dimanche 31 mars 2013

Murat Toboggan




Les accords floconnent, lancinants, réguliers, doucement, comme quand il neige, un gimmick de cordes ouatées, chute lente d'écho en couches de chants en charpie de voix troubles superposées, et le rideau de tulle épais s'abat d'une lenteur. Chaque note est chargée d'eau glacée, chaque battement de cœur est figé par le son acouphène du drapé qui s'abat.
La vitre est givrée, « aimer c'est être aimé », le cœur en chair armée a beau bâtir des cloisons scellées, la vanité et les saisons viennent enduire la texture des sentiments. Et si l'émotion véritable n'étais qu'un grand gouffre marin ?
« Et quand passe la neige en tourbillonnant ».. le ronronnement se fait attendre, « chat noir suppliant.. que l'espoir laisse au printemps chanter la grive en tourbillonnant »... L'hiver se traine,il y a quelques jours je ne supportais plus, je me console avec « Toboggan ». « Le froid de l'hiver est cruel ».. comment savait-il qu'il allait nous cuir l'épiderme jusqu'à la gerçure cérébrale.
La biologie, la vie, la Belle... ma Belle... entraperçue au détour d'un chemin longeant la ferme vivante d'une basse court et d'un clapier mordoré. « Belle » et cette note légère en boucle qui dessine sur un visage la beauté que l'on imagine devant un alignement mégalithique.
La nuit, la nature se dirige vers le ventre des mères, devant les tanières, apprend à s'orienter au beau milieu des marais humaines. Des cristaux attaquent l'œil en scintillements de glaciers lointains.


Chaque album de Jean-Louis Murat est une teinte dans la fêlure, la lueur et la lumière. Si l'on a l'impression que rien ne bouge, c'est ne plus imaginer que la neige légitime peut dicter la mélancolie au forsythia qui lutte. La chandeleur est une étape lumineuse que le flocon ignore, bien fait pour nous, mathyr capitaliste.
Et les cuivres graves au loin sonnent l'alali comme on entonne un chant sombre des horizons carbones, juste piqués de quelques flèches éphémères séculaires.
Des cordes douces pour l'âme, des jeux de voix pour l'amour, des cuivres arrière plan pour le contraste, et le clavier nébuleux de Slim Batteux pour le ciel.

On a pas idée comment l'on glisse sur la poésie, on a beau nous prévenir sur le dérèglement du ciel, nous dire que le vrai poète se faufile dans les collines en VTT, que le chemin des poneys peux se poudrer, que les Mont d'Or se blanchissent comme nos tempes. C'est pas pour autant qu'il faut se morfondre comme je le fais dès que la froidure s'abat sur mes tempes.
« Toboggan » vient comme un pote de toujours pour me dire, me chuchoter que la boue froide des lopins de nos âmes est une virée dominicale emmitouflée et encapuchonnée jusqu'au cœur.
 
Extrême solitude, l'envie de garder la terre collée aux crampons tout en pensant au cœur de cette fille au vent sec, à l'odeur du bois coupé, cette poule d'eau frileuse.
Une nouvelle introspection qu'il faut garder précieusement..je veux des couleurs immortelles...

Orion résiste, et semble vouloir rester devant cette acharnement à nous saupoudrer la chevelure. Je n'implore plus le ciel, Murat chante l'hiver.
Son dernier album est un nouveau régal, hivernal, intime et lent, pas de batterie, ni de basses, juste la terre et le vent de collines, des angoisses comme un leitmotiv..que du jeu, des nuances et des teintes, quelques accords de guitares engourdis, un piano calfeutré, et des cuivres tellement papier peint qu'on oublie qu'ils sont là pour nous mijoter le bulbe.
Qui est près pour la culbute ?

