'écart.
Du coup Macca reste peinard et voyage,
mais prend le temps d'écrire beaucoup et d'enregistrer un peu, perturbé par
le recul du travail des Beatles enfoui et proposé à travers ces "Anthology" dont il suit de près
la mise en boite, auprès du producteur Jeff Lynne.
Il prend son temps et du plaisir à
écrire, et puisque la rencontre avec Jeff Lynne s'est bien passée, c'est lui qui va cuisiner le son de
« Flaming Pie », l'opus 1997 de Paul McCartney. Ce sera
une superbe réussite à tous les niveaux.
Casting resserré, Paul assure quasiment tous les
instruments au côté de Jeff Lynne, puis Steve Miller est invité (qu'il a
rencontré en 69 quand il errait dans les couloirs d'Abbey Road après
la dispute quant à l'arrivée de Phil Spector au sein des Fab Four).
Son fils James traine par ici tout comme Ringo Starr, sur
le chef d'oeuvre « Beautiful night » écrit à trois, Paul Ringo et Steve. Il y a aussi
évidemment Linda, mais pour la dernière fois. Peu de temps après,
elle disparaît.
Intimité et nostalgie donc, sonne une marée de guitares comme les aiment si bien Lynne. Plus que
de coutume les ballades pures Macca charpentent l'album, lumineux, fiévreux, aéré,
plaisant, serein, doux, enlevé, songeur, épuré, nappes de cordes,
franc, direct, ambitieux, étoffé, émouvant et moelleusement rock.
Il faut bien dire une fois de plus que
ses mélodies renversent, « Flaming Pie » est sûrement
l'exemple parfait.
Une poignée de singles longeront ce Lp, il a eu le temps de créer, avec une
floppée d'inédits en faceB.. et c'est ça qu'est bien chez Paulo,
l'opulence et la générosité :D
C'est une nouvelle grande transition
dans sa carrière, la beatlemania revient partiellement, elle explosera à nouveau en 2009, il fouille le passé alors que Linda va sortir de sa vie, une nouvelle fois rien ne sera plus comme avant.
C'est sa plus grande entrée dans les
classements depuis les Beatles, en plus des awards nominés.
Bizarrement, il n'est pas ma
préférence. L'album est une pure merveille, mais je n'entends pas
le son Macca, comme on a pu crier à la défiguration des inédits
"Free as a bird" et "Real love". Ce son là, c'est celui de Jeff Lynne
que j'adore pourtant, des Travelling Wilburys, de Joe Coker « Night
Call », de Tom Petty « Into the Great Wide Open », Roy Orbison "Mystery Girl".. peut être
aussi qu'il est trop parfait et que je l'écoute trop souvent.
Je ne vous encourage pas avec ce tout
léger nuage de ma part qui n'en est pas un, à vous lâcher sur les critiques, non,
« Flaming Pie » est inébranlable, il suffit de se mettre
à la hauteur de « Someday » pour mettre tout le monde
d'accord. Quant à « Calico skies », elle renvoit directe
à « Black bird »..... « Heaven on a
sunday ».... « Little willow » (chanson hommage discret à Maureen Starkey disparue)... le jam
infernal « Really love you »... oh pis si, c'est un de
mes albums préférés... juste après « Chaos and
Creation... ».
Appuyant plus encore son statut de légende vivante, il va juste après cet énorme succès sortir un album instrumental classique, et une nouvelle récréation expérimental sous le nom de The Fireman. La liberté d'un génie.
" "Beatles", c'est venu de la vision d'un homme sur une tarte flambée arrivant vers nous..à partir de là vous ètes les Beatles avec un "A"". Plus que jamais le retour de l'âme des quatre.
C'est mon cadeau de Noël.. si si ,
j'insiste..eh un cadeau c'est un cadeau, y'a tous les bonus avec..
que j'le vois pas trainer
à revendre sur le net d'occas...ça va chier ;D
Il fallait bien cette onde intime de
chaleur douce brésilienne pour ventiler, se soigner de cette
grisaille suffocante. La fatigue plein les naseaux, la nausée est
partout, transports, galeries commerciales, voûte et regards. Les
âmes sont flanquées d'obsolescence programmée, c'est Noël.
Douce tranche de quotidien en partance,
Lucas Santtana dépose dans nos crânes la chaleur d'un voyage
incorporant aux délicates balades acoustiques des prises sonores en
interludes, avion, rue, aéroport, plage, restaurant, forêt.. Même
sa tempête est chaude et délicieuse.
