dimanche 26 octobre 2014

Richard Skelton 2014



 
Ce lopin en jachère se jaunit en feinte, la chaleur de l'automne a fait naître un colza d'octobre, comme une séance d'UV pour les yeux, un petit clin d'œil pour brouiller l'hiver. Stoppé net il ne montera pas plus haut, non pas à cause du froid qui risque d'arriver, mais du jour qui baisse. Pas assez de lumière pour bander.

 
La moiteur tropicale rend nos forêts irrespirables, l'humidité est à son comble, que font encore tous ces insectes à chercher mon haleines ? Des effluves de moisissures me brûlent les sinus, l'eau est saumâtre, la boue amoureuse, la chlorophylle ne veut rien lâcher, je suffoque.
Un asthme lymphatique engourdit mes artères, je n'avance plus, je suis au milieu de nulle part, perdu.
 
Les troncs s'alignent comme une armée, je suis cerné et devient de plus en plus petit au milieu de cette grille d'écorces détrempées. Je m'éloigne de la canopée, je m'enfonce, je fouille les archives de Richard Skelton, il injecte à mon cerveau cette communion avec la fougère grasse que je n'ai pas eu depuis quelques temps. Mon cerveau se rouille, mes bogues hibernent sur la sente garrottée. Je foule et écoute, je fouille et tourneboule mon sang tourbé pour prendre l'onde sonore. Là, ici, aux alentours de la clairière sans y pénétrer, je respire le son vierge étuve du macrocosme automnal boisé.

Richard Skelton 2014 « Form themselves into streams » label : corbel stone press

 

5 commentaires:

Sadaya a dit…

Le Rimbaud des blogs. Tu es fou, tu es fort, j'adore.

charlu a dit…

Vais t'engager pour faire la pub ;D
Biz la Sadayadukifsurlatoile

Mita Ghoulier a dit…

T'es vraiment une p'tite fleur des tourbes, l'droseros ;-) Super ta chronique !

Francky 01 a dit…

C'est vrai qu'il est sympa ton papier.
J'ai toujours bien aimé ton style d'écriture, cette façon de parler d'un disque......sans en parler réellement. Comme celui-ci où tu décris plus les sensations ressenties que les sempiternelles références & co. Un style très perso, à mille lieu de beaucoup d'autres (comme moi d'ailleurs).
A +

charlu a dit…

Rhhoo..jchais plus où mfoutre les amiches !! et en plus c'est du vécu ;D Je cause de ma p'tite vallée à moi.

Bizzzzz

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...