Je suis planté dans le 19 ème siècle, impressionnistes littéraires et d'huiles, et le troubadour qui pense que l'amour est fait pour les héros happe ma nostalgie, et comme il faut rompre avec les contraintes, on s'isole, on regarde le froid mordre et le sucre glace voltiger. Murat est le seul.
Peut on encore fumer une clope, mettre la main au cul d'une fille, pisser dans la rue, l'asepsie est une tendance, le plat un appas. Tellement d'artistes sucent le rond rond et boivent l'eau tiède.. Murat est le seul, juste dans la langue, la note et l'invitation terreuse et vitale. La profondeur.
Laisser dans l'ombre, attendre en espérant desjours meilleurs .. déconfiture, détripotage.......débâcle extrasensorielle.


Jean Louis Murat 2013 « Toboggan » label : PIAS/scarlett




samedi 30 mars 2013

Eleh




Gamin, j'étais subjugué par l'astronomie et le cerveau accaparé par l'infiniment grand. Je passais alors des heures la nuit à scruter la voute. De fil en aiguille, le cartésien m'a lâché et la physique fait défaut. Mon métier aujourd'hui, c'est l'infiniment petit, un signe moi qui ai le vertige. Pourtant la hauteur existe toujours quand je suis collé à l'objectif pour observer les canopées aspergillaires.
Quelle chevelure rasta-brune cet aspergillus niger qui jaillit de l'agar-agar caramel. Une purée de malt non fermenté fait bander et tanguer ses arbres virulents de troncs fragiles et fins, et si les alvéoles pulmonaires se rebiffent à leur contact, les yeux eux s'émerveillent comme s'ils étaient collés au hublot d'un satellite géostationnaire, à regarder la forêt amazonienne.
Touffe brune, mousse noire sur fond crémeux de miel, une simple ecchymose d'orange fait naître un monde végétal organisé sous la voute concave d'une lentille microscopique.



Tout est rond, boucle, ellipse, rien ne déroge aux cycles, à la biologie dictatoriale, le matériel génétique s'envole dans le ciel et se noie dans le cytoplasme, cellules ou grains de pollen. Nous tournons en rond et revenons sans cesse au même endroit, quelque soit la fréquence. Les convections, les saisons, les menstruations, la desquamation, la méiose, circonvolution, quartier de lune, spermatogenèse.... et même si nous fuyons le temps qui passe, l'horloge biologique est le seul chef d'orchestre.
J'ai dans mes oreilles la bande son d'un monde micrométrique, le film sonore des cycles biologiques à balayage électronique, un monument bruitiste intracellulaire immobile. Les cellules communiquent entre elles et s'il existait un micro microscopique pour capter les textures, on entendrait ceci. Si l'on sait écouter les étoiles, Eleh et son épopée sonore nous plongent dans la communication trépidante des cellules aspergillaires brunes. Nos oreilles transmettent à notre cerveau l'insignifiance de nos yeux, l'aveugle réalité des mondes parallèles. Boucles biologiques, pulsations, modulations, battement, fréquences, membranes, périodes, drones et grouillements.. le son du cosmos cytoplasmique.


Gamin j'avais la tète au dessus des nuages, l'infini noir me happait. En grandissant, j'ai fait un voyage immobile inversé, vers l'infini blanc du monde moléculaire, cet autre univers galactique. Et s'il y avait une autre vie quelque part, sur un astre atomique, sur un neutron astéroïde. Gamin … je n'ai jamais eu les pieds sur terre, et j'ai surement dû me croiser quand je suis allé des années lumières aux nanomètres. Je ne sais pas quand. Eleh où s'éloigner de soi, collapsus immobile. La boite crânienne est une capsule prête pour le décollage. La réalité des choses n'est pas un mystère, le zéro de l'échelle est un point de départ, nous sommes tous à la croisée de l'abysse et de l'ordonnée, je me laisse décanter vers l'infiiment petit.