Lucas nous extirpe, nous emmène avec
lui dans ses bagages, avec sa vie dedans et ses chansons attachantes.
Dehors le ciel bas sans vie incube nos microbes, rendre toutes ces
commissions. Je reste cloîtré chez moi, je ferme les yeux et pars
avec Lucas Santtana.
Il est brésilien, il chante depuis 12
ans, son nouveau voyage est proposé chez No Format !
Lucas Santtana 2017 « Modo Avio »
label : No Format
Adrian Crowley est un vieux pote que je
n'ai jamais rencontré. Ou plutôt j'ai une telle intimité avec ses
créations que j'ai l'impression d'écouter les confidences d'un
proche plus ou moins éloigné, là juste à côté assis sur le même
canapé.
Matt Elliott avait aussi cette faculté
particulière à venir foudroyer mon spleen, côtoyer ma grisaille.
Callahan enfoui, des brumes à n'en
plus finir, pas de ciel, je tire un trait sur l'horizon.
Faire abstraction des repères.
C'est un fidèle ami musical qui vient
discrètement causer au creux de l'hiver des ligneux dénudés, il
chante la lumière à son plus bas.
Adrian
Crowley 2017 « Dark Eyed Messenger » label :
chemikal underground
Lentement des voix nous ont
familiarisées avec certaines musiques. Confortablement, celle de
Jeff Tweedy installée dans ma mémoire me renvoie à Wilco. Et ça
tombe bien, c'est lui qui chante dans ce groupe de Chicago.
Quand Wilco Tweedy interprète son
country rock moderne et sensible, je m'installe rassuré à l'idée
(comme Johnny:() qu'un bon disque, même si quelquefois légèrement
tendu, va passer peinard comme une bonne journée bien grasse à rien
foutre, ou presque. Sont pas très répandus les groupes qui nous
répandent ainsi.
Wilco c'est une histoire de jeunes
blancs-becs qui n'ont jamais cessés d'être meilleurs, des remugles
de Uncle Tupelo. Décontractés du banc d'autant plus qu'il s'agit là
d'un double album.. et moi les doubles albums j'aime beaucoup.
Tellement de choses à dire, même si c'est quasiment le début pour
eux. La voix y est pour beaucoup, on est vachement bien quand Wilco
diffuse sa country alternative.
« Someone else'song » se
permet une virée Cash, Tweedy et sa gratte, comme pour son dernier
album solo sorti cette année, coiffé d'un stetson, strictement
acoustique, dans la pure tradition.
« Misunderstood » ouvre
l'album, Sparklehorses, Eels voire Nourrallah Brothers ont sûrement
dû être inspirés.
« Far, far away », « Say
you miss you », quand je vous disais que le banc à bascule
avait des allures de racoleur.
« Monday » commence comme
un « Rebel rebel » pour s'étendre en p'tit rock stonien.
« Forget the flowers »
pause country classique avant le lennonien isolé « Red-eyed
and blue »
« Kingpin » blues bleu sec.
« Sunken treasure »..la
pièce centrale, des airs de plein de choses qui me foutent par
terre..........
Jeff Tweedy et Jay Farrar font des
miracles, depuis cet incontournable double album des débuts qui sort
ces jours-ci en deluxe, je me suis appuyé fortement sur « Yankee
Hotel Foxtrot » et « Sly Blue Sky » sans pour
autant délaisser les autres disques. 20 ans passés avec Wilco, un
nouvel objet important des 90's.
Aux alentours de 1992 je trouvais du boulot sur Paname, du coup, un paquet de disquaires s'ouvraient à moi. La différence avec la musique de ma campagne reculée fut l'opulence, la diversité, l'offre étendue et la découverte entre autre des labels indépendants.
Pour zoomer un peu, 1994 d'une pierre deux coups et je tombe sur mon premier album de Nick Cave qui m'ouvre les portes de l'auberge Mute records, surement le plus excitant alors tout en restant formidablement "populaire".
Chez Mute, les pièces du catalogue sont estampillées STUMM, et cette envie d'écouter à nouveau ce disque poignant, m'est venue grâce à la parution du beau bouquin "MUTE le label indépendant" qui retrace le parcours de 1978 à demain, sans trop de textes, mais avec l'intégrale de tous les objets musicaux développés chez eux, photos à l'appui. Un grand vertige que de compulser ces pages, puis plein de trucs qui ressurgissent... Anita Lane, Einsturzende Neubauten, Depeche Mode la loco, Fadgadget, les plus récents Goldfrapp, Josh T Pearson, Liars, ADD N TO (X), Wire et une autre loco Moby .... avec le recul tellement de belles choses.
