mardi 17 juin 2025

Fontaine / Arelski : BARAKA 1980


 

C'était mieux maintenant. Les textes défilent et rien ne changent. Les belles histoires d'amours figent la plaque. La plus belle de toute dans les douceurs les plus troublantes. On traverse depuis des millénaires, passe à travers, ou pas. Faut pas contracter sinon ça pique, se cramponner aux affections, sucer l'ardeur.

J'ai marché au bord de la Remarde ce matin, il faisait encore frais. Le ru entortillé m'a accompagné mollement jusqu'au ruisseau. Cortège d'insectes, opéra d'oiseaux, le vent faisait frissonner les hautes herbes. Un talus de canches ondulait, juste quelques vulpins des près à la danse timide restaient raides. Plus le soleil montait, plus le lit s'élargissait, trois libellules ne lâchaient pas l'ombre. Je suis passé à côté du terrain de tennis abandonné. Deux belles pommes sur l'asphalte mousseux semblaient attendre le nylon tendu. Juste derrière une fontaine aguichait quelques guêpes nerveuses. En fredonnant « La traversée », je me suis arrêté au café tout près de l'église de Saint-Martin-de-Bleury. J'ai pris un bock avant de rentrée chez moi. Quelque part loin d'ici le long des rivières et de la baraka, faut éviter le mortier. Quelques grenades sur un terrain de tennis en ruine. 


Brigitte Fontaine, Arelski Belkcem « Baraka  1980 »


« De Baltimore à Bab El Oued

J'allais bramer dans les bastringues
Avec un buriné bipède qui bandait pas pour le burlingue
Dans ce bar branché bipolaire
À faire basculer les belles-mères
J'allais besogner le brouillard avec un tambour de bazar

T'allais baver pour les babas et les broutards à boucles blondes
Des petites bulles de baraka (et des bonbons pour les James Bond)

Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut faire un break
Y en a ras l'bol de ces blancs-becs
Qui bandent que pour le bazooka, pas pour la bagarre et le branle-bas
...

Ils s'braquent à bloc sur l'baston, des barbes bleues bardées de bronze
Des cow-boys bourrés de béton, des zombies bidons et des bonzes
Qui leur balancent une blanquette à écrabouiller les banquettes
(À vous briser les roubignoles, à vous faire barrer d'la boussole)

Pendant qu'tu brûles de la banquise, braconnant le bonheur sans but
Et me baignant aux quatre bises avec les boucs de Belzébuth

Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut faire un break
Y en a ras l'bol de ces blancs-becs
Qui bandent que pour le bazooka pas pour la bagarre et le branle-bas (branle-bas)
…....

Ras l'bec de brouter du bitume et d'barjotter dans une bagnole
Ras l'bec de branler de la brume et d'barrater des branquignoles
Pendant qu'les barbeaux du business qui nous bastonnent des bassesses
Biberonnent des bourbons dans leur buick, j'bosse par peau d'balle et crotte de bique

Tu vas broyer tous ces bouchers qui se font bronzer la baudruche aux Bahamas
Avec ton blé (pendant qu'j'balise dans les balluches)

Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut faire un break
Y en a ras l'bol de ces blancs-becs
Qui bandent que pour le bazooka, pour la bagarre et le branle-bas »

"Baby Boum Boum"

2 commentaires:

Mylène Gauthier a dit…

Une très grande beauté que ce texte de la traversée. Je vais te la piquer. Merci, ce duo me touche tellement.

charlu a dit…

pique pique, ce disque est sublime. Je viens de rajouter le titre des paroles.. j'avais pas mis. C'est "Baby boum boum", c'est pas celle dont je parlais dans le texte.. dsl. C'est la dernière de l'album ... intemporel.

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