jeudi 29 novembre 2018

Feist 2007



Ce n'est pas avec ce disque là que Feist est entrée dans ma danse. C'est pourtant celui-ci qui me reste sur l'échine ces temps-ci. La réédition sûrement y est pour quelque chose, ou pas, aussi « The Reminder » revigore mes soirées.

Il y avait un collectif à l'origine, Broken Social Scene avec les tuiles Arts & Crafts canadiennes. « The Reminder » vient après un démarrage tonitruant, « Let it Die » en 2004, album parfait, la crème à se pavaner, et je m'y suis vautré volontiers.
Juste après le rose magnifique de « Pleasure » en 2017, la réédition de ce deuxième opus plus de dix ans auparavant resplendit dans son petit jazz pop et sa grande ballade luxuriante tout en gardant l'idée du groove virtuose sans pour autant ravager les plate-formes à ravager.

Il fait nuit depuis belle lurette, je me suis mis bien avec un bel album de Feist, son deuxième, un luxe resplendissant.

Feist 2007 « Reminder » label : arts & Crats



mercredi 28 novembre 2018

Marcel Kanche 2018/94



Aller chez le toubib comme on se rend à la police. C'est pas que de ma faute, j'ai sniffé du méthane oxydase en Touraine, de la nébulisation bleu fluo sur mes champs, me suis vautré dans le formaldéhyde d'Ikéa et autres colles à plinthe, le glyphosate dans ma betterave, je vais porter plainte. J'ai pris des clopes à une époque, mettez-moi les menottes doc, je vais tout dire, tout avouer, me gardez pas, j'ai rien fait, relâchez-moi. J’arrête la viande en promo si vous voulez, je mettrais un masque pour l’alliette la prochaine fois, je prends trop de bouillie bordelaise et j'aime humer les fumigatus de ma boite de pétri.. juillet 94 nous voulions notre premier enfant.
Oui, ça aussi je culpabilise, qu'ai-je fait.. pourquoi les ai-je posé ici bas, sur cette croûte terrestre en souffrance, dans cette bouillie urbaine nocive, tout comme mes plaines saturées de produits chimiques, comme les cigarettes que l'on fume..j'ai arrête je vous jure, détachez-moi.

Je prends mon ticket, je fais la queue, mon casier judiciaire à part quelques verres est rosé comme neige.

Lui en juillet 94 gravissait le Mont-De-Grange, la Cornette-De-Bise, Bruno Tocanne à la batterie et Fred Roudet au trouble souffle cuivré, cet album d'un autre temps est une perfection Kanche, le son qui le prend à la gorge, celui-là le sied à merveille. Des bandes perdues retrouvées, c'est abrasif, c'est beau et sombre, presque sans espoir. Faut que je parle de Kanche à mon toubib.


Marcel Kanche 2018 « Juillet 94 » label : 10h10 / l'autre distribution





lundi 26 novembre 2018

Bashung 2018



J'imagine « Bleu Pétrole » avec à la place de Cohen et Manset solitaire, les deux chansons viscérales de Dominique A.

« Seul le chien »... il y avait donc cette chanson là aussi, avec « Immortels ». Qu'est ce qu'elles auraient été belles là, calées, déposées, incrustées dans ce bleu fossile où tout repose.
Peureusement, confusément, je me cache derrière Dominique.

J'avale l'amont et je sombre.

Bashung 2018 « En Amont »

samedi 24 novembre 2018

Mark Knopfler 2018



Je sais ce que vous allez dire, Knopfler c'est de la petite bière, le mec il est parti comme on l'a pas venu venir, qu'on savait même pas qu'il était là, qu'un jour il a inondé MTV avec son groupe de fauch'man, que je vieillis des guibolles et qu'il me faut un truc pépère dans les oreilles pour ménager mes rotules, qu'il est même pas question que l'on parle de Swamp rock alors que le grand pape du genre vient de disparaître et que même faire allusion à JJ Cale est un poil déplacé, que c'est bateau, easy et grassouillé, patati et ….

