dimanche 10 avril 2011

Bert Jansch / Don Crawford / James Taylor.





Certaines chansons sont là pour accompagner les jours suivants, indélébiles, affublés de remugles adolescents liés au climat, à une couleur, une lumière, un sentiment. Et comme le chien de Pavlov, les airs reviennent des années après à nous faire baver avec la même force, comme si nous y étions. J'ai dû écouter « Granchester meadows » au bord d'une rivière pas loin d'une prairie caniculaire légèrement habitée d'alouettes et d'abeilles. A chaque écoute de ce morceau, la même ambiance m'envahit, les mêmes émotions. L'inverse est aussi vrai, un vent chaud qui souffle dans les branches fleuries sous un concert de piaf, me donne l'envie d'écouter ces 8min dantesques d'Ummaguma côté studio, le cru jamais égalé des Floyd 69. Du coup, après deux passages fidèlement émouvants, je décide d'aller fouiller dans ma boite à trésors pour dénicher quelques vieilleries similaires, rééditions caniculaires comme bande son à mon rocking-chair au soleil torride d'avril.














Le premier et pas des moindres, Bert Jansch ce grand virtuose country folk à la limite du classique (« chambertin »). Nous sommes en 1974, au beau milieu de sa trilogie Charisma records (la vision du rond central des pièces du catalogue Famous charisma est aussi un flash particulier). Charisma, et Bert Jansch ici faisait tâche, noyé autour des dinosaures rock prog que l'on connait. L.A.suround, son envergure indiscutable maintenant, se forge ici sur ces 12 plages décontractées malgré la haute qualité du jeu de guitare et des mélodies. Typiquement 70's, je passe ce disque systématiquement avec 3 premiers passages du chef d'œuvre « fresh as a sweet sunday morning » qui ouvre l'idyllique paysage. Klaus Voorman est à la basse, Red Rhodes à la pedal steel, l'histoire s'écrit avec une grande fraîcheur, une pause de pureté partagée à l'époque avec Nick Drake. Ben Chasny en élève a dû être injecté à cette époque.


Bert Jansch 1974 « L.A.Turnaround ». label : the famous charisma (réédition EMI 2009)












Beaucoup plus discret, quasiment introuvable (première édition en 2009) Don Crawford s'inscrit avec sa trilogie à lui, dans la lignée de Bert Jansch en moins virtuose. La voix est assez proche avec une pointe crooner Sinatra en plus, le style aussi avec une onde psyché en plus (l'orgue de Fredman y est pour quelque chose). Le champêtre est là, le rural torride et la pochette jumelle. Nous sommes en 1971 et aussi dans les contrées de Nick Drake. « my daddy gave me wings of wax » est le sommet. Ce disque est abrité par un label exclusivement réservé aux rééditions, Wounded bird records, inépuisable.


Don Crawford 1971 « Would you understand my nakedness? » label : wounded bird.








On remonte dans les hautes sphères de la renommée avec « One man dog » qui n'est pas un grand classique de James Taylor, mais que la discrétion oubliette n'a rien pour me déplaire. La voix est plus nasale, le style plus Crosby Still & Nash, la pochette dans la même lignée aussi. Un peu moins tendu, hyper sympa à l'oreille, cette fournée 72 est plus pop que les deux précédents, James Taylor sort alors de son unique expérience Apple 1969 où il arboré une jolie tronche Cabrel 70's sur son premier album éponyme hébergé par les Beatles.

Un peu loin du génie Jansch, ça swing un peu plus avec un brin de soul dans le chant, c'est juste un disque cool qui colle au transat cuit du soleil printanier.



James Taylor 1972 « One man dog » label : warner bros








La trilogie printanière d'alors se termine par une envie folle de repasser encore une fois « fresh as a sweet sunday morning » de Bert Jansch, je m'en lasse pas, je suis accroc, et la boucle est bouclée... une autre étape de la mission « à la recherche de Nick Drake »..ou d'un autre "granchester meadows".

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup Bert Jansch (que j'ai eu la chance de voir en concert en 2006) mais je ne connais pas son album "L.A.suround". Il faudrait que je me re-plonge dans sa discographie.
Par contre je ne connaissais pas du tout Don Crawford. J'écoute des chansons glanées sur youtube et c'est un vrai bonheur. Difficile de se lasser du folk/rock estampillé 70's.

Matt Low 2021

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