jeudi 3 juillet 2025

Joan as Police Woman 2024


 

« Started off free », et le ciel se couvre. Oh, rien de menaçant, juste baisser les yeux et ne pas se disperser. Focus sur un crush récurent, JAPW, « To Survive » la gorge serrée, « Damned Devotion », « The Deep Field »..au feu... et ce « Lemon, Limes and Orchids » dans un reliquaire. Cet écrin, de la pop soul qui va faire jazzer dans ses plus beau habits légers.

Rien ne dépasse, ciselé, taillé dans l’albâtre avec des outils délicats et une chaleur des cellules. Clim à fond dans la caisse, « With hope in my breath » fait onduler l'habitacle, le pare-brise est bouillant, je sens son haleine sur le poitrail, l'horizon se trouble, tout devient mirage. « Long for ruin » et mon cou perle, je lève le pied et tangue dans ma chemise serpillière.

J'ai dans la bouche une grande idée de canne et d'agrume jaune citrique à vert profond mentholé avec une avalanche de glaces, une banquise fondant à vue de palais autour de ma paille en carton. Cet album classieux est un cocktail caniculaire.


Joan as Police Woman 2024 « Lemons, Limes ans Orchids »

mardi 1 juillet 2025

Léonie Pernet 2025

 


Tendance à étriquer partout, les mots de chagrin sur une peau crachin, agripper la rampe pour résister à la vitesse. Les semelles ne tiennent plus, ça sent le roussi. Là où il n'y en a plus, avant de l'atomiser, la poésie sous un angle d'ardoise cendrée, l'éraflure sur un son à raccommoder sur le « Reflet du monde lointain ».

Comment faire pour nous désencombrer ? Se désenclaver la gueule, peut-on encore se soustraire de la rotation ?

Lymphe épaisse, entaille de saignée par l'horizon, mon corps élastique s’allonge, la tète dans les nuages, les talons dans le limon la queue girouette. Des racines et des influences, troublante Léonie Pernet. « Poèmes pulvérisés » me foudroie debout. Puis me traverse. Le thermomètre est pulvérisé, allongé, plombé, je me laisse traverser.


Léonie Pernet 2025 « Poèmes pulvérisés »

vendredi 27 juin 2025

Ambre Ciel 2025


 

La « Reverie » est passée, la bascule est là, le soleil repart dans l'autre sens, les moissonneuses le savent bien. La chaume est une couleur que j'adore renifler. L'ocre nacré cuit souligne les bois. Le ciel est ambré, je découvre après Rebecca et Aliayta, « Still, there is the sea » d'Ambre Ciel. Jessica Hébert fait danser l'orchestre en fragments d'émotions avec son chant qui fait place discrète.

J'ai vu des immeubles surgir, puis disparaître, l'aurore comme le crépuscule là où tout se bouscule avant le noir et le grand jour. Agnès Obel, Soap & Skin... elle prend possession d'une âme philharmonique ambiante pour chanter alors que tout se fige.

Tout plane au sommet de quelques chose. Un mirage. Dans des nuées de poussière de blé battu, Ambre culmine.


Ambre Ciel 2025 « Still, there is the Sea »


mardi 24 juin 2025

Rebecca Foon & Aliayta Foon-Dancoes "Reverie"

 


Le soleil au plus haut, nuit toute petite pour fêter la musique, la fête des éboueurs, au jour qui se lève des camions en ligne comme après la guerre.

Cette nuit-là, quand les sœurs Foon se sont tues, il restait au dessus de mon jardin les étoiles médusées et un doux vent faible qui faisait chantonner les charmilles. La chauve-souris était déjà collée aux tuiles du hangar, plus aucun battement, juste cette caresse musicale dans toute sa délicatesse. Il me semblait que les lichens fredonnaient, les mousses reprenaient un peu de rosée histoire de préparer la journée suivante. Les vieilles guignes noires toutes cuites suintaient tout leur jus au bout des branches lourdes de sucre. J'entendais le bruit des larmes noires tomber sur la vieille table en fer, comme des clapotis grillés en grésillements de musique de chambre nocturne. C'est comme ça, les cerises saignent quand les moissons commencent.

La musique était là, la plus belle qu'il soit, il n'a rien fallu nettoyer au petit matin. J'ai posé ma tasse de café sur les traces de caramel sang comme une sève figée. Le jour était là depuis quelques heures. J'ai remis « Reverie » de Rebecca et Aliayta. Constellation. Silver Mt Zion.. Set Fire to Flame. C'est un pur chef d’œuvre. Ce n'était pas un rêve.

 

Rebacca Foon & Aliayta Foon-Dancoes 2025 « Reverie » sur Constellation


samedi 21 juin 2025

Casagrande 2025

 


Je brandissais il y a une grosse poignée de mois « Villes Sauvages » adossé aux indispensables de mes étagères de par ici. Août 2023, énumérant la liste avec lui des opus qui comptent. Il n'a pas été depuis rangé ailleurs que sur cette cime-là, définitivement adopté. Tout s'est allumé depuis.

Je fredonne souvent les « Silures », « Baltimore », elles sont ici proposées en versions outre-Manche, et je traverse des frontières avec Casagrande dans ma besace, à peine dépaysé. Je connais le chant habituel de Nicolas, et « Wild Cities » me transporte vers le Polnareff 1975. « Wandering man », « Rainy day song », une idée de réconfort chansonné sur une autre langue, et toujours cette duveteuse mélancolie.