Eleh vient de regrouper dans un triple album deluxe édité en 1000 exemplaires, un assemblage sonore, une expansion de tonalités, une profonde synthèse, un travail d'introspection sonore à la profondeur rarement atteinte. Un voyage dans un monde parallèle que l'on définira selon son imagination. Cette heure et demi peut rendre fou si l'on prend le temps de se laisser pénétrer par u autre monde.
Eleh se ballade depuis 1998 de Touch à Important, ses deux agences de voyages surréalistes.



Eleh 2013 « Retreat, return & Repose » label : important.
http://importantrecords.com/imprec/imprec369







vendredi 29 mars 2013

Luca Sapio



On garde l'air ensoleillé de Josh Rouse, sauf que sur ce littoral là, les degrés celsius ont gravi les échelons et les petites amourettes ont pris du plomb dans l'aorte.
Les guitares injectent des yeux torrides et les cuivres arrondissent les hanches. Quatre notes et ça tangue grave, la gorge ne s'égosille plus de sourire innocent. Cette histoire, c'est du sérieux, un peu plus de douleur dans les cellules, et le désir orchestre le rythme. Le blues moite met du vent dans la chevelure féline.
Luca Sapio est italien et héberge dans ses cordes vocales des substances de Ray Charles, Ben Harper, Curtis Mayfield, ou Shawn Mullins et Shane Murphy pour la couleur de peau.
Si avec Josh Rouse, nous foulions le sable chauffé par le soleil du zénith, avec Luca Sapio, nous sommes assis sur le muret panoramique, au crépuscule, devant un coucher de soleil magnétique à chercher les mots pour lui dire que j'arrête de vivre pour elle.
Je découvre cet artiste en plein manque de canicule. Le soleil monte et chauffe le dos, mais l'air est toujours froid.. Luca Sapio, une énorme surprise soul pop de la botte italienne.



Luca Sapio 2012 « Who knows » label : ali bu mayé


 

jeudi 28 mars 2013

Josh Rouse



Depuis que Josh Rouse a troqué son Nebraska natal contre les collines ensoleillées de la Castille, sa musique s'est éclaircie d'un azur arachnéen.
Une pop à flâner, des ballades insouciantes, la musique de « The happiness waltz » prend des allures luxuriantes et légères. Pas de fantôme tropical ici, pas de mélancolie ténébreuse non plus, de la pure romance pop façon Paul Simon avant que Graceland ne l'emmène sur d'autres terres.
Une virée chaleureuse pleine d'oxygène et l'on croirait passer des vacances au milieu d'un groupe d'amis à la recherche de petites amourettes sans conséquences. Le cerveau en chemisette de lin, la nuque rougie par un soleil taquin, les poumons pleins d'iode, le dixième album de Josh Rouse est un pur appas, un instant de légèreté sans pour autant pencher du côté mièvre. « The happiness waltz » est un album qui tient bien la route et "This movie's way too long" se dessine déjà comme un tube d'été... puis "A lot like magic" aussi ... etc


Josh Rouse 2013 « The happiness waltz » label : yeproc
http://www.joshrouse.com/
https://www.youtube.com/watch?v=VUByYdaTeVY



mardi 26 mars 2013

Songs:ohia 2000



Il y a quelques temps, j'ai choisi un morceau de « Ghost tropic » pour le Jukbox de chez Jimmy, histoire de pleurer dans ma bière.
« Ghost tropic », « Vahiné ma soeur .. la vie n'a pas plus d'épaisseur que la feuille de l'arbre... »
 

Noir absolu. Tendu comme un océan.
Slow core, slow blues.
Noir recto verso, noir in vivo.
Slow life.
Intime incantation.


