lundi 17 novembre 2025

Steve Gunn 2025


 

J'ai mis une pelure pour sortir prendre le paysage. Quelques miroitements sur des flaques en chemin ont eu raison de mon planning. Molle escapade en bas de chez moi pour terminer la journée tiède. Une fois de plus le temps du ciel et la lumière dehors, comme les vanneaux face au vent.

J'ai foulé une tonne de feuilles, le sol acoustique buvait mes pas. Toutes ne sont pas tombées, les jeunes branches de peupliers gardent encore au bout de jeunes feuilles jaunes qui luttent et qui veulent voir le spectacle jusqu'au bout avant que le gel n'arrive. Les lentilles d'eau dans la ravine jouaient à peine avec le bleu du ciel, tout frémit.

C'est au soleil disparu derrière les grise lenticelles que j'ai rebroussé chemin. La lumière était belle, le froid tombait avec la lueur et j'avais les pensées qui chantaient des ondes anciennes de Dan Matz en Windsor, ou en Birdwatcher.


L'automne mûr était distrait, les insectes voltigeaient encore, les chrysanthèmes se demandaient ce qu'elles foutaient là avec la rose de Noël. La grande tiédeur fauve du soleil bas a eu raison de moi, j'ai décidé d'écouter « Daylight Daylight » de Steve Gunn.


Steve Gunn 2025 « Daylight Daylight »

vendredi 14 novembre 2025

ROSALÍA, 2025


 

Il s'agirait de prévenir nos cœurs fragiles. Opéra pop tragique dans un écrin, la lumière dans le plus bel affolement. Rosalia me propulse dans un autre espace temps émotionnel. Gorge sépia quand mon grand-père écoutait de l'opéra dans une autre langue et que seule l'émotion me muselait le bec. Je voyais la fébrilité sans rien comprendre. Les effets je les avais, il me semblait comprendre en frottant la viscosité des larmes entre mes doigts. Il me reste des ondes lyriques dans le plasma. Sinon, pourquoi « Lux » me fout par terre.

La langue aussi, celle principalement qui sépare géographiquement mon socle de mes amours fraternels.

Je n'aime pas les comédies musicales, et pourtant je la vois chanter et danser avec l'orchestre invisible dans son tourbillon à elle. Cinéma sûrement. Almodovar des grands clochers. Une histoire d'amour dans une hacienda. Des héros, des filles brunes, à peine une petite flamme & Co, la grande héroïne Rosalia, comme une Amalia des contrées de Fundao qui tient un pays debout....Andalousie, collines de la Castilla y Leon, Salamanca le long des arêtes de la Guadarrama... ma boussole s'emballe.

La jugulaire fébrile, « Lux » me traverse, rien pour m'accrocher, ni lutter, je suis au milieu de rien, à travers tout, je flotte et chute, respire à nouveau, avant la petite apnée de son Christ italien qui pleure des larmes de diamant. La note est atteinte, l'opéra vibre. Nous sommes dans les loges.

Et je repars encore, tout dans mon sillon, sans franchir la ligne de Vilar Formoso, je suis descendu vers Badajoz. Marvao et Castelo do Vide sur mon épaule droite, les beaux villages du bout du monde où j'aime aller déposer mon acidité.

Poupée de porcelaine, mon âme safran souffre sur « Memoria », un fado avec Carminho et mes yeux ont pris tous les fleuves de la péninsule, Duero, Tejo qui veulent l'océan aveuglément, plutôt que la mer. Chœurs lointains dans les murs d'une église ou d'un château, je vais me rapprocher de la Huelva et attendre que le soleil tombe pour boire la belle lueur qui incendie l'Algarve. J'irai demain m'échouer plus haut sur Barcelone.


Rosalia 2025 « Lux »

samedi 8 novembre 2025

Arnaud Fournier 2025


 

Post-rock à l’orée d'une grise ville, l'haleine vrombit à l'approche des tours à fenêtres grises mines. J'ai l'habitude d'aller voir ailleurs quand il me manque ce genre de son. Ça rigole plus chez Ici d'Ailleurs, après Zerö, Arnaud Fournier.

C'est âpre, un goût de sang dans la bouche de métro, le voyage fut long, les coteaux fleuris se délitent sur les façades éméchées. Les belles noues en caniveaux ruisselant d’auréoles mordorées s'entortillent vers les grands boulevards. Quai 24 à Montparnasse, la Tour se dessine en flou, mon cou se brise, la pluie a dû crépiter toute la nuit, des moues bistres défilent loin de mes pâturages. Avenue du Maine je bifurque sur Froidevaux et longe ce Champ du repos à ma gauche, les platanes ont jauni l'asphalte. J'avance vers les Catacombes. Ma ligne de métro est fermées pour une dizaine de jours, une autre ligne m'emmerde et les bus pataugent partout pour offrir quelques enjambées. J'ai mon casque et mes gambas. La marée de vélos, c'est pour dans une heure, deux ou trois noires trottinettes fulgurantes seulement me frôlent. Le ciel est gris jaunâtre comme le pus des yeux des fatigues que je croise. Boulevard Saint-Jacques, « New York Belle Île » me percute, le bas des immeuble blancs au dessus de la Butte aux Cailles apparaissent doucement, tout clignote, artères irrespirables, record d'humidité, les articulations dégustent. « Miroirs » attaque mes cellules. Hint est là, les anxiétés sortent des ténèbres.


