samedi 3 décembre 2022

Christine Perfect - 1969

 


Des petits matins chafouins que rien ne peut guérir, « Wait and see » dégouline sur le carreau. Le temps pleure. La buée des paupières.

Quelques âmes de carotène tombent, de doux agiles tourbillons « comme des toupies ».

Christine s'est volatilisée. « Christine Perfect » est absolument unique.


C'est un point de bascule, une transition, du Chicken Shack et du Fleetwood Mac, intersection, et la flûte de « Wait and see » me fait du mal.

Son timbre mat m'abîme, ce disque est une tendresse, un objet précieux, sa mine de pureté est touchante, je suis toujours resté amoureux de cette grande artiste indispensable. La pâleur de sa peau innocente m'attendrit. Cette pochette est une merveille, un soleil blafard baisse les tons devant cet abandon mélancolique et l'osier croustille. Elle s'est réfugiée discrètement au creux de l'histoire, son influence sourde deviendra incontestable. Mettons bout à bout toutes ses chansons du Fleetwood pour imaginer la grandiose révélation.

Je danse collé slow avec « I'd rather go blind », je respire comme on fond en larme. C'est une reine qui s'en va. Un sanglot long.


Peter Green s'est barré, la brèche s'est ouverte pour un groupe à géométrie variable. Christine va venir marquer de son étoffe la vie du mastodonte.. « When you say » en pure merveille est là comme une passation, un album 1969, juste avant d'épouser une autre Vie, fulgurante, à Mac2, la tornade Fleetwood. Le blues de Green colmaté par madame Perfect, blueswoman auparavant.

« No road is the the right road », rares les femmes sur ce terrain là.

A quel point elle fait partie de ma vie sonore sans pour autant en être conscient, c'est un peu ça Christine, indélébile dans la plus charmante discrétion. Le piano chiale, je remets « Wait and see » et déjà le jour n'est plus, l'automne est bien trop long, de plus en plus, le prochain hiver se fera sans elle.


Christine Perfect 1969 « Christine Perfect » sur Blue Horizon

samedi 26 novembre 2022

Andrew Bird - 2022


 

Dès la première note, Andrew Bird. Un certain bonheur météorologique. Sa voix confirme, ses airs, son sifflet qui embaume l'écriture.

L'élégance pop ne l'a jamais quitté et les six minutes d' « Underlands » introductif insuffle un bonheur qui ne vous lâche plus. La discographie s'allonge et depuis « Weather Systems » la joie d'écouter un opus du Bird reste inébranlable. Allègre et radieux, une petite joie palpable illumine ces compositions là. Plein de subtiles morceaux de styles bâtissent la nouvelle virée d'Andrew Bird.

Discrètement au sommet d'une année surpeuplée de nouveautés.


Andrew Bird 2022 « Inside Problems » sur Loma Vista

vendredi 18 novembre 2022

Roger Eno and Brian Eno 2020

 

C'est l'apocalypse des temps nouveaux, la kyrielle de couleurs. Roger et Brian ont crée un nouveau nuancier.

Ça plane un max chez les frangins, des myriades de nuances, il suffit de passer le couloir laiteux de la Manche pour décoller dans le vaisseau Eno. Toutes les altitudes sont permisses, on peut très bien raser de quelques mètres des plaines verdoyantes quittant les falaises de craie, prendre de la hauteur et noyer les landes brunes dans une brume ouatée, aplanir les teintes, monter encore, prendre la verticale pour laisser flamboyer l'horizon et se noyer dans le nacre pastel d'un haut ciel vierge. À peine quelques étoiles apparaissent. Tous les paliers, toutes les dimensions, plus aucune échelle, des apnées, des dilatations, de lentes et profondes respirations.

Un globe se dessine, du néo-classique est peint avec les machines, les claviers palpitent, les continents défilent, on caresse le duvet des champs juste avant de replonger dans les abysses.

On connaît leurs destinations, juste fermer les yeux, aucune empreinte carbone, kaléidoscope moelleux, palette calfeutrée et fauvisme dilaté. « Mixing colours » c'est le marbre des océans et l'eau du ciel, des notes suspendues sur le drapeau des vents.


Roger Eno ad Brian Eno 2020 « Mixing colours expanded » label : Deutsche Grammophon

mardi 15 novembre 2022

Warhaus - 2022

 


La journée colle un peu aux cuisses, odeur d’échauffourée dans les sinus qui persiste, réunions plénières un peu partout, même dans la rue, des fatigues à pleuvoir qu'il faut récolter, y'a qu'à tendre les bras. Ce lundi va laisser des ecchymoses.

Ça bataille dans ce troupeau d'imbéciles. Faut un truc pour se faire du bien, éteindre le brouhaha, couper leur son, une pommade à la maussaderie. Se soustraire. Laisser les humeurs rager. Quelques cliques, une grande respiration, une vague idée, la récompense, on ouvre la fenêtre, on est kidnappé.

Des bouts de Baltazar viennent soulever le loquet. Il est pourtant question d'une rupture dans ce disque, c'est peut-être ça inconsciemment, cette rancœur avec le genre humain.

Rien pour le crâne en tout cas.. le corps et la cage thoracique réclame du groove, la chaloupe, beaucoup d'élégance. Warhaus comme une saignée .


Warhaus 2022 « Ah Ah Heartbreak » (PIAS)

mardi 8 novembre 2022

Benjamin Clementine - 2022


 

Benjamin me retombe sur la couenne par surprise, avec « A tell a fly » en 2017 il avait dispersé ma passion fulgurante que j'avais eue pour « At least for now ». 2014 et cette fulgurance, ce tourbillon bouleversant. Plus de miracle, plus de déception, la tète bien vissée sur les épaules je déguste ce magnifique album comme une évidence. Comme si j'avais toujours su qu'il reviendrait.

