Il faut pénétrer dans sa chambre pour
prendre en pleine gorge cet album guttural, respirer la déflagration
et l’orgasme des vocalises de Maja Ratkje.
La plupart du temps, la voix longe les
partitions, corde instrumentale à part entière, intégrée. Ici,
elle est absolue, ce jeu d'organe fou construit un monde
expérimental, un paysage transposé là, dans le souterrain minéral
des bruits d'outre-tombe.
Nous sommes sous le niveau zéro, à
adsorber le cri chanté découpé et mis en boucle de cette belle
créature. C’est le monde des insectes qui grouille, élucubrations vocales d'Ummagumma en
racine. Pas question de décoller, juste s’enliser dans
le fourmillement hurlé des microscopies calciques.
Quelques années que je me plonge ainsi
dans le limon de la norvégienne, il fallait que je vous dise
l’expérience, la folie artistique d'un Elfe acoustique, une
séduisante virée labyrinthique sonore juste en dessous des racines,
dans des galeries phréatiques.
C’est son plus bel album je pense, le
plus personnel, une Haino Keiji d'un autre continent, avec la douceur en plus. Elle a ensuite approfondi avec le duo Fe-mail, et œuvré au sein
de Spunk un groupe du même label. Appuyée par les manipulations de Otomo Yoshihide et Lasse Marhaug, la voix unique de Maja est captée du murmure au cri, dans un ascenseur, sur un toit, là où la résonnance et l'écho embélissent.
En attendant, laissez-vous happer par les chant diaboliques de chambre minérale de Maja.
Maja Ratkje 2002 « Voice »
label : Rune Grammofon
3 commentaires:
Voilà un très jolie billet qui donne tout de suite envie de se précipiter. Merci.
Zyva Djim..c'est barré, c'est presque world. c'est expérimental.. c'est son premier disk..après c'est encore plus barré, proche de Keiji et Yoko Ono ;D
Je veux bien un petit coup de Drop, si ce n'est pas trop demandé.
Merci d'avance,
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