Songs:Ohia 2000 « Ghost tropic » label : secretly canadian








dimanche 24 mars 2013

JL Murat 2013 - expo




Complètement coincé entre ma sortie VTT, des airs de poète ménestrel qui m'accapare le cerveau, une expo locale et le prix de "la route du blé" pour moi le beauceron, mon cerveau est un labyrinthe grisé par les arborescences humaines de tout horizon.
J'expose deux toiles depuis deux jours dans mon village, l'une d'entre elle a raflé un prix, le chéri de ma grande m'a déposé le dernier Murat en vente prématurée dans la ville la plus proche.. Murat le vététiste du Mont d'Or, le poète, l'artiste, cette journée est troublante..il fait toujours froid dehors, 4°c, c'est pas loin qu' « Il neige », et avant de m'écrouler, j'écoute en boucle « Amour n'est pas querelle ».
Bizarre d'aimer autant d'individus quand on est un solitaire.


Jean Louis Murat 2013 « Toboggan » label : pias/scarlett

samedi 23 mars 2013

F.S.Blumm & Nils Frahm



Ce disque là est un déconcertant paysage pointilliste. Les notes minuscules dansent un menuet intime de chambre et les notes délicates s'égrainent en flottant, comme la poussière de pollen qui se réveillent doucement après une éternité de peaux hérissées près du zéro celsius.
L'aulne, le noisetier et le cyprès soufflent leur poussière féconde, marimba, trompette, vibraphone et clarinette viennent siffler leurs couleurs
Égrener, semer.. des particules qui engendrent, de la poussière fine qui susurrent aux oreilles la mitose, une certaines idée de floraison. La jachère va se farder de teintes fauves.
Erased tapes vient percuter Morr music, Nils Fraham en duo avec F.S Blumm, guitare, piano, des invités, des idées printanières, j'ai jamais senti une telle fraîcheur depuis Flim chez Tomlab.
Quelques palettes nabis et naïves se construisent autour de cette musique bicéphale.
« Music for wobbing/music versus gravity », une fleur jaune de cadmium et son abeille dansent , « Music for lovers/music versus time » et les cuivre appellent au cobalt pur du ciel sans voile.

Ce double album bleu et jaune est un jeu formidable entre deux paysagistes rêveurs, un néoclassique jazz dépouillé, d'une candeur contagieuse. Hypnose.

Un délice à guetter le réseau aéroporté des grains pollens accrochés aux mollets d'apidés.



F.S.Blumm & Nils Frahm 2013 « Music for lovers-music versus time / Music for wobbling-music versus gravity ». Label : sonicpieces

http://www.sonicpieces.com/sonicpieces016-2.html
en écoute intégral sur le site.



jeudi 21 mars 2013

Herman Düne



Il est des albums que l'on traine sur son dos, qu'on ne lâcherait pour rien au monde, malgré la longue route sinueuse, malgré l'évolution des choses.
« Turn off the light » des Herman Düne est ce tatouage artistique, le baluchon jamais bien loin, incrusté dans le cerveau comme le corps d'Ulrika, une des plus belles suppliques Low-Fi qu'il m'a été donné d'entendre.

Dix ans à bourlinguer sur les routes, squatteurs, vagabonds ou troubadours, les frères Herman Düne ont alors mis à plat tout leur matériel de songwriter sur un disque enregistré live en 1999. Prohibited records/atmosphérique ont alors eu le privilège de lancer la carrière des barbus.
J'ai tout pris dans la tronche, je n'étais pas loin de l'impact, j'ai été grièvement touché au plexus, à la plèvre et au cerveau. Depuis, comme une blessure de guerre, je me trimbale avec « Turn off the light » sur l'épiderme.
Lundi 26 novembre 2001 vers les 19h, je suis allé me rendre compte, parti à la rencontre, c'était au Café de la Danse avec Don Nino en invité, « Switzerland heritage » était déjà dans les bacs, je n'étais pas encore remis du précédent.

Cette entrée en matière, est une bouleversante complainte de folk électrique, si si, avec de sublime poussée de colère en direct, là, juste en face de moi dans la même pièce. Tellement proche le son, les enceintes pervibrent comme si elles étaient leurs amplis.
Bien sûr il y a eu un paquet de disques qui ont suivi, pris chacun avec un plaisir immense, mais je n'ai jamais retrouvé le même jus, ce côté dramatique et lumineux, cette phase Will Oldham mêlée de Velvet.

