Mine que rien, la discographie de Ron
Sexsmith commence à devenir conséquente. Ron a de la bouteille, il
sort un énième et son treizième album, c'est toujours pareil et
c'est ça qu'c'est bien. Il est fidèle à ses ballades saccharosée
d'un McCartney baby face en balade. C'est un joyeux baladin qui
chantonne au gré frais de son cerveau enchanté.
Il va quand même falloir un jour que
Ron Sexsmith soit considéré au cime de la chanson pop comme il se
doit.
Ron Sexsmith 2017 « The Last
Rider » label : cooking vinyl
Dans la famille folk à frissons, je
demande la grande sœur d'Aldous. Tara Jane O'Neil est pour moi avant
tout une histoire de label. Quatersticks et son catalogue from
Chicago, « Perigrine » en 2000, « In the Sun
Lines » en 2001.. 2004 ..2006..et une fois de plus je c'es moi
qui lâche prise.
A l'époque je la connaissais un peu
plus acidulée, un folk une once plus expérimental. Ici, logiquement
déboulée chez Gnomonsong, son écriture s'est ralentie, son jeu
endolori, balades hippies irradiées de soleil mou et, assise sur la
table du soir à gratter boisé, elle s'est laissée aller à
dérouler une collection de chansons acoustiques au gré d'une soirée
en bœuf envoûté.
Et du coup, je me souviens aussi du
label Gnomonsong avec son catalogue .. Vetiver, Jana Hunter, Rio en
medio, Papercuts... d'un label à un autre, d'une artiste à une
autre, toute une famille de cordes sèches chantent à l'unisson un
printemps qui prends du mercure dans la cafetière.
C'est la façon d'interpréter ses
jolies chansons qui m'a séduit immédiatement. Un petit grain de
folie qui une fois de plus vient tanguer parmi les herbes folles des
talus et ravines. C'est la saison, agrostide ou fromental grignotent
nos chaussées. Des franges de talus comme des marées, des dentelles
de brins dansants, comme la délicatesse barge d'Aldous Harding.
Et puis sa voix, son écriture, le
minois qu'on imagine habité par la beauté pure de ses chansons, des
idées sonores de cuivres graves qui viennent contrebalancer la
finesse de son chant, sans compter le mellotron lointain sur "Swell does the skull"... tout ceci pour me retrouver à la deuxième
écoute de « Party », pétri d'émotions.
Je n'ai écouté plus bel album depuis
le premier Agnès Obel, c'est son deuxième et déjà il sonne comme
une incontournable pièce discographique. Un petit grain Kate Bush
sur « Horizon », presque aussi beau que « Army
dreamer » ou « Oh England my lionheart »,
tantôt Lou Doillon sur « Imiganing my man », Joanna
Newsom sur « Party », lips profil Pj Harvey... le
printemps hésite entre tiédeur crépusculaire et doux frimât
matinal, j'ai tranché, il sera Aldous.
Tous les superlatifs et épithètes
iront de bon train, rien à redire, tout y sera et y est déjà, tout
comme le graphisme de la pochette adéquat, du studio au cosmos de
toute façon c'est le genre de nouveauté que j'écoute sans
rechigner, surtout provenant des anges noirs révoltés avec la
charrette d'étiquettes accolées.
C'est parti : psyché, cosmique,
électrique, fulgurant, volcanique, incandescent et glacial, incisif,
vaporeux, réverbérations et dissonances, road-rock, groupe en
« The » et groupe en « Black », sombre,
vintage, fuzz, acide, écho, canyon, Velvet-13th floor,
indie-rock, céleste et ténébreux, saturé, irradié, épileptique
et Sabbathien, gros grave et puissant.. une bombe.
… des codes, une évidence
discographique, à nouveau un traumatisme Trump.
The Black Angels 2017 « Death
Song » label : partisan records
Bingo, je tiens là MA chanson de
l'année, ou plutôt MES 2, toute saison confondue, à moins que l'on
puisse tous les partager ??