"Let Love In" donc, un tournant dans le parcours de Nick Cave, la deuxième partie, mais à l'époque je ne le savais pas puisque j'ai suivi sa discographie à partir de ce disque là. Bien longtemps après je suis parti à reculons. C'est un album homogène avec une production subtile, un son extraordinairement étoffé.. pour l'époque. Du blues oppressant, de la rage contrôlée, des sujets glauques et une interprétation à tout casser (rien à voir avec Johnny). C'est aussi l'arrivée dans le groupe de Warren Hellis, le son ne sera jamais plus le même. Album possédé, moite, sanguin sans hémorragie, totalement habité, mais absolument bien maitrisé. Une vague atmosphère de meurtre plane, des idées mortifères qui déboucheront sur "Murder Ballads"."Nobody's baby now" était prévu pour Johnny Cash, et là je me souviens de "Mercy Seat" qui a fait valdinguer mon quinté des plus belles chansons....mais je m'égare, et la cloche de "Lover man" me tape sur le crane. Pourquoi à l'époque je passais "Jangling Jack" pour tomber sur le blues Tom Waits "Red Right Hand" et puis danser follement sur "I Let Love In" jusqu'à chuter.... que dire de "Ain't gonna rain anymore", le crooner dramatique que j'aime.
Une nouvelle fois 1994, coïncidence temporelle pourtant à l'époque je ne connaissais pas Bark Psychosis. Cette année là, je me procure "Let Love In" le vampire. Nick Cave fait son apparition dans ma programmation cérébrale, et le monde riche de Mute déboule. Ma vie musicale prend un sacré coup de frais dans l'échine, un tournant radical pour moi aussi.
A l'heure où je fouille du côté de
mes 10 ans, l'année où j'ai acheté mon premier vinyle, un certain
concert 1979 Porte de Pantin au Pavillon en costume du king, les
pages de ce blog ont aujourd'hui exactement 10 ans.
Je me souviens très bien du premier
billet sur Domnique A, 8 décembre 2007, bordel 10 ans, environ 1600 chroniques, des
mois (même des années) avant de récolter quelques commentaires, et
surtout énormément de très belles rencontres. Pleins de nouveaux
amis, virtuels mais pas moins importants que la chair et l'os, le
mystère des personnalités en plus.. ceux qui m'ont encouragés dès
le début, Sylvie, Maryline, Armel..puis la rencontre d'un 1er groupe
Benoît, Blake ( que deviens-tu?), Markab (où es-tu?), Papa Vincent,
Franky, Sb.. puis l'autre groupe de cinglés Jimmy, Dev, Yom, Zorno,
Rooster, Till, Evrett, Sorg, Chris, Kif, Fracas, Ranx, Audrey, Sad &
Torch, Christophe dubouquin, Carl, ma peintre préférée Mylène .. des
nouveaux Alex & Etienne, Tonton, ElNo, Twist.... et puis mon
Pap's virtuel Echiré.. et Pax. D'autres de passages... putain 10
ans...
Je me suis intéressé aux stats sur le
tard, des pics en juin 2013, puis un record mars dernier (41000 pour
1mois) pourquoi ?? et la chute libre depuis, sûrement que
j'ai fait le tour, que je végète, qu'il faudrait que je change des
trucs, brasse et braque. Et puis surtout que finalement je m'en fous
des chiffres, toutes ces rencontres sont d'une telle richesse, de
superbes découvertes, même des trucs chelous 1984 & co, des
coïncidences artistiques, des remises en questions musicales avec
quelques guides précieux (Pax pour ne citer que toi), mes
insistances avec lesquelles je ne démords pas, des écoutes appuyées
pour en extraire le bon jus, et pleins de petites merveilles
ressorties parce qu'il fallait absolument que je vous en parle.
Moi aujourd'hui, j'ai 10 ans, je sais
que c'est pas vrai, c'est Charlu qu'a 10 ans.
Bien caché dans ma cabane à
chroniques le plaisir de parler disque est devenu une addiction.
