lundi 15 décembre 2025

Terry Callier 1968 / 2025


 

L'accord en A doux et lancinant qui plane dans la pièce a chassé l'ennui du soleil. Les notes majeures de « Cotton eyed Joe » tournent comme des lentes révolutions. Les mêmes notes qu' « That allright » d'Elvis. Le timbre de Terry en a aussi. Pas de jeu de hanche, mais du bel alanguissement sous une lumière séminale.

J'ai ouvert les fenêtres, il fait très doux, presque chaud, mi-décembre et les merles déboussolés ont entonné leur concert matinal de janvier, le soleil n'a pas encore commencé sa remontée. Peu importe. C'est à s'y perdre, Terry Calier a soufflé sur le brouillard, encanaillé la boucaille.

C'est une autre remastérisation qui a enchanté ma journée. L'étoile reperd du folk nu, comme si tout provenait de cet album.


Terry Callier 1968/2025 « The New Folk Sound of Terry Callier »

jeudi 11 décembre 2025

Bill Fay 2025

 


Outrepasser ce préjuger, je ne suis pas du tout compilation, et je suis resté figé à l'écoute de cette synthèse déjà sortie en 2004. Je l'avais ignorée en 2010 quand j'ai découvert Bill Fay. La pochette plus belle, une explication à mon engagement ?

Les prémices du miraculeux, 1970. « Katie & me » comme une jolie balade Macca. « Cannon's plain » dylanien fige ma matinée de brouillard en épaisseur, tout n'est que grasses silhouettes immobiles. Pas une seule couleur dans cette lourde fumée, rien ne va se lever. Pourtant là, tout est à nu, clair et immaculé.La brume a bouffé toutes les orchestrations.

Troublante discographie, si peu d'albums, autant de tentatives regroupées ici, j'écoute cette réédition comme un seul album. « The sun is bored », il boude en bas, il restera enfoui toute la journée, toutes ces lumières qui clignotent l'emmerdent. L'intimité des mélodies magnifiquement douloureuses enferme cet éternel matin.


Bill Fay 2025 « From the Bottom of an Old Grandfather Clock (1966/1970)»

 

lundi 8 décembre 2025

Traffic 1970


 

L'orge amer en élixir fermenté depuis des millénaires, John Barleycorn jeté en cendre dans les eaux changées en flot de bière insatiable. Jethro Tull a repris cette chanson traditionnelle sur scène en 1992, comme beaucoup d'autres. Un autre point commun avec les Tull, la flûte de Chris Wood des Traffic. J'ai toujours eu un faible pour ce son dans les chansons folk-rock des 70's. Est-ce Tull ou l'instrument d'abord ? Elle apporte poésie et ondes champêtres dans le son qui sent la sueur et la binouze.

Au détour d'une visite chez Crocodisc au beau milieu de la rue des écoles, j'ai fouillé les bacs en remuant légèrement les hanches sous le son auguste de cet opus qui ondulait dans la boutique. J'étais du côté UK, je trouve très judicieux de ranger les 33T ainsi de chaque côté de l'Atlantique. Dans mon dos le rock US, je suis allé plonger les mains dans la lettre « T » des bacs britanniques. Bizarre ce petit coin du monde où mon âme flanche avec préférence. L'imposante histoire des States roules un poil en dessous de cet art insulaire juste au dessus de nos tètes. Sûrement une question de féminité et d'élégance en plus. De classe.

« John Barleycorn (Must Die) » dans les mains, j'ai réalisé qu'il manquait physiquement dans mes étagères !! pourquoi je le connais aussi goulûment ? K7 ou Mp3 des jours entiers sûrement. « Mr Fantasy », « When the Eagles flies » et « Traffic » 1968 vont accueillir ce nouveau membre de la famille. « Glad », j'ai chaud, euphorique, je vais acheter encore plus de disques, jam endiablé avant que Winwood en gorge ne chevauche la liberté sur un sax grave... « Empty pages » en basse chaloupée, quelle diablerie ! …

Cet album est une perfection, Mason, Capaldi avec une des plus belle voix de l'histoire. Et cette flûte en bois …..


Traffic 1970 « John Barleycorn (must die) »

 

vendredi 5 décembre 2025

Hildur Gudnadottir 2025

 


Avec l'age, je suis devenu un lève tôt. J'ai perdu l’habitude de laisser s'étendre la nuit quelques heures de plus au fond des draps, quelques soit la lumière dehors. Je me suis ainsi aperçu qu'à ces moments-là mon cerveau comme neuf buvait mes lectures avec plus de puretés, sans aucun éclat d'une journée pleine de monde, les sentiments décantés dans mes pensées, les phrases étaient toutes à moi. Limpide avant le brouhaha du dehors, avant que le vent ne vienne faire chuchoter les feuilles ou siffler les branches nues, la lecture des mots de l'auteur entrait bien plus clairement dans mes cellules.

Il m'arrive souvent le soir, de perdre le file de ma lecture en me laissant malgré moi envahir par les faits des heures précédentes, celles qui en plein jours ont pu marquer plus franchement mes ressentiments. Relire une page entière pour m'être dispersé en m'éloignant des mots. La lumière est pourtant la même, le fauteuil orienté de la même façon et je comprends certains auteurs travaillant au petit matin, dès l'aube ou vers 4h.

Comme si j'avais perdu du temps toutes ces années à traîner sur l'oreiller jusqu'au beau milieu de la matinée, je prends un plaisir à sortir du lit au premier rêve achevé. Rester dans une torpeur moelleuse, les idées neuves, le rituel du calme dans la plus douce des délicatesses et m'asseoir sous l’abat-jour avec Patrick Modiano dans sa "Chevreuse", ou rendre visite à sa « Petite bijou ».