En 2006, David-Ivar et André ne sont plus sur la même longueur d'onde. Le groupe a une envie de major, de son « professionnel ». EMI leur donnera les moyens d'un studio grandiloquent et des musicos. « Giant » fut un énorme succès, un disque excellent. Je crois bien que j'ai arrêté là mon aventure avec Herman Düne, la suite m'a laissé de marbre.
Pour retrouver le côté sauvagement authentique des débuts, il faut prendre la tangente, suivre le son des cordes sèches du frangin en partance. André sort des albums sous son propre nom, mais aussi sous le pseudo Stanley Brinks. Ses disques sont assez rares, il paraît même qu'André apporte lui-même les objets hyper autoproduits chez les disquaires indépendants (ils sont disponibles à Ground Zero par exemple). Deux mondes différents, des concessions, un choix à faire, ou pas.

Merci à Fracas pour le rappel et cette plongée de printemps gris dans les deux mondes discographiques d'Herman Düne. Je garde volontairement le tréma du U, disparu avec le départ d'André pour dire que ce n'était plus tout à fait le même groupe. D'ailleurs le site, d'une médiocrité affligeante, débute en 2005. Pas de trace de « Turn off the light »... normal, c'est moi qui l'ai :D
Il existe un ep encore plus rare distribué lors de la tournée 2001 « 15 trapped in a F - Fire ». In the box.
Herman Dune c'est aussi une petite soeur, elle oeuvre timidement sous le nom de Lisa Li-Lund.



Herman Düne 2000 « Turn off the light » label : prohibited/atmosphérique.
www.hermandune.com





mardi 19 mars 2013

Lee Hazlewood 63



Merde, si Sony et la Hendrix family s'évertuent à faire renaître décemment le grand Jimi, Light in the Attic records bosse pour Hazlewood dans la plus belle des discrétions. Faire ressurgir des trésors bourrés d'inédits est un rendez-vous fidèle depuis quelques années pour ce crooner.. et comme le dit Philippe Manoeuvre.. « tout revient au fur et à mesure..tout réévaluer..le rock perdure..et tout cela continuera éventuellement jusqu'à l'extinction complète du dernier baby boomer écoutant son ultime pirate de Robin Trower... »
En attendant, c'est de Lee Hazlewood dont il s'agit, et là, j'ai figé ma marche errante pour m'assoir dans la boue jachère qui devient poussière. Je laisse l'alouette me siffler fixement au zénith et attends le prochain train pour nulle part.
Quel pied ce disque, cette résurrection, ce timbre de voix bourbonnée et goudronnée, ce country western sans moustache est une pure dégustation.
Mes croquenots s'allonge en peau de croco et ma roulée se nébulise en effet papillon. Anticyclone virtuel, les fesses dans la boue..bordel, le train n'arrive pas. Je vais y aller en vélorail et voir ma tour disparaître dans un coucher de soleil Lucky Luke.
Depuis quelques jours, le premier LP de Lee réédité est dans les bacs. C'est pas bientôt le printemps ? Qu'est ce qu'il fout ce train ? Je vais être à la bourre pour le rencard d'hier.
« C'est un endroit pour naitre, un endroit pour vivre, pour mourir et être oublié ».. je guette le nuage de vapeur sifflant, rien..que l'alouette, c'est déjà ça, mon train à moi, mon alouette crâneuse, mon voyage statique, le cul par terre.
Je vous jure que ce disque est un remède à l'oppression quotidienne. Un feu de camp en pleine marmelade champêtre, une voix désaffectée qui se dessine et le rail raye le lopin de terre.... « The girl on death row », un inédit miracle..
Merde, pas de train, deux heures de retard annoncées, le froid, une loco en vrac, une menthol pour changer, et mon casque avec «Trouble is a lonesome town » de Lee Hazlewood.. m'en fout, l'alouette est toujours là qui siffle pour le train.... qui n'arrive pas.