Je disais un peu ça à l'époque.... C'est un artiste qui fait des merveilles avec nos émotions, le retour de Benjamin Clementine.


Benjamin Clementine 2022 «  And I have been »

dimanche 6 novembre 2022

Alexis HK 2022

 


Et voilà, ça y 'est elle a 18 ans. Dans son art majeur, mon amour, ma princesse. Je la kiffe comme pas possible. Je les kiffe comme pas un. Déjà ses aînés, ma reine Charlotte et mon roi Julien ont fêté leur 18 ans il y a une bonne poignée d'années.

Pauline ma princesse donc a eu 18 ans hier, jour pour jour. Rien ne change en vérité, rien n'est inébranlable, tout est indiscutablement cellulaire. C'est juste symbolique, comme ça en passant un petit coup derrière la casquette, ils sont beaux, elle est belle, tout ce qu'elle frôle vaut le détour, sa force, sa portion d'amour, une part du cœur et un gros morceau de mon cerveau.

Bin voilà, l'orage est passé, j'ai encore la tronche dans le sac, quelle fête mes amis !!.. compenser de boissons les larmes perdues n'est pas chose facile.. mais l'osmose fut là avec la puissance tellurique des gens qui se touchent et se prennent dans les bras.

Ma puce a 18 ans, ça y est...


Alexis HK 2022 « Bobo Playground » sur La Familia

mercredi 2 novembre 2022

Shearwater - 2022


 

Je me suis perdu au creux du « Chemin de la vallée ». Tout du long, guidé par les peupliers laissant chacun à leur pied un rond jaune flamboyant comme des lampadaires.

Des heures perdues me soignent, je pars du silence, je m'offre le luxe du déshabité et je m'entortille à travers ce vallon joufflu qui avale la flèche du village, l'église St.Vincent d'en haut à peine dévoilée. De grands arbres roux les pieds dans l'eau narguent le clocher et tentent de leurs cimes de voir l'horizon. Le petit bourg enfoui, c'est Voise, la source. J'aime plus que tout ces heures qui flottent, 11h en semaine, extrait du trafic, pas âme qui vive, des véhicules dorment, les autres sont partis depuis des heures. Je fais le tri dans mes pensées, je farfouille tout ce que j’aurais pu oublier, tout ce qu’il me reste à faire. Je tente de tout accorder. Je me réunis.

Plus haut la plaine quadrillée de départementales laisse glisser un vent de caractère qui s'engouffre et m’accompagne. Pas de musique, que le chant des houppiers, le drone du vent. Pourtant, une poignée d’albums viennent à la surface, toujours des pochettes, des airs d’hymnes à la nature et le son en fond comme une résurgence.


Encore engourdi d'un lourd sommeil d'automne je serpente et me nourrit, épouse La Voise qui prend source au creux de ses dômes de limon. Plus loin, nous sommes rejoints par la petite vallée de Saint-léger-des-Aubées et nous fondons sur Roinville. La Bonde en halte claire où je croise deux personnes, je ne suis pas seul pour quelques minutes.

C'est à la naissance d'autres heures mortes que je rejoins le dédale de ruisseaux où se perd mon ruisseau, des disques dans ma tête s’affirment, je les convoquerai à mon retour.

Je tente de garder le débit mou de son flot visqueux, je me pose à nouveau à Angle, puis au bas creux du Gué-de-Longroi. Déjà la nationale et l’autoroute gronde un peu plus haut, il suffirait de gravir cette côte raide de Longreau pour revoir les artères nerveuses et surpeuplées. Je préfère passer sous le pont et changer de vallée. Je sens au-dessus de moi vrombir L'Océane, un drone de soupapes enragées. 14H30 perdu encore au fond d'une journée décharnée, je passe près du Petit Trianon de Catherine, j'ai perdu ma Voise, la vallée s'est élargie, les trembles sont moins anxieux, des aulnes leur tiennent compagnie, les chemins s’estompent et la rue Du Font Matou se dessine devant moi.

Tout semble baroque, grave, je suis détourné du chemin par un panneau fluo « Attention danger, exploitation forestière ». La dévastation donc, des troncs de ligneux ancestraux sont allongés. Pour qui et quelles raisons ? Plus j’avance, plus de grandes parcelles sont ravagées. Quelques musiques certaines se détachent, j’ai ma petite idée déjà. Dramaturgie des paysages, la nature sombre dans la désolation, bruit des forêts, isolement.


Plus loin, au pied de mes pénates, en contrebas de mes étagères à musique, je retrouve ma rivière, plus grosse, plus large, tout aussi molle, ambitieuse, fermement décidée d'aller rejoindre l'Eure sous les arcades de Maintenon, cette idée folle d'aller mourir dans la Seine et rejoindre la mer, se troubler des eaux parisiennes pour aller longer plus tard les quais tintamarresques du Havre.


Sur les hauteurs d'Honfleur, je me suis accoudé au bout de la rue Charrière de Grâce. Tout en bas, la plage du Butin, j’imagine toute ces fortunes de mer échouées là depuis des siècles. Estuaire est laiteux, dessus flottent des navires de toutes tailles. Les vieux dockers en face défigurent le paysage. Il n’y a plus de vent, un slow-core de vase glisse sur le relief. Je surplombe d'autres peupliers, un monstrueux navire de croisières repart et se laisse emmener par un tout petit morceau infime et dilué de La Voise.


Je sais définitivement quel disque je vais écouter. Après « Le Monde Réel », « The Great Awakening » comme un esprit de paradis.. « Quel animal fermera le bal, s'éteindra le dernier ? ».

