mardi 6 octobre 2015

HUMAN




 
Je ne contemple plus rien, du moins depuis mes contemporains tintintin.. c'est pas pour rien que je peignais sans eux sur le lin, j'avais un doute, je m'abstenais.

La virginité de l'horizon devient un luxe.


A force de croire qu'il fallait que je les aime je me demande si je n'ai pas perdu mon message en route. Celui enfant que l'on doit transmettre au vieillard que nous serons.

Les évidences sont souvent fades à dire, à répéter, tout dépends la façon de les montrer et de les mettre en musique. Les bras tombent, on le savait qu'ils étaient lourds, une sauvegarde ou un égoïsme de les laisser tomber ainsi comme des larmes ?
L'adulte, c'est-à-dire l'homme devenu administratif, doit lutter pour ne pas perdre son statue d'homme, garder ce message d'enfant donc pour ce vieillard, essayer au mieux de ne pas anéantir ses chimères, ses utopies amères qui le deviennent à force de surenchérir l'indifférence parce que le quotidien que l'on nous offre est un endormissement des envies, un engourdissement des jouissances, du bromure pour nos herbes folles.

La vie entière d'un astre chaud ne dépend que de quelques mégalopoles affamées suçant l'énergie du noyau, pompant, phagocytant le vital du globe. Le bipède comme la limaille de fer s'agglutine vers les immeubles aimants et les sous-sols, quelques chose les attire comme un mot d'ordre.
Pourtant, l'idée que chacun d'entre eux est beau me plait beaucoup, il suffit d'une rencontre, de gratter un peu, de regarder bien au fond pour voir la beauté et délier toute chose qui font le charme d'une âme.

J'ai dû resté enfant pour autant pleurer sur « Human » qu'il s'agisse de la splendeur d'un visage, de la musique ou des images, devant l'évidence invisible. Je dois être affublé de symptômes pour arriver à cette altitude de fébrilité, lutter au quotidien contre mon implication consumériste pour culpabiliser sans cesse en silence. Je suis un maillon.

A force de ne plus rien voir de mes contemporains, je ne regarde plus que celle qui m'accompagne depuis 25 ans, je vois une fourmilière moite et contaminée tout autour, je ne vois qu'elle et nos petits fruits à nous, les seuls qui peuvent encore m'injecter un minimum de lucidité et de bonne tenue. J'ai convoqué ces petits fruits pour regarder « Human », c'est tellement facile, devenu anodin et bateau que je me suis dit qu'il ne fallait pas s'en priver. Puis si c'est si évident, il y a donc non assistance …


Ne vous moquez pas.. mes enfants sont les enfants d'un enfant, pourtant je joue le jeux, je suis à peine dedans mais j'y suis, j'y ai un pied et j'essaye de penser à cet enfant que j'étais, solitaire mais pas misanthrope, plein d'espoirs, prendre les individus un par un, jamais en groupe ou à plusieurs. Regarder dedans.. et pourquoi pas les peindre, comme Yann Arthus Bertrand. La misanthropie corrigée pourrait devenir un art ?
C'est pas un film documentaire pour ouvrir les yeux, c'est pour éviter de les fermer un peu plus, c'est pour prendre nos messages d'enfants par la main et les trainer avec nous, sans rien lâcher...aimer chacune de nos rencontres, jusqu'à les peindre, les croquer, les poser sur un horizon, capturer leur beauté définitivement.

Yann Arthus Bertrand / Armand Amar 2015 « Human »


3 commentaires:

Mylène Gauthier a dit…

Ce fut un choc ce mois dernier. C'est Sadaya qui m'a allumée sur ce film. J'ai tellement pleuré. Pleuré de joie devant un film si lumineux. Je n'avais pas la bande son. Me suis dit que ça viendrait bien. Que je gardais ces visages et ces toiles encore un peu sous mes yeux. Merci... je ne crois pas que je vais attendre finalement.

charlu a dit…

Je m'attendais un peu au choc, je crois même que je suis allé le chercher..et oui, moi aussi énormément de joie sur la douleur.
Tu vas voir, les chansons magnifiques, ts les visages reviennent. Biz

charlu a dit…

.. et dire qu'on fantasme pour une goutte d'eau sur Mars.

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...