Il s'en bat les cordes le Marko, sa discographie solo coule doucement le long de celle qui a fait son succès dans les années 80 et de ses musiques de films innombrables. Parallèles fantastiques, liberté pour lui de rouler sa bosse et du coup de sortir des petits bijoux sans que cela devienne vital. Libre à lui de venir déposer un grain de sel, une bouffée d'iode sur son jeu lent de swamp fast picking à lui qui vient frôler le littoral (« Drover's road ») comme sur chacun de ses albums.

Alors je sais ce que vous allez me dire.. moi ces temps-ci Mark Knopfler tourne inlassablement avec un plaisir sans précédent, parce que cet album là c'est l'explosion de ses talents, un cru exceptionnel, quelques styles se baladent, doux, chaloupés, c'est du 100% Knopfler dans toute sa splendeur.
J'ai une grande tendresse pour ce mec qui ne s'affiche jamais sur ses pochettes, je vous laisse avec « Nobody does that », il doit s'en foutre ce que l'on dit.

Mark Knopfler 2018 « Down the Road Wherever » label : british grove


mardi 20 novembre 2018

Gilberto Gil 2018



Janvier tombe sur ma plaine, froid trempé à lourds flocons, du gris à faire frissonner le jaune enflammé du Gingko Biloba.
Qu'à cela ne tienne, janvier tombera aussi sur ma platine, celui de Rio. On va pas se laisser miner par le calendrier déboussolé.
Gilberto Gil vient d'ajouter une pièce à sa monstrueuse discographie, une bouffée de chaleur en plus à notre novambrier.

Gilberto Gil 2018 « Ok ok ok » label ; biscoito fino

dimanche 18 novembre 2018

Anna Ternheim 2017/2018




Cancre en parité, avec un peu de recul, il faut bien avouer que je merde grave quant au partage des genres. Je n'ai pas d'explication, pas de défense, quoiqu'il en soit, je ne me force pas, la réalité de mes écoutes est telle. Peut-être à ma décharge, l'intensité d'une écoute n'est pas la même.. jamais je n'ai ressenti plus forte émotion sous les cordes graves d'Hildur Gudnadottir, Colleen ou encore Jessica Moss.
Au creux de mon hexagone, je ne trouve pas mon bonheur plus que ça, et mes étagères croulent sous la galette masculine, sur lesquelles viennent rayonner Sanson, Hardy... Carlotti, L, Keren Ann....
J'ai beau fouiller, même chez Tricatel par exemple, il n'y a qu'Helena et April.
Ni myso j'espère, macho pour rien au monde, je pense que c'est l'offre et la place proposée. Mes écoutes féminines se barrent souvent vers les States, le Portugal, le Québec, le made in England, la scandinavie....

Suis-je dévié à l'idée qu'une femme me chante ? Pourquoi ai-je dis « me » chante ? Kate Bush mon premier amour ? Artistiquement « amour » n'a pas grand chose à voir avec le féminin ou le masculin .. j'aime Michael Stipe et Bryan Ferry...autant que Anna ou Polly Jean, je suis pincé secrètement. « Show me the meaning of being lonely » et je chute lourdement, tout comme « Man of the world » de Green...par exemple.

Je l'ai joué un peu lège avec le dernier album d'Anna, j'ai boudé comme un vieux bougon. C'est pas qu'il est juste un poil en dessous, c'est moi, pourtant c'est pour le meilleur et le un peu moins meilleur les histoires d'amour artistique. J'ai merdé, il aurait fallu passer outre un léger coup de pâle dans mes yeux, les siens n'ont rien perdus de leur profondeur.
Je ne vous promets pas de régler mes lacunes en parité, il y a pourtant beaucoup de filles qui sont venues embellir mes pages. Ternheim et l''intensité est toujours là, un concert, un petit album ravageur, un Lp magnifique en plein milieu , le retour d'Anna Ternheim ou plutôt la belle continuité.  "Gifts of Chance" est un petit chef d'oeuvre.

 Elle a beau être une femme, je l'aime.

Anna Ternheim 2017 « All the way to Rio » / « Gifts of Changes » 
2018 "The Winter Tapes" label : universal


jeudi 15 novembre 2018

Salomé Leclerc 2018



Je la craignais depuis des semaines cette journée sans soleil, le court jour plombé de cendre qui tape sur le crâne. L'ennui du regard se perd dans le brouillard.
Une truc puissant d'émotion pour palier, des chansons pour s'étendre alors que tout s'éteint. Les villes s'allument avant le soir, « Des pûmes et des ombres » « à la fin de la saison les oiseaux déclinent ».