Shearwater 2022 « The Great Awakening »

mardi 1 novembre 2022

Black Midi 2022


 Abasourdi par l'anthracite tombé comme une enclume, je prends l'automne comme une grosse baffe bien mouillée. Ce midi encore le soleil comme un vieux pote avait sa main chaude sur mon épaule. Dernier jour d'octobre. Mon train s'enfonce dans la nuit, une pluie soutenue flagelle les vitres, nuit noire sur les quais sur lesquels les parapluies remplacent les ombrelles. Voyage dans le temps .. Je me souviens d'un autre Black Midi, l'époustouflante révélation. Puis d'une "Cavalcade" fauve. Free-jazz déjanté, folie furieuse sous les cranes. Grande excitation.

Changement d'heure, nuit à grande vitesse, la saison tire le rideau, terminé la rigolade, la tète dans le sac pour quelques mois, dehors des créatures de toutes sortes s'agitent de danses macabres. Sang carmin sur orange vif, dents affamées, l’œil livide et souffle putride. La mort dégouline et amuse, les cimetières sont en fêtes, des plateaux bariolés de bonbons parfument la nuit guimauve.

Dans mon casque « Hellfire ». Il fallait bien ça pour mettre en musique cette soirée plombée aux visages maquillés. Une nouvelle fois la pochette parle, le son est raccord, des odeurs en tout genre. Le démoniaque Black Midi est de retour, les dents vont claquer.. tremblez pauvre petits mortels.


Black Midi 2022 « Hellfire » sur Rough Trade

vendredi 28 octobre 2022

Susanne ABBUEHL 2013

 


C’est souvent ainsi dans mon ciboulot, des liaisons permanentes qui relient mon œil à mes oreilles, en passant par les souvenirs. Juste une lumière suffit, une onde, un paysage, un souffle, une impression.

Tout s’enchaine et le choix des musiques quand je rentre se fait naturellement. La nuit cuivrée y fut pour beaucoup quant à ce choix-là, l’absence de vent, le débit mou des hauts nuages, l’astre froid qui se laisse vêtir et une voix fantôme qui m’a suivi.

Aussi, une fois réfugié dans mon huis clos encore grisé par les senteurs moites, Susanne est venue chanter mon chemin, dire l’harmonie. Sa chevelure automnale pour ne rien laisser dehors. Nous avons ranimé, j’ai tout laissé entrer, ses compositions, sa voix, des textes, son octobre. Elle est devenue ma saison, ce carotène dingue qui enflamma la douce soirée tiède d’où je venais à là d'où je suis.

Tout est suspendu, percusion, flugelhorn et harmonium, même figé le temps défile. L’alentour est endormi, je me laisse sombrer, l'haleine de ma fenêtre entrouverte, ce parfum chaud des feuilles à terre.

Susanne Abbuehl 2013 « The Gift » labem :ECM

mardi 25 octobre 2022

Red Hot Chili Peppers - 2022

 



Comment dire, depuis le temps que le barrage retient tout, comment développer alors que les vannes se sont ouvertes, la tète hors de l'eau comme on peut, une branche, des respirations, les turbines devenues folles, une berge qui glisse, une barque qui nous échappe des mains, la brasse en vain, des rochers à éviter, on se débat, les poumons appellent à la rescousse, il nous faudrait des branchies, si tout va bien on arrivera à l'océan dans quelques jours à condition que le débit se calme, le contre-courant même pas en rêve, c'est trop tard, on est dedans, faut se laisser porter, lutter contre les fonds, baisser la tète sous les ponts, John revenu a ouvert les vannes, depuis le temps qu'ils l'attendent, de l'autre côté le niveau se vide, ici, plus bas, dans le bouillon, les rapides, des chutes, des cascades, des riffs, un rythme insoutenable, glissade fauve, faut s'accrocher ou se laisser porter, qui à parler d'oublier l'abondance, de fuir l'opulence, la pente est Red, tout est lâché, fallait pas s'y baigner, play c'est trop tard, aucune bouée, on est dedans, trop rapide pour les amarres, écarter les membres et attendre le sel, le calme d'un estuaire, puis de la planche en étoile se relever, s'échouer, attraper le sable et remonter la pente, revenir à la rétention, là-haut au pied du barrage, sauter à nouveau pour un énième manège, une autre descente pour d'autres berges, d'autres branches loupées, d'autres rochers à esquiver, la même chute, les mêmes riffs, le rythme identique dans la respiration … à condition de la garder.


Red Hot Chili Peppers 2022 « Unlimited Love / Return of the Dreal Canteen »



jeudi 20 octobre 2022

Seb Martel - 2022

 


Je ne me souviens plus qui a dit qu'il valait mieux une guitare 12 cordes que la discorde.

Le son de cet instrument est pour moi une thérapie.Des accord qui s'égrainent comme on s'aime. De l'objet il est amoureux, Seb Martel depuis bien longtemps est en accord avec sa guitare, ici et un peu partout, son jeu se pose, inspire et construit.

Un album tombe du ciel, aucune couleur, que des nuances, des contrastes, une pluie de lueurs. Des cordes comme il peut en tomber dans un doux déluge de pluie fine, de bruine fantastique, de tendre averse, un crachin amoureux.

L'objet entre les main devient météorologique, délicat, il accompagne la toile et martèle nos sensibilités, longe les inspirations cellulaires, embrasse les cœurs. Plein de monde avec lui, des collaborations, dans les galeries, partout des guitares, celles du Musée de la Musique qu'il utilise ici, innombrables, unique collection à sa merci. Même celles enfouies dans la réserve ont été enlacées par ce musiciens hors-norme.

En pleine pandémie, Seb Martel s'est recroquevillé à la Philharmonie sous des pluies de cordes pour créer cette œuvre où ne chantent que des guitares de tout temps et quelques invités de maintenant.

