Quand je l'ai vu se désaper, j'ai tout
de suite su que le sud était passé en hiver. Quelques frissons
m'attendaient, un froid dans le dos à l'idée d'arpenter la steppe
rasée avec comme seul repère son écluse à péniche. Couper,
ébouter et raser, ça m'a toujours posé problème, je prends des
cours de jardinage pour me soigner et je suis révulsé à la moindre
idée de déforestation.. comment respirer à plein naseau sans bois
ni forêt, comment humer l'humus sans feuilles mortes à venir pour
régénérer la tourbe ?
L'hiver m'emmerde, moi c'est le sud que
je veux, du tiède, du moite, de l'étuve à cramer de l'intérieur,
des souffles chauds, mais qu'est ce qu'elle a fait à faire péter la
toundra ainsi, faire table rase des arbrisseaux et des conifères, je
vais me perdre dans la plaine dénudée, je vais me vautrer et faire
chauffer la débâcle, attendre le printemps, déjà demain ça aura
repoussé pourvu qu'il pleuve. « Winter in the South ».
La chambre est froide, tamisée,
j'avais misé sur un peu de chaleur, il faut dire qu'A.Savage passe
en boucle et c'est pas qu'on se les gèle dans la carrée, son parfum
à elle a tout du jasmin, une once sensuelle de sucré qui susurre sa
peau nacrée, « Thawing Dawn » est en train que me ronger
les glandes. Tellement besoin de canicule que je vais me laisser
brûler les veines par cet album pervertisseur. Les chansons vandales
défilent et je commence à entrapercevoir énormément de chaleurs
de son hiver tondu, et peut être je vais finir nu dans la crevasse à
en baver comme on saigne un cochon.
Tiens, sont amerloques les Parquet
Courts, le A.Savage sonne tellement british, encore un décalage,
chaud et froid, ce disque m'a vrillé la tète, c'est un objet
attachant et toxique, poignant et foudroyant. Une petite œuvre
salope qui me prend par tous les sens, et racole à mort mon spleen
de cheval.
Non seulement elle a ratiboisé grave,
mais en plus elle a coupé la musique sous prétexte qu'il passe pour
la troisième fois, on était justement sur « Winter in the
South ». La cavalcade infernale du wild wild wild horse, ça
attendra demain, je vais juste m'avachir sur le désert à chercher
l'oasis avec encore dans la tète les airs Velvet-Callahan de Andrew
Savage solo.
« Untitled » .. vais
chialer, dès qu'elle s'endormira ma lisse, je remettrai cette
chanson en permanence. Je veux bien avoir la foi, devenir
croyant..mais à quoi ??? aux taïgas brûlantes ?? aux
étendues désertes habitées par un rock soft et fou de vieux
branleur ?? « Thawing Dawn » tout près de Nev
Cottee et Simon Joyner pour le quinté de cette année, pas loin du
premier.
A.Savage 2017 « Thawing Dawn »
label : dull tools
9 commentaires:
Merde, j'savais pas que les mecs de Parquet Court avaient des noms, c'était un concept pour moi ce truc.
Pas mal mais un concept, et donc ce Savage que je connaissais pas ... hé ben c'est trop cool quoi, merci ChaCha.
Sérieux !
De nada L'Evrett, moi même j'ai l'impression de découvrir le groupe grâce à ce disque... ce disque ...euhhh ce disque pardon CE DISQUE, il est fou lui de balancer un truc pareil..ou alors c'est moi.
C'est pas tant qu'il existe quelques branleurs éparpillés de ci de là.. c'est juste que quelques barges balancent des trucs pareils.. je sais pas si je l'ai dit mais ce sont des chansons à lui perso récoltés depuis qq années, impossibles à placer au sein du groupe et qu'il a décidé de proposer comme ça, sur un disque, comme un bonus faramineux d'une entité artistique qui existe depuis 30 ans. Bref, l'est un peu taré ou barré le Savage, un branleur quoi.
Merci sincèrement ;D
Très étonné. La voix me fait penser au flot et ton de Syd Barrett, et la musique du pur Kevin Ayers. Si je n'avais lu l'année j'aurais replacé ce disque dans un bon oublié des 70-80. Magnifique.
Et merci pour le Murat, mélange electro détonnant que je n'aurais pas écouté spontanément (et à tort) en l'imaginant mal dans ce registre.
Un branleur de plus, merde il peut nous en surgir un n'importe où et à tout moment : quel bel avenir !!
Oui Sorg, j'aime les disques sans date, musique intemporelle, surtout quand elle sent cette époque 70's.
Yep Evrett, même dans l'est y'en a aussi :D
Pas mal du tout ce Sauvage [il n'a pas de rapport avec Conway Savage ?], j'avais justement besoin d'un truc comme ça, frais, gai et sautillant.
Untitled me fait penser à Nico. J'aime bien les 3 titres et j'ai droppé la box. Thanx Charlu
eh t'as vu la fraîcheur.. je sais pas pour Conway .. ceci dit, du coup j'ai tout oublié de Parquet..et ce genre de disque un poil taré mais pas trop et extrêmement perso c'est terrible.
Non mais Conway est australien en plus d'être une bad seed, donc pas de rapport avec ce A.
2018, ma tournée des DROP, mais pour l'instant ça marque à l'hiver, heureusement il y a eu le Brésilien
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