Pour des raisons différentes, comme avec son premier album, je me laisse embarquer sans résistance aucune par le nouveau Salomé Leclerc, touchant, grave et mélancolique.

Salomé Leclerc 2018 « Les Choses Extérieures » label : audiogram


mardi 13 novembre 2018

Alexis HK 2018



Le persistant tiendra tète au caduque, c'est écrit. Un son d'orgue entonne dans mon crâne.
Hier on fêtait la chair à canon centenaire, des âmes qui sont tombées, des corps qui chutent sans cesse, même sous les belles lumières d'une douce journée d'automne.

La branche de laurier aux feuilles cirées a chopé de justesse celle détachée du figuier. Depuis le temps que leurs racines à ces deux là se causent et s’entrelacent. Comme pour la soutenir, pour ne pas qu'elle tombe même si c'est cause perdue, la palme ficus tangue au creux des doigts du prunus qui persistera. Le vert bouteille n'a que faire du carotène.
Les hortensias pâlissent à peine, les cerisiers sont déjà à terre, de tout feu, tant de belles journées d'automne et la tranchée grondait comme la fosse des concerts, rien n’empêche les jours amers.

J'imagine mon fils partir à la guerre, ou une de mes filles se rendre à un concert. Je pense intensément à Georges Salines que je croise presque tous les jours à mon travail, le papa de Lola. J'ai beau contempler les couleurs du hêtre pleureur pourpre juste en face de son bureau et de notre cour, son grand regard est une vaste émotion dans la plus profonde des discrétions.
Pas une époque de répit, les premières exterminations remontent à l'homo sapiens. La leçon traîne la savate, le correctif est sans espoir. Comment les hommes deviennent-ils fous ?

C'est tellement doux une journée d'automne, la lumière hémoglobine ensoleille les arbres, embarque tout. « Le monde entier est en déroute », c'est pas demain la veille qu'il épousera la beauté. Pourtant tout est là, déposé à nos pieds de nos belles journées mordorées. Il suffit de cueillir, de prendre délicatement sous nos pas ce qui est là, de respirer ce qui est sous notre nez, caresser la mousse des monolithes, le lichen des troncs, et les arbres rougissent du sang des innocents. Peut être devant tout le monde nous sommes en face de nous même.

Les langues encore engourdies doucement se délient. Lavilliers « Vendredi 13 », Murat « Interroge la jument », et puis Alexis qui s'isole meurtri, recroquevillé chez lui pour discuter avec « Marianne » endolorie. Qui est cette femme triste ? Quelle douceur cette chanson, comme cette nouvelle belle journée d'automne. Quelle « douleur..... que rien n’efface ».

Alexis parle aussi de la vie sans lui sur terre, du cerisier dans le jardin de son père, des chasseurs c'est la saison, des haines quotidiennes, de la mal-bouffe et de l'endormissement des pensées, du chien qu'il aimerait avoir comme la fille à Pierrot même si on dit « de Pierrot », des trucs qu'on aimerait dire à son fiston et surtout de la solitude des gens... mais là, « loin des superstitions des vendredi 13 », nous sommes mardi et plein de grands yeux se voilent de larmes salines.

Alexis HK 2018 « Comme un Ours » label : la familia/ autre direction



C'était une belle journée pour un automne
La lumière avait la douceur de la madone
Attablé à l'autre café Marianne doute
Elle me dit que le monde entier est en déroute
J'aurais voulu te consoler
Te dire de ne pas te laisser aller
Quand tes grands yeux se sont voilés
De charbon et de larmes salés
Trouver les illusions et les intonations qui apaisent
Loin des superstitions qui reviennent chaque vendredi 13
Et puis nous nous sommes quittés dans un soupir
D'amitié qui depuis toujours nous fait sourire
L’après midi a déroulé des heures douces
Devant les terrasses bondées de bières rousses
Alors paris s'est enflammé attaqué par les loups égarés
Quand le chaos s'est invité et que la foule s'est mise à crier
Toutes nos illusions perdues en quelques secondes a peine
Consumé par le feu et les larmes des hommes qui saignent
Une douleur que rien n'efface qui nous mutile
Le sang des innocents les traces indélébiles
C'était une belle journée pour un automne
Oh Marianne s'est mise a pleuré comme madone