 

 

Seb Martel 2022 « Saturn-63 » label : Infiné


jeudi 13 octobre 2022

Pierre Barouh - 1982

 


Le lierre d'Irlande au dessus des Cyclamens épouse les nuances de rose. Même le cèdre a déjà aspergé sa lourde poudre jaune, la saison du pollen touche à sa fin. Du séminal, du vital, la reproduction par les airs font des plantes des espèces supérieures. Depuis le temps qu'on nage, qu'on rampe à la recherche d'un liquide pour se répandre, se reproduire, patauger vers l’œuf.

Des muqueuses, le pollen s'en branle, lui c'est le vent .


Le séminal dans les airs, un peu comme la musique en fait, se nourrir sans cesse des notes et des verbes, des ondes et des vibrations. Jouir des harmonies. Nos cellules se multiplient non pas dans les airs mais sous des airs, sous influences, faut trouver le liquide.

Il n'est pas impossible que quelques mélodies, quelques phrases superbement alignés aient caressées mes brins en hélice, mon escalier vrillé de bases azotées qui n'en finit pas.


Quand j'écoute Bertrand Burgalat, il me ramène sans cesse vers Pierre Barouh. Le timbre, la voix, le chant certes .. mais pas que. L'esprit sûrement.

Et là je me dis, le pollen a fait son boulot..il flotte et féconde. Tout est cyclique, ressac, hélice, elliptique, tout tourne, tout revient, danse perpétuelle, pas rond totalement.

Des semences, rien n'a jamais été totalement pur, vierge de toute influence, toujours une trace de protéine qui traîne, un nucléotide qui se ballade, des tronches de cultivar qu'on semble avoir déjà vu quelque part, une situation déjà vécue, ou rêvée, un album comme une arborescence qui ouvre sur d'autres cosmos, des choses qui flottent inertes, d'autres qui exhalent, exaltent, qui se posent et font renaître.

Du pollen partout où que ce soit. Saravah, pollinisateur.


Pierre Barouh 1982 « Le Pollen » chez Saravah

vendredi 30 septembre 2022

Pink Floyd (2018 Remix) 2022


 

Il fallait que je franchisse le marbre au seuil, passe sous la voute de pierres de la belle boutique Art et Musique, un des disquaires de Chartres, pour que je puisse écouter « Animals ». Oui, à l’époque il y avait plusieurs disquaires dans cette vieille ville à clochers ; « La Pie qui chante », « Leguay », Pierrot et ses bacs d’occasions « Abbey Road » et puis « Art et Musique » donc, Hi-Fi dès l’entrée, vinyles et cassettes au sous-sol. Au beau milieu du temple dans lequel mes poches se vidaient, au dos d’une grande femme brune à cheveux courts et bouclés, une cabine en verre pour écouter un opus avant de l’acheter était ouverte à tous.

Mon cerveau subjugué par la pochette, mes oreilles affamées réclamaient. Les lycéens de mon espèces se bousculaient et ça grouillait de passionnés, ébullition musicale, l’œil curieux et l’esgourde aux aguets. C’est au bout de la troisième écoute à la troisième semaine, que la belle dame de la cabine me lança en rangeant la galette dans sa pochette « eh mon gars, c’est la dernière fois.. la prochaine tu l’achètes. Eh.. j’te dis ça comme ça, y’a du monde, juste y’a plein de nouveautés et je n’ai qu’une seule cabine ». C’est vrai que c’est elle qui avait le saphir en main et que pour cette troisième écoute je lui avais demandé la face B… histoire de faire le connaisseur, le dubitatif, histoire d’éviter d’acheter une daube…. Sauf que je crevais de devoir attendre quelques caillasses de plus pour pouvoir me le payer ce beau vinyle à l'usine cochonne. Pas un rond, tellement de disques sur ma liste, et cette merveille qui me nargue, ce son unique, déjà j’ai séché la cantine pour grimper vers le centre et cette cabine en verre… J’en rêve la nuit, je suis pas bien, « Animals » on est mal, cet album d’un de mes groupes que je mets au pinacle, bien au-dessus de tout… On ne détrône pas le culte de l’adolescence. Il sera en définitif, mon album préféré du groupe.


50 balais bien tassés, je passe vite fait à la FNAC Montparnasse il y a quelques jours, et sans trop réfléchir je prends le Remix 2018 d’ « Animals », sans lire, ni écouter, une petite jubilation mais totalement retenue, un contrôle de quinqua quoi. Je suis effectivement dans le déni d’émotion, pourtant Roger et David sont toujours dans la chamaille, comme à la belle époque. Des gosses .. comme moi.

Qu’est devenue cette dame à la cabine remplacée par mon téléphone Spoti à l’écoute illimité sans aucun mérite, ma cabine plate et minuscule, la bave aux lèvres en moins, le slip tout sec, les artères ramollies et la rage au fond des groles.

Je n’écouterai ce disque qu’une fois arrivé chez moi, sur ma chaine, à travers mes enceintes grandes comme des placards, comme un rituel, comme si je découvrais la chose inabordable à l’époque, solennellement, en pensant à cette cabine de verre alléchante, ce vaisseau formidable, cette alcôve fantastique au creux de laquelle je décollais quelques minutes avant de dégringoler à nouveau la rue Saint Pierre pour mon cours de physique de 13h30, bredouille et affamé. Je lui aurais mangé la bouche à cette grande et belle dame des vinyles pour qu'elle me remette "Pigs" une quatrième fois. Je crois bien en plus que je l'ai acheté en grande surface entre la charcute et le surgelé pour 10 balles de moins.

Comment ça ?? Arnaque ? Fumisterie ? buziness ? une pièce réchauffée de plus ?.. peut-être, j’m’en fout royalement...laissez-moi tranquille, j’essaye d’être gosse à nouveau, je convoque mon adolescence chevelue.. pour une soirée. Je vous laisse, j’ai un CD Remix 2018 sans bonus à la pochette transformée à écouter, comme dans une autre vie .. ce soir je suis adulescent au milieu des chiens, du mouton et des cochons.

