mardi 17 mai 2011

Gang gang dance


La fièvre est de retour avec « Eye contact » de Gang gang dance. Toujours la même fureur pop transgressant toutes les architectures modérées.
Pour moi, ce nouvel effort est avant tout un disque world aphrodisiaque. Et je me souviens d'un grand disque pop qui insufflait la même contagion exotique, OOIOO avec leur chef d'œuvre en 2004 « kila kila kila ».
Tous les styles se mêlent à tous les coins du monde... New wave, zouk, funk, punk, kraut, dubstep... arabique, européen, extrême orient, africain et toujours très américain.
Et si l'on ne sait plus où l'on est, on se réjouit de la transe communicative, de la contagion folle irradiant le corps et l'âme jusqu'à l'apoplexie.





Épopée dance endiablée, ce genre de pilule d'uranium peut effrayer par sa grande liberté, sa lumière, par sa brûlure d'idées expérimentales qui bousculent et bouleversent.






La pop japonisante sonne comme un disque de Kim. La force des sons et de l'énergie rappelle l'époustouflant « Eggs » de Oh no ono, sorti aussi cette année avec une pochette tout aussi belle. The chap a aussi injecté cette folle ardeur toxique à l'époque où le caniche se gonflait à l'hélium.

Ce disque hybride de pop baroque va à coup sûr être un prétendant aux grands albums des années 2000 les plus allumés, et risque de détrôner ainsi, «Yoshmi battles the pink robots » des Flaming Lips jamais égalé. La capacité de ce groupe à s'ouvrir et à élargir les limites de leur inspiration est vaste. Juste à côté de leur « discographie officielle », Gang gang dance a sorti en 2007 sur le mythique label Latitude (branche de southern records) une pièce unique, une autre épopée expérimentale encore plus profonde, encore plus ouverte, avec une pincée de rap. Juste un morceau de 15 min de puissance crescendo (même durée que le premier morceau troublant de « Eye contact ») en édition limitée (toujours 1000 pièces proposées). Témoin radical de l'évantail.













Finalement, « Eye contact », est un disque assez sombre, une vague mélancolie plane sous les airs de puissance déhanchée. Une transe dramatique habite certains morceaux et chante des hommages fantomatiques à des amis New yorkais disparus, la foudre pour un des fondateurs du groupe (« glass jar ») et une overdose pour un collaborateur (« sacer »). Une danse désespérée en quelque sorte.

La voix de Lizzie est coincée entre Kate Bush (qui avait aussi des côtés world) et des Blonde Redhead (qui ont aussi un son très travaillé, même si plus intime).



Indéniablement leur plus gros disque, colossale, ingénieux et très ambitieux.


A écouter avec un gros volume.

Gang gang dance 2011 « Eye contact » label : 4AD
http://www.ganggangdance.com/
http://www.4ad.com/

échelle de richter : 8,9
support cd
après 3 écoutes

quand on aime : flaming lips; OOIOO; oh no ono; The chap



chronique multi-média ICI





















5 commentaires:

Carl a dit…

Wouaaa... Je l'attendais avec impatience!
Après avoir lu ce billet, j'ai simplement envie de courir jusqu'au disquaire... Miam-miam!

Francky 01 a dit…

Hello.
Et oui, Carl Poulin, tu peux courir chez ton disquaire car ce "Eye Contact" est un bijou musical rare (et bon appétit) !!! Je l'ai depuis début mai, je l'écoute régulièrement, le découvre un peu plus à chaque fois et ne m'en lasse pas. Perso, je ne dirais pas que c'est un chef d’œuvre (pas que je le pense pas) mais il faudrait encore du temps, des écoutes avant de le définir ainsi.
Tu dis : "...pop transgressant toutes les architectures modérées...". Je rajouterai que ce disque est un véritable traité d'architecture immodérée. C'est une méga partouze musicale mondiale, une œuvre électronique, onirique et néo psychédélique au pouvoir de fascination énorme.
Peut être bien MON disque de l'année, peut être......
Je le rapprocherai aussi du dernier Blonde Redhead, l'extraordinaire "Penny Sparkle" (qui m'avait séduit d'une manière assez proche).....

A + +

les cafards a dit…

déconcertant mais sympa

charlu a dit…

Carl, décris-moi ton disquaire, c'est un fantasme pour moi d'aller acheter ses disques à Montreal..ça à l'air de tellement bouger chez vous. As-tu trouvé cet objet dément ?? merci en tout cas de venir me rendre visite de temps en temps. Donne-moi tes impressions dès que.

Francky..tu vas un peu loin qd même, parler de partouze pour un groupe qui s'appelle gang gang !!! Mais immodéré c'est vraiment le mot. En tout cas ça me fait plaisir le coup de Blonde Redhead.. je vois aussi cette fascination pour le son et l'interprétation majestueuse. Bien joué mon Francky, ta vision de synthèse me botte. Merci d'être là à vous deux...

..et bienvenu les cafards.

Carl a dit…

Haha!
Mon disquaire est dans le Mile-End, non loin du Art Café, où l'on pouvait admirer la belle Lhasa siroter son café les matins d'été, non loin aussi du café Olympico où on l'on croise à l'occasion les gens d'Arcade Fire. Ceci dit histoire de te faire rêver encore plus hihi...
C'est un tout petit disquaire, bien modeste, et néanmoins de très bon goût, où l'on privilégie le vinyl et où l'on peut admirer à l'occasion le travail d'artistes du quartier. Voici leur blogue, en anglais malheureusement: http://phonelopie.blogspot.com/
Une caverne aux trésors. Ma découverte de la semaine: Tune Yards!

En ce qui concerne l'album de Gang Gang Dance: Une musique impossible avant 2011, Un concentré du foisonnement que l'on ressent lorsqu'on se perd dans la jungle New Yorkaise, vraiment superbe. Bref, c'est de l'art.
Je continue de suivre vos excellentes chroniques avec attention Charlu!
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