La recrudescence de disques appelés par la profession « néo-classique » ne mérite-t-elle pas une étagère à elle toute seule ? L’hermétisme quasi systématique du rayon « classique » (on pourrait en dire autant du jazz) fait que les disques de cette couleur sont mélangés par ordre alphabétique dans les bacs autoproduits et indépendants. D’obédience classique certes, cette musique tend à l’expérimentation, l’ouverture à plein d’horizons différents (électronique ou pop), d’influences et de métissages diverses. Comme le sublime album de Susumu Yokota « symbol », il est plus facile d’être devant sa platine à travailler quelques effets sur tel ou tel morceau classique existant depuis des millénaires que de composer une partition digne de cet héritage ancestral. Et pourtant ce genre de création existe, les artistes composent et sortent des albums superbes dans l’ombre et l’indifférence underground. Slow Six ; Boxhead ensemble ; Rachel’s ; Astrïd ; Clogs ; Max Richter ; Fifths of Seven, Sylvain Chauveau, ou le troublant dernier album de Deaf Center……Je pense aussi au collectif Constellation qui teinte son expérimentation de classique aux travers des travaux de Silver Mont Zion et de leurs multiples collaborations (Esmerine) .Finalement, l’expérience poussée à l’extrême peut s’habiller de « classique » par le biais de labels très ouverts comme important records avec le pianiste Conrad Schnitzler, ou cold blue, ou des artistes comme Jorane ; François-Eudes Chanfrault ; Pierre Bastien.
Bref tout ça pour en arriver au label Leaf recordings et les deux dernières production « néo-classiques » des Danois Efterklang et de la parisienne Colleen (Cécile Schott). Deux magnifiques albums au fond classique mais à la forme différente sur lesquels il est urgent de s’attarder un moment. Si « les ondes silencieuses » de Colleen s’exprime dans un sentiment d’intimité, « parades » d’Efterklang lâche les fauves dans une musique torturée. Pour revenir à mes émotions maritimes (cf Annelie Monserré décembre 2007) la vision océane tumultueuse qui se dégage de « parades » peut s’apparenter chez Colleen à une vaste étendue d’eau calme, une surface d’huile laissant le silence jouer avec les murmures de la nature alentour. Pour elle, l’onde musicale qu’elle exprime peut ressembler au « sentiments que tu peux avoir en étant près d’un lac ou d’un étang ». Dans le langage scientifique, les ondes silencieuses se rapportent aux ondes sismiques que l’homme ne peut entendre mais qui se propagent avec une puissance sourde. Voilà comment pourrait être résumé l’album de Colleen, une colère souterraine qui caresse en surface, le tumulte apocalyptique, c’est du côté d’Efterklang qu’il faut aller écouter.
Tout se clarifie chez Colleen, son art est en perpétuelle évolution, aussi, la mélancolie ténébreuse du premier album « everyone alive wants answers » laisse place au fil des disques à une clarté lyrique guidée par l’amour de la mélodie. Le son est pur, brut, dénudé de tout effet qui faisait de Colleen en 2003 un artiste électro incontournable . Les boucles sont encore présentent certes, mais allégées de silences entrecoupés et d’espace. Les cordes métalliques du violoncelle sur l’album précédent, sont cette fois-ci en boyau, mais la viole reste branchée, électro-acoustique pour un rendu sonore plus fiable et pour un album intemporel sans hommage ou cliché rébarbatif.
Loin de la musique solitaire de Colleen qui laisse les instruments s’exprimer un par un, Efterklang propose un voyage orchestral puissant ; 18 mois de travail dans des endroits d’enregistrements différents et une grosse équipe de musiciens/techniciens très divers (30 au total), une chorale religieuse, des superpositions philharmoniques touchant la perfection. « Parades » pulse dans la musique volumineuse, le son est tectonique et apocalyptique, l’orchestration grandiose. Malgré cet aspect très « classique » à la limite du baroque, Efterklang reste très fermement accroché à notre époque dans la mesure où ses chœurs fous travaillent à la manière des chants vocaux délurés de Cerberus Shoal, ou Silver Mt Zion. Aussi le tout reste expérimental avec une recherche sonique originale allant du celtique dansant, « horseback tenors », au xylophone aéré et cuivré de « caravan ». De même quelques morceaux sont chantés, d’une voix douce qui contraste avec la chorale, une voix pop qui côtoie le fantôme d’un Syd Barrett narcoleptique, voire Tom Yorke.