Pink Floyd (1977/2016/2018/) 2022 « Animals »

vendredi 16 septembre 2022

Dominique A 2022

 

Mourir d'amour c 'est des conneries, ça ne veut plus rien dire, un truc naguère de poètes des temps reculés. Addiction, fixation, obnubilé en vain écroulé au pied de ce temple sans cesse farfouillé, le groin fixe à la recherche des fragrances, des poésies. Plus beaucoup de sentiments à la foi.

Et l’athée reste pétri d'émotion immergé dans cette nef, en pâmoison au creux de l’édifice religieux, le souffle court étourdi par les voûtes, abrité par les blocs, noyé par le volume silencieux. « Ce que nous disent les roches mon amour ». Et l’ardoise en flèche traverse le cobalt nuageux.

Le tourisme est un fléau, une nuisance biologique du troupeau affamé d’hôtels clinquants et de vols faciles, catalyseur de destruction lente, de bruyants épicentres nauséabonds, tous donnaient en haut en bas, et même sous la surface. Impossible de bouger son cul du canapé, de sortir de ses plaines courtes, l’horizon en fantasme, le sédentaire dévore sur son écran la moindre invitation au voyage. Tout voir, s’émouvoir sans se mouvoir.

« Le monde réel » commence comme un Mark Hollis, tout est suspendu au silence. Il flotte comme une mélopée jazz boréal, la belle chanson d’ici sur des ondes de Bed à la Burello. « Nous n’irons loin qu’avec les autres » boxe avec la misanthropie du voyageur immobile, la foi disparue du vieil agnostique. L’amour, c’est juste une question d’échelle, d’angle.

L'amour à en crever ne serait qu’un fantasme, un trompe l’œil.. je suis là à tes côtés, rassuré à l'idée de te longer au quotidien, pétrifié cent fois par tes gestes, comme on visite une église, comme on jouit d'un grand voyage lointain et immobile émerveillé par cette danse, allongé. Les semelles collées à la grasse terre brune, le cerveau a déjà quitté l’air respirable.

Vivre d’amour. Et les jours défilent. Tout respire nous.Regarde tout ce monde, vois, il n’y a personne. Septique des lettres majuscules, je bois à ton bénitier, je scrute tes landes, tes marées et toutes tes dunes. Isolons-nous du bruit mon âme, le tumulte est pour les farfouilleux, laborieux et peinge-culs, le bétail abasourdi. Mords ma peau, accroche-toi à l’écorce, ne nous délayons pas dans cet amas, je te tiens, tu me tiens pas nos belles fossettes.

Dominique A 2022 « Le Monde Réel » label : Cinq7

vendredi 9 septembre 2022

MANSET 2022


 

On a pris un sacré coup d’automne sur la couenne depuis une poignée d'heures. Des peaux qui pèlent à la pelle s'envolent comme du pollen. Nos haleines fatiguées avec. Ça souffle chaud vers ces bas nuages océaniques à la rescousse de la croûte asséchée.

 Ecchymoses à bout de bras sur les branches, la cellulose a des allures de pierre. La paume sur le tronc, comme on console un vieux pote, le remord de lui avoir dérobée son futur. Si nos larmes pouvaient arroser.
Alors dans mes bras aussi, je laisse mes enfants venir cogiter, le temps d'un éphémère abandon. Suffisamment lourd pour que le fluide magnétique passe et que l'on cause des astres.


Il est possible de faire le crustacé, de rester là, éberlué pour une louchée de secondes éternelles à contempler parmi les crabes, oubli le désastre. Tel un bulot bucolique, une fois la marée débinée, je reste à prendre l'air. Tel.


Les corbeaux me ramènent à ma Beauce, peut-être avec le bordel climatique un jour le Goéland viendra bouffer nos bloches sur ma motte. Déjà les mouettes blanchissent la coulée verte, des sardines dans le réservoir de Montsouris ?  j'y crois pas une seconde.Rien a changé, un nouveau Manset quoiqu'il arrive. Quoique l'on puisse penser. Ne rien lire, ni appréhender. Le prendre comme une respiration ou pas, on a beau déboiser, expirer, replanter comme on va à confesse, les graines séculaires enfouies guettent nos égards, notre légèreté, notre fuite. La patience inébranlable du revivifiable, quitte à passer par l'irrespirable, sourde.

En attendant, le facultatif s'étend, nous respirons timidement, la demi-molle du plexus fait rage.


Gérard Manset 2022 « Le Crabe aux Pinces d'Homme »

vendredi 2 septembre 2022

Dan Baird 1996

 


« Fiston, méfie-toi des Mephisto » m'a soufflé un vieux sage, « éloigne-toi du clan Campbell » appuya-t-il ricanant. Baird alors, tout brûle dehors faudrait pas qu'on laisse la strato se taire. Rick & Thunderbird en stratosphère, lunette ronde à se faire bannir la raie sous un haut de forme, le père Fouras en surfeur retraité a quitté son fort en paddle pour s'échouer sur la cote comme un vieux poulpe. « J'ai vu de la lumière » a t-il bavé.


Ian Gillan chante du Mellencamp, Escovedo sort suffoquant des flots avec son tuba en cuivre, les vieux berniques se dandinent autour d'un feu de palettes. Plus haut dans sa résidence des dunes, Bob Seger ricane face au vent.

Les cendres sucent le sel du sable, un feu follet menace les astres, tous les branleurs radinent. Anders attend son solo, au milieu comme surgi des flammes Dan riffe la sécheresse comme un diable, les cous perlent, les plèvres morflent, la génuflexion rode. Le brasier lève son drapeau rouge, ne pas se noyer, « On my way » et la biafine coule à flot. Tous sur le qui-vive pour faire fuir la moindre biquette et ses joufflus en intrusion.