Un vent chaud est venu foutre le bordel
dans mes cheveux qui se font la malle depuis quelques années, un
hymne pour un globe anodin, pas n'importe lequel pour nous, puisque
nous sommes dessus à tourner pareil, sur cette boule bleuie par les
fonds océaniques avec de l'amour tout autour .. arrrf ça devient
gênant là. Allez, « Love is Love », serrons nous dans
les bras sur cet agrume cobalt.
Il s'agit en fait de deux hymnes
terriblement ravageurs pour les airs dans la tète qui ne veulent
plus en sortir, deux chansons sur un même album. Car il y a aussi
« Bleeding blue » avec cette petite trompette répétitive
qui souffle des idées belles à pleurer et me projettent sur la
colline de Penny Lane. Plus hippie que psyché, cette pop promenade
est une virée dansante charriant des tonnes d'espoir
géostationnaire. Une fois de plus Woods fait tourner la planète.
Il faut quand même dire que ce groupe
possède 15 pièces discographiques depuis 2005, et que la mèche
blonde d'une Amérique qui s'écroule a failli stopper cet élan
artistique. Mais la résistance se met en branle et les trompettes
n'en finissent plus de résonner dans les crânes nuageux. A tout
prix dire quelques chose, s'exprimer, rester debout, et comme un
thème ou un concept, les p'tits gars de Brooklyn reviennent avec un
album au format Ep, mais qui sonne Lp tellement je passe cette
incantation rock en boucle, sans cesse, comme une ellipse planétaire
incessante. En plus d'un instrumental de 10 min, « Love is
Love » est repris à la fin sous un visage de Jerk endiablé
comme pour insister sur la danse planétaire à partagée urgemment.
La basse devient ensorceleuse, le solo guitare psychédélique, Let
the sunshine pas loin, vous allez voir on va tous finir à poil dans
les herbes folles.
Texas, le M à Mali avec Malouf, le
soleil de Trower, Mac Demarco.. et Love is Love.. du jaune solaire,
la couleur cette année ? La mèche outre-Atlantique a fait des
ravages, va falloir la passer au cirage.
Faites passer, transmettez, donnez
cette musique tant que possible.. ouaih, mais rhabillez vous un peu
quand même avant, on va encore dire que c'est de ma faute.
Oh le bel album, je la connaissais la
Jane, adorable sur « Like an Aspen Leaf » en 2002,
troublante sur « Cherlokalaté » en 2007 ou encore
faramineuse sur l'épique « The Fallen by Watch Bird » en
2010, et j'ai dû manquer son virage electro « The Amber
Light » en 2014 tellement il me reste parmi les herbes folles
ses virées premières.
Un décollage synthétique a dû mordre
le cosmos mordorée, je découvre ces nouveaux papillons. Jane a
quitté la houlque laineuse et, sans trop s'éloigner des étendues
graminées, elle a cultivée ses convections flottant entre brume et
cumulus. Quelle voix, quelle ambiance, j'ai lu quelque part Stereolab
ou Broadcast et je comprends pourquoi à ramper sur les touffes
d’épillets du pâturin je la regarde se répandre sur le cobalt.
Naufragé dans le plantain j'ai vu la Jane planer , je me suis enivré
de sa cosmologie moderne.
Je reprends le fil des albums de Jane
Weaver avec un plaisir enivrant. C'est un petit chef d’œuvre.
Jane Weaver 2017 « Modern
Kosmology » label : fire records
Nous y voici à ce blues dominical la
veille de replonger dans la mouscaille. C'est dimanche donc, le
moment d'écumer légèrement ses étagères pour injecter dans ce
vide réparateur la substance crâneuse d'une musique charpentée, le
mortier vital pour nos statures.
Après le feu de Trower, la crème de
Taj Mahal.
Si la discographie de Robin est
faramineuse, celle du bluesman de Harlem né en 1942 est
intersidérale.
Ancestral avec un feeling de dingue,
Taj s'est associé à Keb'Mo pour un album religieusement blues.
Taj Mahal & Keb'Mo 2017 « Tajmo »
label : concord records