mercredi 3 décembre 2025

Keith Jarrett . Jack Dejohnette 1971


 

Ce son. Ces tuiles. Le tout début. Jack vient de disparaître et Keith a décidé d’arrêter de jouer avec ses doigts.

Je rabâche les murs, insiste sur l'auberge, explore l'inépuisable du gouffre ECM le plus souvent possible.

En amateur du genre je me faufile, tente de petites expériences, l'électricité 69 de MilesDavis, le groupe de Pat Metheny, les claviers historiques Herbie Hancock, la contrebasse Charles Mingus, des grands noms, des classiques, j'explore l'IARC puis retourne sur Blue Note, quand ça bave sur le rock, le prog, me nourris de documentaires, de blog et de bouquins pour avoir les armes et les outils, et toujours … je revins chez ECM.


Puis un cadeau vinyle from Echiré, « Ruta and Daitya » à la poste, ECM des débuts donc, celui de Jack Dejohnette & Keith Jarrett. Une exploration sans fin.

Peaux tendues et percussions sous le claviers fou. 1971, l'électricité est dans le jazz, « All we got » brûle auprès des cymbales, juste avant le tribal « Sound of Peru.. » et le jeu fou de Keith. Free délire à la Saravah.

C'est un petit bijou d'époque, une pochette naïve et séminale comme le son, quelques petites îles fleuries sous des nuages en œufs qui pleuvent à l'envers. Disque printanier, histoire de faire la nique au gris froid de l'hiver météorologique. Merci Pap's.


Keith Jarrett – Jack Dejohnette 1971 « Ruta and Daitya »

lundi 1 décembre 2025

The Base 2025

 


Fichtre, qu'est ce que c'est que ce groupe à la grosse discographie que je ne connais ni de la fève, ni des dents. L'algorithme commence à bien me filer.

Un mélange de trucs que j'aime, un shaker idéal pour un album pop rock comme il faut.

Easy simple et pas compliqué, mais qu'est ce que ça balance bien. Mélodies, son, groove, du Franz Ferdinand à la Pulp. Tiens, je pense au plaisir de ma découverte des Minor Majority, il y a quelques décennies.

Au saut du train, après une belle nuit bien profonde comme sait si bien m'injecter les automnes, je me suis emmanché cette belle découverte. Réconfort du lundi.


The Base 2025 « It's All Going South »

jeudi 27 novembre 2025

Thom Yorke 2019

 


Épitaphe sardanapalesque du salpêtre des âmes. Nuque sableuse, épicéa roussi, couronne d'épines au pied des troncs, la rivière sous les arbres fume. Deux silhouettes opaques rament et partent vers les collines ferreuses, les paumes entartrées.

Scabreuse épigraphe sur les fronts des rames caverneuses. Les longues larves syncopées s'entortillent au dessus des égouts, les mêmes silhouettes s'en vont. Une embarcation flotte dans ce grand tube en béton vers l'ocre pâle du tuffeau. Les châteaux sont loin d'ici, juste un peu plus haut.

Tout est saccadé comme les saisons, l'habit du bougre n'a pas su trouver les belles couleurs. L'homme-lombric s’épanouit sur les faux-plats et l’apesanteur arrondit les douleurs. La résonance des sous-sols apaise. Chaque émotion est un vaisseau spacieux.

L'abyssale symphonie des longs rails noirs de monde qui dévale vers des rêves de cornaline est déposée sur du Kraft noirci par la mine de plomb. Lettre orange en grosse impression. Thom en chef d’œuvre Animal.


Thom Yorke 2019 « Anima »

mardi 25 novembre 2025

Nacho Umbert 2009

 


Perdu entre le hurlement des gyrophares et le cri des mouettes je passe au pieds des grandes façades à fenêtres. Le temps grincheux trempé dans sa plus grise froideur me file un bourbon Jason Molina. Plomb assourdissant, je vais me forger une arme sous mon écharpe à triple tour pour escorter mon épaisse avancée vers une possible embellie. J'ai faim de soleil. Même un pâle à nacrer les réverbères ferait l'affaire.

Je vais où il faut aller au milieu des petites voitures essoufflées et des pigeons estropiés. Il y a bien ces mouettes perdues que la Seine a ramenée jusqu'ici. Attirées par le parfum avarié d'une ville à marée basse, et l'albâtre des murs des mornes musées, elles planent au dessus du parc de Choisy.