Les arthroses hurlent à la mort, si les langues pendent c'est pas pour fredonner « Sympathy for the devil », on va plutôt mettre le chapeau de Tom Petty, puis ses lunettes aussi, danser du chamanique et se laisser cuire le cul.

Chapeau les mecs.


Dan Baird 1996 « Buffalo Nickel » label ; American recordings

dimanche 14 août 2022

Mike Campbell & the Dirty Knobs 2022


 

Je n’ai pas vu le Poa du temps passer. Ma platine ne demande qu’à cracher, ma plaine a le crâne rasé, le chaume sur le haut du caillou des âmes. Les graines perdues des récoltes ont grillées sans le moindre espoir de pouvoir germer à nouveau. Cuites à peine tombées. Hécatombe arboricole, un « été de canadairr ».

Et la foule affamée en partance. Accélération des artères, AVC d’autoroute, la fourmilière pousse, la transhumance suffocante des bipèdes en congés. Rendez-vous tous au même endroit, vous nous avez tellement manqués. Nous allons avec vous. Nous reviendrons tous ensemble.

Un carré de sable salé pour quatre, un névé disparu dans la nuit âpre, la méga lune yeute anxieuse le bleu en boule, pourvu qu’ils ne viennent pas me bousiller mes mers (ou mémère. Au choix).. « Arrêtez-vous toutes les 2 heures », obligé pour Mars il y aura une aire de repose sur ma poussière cendrée. Il faudra installer des bornes électriques pour charger le véhicule intersidéral. EDF on the moon. Les vacances de monsieur Bezos. L’espoir du Yak, l'homme moderne reluque la planète rouge.

Des colonnes de fumée sur tout le trajet, la profonde Lusitanie brûle, comme la Castille y Léon, Brocéliande, les Landes, le bel Aveyron, Zamura, même la fraîcheur anglaise se parfume des odeurs d'incendie .. le thermomètre de la bagnole fait le grand huit, Salamanque, San Sebastian, Guarda, Poitiers, puis mes pénates beauceronnes aux allures texanes.. le regard hagard de mes merles comme un Mad-Max Hitchcokien d’une planète de charognards, près à gober un œuf pour une goutte d’eau… Bientôt le déluge … ?? pour moi, ou pour nous .. allez, juste un déluge (Décidément Belin très présent).

Les péages défilent, les paysages se se débinent, dans les portières, le rond de membrane tremble. Tom Petty me manque, Mike Campbell est là et crache son « External Combustion » tout neuf. Monstres de feu, l’inéluctable flamme, lave des enceintes.

Toutes les contrées traversées ont eues raison des graminées, libres ou fauchées. Des arbres aussi. Les conifères crépitent comme des vieux microsillons . La cuisson des herbes folles, toujours droites, et fières , l’alopécie précoce des horizons. L’automne en août. Et dire que ma grand-mère nous rabâchait qu’il n’y avait plus de saison sa bonne dame. Mémé, viens voir la gueule du truc, on va danser tous les deux sur « Dirty job » crénom d’un chien.

J’ai mis les persiennes, les degrés grimpent quand même, j’ai chaud dedans, je sue dans mes murs, à mon avis Mike y est pour quelque chose.

Mike Campbell & the Dirty Knobs 2022 « External Combustion » label : BMG

vendredi 17 juin 2022

Daniel Rossen

 

 

Entre l’ours et les aigles Daniel plane en solitaire. Des arpèges, des coins du monde au gré des chauds courants sous le ciel cuivré, une vague idée de libre jazz, un étourdissement sans peine aucune, et si la direction est improbable, l’atterrissage se moquera du décollage.

L’effet persienne se fout des murs caniculaires, je suis au creux de mon alcôve abbatiale en parpaings avec ses ricochets sonores, sa résonance, son écho, l'aspiration..

Les doigts fourmillent, grattent les cordes progressivement vers la fuite récurrente des monotonies. « You Belong There » est une partance extraordinaire vers mon imaginaire surchauffé, le refuge aux froideurs alentours, avec sous sa couche d’algues sombrement fluorescentes une lueur boréale qui dégouline.

Des ombres, des lueurs, un espace a ne plus savoir quoi en foutre, des accords dans l’ivresse, une belle bouffée à méditer, en huis-clos.


Daniel ROSSEN 2022 « You Belong There » label : Warp

mardi 17 mai 2022

Bertrand Belin 2022

 



Comme les rides au milieu du front, il y a des chouchous sur ce blog. Hors de question de montrer du doigt, ça ne se fait pas. Le récurent dévale sur l'obsession, et des tics à TOC naissent, des automatismes, des bouffés rassurantes, la bouée, des phares, de l'Auvergne à Provins, et puis la Bretagne s'est immiscée, a dégringolé avec ses cycles, ses coefficients de vagues. De celles qui nous submergent la glotte. Crooner ou pécheur, de quelle lignée venons-nous ?

La magie du shaker génétique, la brouette au cul ou l'idée de pouvoir s'en sortir, il faut voir nos trombines.

Des préférés armés se faufilent irrémédiablement, terrassent et bétonnent. Je ne dérogerais pas, voici la vision tambour bâtant de Bertrand. Le nouveau récurent Belin, l'incontournable attaché.

Bashung-Bowie sort de ce corps. BB 2022.

Bertrand Belin 2022 « Tambour Vision » label ; Cinq7

jeudi 12 mai 2022

Cheval Fou 2021

 


Des plumes sur le carreau, du plomb dans les ailes, lente invasion avec la fougue du canasson, je me laisse grignoter.

