dimanche 2 octobre 2011

Neil Young 94








Les peupliers se répandent, recouvrent la rosée, cette nature trempée, et les sentes se changent, comme on se déguise dans un vieil hôtel miteux, sur cette écorce bleue en voie de vétusté, vétuste déjà. Mes pas crépitent sur cette couverture brûlée, la feuille de peuplier a un joli chant métallique, par terre ou sur les branches. L'automne est chaud, et les parfums exaltent, cycle interminable et je pense à sortir quelques cuvées musicales dès mon retour, des disques récurrents.



J'ai une vague idée, histoire de côtoyer les écorchés, et complètement frustré par la découverte du très moyen « International harvesters – a treasure », la nouvelle pièce sortie des archives de Neil Young. Déçu au point d'avoir interrompu la première écoute, je me soigne et sorts une de mes préférences du Canadien. « Sleeps with angels ».

« mieux vaut exploser en plein vol, que de s'éteindre à petit feu » brandissait « hey hey my my » sur « Rust never sleeps » et claquait dans la tète de Kurt Cobain, juste avant l'implosion. Un ange s'est brûlé les ailes à 27 ans, laissant Neil Young meurtri rongé par la culpabilité d'une puissante maxime offerte en pâture à tous les utopiques. Danny Whitten, un crazy horse, quelques années auparavant s'est aussi brûlé les ailes, laissant naître « Tonights the night », hommage enregistré en 73 et sorti en 75 (mon Francky, faut qu'on en parle).
Icône grunge s'est volatilisé, « Sleeps with angels » est né.

Ceci dit, en dehors du contexte puissant, de l'histoire pesante, ce millésime 94 est le disque le plus complet de Neil Young, une parfaite alternance d'électricité et d'acoustique. Tous ses styles y sont atteint, lui l'artiste des disques concepts, aux mêmes consonances, mêmes thèmes. Ici, chaque morceau à sa particularité et pourrait être extrait d'un album différent de sa carrière, une véritable compilation: « train of love » parmi les classiques country; « piece of crap » rocailleux barré sublime qui pourrait figurer sur « Fork in the road » ; « change your mind », étendu comme une version live de « like a hurricane »; « blue eden » en blues monstrueux, torturé qui chante le paradis des ciels orageux ocre-bleu pour les écorchés; « sleeps with angels » noirceur qu'on aurait pu entendre sur « Freedom »; le clavecin en grande messe sur « my heart »; gimmick flute de « prime of live » semble implorer les fantômes …..

Inspiration démente, cet album, qui n'est pas l'objet de prédilection des chirurgiens de légendes, reste pour moi un sommet abouti, absolu, une vitrine que je conseillerais bien à un novice...histoire d'avoir une vue d'ensemble.

Neil Young 1994 « Sleeps with angels » label : reprise
www.neilyoung.com
échelle de richter : 9
support cd
après milles écoutes.






























4 commentaires:

Bori a dit…

Dans mes albums préférés, je suis content de voir ça ici. Ça fait ma journée. Merci.

Benoit a dit…

j'ai commencé à écouter Neil Young avec ce disque, et en plus c'est le premier que j'ai acheté en compagnie de celle qui deviendra quelques années après ma femme. Donc un disque qui compte bcp pour moi.

Francky 01 a dit…

Hello.
J'aime beaucoup ce disque, un des meilleurs des 90' avec "Mirror Ball", "Ragged Glory" et l'immense double live "Arc-Weld" ( 3CD, 2 pour "Weld" et 1 pour "Arc" composé d'un seul titre, une errance noisy-rock rempli de larsen, de bruit et de fureur).

Ce disque,j'en ai déjà parlé au début de mon blog, le 18/08/2008 ici : http://muziksetcultures.over-blog.fr/article-52494864.html

Comme toi, je n'ai pas réussi encore à écouter entier le dernier "A Treasure". Trop country, pas assez folk rock à la Neil Young comme on aime tant !!! Je suis prêt pour la discussion sur Neil Young comme sur ce cru 1994 !!
A + amigos

charlu a dit…

Benoit..quelle jolie histoire... "sleeps with angels".. bien joué le plan drague !!! moi perso, c'était un Barclay James Harvest.. j'ai pris des risques..mais fallait tester dès le début..merci pour cette anecdote.
Francky.. en fait j'ai eu des retour à propos de mon billet 73.. un mec de chez rusty breizh qui me confirmait Tonights the night enregistré en 73..sorti en 75, mais ça je le savais pas.. j'avais vraiment faut une boulette moteur de recherche 73 sans vérifier..
Eh eh, content que vous soyez là les p'tits gars...

Moi aussi il est passé toute la journée caniculaire Bor'..

A++++

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...