samedi 13 novembre 2010

Dakota Suite






L'écho d'un violon résonne dans les conduits du métropolitain. J'arpente les couloirs pour remonter à la source, j'avance dans ce labyrinthe et je parviens à ce virage carrelé où le violoniste interprète, caché dans un coin, à l'écart du tumulte. C'est sûr il ne demande rien en échange, ni gobelet en charité, ni pièces de monnaie déposées, aucune aumône ni offrande. A le voir jouer, pleurer et danser avec son instrument, sa présence dans cette galerie semble évidente, il joue pour lui. La sonorité, l'écho, paraît être idéal pour répéter dans ces coulisses de fortune. Un voisinage inhibiteur troqué avec une liberté acoustique pour un récital simulé, et c'est magnifique, tout ravage l'endroit, tout se fige. Les tripes en vrac, je simule à mon tour l'état statique anormale dans ces lieux pour mieux boire, me nourrir.

Plus étroitement, près de mes enceintes, c'est Winter Family qui m'avait à la même époque totalement emporté. Enregistré dans une chapelle, le double album psalmodié m'avait totalement magnétisé.
Aujourd'hui, ce sont les compositions de Chris Hooson qui alimentent le trouble sacerdotal d'un récital en un lieu de réverbération. Cet homme c'est Dakota Suite qui alterne habituellement disques néo-classique et pop neurasthénique, soit chez Glitterhouse, soit chez Talitres. Dans la chapelle de Vallisa à Bari, il a convié un violoniste sexagénaire David Darling, puis un pianiste français Quentin Sirjacq, pour un concert bouleversant néoclassique piqué d'esprit jazz comme Keith Jarett domptant ses doigts pour quelques plages éthérées. Seule la pièce finale « Remember » est composée et chantée par Darling avec qui les cordes graves ont œuvré pour le label légendaire ECM.
Cette entité artistique munichoise fondée en 1969 bâtissait des passerelles entre le jazz moderne et un classique ouvert. Une vague idée progressive venant déstructurer le jazz académique et ancestral (Keith Jarett ; Pat Metheny; John Abercrombie)... pour le mêler à la musique nouvelle (Stephan Micus; Anouar Brahem..) et aboutir à une essence informelle et libre qui vit toujours.
C'est aussi ce qui émane de cet instantanée contemporain capté en novembre 2009. Ce disque religieux appelle au recueillement.

Johanna Hooson est à l'origine des pochettes de Dakota Suite, "Vallisa" ne déroge pas à la règle, les pierres de cette chapelle sont capturés par cette photographe. Un grand moment donc dans toutes les arborescences que ce concile peut envoyer. Une chapelle, un couloir de métro, la musique rayonne et se rapproche le plus possible de son auditeur frissonnant.
Ici c'est un peu le temps qui s'arrête à mesure que le son s'élève et prend une dimension prestigieuse de spleen automnal.
Dakota Suite / David Darling / Quentin Sirjacq : 2010 "Vallisa" label : glitterhouse
quand on aime : keith jarett; boxhead ensemble; ecm records; esmerine....

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