Tout ça se passe chez Leaf, label à tendance électro-jazz pop..après l’échappée folk de Nancy Elizabeth, l’épopée classique semble prendre forme auprès de ses deux artistes confirmant leur discographie déjà conséquente.
Un véritable casse-tête donc pour les disquaires. Les majors (variété internationale), le jazz et le classique rejettent tout ce qui ne se rapporte pas à leur « caste », toute ouverture possible à un quelconque métissage ou manière de faire. Les bacs indépendants ou électro deviennent alors de véritables fourre-tout qui rangent les disques non pas en genre, en couleur, mais en production ou distribution.
Bref tout ça pour en arriver au label Leaf recordings et les deux dernières production « néo-classiques » des Danois Efterklang et de la parisienne Colleen (Cécile Schott). Deux magnifiques albums au fond classique mais à la forme différente sur lesquels il est urgent de s’attarder un moment. Si « les ondes silencieuses » de Colleen s’exprime dans un sentiment d’intimité, « parades » d’Efterklang lâche les fauves dans une musique torturée. Pour revenir à mes émotions maritimes (cf Annelie Monserré décembre 2007) la vision océane tumultueuse qui se dégage de « parades » peut s’apparenter chez Colleen à une vaste étendue d’eau calme, une surface d’huile laissant le silence jouer avec les murmures de la nature alentour. Pour elle, l’onde musicale qu’elle exprime peut ressembler au « sentiments que tu peux avoir en étant près d’un lac ou d’un étang ». Dans le langage scientifique, les ondes silencieuses se rapportent aux ondes sismiques que l’homme ne peut entendre mais qui se propagent avec une puissance sourde. Voilà comment pourrait être résumé l’album de Colleen, une colère souterraine qui caresse en surface, le tumulte apocalyptique, c’est du côté d’Efterklang qu’il faut aller écouter.
Tout se clarifie chez Colleen, son art est en perpétuelle évolution, aussi, la mélancolie ténébreuse du premier album « everyone alive wants answers » laisse place au fil des disques à une clarté lyrique guidée par l’amour de la mélodie. Le son est pur, brut, dénudé de tout effet qui faisait de Colleen en 2003 un artiste électro incontournable . Les boucles sont encore présentent certes, mais allégées de silences entrecoupés et d’espace. Les cordes métalliques du violoncelle sur l’album précédent, sont cette fois-ci en boyau, mais la viole reste branchée, électro-acoustique pour un rendu sonore plus fiable et pour un album intemporel sans hommage ou cliché rébarbatif.
Loin de la musique solitaire de Colleen qui laisse les instruments s’exprimer un par un, Efterklang propose un voyage orchestral puissant ; 18 mois de travail dans des endroits d’enregistrements différents et une grosse équipe de musiciens/techniciens très divers (30 au total), une chorale religieuse, des superpositions philharmoniques touchant la perfection. « Parades » pulse dans la musique volumineuse, le son est tectonique et apocalyptique, l’orchestration grandiose. Malgré cet aspect très « classique » à la limite du baroque, Efterklang reste très fermement accroché à notre époque dans la mesure où ses chœurs fous travaillent à la manière des chants vocaux délurés de Cerberus Shoal, ou Silver Mt Zion. Aussi le tout reste expérimental avec une recherche sonique originale allant du celtique dansant, « horseback tenors », au xylophone aéré et cuivré de « caravan ». De même quelques morceaux sont chantés, d’une voix douce qui contraste avec la chorale, une voix pop qui côtoie le fantôme d’un Syd Barrett narcoleptique, voire Tom Yorke.
Tout ça se passe chez Leaf, label à tendance électro-jazz pop..après l’échappée folk de Nancy Elizabeth, l’épopée classique semble prendre forme auprès de ses deux artistes confirmant leur discographie déjà conséquente.
Un véritable casse-tête donc pour les disquaires. Les majors (variété internationale), le jazz et le classique rejettent tout ce qui ne se rapporte pas à leur « caste », toute ouverture possible à un quelconque métissage ou manière de faire. Les bacs indépendants ou électro deviennent alors de véritables fourre-tout qui rangent les disques non pas en genre, en couleur, mais en production ou distribution.
Colleen:
"everyone alive wants answers" 2003
"the golden morning breaks" 2005
"mort aux vaches" 2005
"Colleen et les boîtes à musique" 2006
"les ondes silencieuses" 2007
Efterklang:
"tripper" 2004
"parades" 2007
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