C'était en tout cas le but initial, ne pas garder tous les skeuds
sans partager ou transmettre, voire donner envie, un but élargi à mes étagères
compulsives.
Ehhhh les p'tits gars, j'ai 10 ans ;D
Alain Souchon 1977 « J'ai dix
ans » label : RCA Victor
Je ne mets pas les liens, tout le monde
se reconnaîtra, j'vous aime tous et si j'en ai oublié gare ma gueule à la récré.
mercredi 6 décembre 2017
"....Et voilà, je suis toujours là Vous et moi n'en resterons pas là ...."
Quel joli nom de groupe, Bark
Psychosis. Impossible pour moi de dissocier cette musique à celle de
Crescent ou de Bed, un jazz embué de silence, avec en plus des onces
de post-rock à peine suggérées et une production « chantilly ».
C'est un trajet urbain engourdissant à
travers des panneaux de citée où tout s'allume mollement avec le
noir total d'une nuit à observer les notes délicates.
J'ai beau expliquer maintes fois mon
malaise quant à la musique des années 80's, je m'aperçois que
rares ici sont les albums des 90's, surtout dans sa première moitié.
Sûrement celui-ci, avec le recul qu'il m'a fallu pour voir sa
lumière, est une pièce maîtresse décennale. Deux albums seulement
pour ces anglais de l'Essex, ce premier précieux comme un disque solo de Mark
Hollis, et je profite d'une réédition chez Fire pour m'offrir à
nouveau et à neuf le son et l'écriture extraordinaires de « Hex ».
Bark Psychosis 1994 « Hex »
label : circa circa / 2017 fire records
Quand je l'ai vu se désaper, j'ai tout
de suite su que le sud était passé en hiver. Quelques frissons
m'attendaient, un froid dans le dos à l'idée d'arpenter la steppe
rasée avec comme seul repère son écluse à péniche. Couper,
ébouter et raser, ça m'a toujours posé problème, je prends des
cours de jardinage pour me soigner et je suis révulsé à la moindre
idée de déforestation.. comment respirer à plein naseau sans bois
ni forêt, comment humer l'humus sans feuilles mortes à venir pour
régénérer la tourbe ?
L'hiver m'emmerde, moi c'est le sud que
je veux, du tiède, du moite, de l'étuve à cramer de l'intérieur,
des souffles chauds, mais qu'est ce qu'elle a fait à faire péter la
toundra ainsi, faire table rase des arbrisseaux et des conifères, je
vais me perdre dans la plaine dénudée, je vais me vautrer et faire
chauffer la débâcle, attendre le printemps, déjà demain ça aura
repoussé pourvu qu'il pleuve. « Winter in the South ».
La chambre est froide, tamisée,
j'avais misé sur un peu de chaleur, il faut dire qu'A.Savage passe
en boucle et c'est pas qu'on se les gèle dans la carrée, son parfum
à elle a tout du jasmin, une once sensuelle de sucré qui susurre sa
peau nacrée, « Thawing Dawn » est en train que me ronger
les glandes. Tellement besoin de canicule que je vais me laisser
brûler les veines par cet album pervertisseur. Les chansons vandales
défilent et je commence à entrapercevoir énormément de chaleurs
de son hiver tondu, et peut être je vais finir nu dans la crevasse à
en baver comme on saigne un cochon.
Tiens, sont amerloques les Parquet
Courts, le A.Savage sonne tellement british, encore un décalage,
chaud et froid, ce disque m'a vrillé la tète, c'est un objet
attachant et toxique, poignant et foudroyant. Une petite œuvre
salope qui me prend par tous les sens, et racole à mort mon spleen
de cheval.
Non seulement elle a ratiboisé grave,
mais en plus elle a coupé la musique sous prétexte qu'il passe pour
la troisième fois, on était justement sur « Winter in the
South ». La cavalcade infernale du wild wild wild horse, ça
attendra demain, je vais juste m'avachir sur le désert à chercher
l'oasis avec encore dans la tète les airs Velvet-Callahan de Andrew
Savage solo.
« Untitled » .. vais
chialer, dès qu'elle s'endormira ma lisse, je remettrai cette
chanson en permanence. Je veux bien avoir la foi, devenir
croyant..mais à quoi ??? aux taïgas brûlantes ?? aux
étendues désertes habitées par un rock soft et fou de vieux
branleur ?? « Thawing Dawn » tout près de Nev
Cottee et Simon Joyner pour le quinté de cette année, pas loin du
premier.