Lee Hazlewood 2013/1963 « Trouble is a lonesome town » label : light in the attic/mercury




mardi 12 mars 2013

Je suis le petit chevalier



Une fois recouvert par la neige, les membres gelés et le cerveau engourdi, il ne reste plus qu' à écouter les bruits blancs alentours, juste à la surface, là où les vivants s'évertuent à garder leur sang tiède.
Des battements urbains, des drones chaotiques, des machines qui avancent, la lame qui balaye la poudre, un cœur qui bat, celui de la terre ou de la ville qui gronde.
Sourd, l'engourdissement est à son comble.. cette fille est folle. J'explore le monde opulent et fantastique de Félicia Atkinson depuis quelques années sans pouvoir en parler. Je ne sais pas où je suis, cette fille est folle.
 
Je suis le petit chevalier est un alias, une face sombre derrière laquelle elle engloutit toutes ses visions les plus mystérieuses, des fantasmes sonores d'un cinéma suréaliste.
Shelter Press a publié sa dernière aventure en cassette audio. Les travaux de Félicia Atkinson sont des introspections fabuleuses, un voyage surdimensionné. Paysagiste, multi-instrumentiste, techincienne du son, un monde à elle autour duquel viennent graviter une foule d'artistes expérimentaux (Sylvain Chauveau, Adam Seltzer, Peter Broderick...).
 
Il fait de plus en plus froid..et nous avançons sous la neige. J'ai acheté une cassette au son chaleureux.. j'écoute « Dark morse » de Félicia Atkinson.
 



Je suis le petit chevalier (Félicia Atkinson)  2012 « Dark morse » label : shelter press / support K7

Félicia Atkinson 2010 « O-RE-GON » label : home normal

http://www.feliciaatkinson.be/
http://podcast.getwebreader.com/nofearofpop/felicia-atkinson-green-grey-/2011/09/735-67990



 
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Clem Leek



J'aurai du me doutais que l'œil fier du rouge gorge ne me fixait pas en vain. Il y a quelques jours il sautillait encore dans la marmelade d'hiver, alors que le merle entamait sa danse insouciante de printemps.
Quel hiver, la neige a encore neigé.. Clem Leek a dessinait un hymne mélancolique pour ces journées de frimât blanche et grise.

Multi-instrumentiste britannique, cinq album néo-classique expérimental en 3 ans. Recueillement climatique.

Clem Leek 2010 "Snow tales" label : not on label


https://www.youtube.com/results?hl=fr&gl=fr&q=clem%20leek%20snow&bav=on.2,or.r_qf.&bvm=bv.43287494,d.ZGU&biw=1280&bih=654&wrapid=tlif136308054672311&ie=UTF-8&sa=N&tab=i1

dimanche 10 mars 2013

Hiver marmelade


 

 
"Hiver marmelade"     (90x60) jeudi 7 mars 2013
 
 
 
 


Olafur Arnalds 2013 "For now i am winter" label : erased tapes





samedi 9 mars 2013

John Fahey 2003


Dernier album sorti postmortem pour un mythe du finger-picking, hanté, technique et touche par la grâce.
J'aime la musique féerique de John Fahey, guitariste lumineux dont la discographie a commencé en 1959, un homme aux 36 albums. Il fut peintre abstrait dans les dernières années de sa vie, j'aime aussi les fruits imaginaires de ses expérimentations ambiantes de cordes.


Séminal.


John FAHEY 2003 « Red cross » label : revenant




jeudi 7 mars 2013

Föllakzoid / Electric Moon





Du jerk répétitif d'astéroïde inocule une catalepsie capillaire visqueuse qui diffuse à la vitesse de la lumière.
Les Guitare-basse-batterie qu'un clavier envoie dans l'espace, étirent le son cosmique à l'infini pour se fondre dans la queue d'une comète psychédélique qui flirte avec la lune électrique.