Paroliers : Alexis Djoshkounian

samedi 10 novembre 2018

Beak >





Le cheval a pris un peu plus de hauteur, du Prog il y'en a aussi un peu chez Beak, mais beaucoup moins, noyé dans du psyché synthétique tarabiscoté. Des plages expérimentales intrigantes et entêtantes, il y a quand même un bout de Portishead dedans. L'hypnotique entêtant "Allée Sauvage" est une merveille contagieuse.
Ici l'allure prend des formes floydiennes, "Abbots leight", comme si les Residents d'aujourd'hui avait marché dans le Kraut d'hier.
Beak fait du bien, écoutablement risqué, pas besoin de se cacher derrière un œil pour imaginer la liberté étiquetée, malgré cette soif de liberté musicale. "Harvester" pourrait planer sur "More".

Des remugles de Portishead entre autre, kraut prog rock expetc etc... un disque sans repère malgré tout, absolument excitant. 


Beak> 2018 ">>>" label : invada records


 
 

jeudi 8 novembre 2018

Crippled Black Phoenix 2018



Pas facile d'être Rock-prog aujourd'hui, de plus en plus chelou de brandir un album aux morceaux de 15 min qui passe du coq à l'âne à travers des montagnes sonores. Même Steve Wilson semble vouloir se détacher de cette étiquette qui lui colle au bulbe. C'est pourtant un des meilleurs artistes du genre ces dernières décennies. Un paquet de nouveautés dans les bacs Prog comme pour hurler « on ne lâchera rien ». J'en ai essayé quelques uns, pas mal même, mais pas à se torde le plexus..

Tiens, si je trouve un album qui crache bien, autant, voire mieux que Wilson, bah j'te pète un ch'val.

Crippled Black Phoenix 2018 « Great Escape » label : season of mist

mardi 6 novembre 2018

Tamino



En passant comme je l'ai fait, je n'ai pas eu l'attention suffisante pour stopper devant cet album, j'ai continué ainsi vers les lettres U V W... Il a fallu que le premier morceau passe dans les enceintes du disquaire pour que je revienne intrigué au « T divers ».

Maximilien Hecker, Perry Blake, Ed Harcourt, Tom Yorke, JJ Johanson.. Jeff Buckley ai-je pensé.
Très partagé à l'écoute de retour dans mes pénates, j'ai balayé les clichés, oublié la pochette et suis resté jusqu'au bout subjugué. Pop mélancolique habitée par une voix, sirupeux avec quelques ondes arabisantes, une grande et belle surprise finalement.
Les infos sur cet artiste sont un peu partout, je reste fasciné par « Amir », le premier album de Tamino.

Tamino 2018 « Amir » label : communion records

vendredi 2 novembre 2018

Prince 2004



Préparé à pas grand chose, je laisse ce soir ma furieuse envie d'épaisseur dans les veines glisser vers un de mes Prince préféré. Sûrement une question de peau, d'ambiance, de timbre, de large verre au lourd cul malté.
Prés paré pour un truc de sensuelle glissade vers la jouissance sans que l'on y soit pour grand chose. Accroc hanche moelleux à mouver debout sur une légère houle en ébullition. Le feu au hamac sans pour autant se choper un coma, juste le lent mouvement des illusions caressant l’échine.

Pas envie de choisir un style, tout prendre, côtoyer l'absolu sans pour autant y être pour quoique ce soit. Envie de ce Prince là.
Pochette pas terrible, titre impérieux, album fatal, j'ose à peine me lancer dans un compte rendu historique ou technique, une timide dissection, j'en suis incapable, je suis paré et près. Je laisse défiler médusé l'épaisseur princière que je désirais intensément, je suis on ne peut plus contenté, je déguste, « Musicology » me cloue le cul.

Prince 2004 « Musicology » label : columbia

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...