La forêt part en succion, tout
s'inverse et le débourrement a soif. La terre gorgée va s'assécher.
Il suffit de s'immobiliser au beau milieu silencieux d'un bois pour
entendre le ligneux pomper, un bruit sourd de capillaires assoiffés.
L'Asteraceae volage nargue le ray-grass, l'heure est grave, l'orchis bouc déploie ses ailes, et déjà la Véronique bavasse avec la Pervenche teintant les parterres de bleu tendre.
L'Asteraceae volage nargue le ray-grass, l'heure est grave, l'orchis bouc déploie ses ailes, et déjà la Véronique bavasse avec la Pervenche teintant les parterres de bleu tendre.
Tout éteindre pour écouter la
symphonie des Aves. Le changement de saison marque son territoire. Ça
bande sévère dehors. L'hiver semble très loin, il a pourtant
marqué par ici l'épiderme de sa lame. J'ai perdu le coriace de mon
échine, les hivers deviennent des calvaires, pourtant il est apparu
du jour au lendemain comme un souvenir glorieux, celui de l'avoir
essuyé et d'entendre à nouveau le bavardage hystérique des
violettes et des potentilles. Je suis plaqué d'une belle nostalgie
moite à me dire qu'il faut que le mercure tue la vermine et que le
gèle calme les ardeurs.. je pense à des beaux pays où l'hiver est
un royaume, comme l'espace qui lui est offert, à l'image des esprits
artistiques qui embellissent sans cesse la chanson francophone.
L'hiver là-bas a ses baladins, des chansons qui vous feraient
épouser les frimas sans écharpe.. puis en attendant que la neige
fonde, on peut se faire jongleur, ou mime...
C'est le printemps ici, je zyeute outre
atlantique là où l'hiver se chante comme un beau poème printanier.
Danser, patiner ou virevolter sur un miroir glacé sans pour autant
se laisser mordre par le vent fouet du nord qui s'affale. Le cœur
des gens de ce pays là m'attendrit, tout comme celui de Claude
Léveillée me bouleverse.
C'est le grand Vigneault dans ses
débuts qui nous tire une larme d'un hiver pas à nous, qu'ici le
notre déjà, le printemps trempé a balayé.
Pendant que le printemps nous revigore
d'un hiver assez dur, moi, Gilles Vigneault je t'aime.
L'hiver un temps perdu? pas sûr,
l'endroit parfait où l'espoir de la chlorophylle se fait le plus
tendre.
Nous sommes au printemps, sur le même
album il chante la « Ballade de l'été ». Quatre saisons, Gilles
Vigneault.
Gilles Vigneault 1963 « Tam Ti
Delam » label : CBS
5 commentaires:
C'est un bel hommage Charlu. Quand cet homme ne sera plus, le Québec fier non plus. Le Québec s'effacera dans un hiver éternel bien peur et dans pas si long. Enfin. Sinon, j'ai vu un spectace d'Edgar Bori cette semaine. Oooooooooooooooooooooooooooh! My God que cet homme est génial. Mise en scène d'un gars de par chez vous Michel Bruzat (connaissais pas). Il ira assurément en France, essaie d'y aller veux-tu. C'est trop beau.
https://www.theatredelapasserelle.fr/espace-pro/bori-garneau/
Suite au post sur le même disque mais dans sa version45t je me suis mis au Gilles pour une découverte printanière, c'est vrai de dire que c'est un poète. Formidable.
Ohhh Bori, un bail que j'ai pas écouté, vais remettre ça, il me manque.
Oui, les grands poètes disparaissent et nous plongent dans le noir... puisque qu'il n'y a pas de relève. Un à un ils se barrent, quand je regarde ce qu'il y a derrière je flippe, l'appel du vide.
Ce Vigneault c'est un oncle peintre qui me l'a fait découvrir, comme Léveillée et Leclerc.. j'avais en même temps l'odeur de l'huile de lin.
Je cherchais l'équivalent chez nous.. en Belgique ils ont Julos Beaucarne (très proche de Vigneault), Branduardi en Italie.. ici, c'est un mélange Ferré, Higelin, Mouloudji.. tous disparus d'ailleurs
Merci our le rappel Bori.
Oui Tonton je me souviens de ton post et notre discu. Vais essayer aussi de trouver des trucs que j'ai pas de lui.
En parlant Ferré, il faut absolument que tu écoutes à ce lien...
https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/samedi-et-rien-d-autre/episodes/402914/17-mars-2018-joel-le-bigot/33
Et tu cliques à 10h32, à la sublime prestation de Catherine Major.
Bon dimanche.
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