Föllakzoid 2013 « II » label : sacred bones
http://follakzoid.bandcamp.com/
http://www.sacredbonesrecords.com/releases/sbr087/
https://soundcloud.com/#follakzoid



 
Sur la lune, que l'astéroïde Föllkazoid a frôlé, la température est insoutenable, un sol volcanique menace, à tout moment l'éruption. Le clavier est furtif, la batterie mastodonte, et la basse boxe. Quant à la guitare, elle est le cerbère qui protège ce psych-space-kraut-rock. L'enfer est sur la lune.

Electric Moon 2011 « The doomsday machine » label : nanosi
http://www.electricmoon.de/
http://www.nasoni-records.com/ELECTRIC_MOON_release_The_Doomsday_Machine.html



L'effet Jimi Hendrix fait son chemin dans le cosmos, avec la lumière fulgurante des Acid Mother Temples.
Acid-Rock






mercredi 6 mars 2013

Jimi Hendrix 2013



Depuis le temps qu'on nous livre des wagons entiers de compilations/rééditions post discographique du plus grand guitariste de l'univers, je m'attache fermement aux derniers documents sonores lâchés par la famille Hendrix. Racolage ou pas, faux inédits ou vrais trésors, je ne fais pas la fine bouche et découvre une véritable bombe de blues rock habitée, en plein cœur de l'année 69.

Après « Valleys of neptune » et « In the west », « People, Hell and Angels » est dans les bacs depuis quelques jours, et c'est à se rouler par terre. Une grosse impression quand même que tout ça n'a rien à voir avec les wagons plus ou moins mauvais cités plus haut. Ces morceaux là dorment depuis des décennies, et dès la première note de « Earth Blues » (avec Billy Cox et Buddy Miles) on file et fuse suant de plaisir, tremblant de soubresauts blues ravagé de psychédélisme.

Je n'ai jamais acheté d'album de Jimi Hendrix en dehors de sa discographie officielle, ces trois là viennent s'ajouter et notamment ce « People, Hell and Angels » sublime brulot encore meilleur que les deux précédents.

Je ne suis pas un expert fanatique des pièces rares de Jimi Hendrix (j’apprends même ici que Stephen Stills peut tenir la basse à ses côtés) et je prends ces nouveaux crus comme de véritables albums, des cornes d’abondances.
J'ai hyper chaud.....



Jimi Hendrix 2013 « People, hell and angels » label : legacy recordings

http://www.jimihendrix.com/fr

http://hendrix.free.fr/disco/index.htm





lundi 4 mars 2013

Matthew E.White



Une chose bizarre est en train d'effacer toute ma mémoire fébrile de chroniqueur amateur, un album qui me laisse sans repère, paumé entre des dictionnaires de références qui font des strike dans des alignements d'adjectifs et d'éloges... En vrac.. Smog, Ray Charles, Soul, Tindersticks, Pop, cuivres, gospel, arc-en-ciel, atypique, décalage, cordes, David Axelrod, moderne, hyper-propre, rétro, libre, sensuel, unique, Lambchop.... comment mettre tout ça dans un texte sans se pédaler les mélanges.. j'ai les bras en évantail tellement cet album me laisse contemplatif et déconcerté. Un artiste dont je ne connais rien, sauf le label (Domino) qui héberge cette formidable œuvre d'art délicate et pénétrante aux arrangements et aux idées quasiment j'en sais rien.
Ce mec est normalement fou.
Subtil.
En boucle.