C'est un peu moins vrai avec la musique. Un album en soirée est une guérison du quotidien, soigner les grandes heures de lumière, une remise à zéro plus ou moins profonde, l’accueil de mon huis clos pour une mise au point. Pourtant, ce matin, le livre entamé est resté fermé sur la table de salon. À peine 8h d'une journée à passer à la maison, j'ai écouté pour la deuxième fois le dernier album d'Hildur Gudnadottir que je scrute depuis des années quand elle frottait ses cordes graves sous les tuiles du label Touch. Je suis amoureux de son travail depuis « Without Sinking », bouleversante ode à la grisaille des paysages calmes et désolés. Depuis quelques années, elle a pris l'habitude de travailler pour des cinéastes, beaucoup de BO dont « Chernobyl », « Joker », ses ondes sombres et lancinantes dans toutes les oreilles. Elle revient plus discrètement avec un travail pour elle, un album miraculeux enregistré chez Deutsche Grammophon, label de renom qui héberge depuis quelques temps les néo-classiques.


J'ai laissé le jour se lever derrière les stores encore fermés. Le cerveau lavé de tout, comme prêt pour une belle lecture d'un roman qui apaise le flux sanguin. J'ai écouté religieusement « Where to from », subjugué sans pouvoir bouger de mon fauteuil assombri par les ombres obliques de l’abat-jour. Il aurait pu être la BO du livre entamé depuis quelques jours, resté fermé tout près de moi sur la table de salon. Le son à mettre en lumière les arcanes d'un temps passé chers à Modiano. Je suis resté en écoute solennelle tout le long des chants et des jeux de cordes, tout était différent de la première écoute en soirée. Pris plus que d'ordinaire par l'entièreté de son art, plus que le besoin de détente du soir, j'ai compris beaucoup de choses. Il y aura désormais une sélection de disques somptueux à écouter le matin, après quelques chapitres d'un doux roman réservé pour les aubes légères, juste avant de sortir croiser quelques gens, ou pas.

Hildur Gudnadottir 2025 « Where to from »

mercredi 3 décembre 2025

Keith Jarrett . Jack Dejohnette 1971


 

Ce son. Ces tuiles. Le tout début. Jack vient de disparaître et Keith a décidé d’arrêter de jouer avec ses doigts.

Je rabâche les murs, insiste sur l'auberge, explore l'inépuisable du gouffre ECM le plus souvent possible.

En amateur du genre je me faufile, tente de petites expériences, l'électricité 69 de MilesDavis, le groupe de Pat Metheny, les claviers historiques Herbie Hancock, la contrebasse Charles Mingus, des grands noms, des classiques, j'explore l'IARC puis retourne sur Blue Note, quand ça bave sur le rock, le prog, me nourris de documentaires, de blog et de bouquins pour avoir les armes et les outils, et toujours … je revins chez ECM.


Puis un cadeau vinyle from Echiré, « Ruta and Daitya » à la poste, ECM des débuts donc, celui de Jack Dejohnette & Keith Jarrett. Une exploration sans fin.

Peaux tendues et percussions sous le claviers fou. 1971, l'électricité est dans le jazz, « All we got » brûle auprès des cymbales, juste avant le tribal « Sound of Peru.. » et le jeu fou de Keith. Free délire à la Saravah.

C'est un petit bijou d'époque, une pochette naïve et séminale comme le son, quelques petites îles fleuries sous des nuages en œufs qui pleuvent à l'envers. Disque printanier, histoire de faire la nique au gris froid de l'hiver météorologique. Merci Pap's.


Keith Jarrett – Jack Dejohnette 1971 « Ruta and Daitya »

lundi 1 décembre 2025

The Base 2025

 


Fichtre, qu'est ce que c'est que ce groupe à la grosse discographie que je ne connais ni de la fève, ni des dents. L'algorithme commence à bien me filer.

Un mélange de trucs que j'aime, un shaker idéal pour un album pop rock comme il faut.

Easy simple et pas compliqué, mais qu'est ce que ça balance bien. Mélodies, son, groove, du Franz Ferdinand à la Pulp. Tiens, je pense au plaisir de ma découverte des Minor Majority, il y a quelques décennies.

Au saut du train, après une belle nuit bien profonde comme sait si bien m'injecter les automnes, je me suis emmanché cette belle découverte. Réconfort du lundi.


The Base 2025 « It's All Going South »

jeudi 27 novembre 2025

Thom Yorke 2019

 


Épitaphe sardanapalesque du salpêtre des âmes. Nuque sableuse, épicéa roussi, couronne d'épines au pied des troncs, la rivière sous les arbres fume. Deux silhouettes opaques rament et partent vers les collines ferreuses, les paumes entartrées.

Scabreuse épigraphe sur les fronts des rames caverneuses. Les longues larves syncopées s'entortillent au dessus des égouts, les mêmes silhouettes s'en vont. Une embarcation flotte dans ce grand tube en béton vers l'ocre pâle du tuffeau. Les châteaux sont loin d'ici, juste un peu plus haut.

Tout est saccadé comme les saisons, l'habit du bougre n'a pas su trouver les belles couleurs. L'homme-lombric s’épanouit sur les faux-plats et l’apesanteur arrondit les douleurs. La résonance des sous-sols apaise. Chaque émotion est un vaisseau spacieux.

L'abyssale symphonie des longs rails noirs de monde qui dévale vers des rêves de cornaline est déposée sur du Kraft noirci par la mine de plomb. Lettre orange en grosse impression. Thom en chef d’œuvre Animal.


Thom Yorke 2019 « Anima »

Terry Callier 1968 / 2025

  L'accord en A doux et lancinant qui plane dans la pièce a chassé l'ennui du soleil. Les notes majeures de «  Cotton eyed Joe  » t...