Arnaud Fournier « 100% black Puzzle »

jeudi 6 novembre 2025

Adrian Crowley - 2025


 

« Elle boit mes larmes à la nuit agonisante... ». On est en pleine semaine, c'est une chance. Bientôt le week-end, planquez vos bouteilles, Adrian est là, et en pleine bourre. Avec qui je préfère partager un godet pour me déboîter la gueule ? Dury fils ou Crowley à 8,6 sur l'échelle de la joie ?

J'écoute « Measure of Joy » et je sombre, ou plutôt je m'accorde un reset pour repartir un peu plus et garder le cap, m'accrocher à la risette. Ma catharsis, me carcasser l'échine en s'ossant le bulbe et traverser la meute hagard. Cet Adrian est ma Ventoline quand il faut traverser Denfert en ruine, le musée de la libération juste en dessous et les cranes entassés juste en face dans le Champs du repos. Envergure dans la cave. Faut creuser encore pour cacher les bouteilles, puis élargir, envergurer. On va finir par trouver un coquillage à force de forer le bleu outremer et fourrer la vase ainsi au plus profond de nos sous-sols de sanitaires à vider.

« Measure of Joy » n'est pas un leurre, Crowley n'est pas Callahan, ni Arab Strap et pourtant, la lie sonne l'appel du lit. Ces gars là chantent bien nos haleines avinées et l’hallali quand il faut entortiller la viande dans le torchon. Si on était vendredi, je ne serais pas le même, « ivre de promesses ». Une chance. On est jeudi, ça ne tient qu'à un fil.

Adrian Crowley, à boire sans mode et rations.


Adrian Crowley 2025 « Measure of joy » 

 

mardi 4 novembre 2025

Andrea Laszlo De Simone - 2025


 

Fantastique épopée opulente et généreuse, le bilan d'une vie dans un onirisme envoûtant, troublant, brumeux et luxuriant. Comme une biographie, ce disque en biopic propose les images du film de sa vie. Interludes ambiants comme pour laisser se dessiner quelques scènes que l'on devine.

Introspection orchestrée, la mélancolie dans la besace, on s'engouffre dans son émanation.

C'est un vertige, mes mots sont timides, j'énumère comme ça en urgence, concis, sec, à l'inverse de cette grande aventure.

De la buée sur mes carreaux, ou alors sur mes lunettes, à moins que ce ne soit mes yeux.

Totalement sous le charme. Presque sans mot.

Andrea Laszlo De Simone 2025 « Una Lunghissima Ombra »

 

samedi 1 novembre 2025

Hamilton Leithauser 2025


 

Une vielle connaissance, une voix qui résonne. Pas rendu visite depuis 2014. J'aime beaucoup sa façon de prendre son expression, d'interpréter follement ses escapades pop bariolantes. La fulgurance de son groupe et la gifle 2004résonne toujours, le cri fauve d'un cortex rock engorgé, je voulais dire la gorge babillarde.

Je reviens à Leithauser via cette nouveauté facile, légère, toute chargée de son interprétation fleurie d'un léger fauvisme Dexys. Timbre toujours aussi généreux histoire de souffler chaud sur les premiers frimas de novembre des dernières fleurs.


Hamilton Leithauser 2025 « The Side of the Island »

jeudi 30 octobre 2025

Storm Corrosion 2012


 

Complètement happé par la pochette, elle me renvoie aux grandes heures du Cerberus Shoal et du Big Blood. C'est au chapitre rock-prog, un autre projet de Steven Wilson. Porcupine Tree main dans la main avec Opeth (Mikael Åkerfeldt). Le résultat est stellaire, vaporeux et minéral. De belles lumières sous des filtres clairs.

Nappes, moments acoustiques comme Gowan Ring,une grande maîtrise dans l'apaisement mystique.

Aucune grande envolée tellurique, ou presque pas (« Hag »), le sanguin amorti, une kyrielle de personnages engourdis défile et « Happy » approche le monde inspiré de Thom Yorke.

Nylon des cordes, étendue des claviers, le dessin des écritures est paradisiaque à sa façon. Un bancroche éden. Je suis dans le prog jusqu'au coq.

Au détour d'une réédition vinyle, je découvre cette autre face cachée de Steven Wilson, histoire d'un seul album, singulière bambée à peine déroutante.


Storm Corrosion 2012 

 

Steve Gunn 2025

  J'ai mis une pelure pour sortir prendre le paysage. Quelques miroitements sur des flaques en chemin ont eu raison de mon planning. Mo...