Une façon pop de prendre à soi la chanson de par ici. Le mérite du globe. Il faut dire que Fabien Martin est toujours aux manettes. Quel son, il fait des merveilles...Littoral Little, une belle famille artistique qui me colle à la peau.

Jeff Halam est là, son jeu de cordes graves sur « Never let me down again » entre autre, et pour l'écriture aussi. Et puis « Sea Song » avec Cheval fou, Armelle déjà sur « Le gant sur la peau »(« Glove on your skin » avec Nadine Khouri cette fois-ci), la dernière fois que cette chansons m'a flanqué les poils, c'était avec Married Monk. Il faudra un jour élucider le mystère pour ce joyau là, je lis tout, je cherche et farfouille, j'aperçois quelques pistes, mais rien sur la mitochondrie.


Un crayon de bois dans ma boite aux lettres, je vais rajeunir d'un seul coup. Rembobiner à l'ancienne. La galette et la K7 pour un pack vintage, je suis comme un gosse, j'use à nouveau mon auto-reverse. Deuxième album pour Nicolas Contant, et une cassette en sus, il est fou, c'est tellement bon.


Casagrande 2025 « Wild Cities » sur Littoral Records

mardi 17 juin 2025

Fontaine / Arelski : BARAKA 1980


 

C'était mieux maintenant. Les textes défilent et rien ne changent. Les belles histoires d'amours figent la plaque. La plus belle de toute dans les douceurs les plus troublantes. On traverse depuis des millénaires, passe à travers, ou pas. Faut pas contracter sinon ça pique, se cramponner aux affections, sucer l'ardeur.

J'ai marché au bord de la Remarde ce matin, il faisait encore frais. Le ru entortillé m'a accompagné mollement jusqu'au ruisseau. Cortège d'insectes, opéra d'oiseaux, le vent faisait frissonner les hautes herbes. Un talus de canches ondulait, juste quelques vulpins des près à la danse timide restaient raides. Plus le soleil montait, plus le lit s'élargissait, trois libellules ne lâchaient pas l'ombre. Je suis passé à côté du terrain de tennis abandonné. Deux belles pommes sur l'asphalte mousseux semblaient attendre le nylon tendu. Juste derrière une fontaine aguichait quelques guêpes nerveuses. En fredonnant « La traversée », je me suis arrêté au café tout près de l'église de Saint-Martin-de-Bleury. J'ai pris un bock avant de rentrée chez moi. Quelque part loin d'ici le long des rivières et de la baraka, faut éviter le mortier. Quelques grenades sur un terrain de tennis en ruine. 


Brigitte Fontaine, Arelski Belkcem « Baraka  1980 »


« De Baltimore à Bab El Oued

J'allais bramer dans les bastringues
Avec un buriné bipède qui bandait pas pour le burlingue
Dans ce bar branché bipolaire
À faire basculer les belles-mères
J'allais besogner le brouillard avec un tambour de bazar

T'allais baver pour les babas et les broutards à boucles blondes
Des petites bulles de baraka (et des bonbons pour les James Bond)

Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut faire un break
Y en a ras l'bol de ces blancs-becs
Qui bandent que pour le bazooka, pas pour la bagarre et le branle-bas
...

Ils s'braquent à bloc sur l'baston, des barbes bleues bardées de bronze
Des cow-boys bourrés de béton, des zombies bidons et des bonzes
Qui leur balancent une blanquette à écrabouiller les banquettes
(À vous briser les roubignoles, à vous faire barrer d'la boussole)

Pendant qu'tu brûles de la banquise, braconnant le bonheur sans but
Et me baignant aux quatre bises avec les boucs de Belzébuth

Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut faire un break
Y en a ras l'bol de ces blancs-becs
Qui bandent que pour le bazooka pas pour la bagarre et le branle-bas (branle-bas)
…....

Ras l'bec de brouter du bitume et d'barjotter dans une bagnole
Ras l'bec de branler de la brume et d'barrater des branquignoles
Pendant qu'les barbeaux du business qui nous bastonnent des bassesses
Biberonnent des bourbons dans leur buick, j'bosse par peau d'balle et crotte de bique

Tu vas broyer tous ces bouchers qui se font bronzer la baudruche aux Bahamas
Avec ton blé (pendant qu'j'balise dans les balluches)

Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut faire un break
Y en a ras l'bol de ces blancs-becs
Qui bandent que pour le bazooka, pour la bagarre et le branle-bas »

"Baby Boum Boum"

dimanche 15 juin 2025

BRIEG GUERVENO - 2025

 


Piers Facini du Finistère avec des songes d'Anthony. On sent moins le varech que Denez, l'art de Brieg est pétrifiant, il déborde sur toutes les autres terres. Habité, d'envergure mystique sur des flots d’acoustique. Il y dedans quoiqu'il arrive du celtique. Antonio Zambujo du Portugal danse sur les mêmes landes d'ajoncs et de conifères, et tant d'autres encore. Du sable sous nos pas, qu'il soit dans la forêt ou sur le bord des chemins, l'océan n'est pas loin, et le regard meure sur la terre intérieure lacérée de quelques lancées électriques.

La belle découverte « Un Noz A Vo », inconsciemment l'envie de fraîcheur sûrement, mais la mer est belle aussi quand la dune brûle, la vague est toujours froide.

Brieg GUERVENO 2025 « Un Noz A Vo » 

 

Joan as Police Woman 2024

  «  Started off free  », et le ciel se couvre. Oh, rien de menaçant, juste baisser les yeux et ne pas se disperser. Focus sur un crush réc...