Matthew E.White 2013 « Big inner » label : domino/spacebomb


http://www.youtube.com/playlist?list=PLE657ED0F1BBCC627


samedi 2 mars 2013

Alexandre Varlet


 
 
La transition est évidente, capillarité lumineuse qui suce vers un autre album, vers un autre 7ème ciel acoustique et blême.
Je m'étais arrête au « Ciel de fète » en 2007 (et son formidable passage sur un label parisien, Fargo), passant outre le « Soleil noir » et je me souviens des débuts d'Alexandre Varlet et aussi du fantastique « Dragueuse de fond ».
Tout est débranché ici, une intimité pas ressentie depuis l' « Hypernuit » de Bertrand Belin. « Presque monde » avait déjà laissé entrapercevoir la lumière de cette plume à portée de note. Quel plaisir de retrouver Alexandre Varlet sur ces branches qui bourgeonnent, porté par la poussière de noisette qui pollinise nos poumons asphyxiés par un hiver égoïste et vicelard.
A peine une petite poussée new wave anglophone sur « Umovedown », ce disque éponyme est un manège troublant sur lequel danse une voix, des textes et des notes acoustiques, comme un grand disque folk de songwriter tellement rares par chez nous.
Fantastique, déjà indispensable, à ranger près de l' « Hypernuit ».. Longue vie aux disques du 7ème ciel.
Des pigeons qui roucoulent sur la faitière, l'aérogare des champs qui envoie ses petits zingues à moteur au dessus de nos tètes, la rouge-gorge qui ne sautille plus, le Narcisse qui ronchonne, la nuit qui fond et la prairie de « Millevache » qui coule en ruisseau de haut débit... faut-il allait loin ? Haut ? « Faut-il » comme une onde fantomatique de Bashung qui sombre sur « Angora »... un écrin, les petites cascades de la vallée de Névache, j'y pense, j'y suis, je veux marcher en reluquant le Galibier, je veux fouler les vallées sous un ciel plombé.. ce disque me transporte.... il le faut.

où se trouve la source d'eau qui étanchera nos soifs ?
 

Alexandre Varlet 2013 « Alexandre Varlet » label : les disques du 7ème ciel.
http://7ciel.net/artistes/alexandre_varlet
http://7ciel.net/disques/7C7 ou http://7ciel.net/disques/7C7D
http://www.alexandrevarlet.com/




Birch Book 2013


Une matinée avec une lumière de printemps, un café et une envie de vinyl.
Un mini 33T à la pochette de carton recyclable, des lettres de chlorophylle comme le blé d'hiver qui attend le signal.
 
 
Chaque disque de B'ee me plonge dans un état de plénitude unique, souvenez-vous.
Un jeune label parisien a proposé à cet artiste boisé de l'Oregon de graver sur un objet extraordinaire, sa passion pour la chanson francophone, déjà exprimée sur « A hand full of days ». Quelle fraîcheur ces airs connus, embellis de sa guitare sèche et son léger accent. Du Kosma, Prévert, Gainsbourg et Moustaki. Six chansons sur lequel le temps s'arrête pour une matinée fraîche de lumière printanière. Pas un brin de vent, tout est calme et je reste là, à attendre que la chape grise éblouissante se dissipe.
Les disques du 7ème ciel à l'aube de son catalogue, est un auberge jeune qui propose des objets rares, numérotés, au packaging intime et luxueux.




Birch Book 2013 « Birch book » label : les disques du 7ème ciel.
http://7ciel.net/disques/7C2
http://7ciel.net/artistes/birch_book


vendredi 1 mars 2013

Crève coeur


Je voulais pas, j'avais pas l'intention, ni l'envie, j'aimé vous lire, ça me suffisait, et puis la pluie s'est arrêtée de tomber, elle est con celle là..la flotte gelée. L'élégie c'est beaucoup trop pour ce temps gris et pour mes fesses.
Moi, j'aime la taille de son âme...de la notre...

Et le printemps, il est beau le printemps nan ??






Windsor for the Derby 2002

  Des jours entiers que le ciel nous tombe sur la tète. Je suis imbibé, le cerveau moisi et les articulations en mouillettes. Tempéré !! me...