« Si je m'attendais ».. il était pourtant question de « Rester dans le monde »
Ce blog est parti d'une idée de partage avec comme parrain virtuel Dominique A. Je me disais il va longer ma motivation, me tenir par la menotte, me guider. Il fallait à tout prix que je divulgue et partage le monticule discographique. Toujours il me faut un point de fuite.
Plein d'autres ont déboulé.
Des artistes à tire-larigot.
Jamais trop, je me suis senti happé, tout s'est bâti autour d'eux.
Au fil des billets, le paysage en outil s'est installé, il a pris les commandes. Tout s'est lentement habillé d'horizon, de matinées nacrées en crépuscule vallonné. C'est un socle fertile d'être au service des beaux artistes. Le vertige labyrinthique d'ouvrir les vannes, de se laisser porter. Tout convergeait vers le motif.. j'écoute imbibé de nature quelque soit la saison. Une approche météorologique des écoutes est devenue une obsession, une sorte de phénologie musicale.
J'ai une confiance absolue en mes paysages irréversibles foudroyant notre anecdotique passage. Le globe n'est pas en danger, c'est juste le bipède dessus qui flippe sa race pataugeant dans ses glaires. Il croit tout maîtriser, et la patience des arbres devant la panique des ânes est la chose la plus rassurante que je connaisse.
Un jour, tout reprendra sa place, à son échelle, sans le nuisible bipède. L'équilibre biologique inébranlable perdu l'espace d’à peine quelques siècles, reviendra. Des molécules nouvelles et transformées subsisteront en nano stigmates, un poil de cul dans l’Amazonie, une vulgaire trace balayée d'une simple éruption. Nous, sur la planète, juste une petite gène.
L'infiniment petit préoccupe, une prise de conscience tardive. Il reste encore à se retourner, et prendre quelques minutes la considération du cosmos. On va encore rester quelques instants, puis on laisse tranquille. Désolé pour la gène occasionnée. L'être humain ne sera qu'une anecdote.
Un jour le paysage nous accueillera. Quelle idée rassurante que nos cellules éphémères aillent rejoindre tôt ou tard le moléculaire de la croûte. Un risible passage, une petite gène que notre déambulation énervée.
Dans tout ça, il reste l'amour et la poésie. Depuis quelques mois j'étais dans une très forte vague du gars qui nous parle de l'ancien monde réel. J'ai été cueilli par celui qui est allé rejoindre les cailloux. Je crois que c'est ça la principale différence entre Dominique et Jean-Louis, l'un peint les êtres humains, l'autre les paysages.
Un de mes récidivistes, un autre récurent, ils partent et sonnent le glas. Je me disais, Dominique A pourrait clore ce blog un jour, s'il arrêtait de me suivre, s'il venait à démissionner. Je marchais sur deux pattes, me voilà unijambiste. Ça va pas être facile de continuer à cloche-pieds
Une cime de poésie se fige. La foule s'ankylose de son plain gré.
Je suis tombé de vélo, abasourdi de gnons, brinquebalé et abattu. Je ressasse plein d'idées larmoyantes. Quel autre endroit ici pour causer de ça ? La disparition de Jean-Louis Murat. Je me suis bâti une vague idée d’idéale autour de son art, un refuge qui marie à merveille l'artiste et l'humain d'un même individu. J'ai beau me dire qu'il faut à tout pris rester dans ce coin de campagne qui jute toute les musiques que j'aime, mais les remontées inévitables à la surface médiatique me giflent l'âme, il faut voir tout ce qu'on nous donne à écouter.
Si je m'attendais. La marge de sa fraîche plaie à peine coagulée est à nouveau flanquée de dédain. Replongeons.
Voilà, c'est la fin du parcours pour
lui, on n'imagine pas l'impact de certaines choses. L'architecture
fragilisée d'un blog déjà anémié. Toujours quelque chose me
laissait la foi, des albums à brandir comme on gravit un col. Il en
reste combien des artistes fondamentaux . J'ai l'impression d'avoir
fait le tour, que tout est dit, d'être devenu une momie mentalement.
Quelles idées pour rester, quelle étincelle pour continuer, ne pas
se laisser bouffer. Lutter.Comment le peuple a t-il pu passer à côté du "Grand lièvre", "de "Toboggan", de "Morituri".....
« Enfin démissionnaire » disait Dominique A, continuer à s'exprimer dans le vide, celui abyssal qui gangrène le quotidien, un déclic pour continuer à nager dans cette fausse à purin qu'est devenue la culture chez nous, je parle de musique, de poésie là où il n'y en a plus, dans un paysage qui se ride. Tiens donc... « Suicidez-vous le peuple est mort »..
Pour le moment, je laisse glisser et s'agiter les alentours, je me recueille dans un sirop carmin, juste s'engluer dans un sommeil mou, des rêves rouge .. sous la lampe. Je me recroqueville à écouter solennellement, rattraper toutes ces années bâclées.
Accueille-nous paysage