« Couteau Calme » est inespéré. Il m’embarque vers les saveurs Saravah, au psyché chamanique de la révolution rock hexagonale.. à l’époque ils se nommaient Maajun, Heldon, Pinhas, Catherine Ribeiro dans la montagne, Triangle, Gong ... je suis bien là.

Cheval Fou, c’est une apparition en 1994, et ce superbe retour délirant l’an passé. « Seminal French psychédelic, dans le space prog rock ».. qu’ils disent sur discogs… pas mieux.

Au fond, des sons troubles à reculons, comme avant avec Holden. Ça tombe bien Armelle est là en équilibre sur la bête. Michel Peteau ce fou cheval sans fouet ni cravache tient les rênes, règne, chevauche sur des terres vierges, ou plutôt sur des horizons irradiés.

Mon édredon en plumes m’attend, il va falloir que le hamac me lâche un peu.. salopard de toile tendue en glue sous les feuilles en pleine puberté.

Vachement addictif ce truc. Quel œuvre !!!! je la dévore, l’estomac dans l’étalon.


Cheval Fou 2021 « Couteau Calme » label : Marelle Music

mardi 3 mai 2022

PARK -

 


C’est pourtant pas l’automne, ça débourre même à tout va, les touffes de l’horizon se teintent de vert tendre. Les parfums sont indécents, les feuilles se pavanent. L’autre week-end pleines sont tombées, bleu sale recyclé, vides de sens, toutes chargées de haine perplexe, de doute. Puis des légères comme l’air, à la merci du moindre courant d’air pour fuir, rater la fente, esquiver, prendre la tangente, légère comme tout, la plus belle représentation du néant des douze apôtres qui veulent grimper à l’arbre.

J’ai serré très fort ma feuille recroquevillée, mon bleu terne plié, vide, pour ne pas qu’il s’envole. Viser juste, faire l’automne dans l’urne, un nouveau cycle, d’autres saisons pour rien. Je l’ai vu virevolter, planer tanguer, pas pressée de toucher le monticule. L’autre week end, c’était l’automne, le frimât des âmes en file indienne, la queue des autres, des regards en berne, le devoir des désespérés, des convictions par procuration, des souffles courts, le devoir est devenu un fardeau, un cercle vicieux.

Bientôt l’été et ces feuilles qui tombent, tout ce vides sous les discours bruyants et incohérents qui ne devraient pas cesser, je suis retourne vers mes horizons, allégé du vide de ma feuille bleue sale industriellement pliée. Le temps était clément, doux, à peine venteux, la lumière devenue crâneuse, je fis une petite pause dans mon parc. Dans les oreilles, PARK, post-rock inattendu d’un François and the Atlas étonnant et de Lysistrata que je découvre. C’est lourd de son, plombé de sens , puissant enfin, ça décrasse comme une tempête sous un crane.. dehors tout était léger volage et sans intérêt, plein de personnages s'affairent, vont et reviennent rapides le temps d'une feuille qui tombe, c’est un printemps de tendre mois d’avril. Déjà révolu.


PARK 2022 « Park » sur Vicious Circle

vendredi 29 avril 2022

DER 2022 "Supersound"

 


Tu préfères Bowie ou les Pixies ?? de « Cactus », la reprise ou l’original ?? Impossible personnellement de me prononcer. Puis RED arrive, enfin, DER et un nouveau cactus, celui en question. Je suis dans le RER et j’écoute le der de DER enfin la nouveauté d’Olivier Lambin, alias RED que je suis depuis le début du nouveau siècle et son « Felk » irréversible.

Des collaborations, des omniprésences, des scènes qui tremblent, et puis mon chevet avec dessus tout le temps son « Social Hide and Seek » .. mais je ne vais pas ressasser, sauf peut-être pour rabâcher et redire que le dithyrambique et la visibilité pourraient quand même le choper au passage de ce nouvel opus Lo-Fi merveilleusement sec et fou. Red is not dead, Der is here, et mon rocking chair me brûle les reins, super son dans ma tête.

Je reformule ma question .. de « Cactus » des Pixies, tu préfères la version DER ou BOWIE ??


DER 2022 « Supersound » label : Beast / Bisou records.

dimanche 17 avril 2022

The Pastels - 1997


 

Beaucoup trop de lumière couve les œufs, Pâques au balcon, juin au salon. Les rayons aux volets tapent dur, dehors c'est aveuglant, dans les jardins c'est chocolat, à l'ombre des arbres, a-t-on déjà vu fondre une cloche aux creux des lourds sillons d'une grasse matinée ?

J'ouvre mes volets, je tire la persienne, le café diffuse. Ce n'est pas que le radieux me rebute, non,  bien au contraire, me lever aux horreurs sera pour après demain. J'ai mal aux yeux, mes pensés de granit alourdissent mes savates, mes gestes sont volontairement ralentis, je suis ébloui.

Cerné d'illuminations, je prends une belle bouffée d'air frais à l'ombre de la marquise. Des parfums de prunus, de lilas et d'humus trempé connectent mes circuits lymphatiques.

Immédiatement je me dirige vers l'étagère « Geographic » du collectif, une envie d'ondes pastels me saisit, nacre huileuse et brise délétère, je respire à pleine gorge.

Dehors c'est chocolat donc, beurre de cacao mêlé aux effluves de colza. Derrière moi c'est caféiné.

Les écossais de The Pastels m'accompagnent. L'album, celui illuminé sombrement par les teintes de chocolat au lait, blanc, et mon petit serré qui coule. Je plane vaporeux, une pop lumineuse me cajole à l'intérieur, alentours et au dessus de pas mal de choses. Je suis tendrement injecté par leur intimité, par les frileuses guitares planantes, à peine froides. Conquis à nouveau, subjugué une fois de plus, je vais laisser traîner cette matinée de printemps estival au son sublime de leur illumination parfaitement bancale, fragile et touchante.