Je me souviens d'un bel album perdu au milieu du grand catalogue Acuarela Discos devenu Acuarela. Un artiste coincé entre Sr.Chinarro et Nacho Vegas, une discographie éphémère, une pièce ressurgie des décombres de la mélasse qui me suce le carburant. Pochette de carrelage des pays chauds, je l'ai trouvé, « Ay... », en Espagne aussi quelquefois il fait mauvais temps.


Nacho Umbert & la Compania 2009 « Ay... »

samedi 22 novembre 2025

Fabien Martin - 2025


 

Après un silence de quelques années, Fabien avait annoncé la couleur en 2014. Un Ep absolument parfait, ou plutôt un mini-album. Tellement accroc j'étais, qu'une légère frustration devait user ma touche repeat. Puis plus rien du « Littoral », sauf qu'il s'agissait là d'une mise en sourdine, d'un truc fort à mijoter pour plus tard, une mise en bouche, une étape. Puis plus rien ? pas tout à fait, puisqu'un premier signal est venu mettre la puce à l'oreille, « Plus rien » en bonus il y a quelques années.

Pile entre les deux, il y a eu un confinement, l'introspection de mes étagères musicales, cet Ep au milieu des 33T, je n'en ai aucun autre. Un tourbillon de musique et un recul sur les archives. J'ai tout rangé, tout trié, des artistes restent plus que d'autres.

Depuis, Fabien a canalisé son rivage, retrouvé les pièces égarées, d'autres tranches du quotidien qui font chantonner les nôtres. De la jetée on voit les grandes marées. Redescendu des montagnes, il nous emmène pour un doux séjour au bord de la mer. J'ai encore un vieux poste à laser dans ma guinde sans option, des disques dans la boite à gants et je vais suivre le « Ciel de traîne ». Fabien augmente, tout semble évident et ma frustration s'envole, la grève est gonflée à bloc. C'est sûrement mieux ainsi, avoir laissé un peu d'érosion sur nos tempes pour revenir plus beaux et plus forts. En 2014 j'approchais de la quarantaine et je reprends cet album avec mes rides augmentées, des retrouvailles dispersées avec un son étoffé, délicieux. Fabien dans son studio Little est devenu un producteur, un artisan du son, comme un réalisateur sur ses rôles de composition, pour les autres aussi. Un label, une cohérence, trois inédits inspirés et du retravaillé. J'avais un gros faible pour cet EP, imaginez mon plaisir décuplé. Le tout revenu, peint avec une autre palette, retoucher, décrocher le suspens.

Fabien Martin 2025 « Littoral augmenté » sur Littoral records

https://littoral-records.sumupstore.com/

jeudi 20 novembre 2025

Kate Bush - 1980

 


1980, une brochure distribuée en Angleterre, c'est la guerre froide, une clé pour survivre à une guerre nucléaire..« They tried to warm up ». Kate Bush sortait « Breathing », son cri contre la menace d'une guerre nucléaire.

Des cycles, un monde sans fin.

Kate Bush 1980 « Never for Ever »

lundi 17 novembre 2025

Steve Gunn 2025


 

J'ai mis une pelure pour sortir prendre le paysage. Quelques miroitements sur des flaques en chemin ont eu raison de mon planning. Molle escapade en bas de chez moi pour terminer la journée tiède. Une fois de plus le temps du ciel et la lumière dehors, comme les vanneaux face au vent.

J'ai foulé une tonne de feuilles, le sol acoustique buvait mes pas. Toutes ne sont pas tombées, les jeunes branches de peupliers gardent encore au bout de jeunes feuilles jaunes qui luttent et qui veulent voir le spectacle jusqu'au bout avant que le gel n'arrive. Les lentilles d'eau dans la ravine jouaient à peine avec le bleu du ciel, tout frémit.

C'est au soleil disparu derrière les grise lenticelles que j'ai rebroussé chemin. La lumière était belle, le froid tombait avec la lueur et j'avais les pensées qui chantaient des ondes anciennes de Dan Matz en Windsor, ou en Birdwatcher.


L'automne mûr était distrait, les insectes voltigeaient encore, les chrysanthèmes se demandaient ce qu'elles foutaient là avec la rose de Noël. La grande tiédeur fauve du soleil bas a eu raison de moi, j'ai décidé d'écouter « Daylight Daylight » de Steve Gunn.


Steve Gunn 2025 « Daylight Daylight »

Keith Jarrett . Jack Dejohnette 1971

  Ce son. Ces tuiles. Le tout début. Jack vient de disparaître et Keith a décidé d’arrêter de jouer avec ses doigts. Je rabâche les murs,...