vendredi 21 juin 2024

Eels 2024


 

On ne se refait pas. Mouche. Quitte à se répéter. L'affect, le goût des autres. Pourquoi cette chanson plus que celle-là corrige ma respiration ? On connaît le loustic, je commence à savoir mes cellules. Peut-être ce n'est pas juste de la mélancolie. À coup sûr il y a de l'eau dedans, un truc gorgé. Sécrétions. Mais pas que. Des pâquerettes dans la barbe, une passiflore dans le calbute, du pollen mauve dans le pif, faire obligeance à la sève.. faut avoir un sacré culot affectif pour lâcher autant de nudité fantomatique.

« We Won't See Her Like gain ».

Des fils de lierres tendus sur le manche, les accords fragiles tremblent, et ces petites nappes organiques qui vous niquent le moindre désespoir. Quel saligot ce Marko à ne rien lâcher sur nos sensibilités.

Ah oui, sinon, le reste de l'album est tout comme j'aurai pu fidèlement l'écrire. Genre « Sweet smile » pour faire le tour de la terre, ou « Goldy » en Grandaddy en mieux etc etc..

Ventre face dans les graminées, des petits bouts de vie en l'Everett c'est pas pour me déplaire.


Eels 2024 « Time ! » E Works Records

mardi 18 juin 2024

Peter Gabriel - 2023


 

Chacune de ses pièces discographiques sont des objets importants posés à l'endroit le plus flagrant de mon rayonnage. Depuis « So », il est devenu indétrônable. Un peu avant « So » aussi, mais pas comme ce déclic absolu de 1986. Depuis, j'accompagne la rotation planétaire avec le monde pour élire cette immensité artistique. Je le fais aussi pour quelques autres, mais pas de cette façon, j'accompagne la foule fan et son flux fou qui appelle à la messe. Qu'a t-il de plus que McCartney par exemple pour aspirer un respect indéfectible sans anicroche aucune malgré une discographie parsemée. Sûrement cette rareté, cette discrétion dans l’événement et le grandiose.


Alors voilà la transition, sa rareté, l'attente..SO 86, US 92, UP 02, I/O 23, ça fait pas des masses, et pourtant l'étagère ploie sous cette éminence world-pop-electro-acoustique-rock-ambiant-symphonique visuel et scénique. Certes, l'avant « So », ce bal récapitulatif autour du sang, ces BO, et j'aime souvent à m'engluer dans « Birdy » et « Passion ». La genèse aussi.


Bon, plus d'un an que « I/O » est sorti des cieux, je l'ai attendu et même perdu espoir. Blood & Co était pour moi le rideau tiré. Quel retour, quelle pochette, quel concept, quel album.. à chaque écoute mes enceintes poussées un peu plus haut que d'ordinaire m’agrafent au sofa.


J'ai fermement l'impression qu'il n'y a pas eu ici le retour mérité (ailleurs?), le sentiment bizarre d'avoir tourné un peu seul autour de la planète avec cet opus posé dans les bacs comme par dépit... négligé, bâclé, délaissé, déserté. J'ai pris l'objet comme un enfant dans un magasin de jouet, l’œil humide regardant autour de moi hagard, guettant la liesse, le moindre remoud, la peur de la rupture de stock. C'était y'a un paquet de mois. Je n'en parle que maintenant, je l'écoute très souvent depuis sans aucune usure d'émotions.

Que c'est t-il passé ? À quel moment ? Ai-je trop gardé la puérilité d'une sortie euphorisante qui en vaut la peine? Musique obsolète ? Un nouveau Peter Gabriel..s'il vous plaît.


Peter Gabriel 2023 « I/O » sur Real World Records


Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...