Pastels pascal chocolaté, comme la pochette pleines de lueurs.


The Pastels 1997 « Illumination » label : UP/Domino/SubPop.

mardi 5 avril 2022

Peter Doherty & Fréréric Lo 2022

 

Perforé au flan, un point de côté en plein spleen, je marche plié en deux, « The ballad of .. » me fait mal, j'émerge et pleure la levée du jour. La bouée Lo garde la tète de Pete hors de l'eau et c'est beau, on touche au sublime, on tangue, la magie opère, on croit couler mais on flotte et glisse sur cette huile tourmentée à peine philharmonique.

S'il n'y avait que celle là, à peine la joue sèche, le fantôme Syd Barett se pointe avec le poignant « Yes I wear a mask ». Même dès la première note, Pete et Fred nous attirent à travers la fraîcheur visqueuse de ce bouleversant disque noir et blanc... « The ballad of.. » j'y reviens et retourne comme le ressac.. c'est sûr le manoir sous le ciel cendré est à quelques enjambées du littoral.

La combinaison est parfaite, la fusion troublante, Lo'Do et je me demande pourquoi cela a moins fonctionné avec Bill Pritchard, "Rendez-vous Streets" était pourtant pas mal. Deux albums solo pour chacun d'entre eux. « Hallelujah! » le dernier de Lo est passé inaperçu et pourtant on devine l'écriture, le sens de la mélodies et des harmonies. son CV est tout chargé de collaborations et d'arrangements, quant à Do, on ne revient plus sur son passé.

Je l'ai vu un peu partout, dithyrambique il part comme des petits pains, un certain succès s'est accaparé de cet opus miraculeux. J'en suis, 12 chansons, entre 2 et 3min50, plié, insolent, talentueux, racé, mélancolique, 37min tout séché, romantisme à la française, élégance à la british.. in the pocket ou plutôt dans la Manche.


Peter Doherty & Frédéric Lo 2022 « The Fantasy Life of Poetry a Crime »

 



 

samedi 2 avril 2022

Parcels - 2021

 


Voilà une autre belle chose extraordinaire qui valait l'effort. L'objet fantastique qui m'a plongé dans le manque d'écrire et de donner envie, transmettre dans ma sphère, proposer. L'automatisme d'écriture à chaque écoute s'est envolée et à l'écoute de ce Parcels les phalanges m'ont démangées. Et puis je suis resté engourdi à le ressasser pour comprendre, sans écrire à sa sortie. Comprendre comment il était encore possible de créer de tel chef d’œuvre musical alors qu'au fil des ans, j'ai l'impression que tout a déjà été inventé, la surprise devenue obsolète. Et bien, nenni, certes, les étiquettes s'accrochent en guirlande autour de ce clair/obscur lumineux, mais sous ce « Day / Night » jouissif j'ai l’impression d'être bien ailleurs, un poil au dessus de tout, avec cette plénitude, cet espace totalement rempli, du planant, du disco, du prog, du groove, de la fraîcheur, de l'harmonie, du jazz, des remugles Daft Punk, du Steely Dan avec la voix de Sinkane, une épopée mélodieuse, un double album cinématographique. Subtilement complexe, évidence solaire, Owen Palette aux arrangements.

Je sais, il est déjà caché des vitrines, rangé des bagnoles cet album important, mais il faut quand vous dire qu'hier il a neigé sur le colza en fleur, blanc saupoudré sur le jaune à peine pétant, comme un œuf mimosa qui réveille les papilles.. alors avec quelques larges lopins et vastes arpents devant mon vis-à-vis, je reviens sur ma frustrations à l'achat de ne pas avoir eut le courage d'écrire et de vous poser là, sur mon zinc, cet opus complet, ce double album définitivement adopté.

J'ai l'affligeante impression qu'il est déjà digéré, assimilé et régurgité ce disque. Pas plus mal du coup de pouvoir en parler des mois après les ondes médiatiquement dithyrambiques. L'éphémère du plébiscite, l'ingratitude des applaudissements quand tous à peine silencieux passent à autre chose et pourtant il résonne encore.


Ils sont très jeunes, ils sont australiens, « Day / Night » est leur deuxième album, comment se retenir de déambuler joyeux et sérieux sur les avenues, sentes ou autoroutes à l'écoute ce grand bijou.

 


Parcels 2021 « Day / Night » label : Because music

https://www.parcelsmusic.com/

mercredi 30 mars 2022

Eels 2022


 

Il s’agit de savoir si on peut encore être un branleur la 60ène collée aux hanches !! La preuve que oui ici donc. Du jaune qui pète et le rose stabilo font suite au clown à l’huile chiadée et cramoisie que j’ai écouté en boucle des semaines entières. Aucune perte de charge, aucun pâlissement ici, bien au contraire, toutes les forces de frottement se sont répandues, ça glisse easy, c’est même devenu prévisible avec ce vieux lascar indécrottable. Le cap est maintenu, l’altitude tenue, John Parish est revenu souffler du chaud dans le E-Zeppelin, histoire de garder le niveau bien haut et monter plus encore.

Quelques opus me piquent à vouloir causer sur ces pages perdues, comme on revient depuis un bail dans sa cabane hors saison d’un littoral perdu où le sable est plus fidèle que la verve. Le vert tendre à nouveau sous les dents affame et le bourgeon poisseux titille l’hibernation.

Difficile de trouver les mots sous ce jaune énorme ensoleillé du 14ème album du E. La pêche l'habite, ce Mark Oliver..quel beau branleur.

Eels 2022 « Extreme Witchcraft » sur E Woks records.

https://www.eelstheband.com/

Manic Street Preachers - 2004

  En couple les oiseaux, ça sautille sec sur la parcelle fraîchement fauchée. J'ai toujours eu horreur des couples qui vont faire leu...