Le pianiste américain R.Andrew Lee
s'est approprié l'interprétation remodelé des six heures mythiques
de « November », unique pièce minimale de l'artiste
Dennis Johnson datant de 1959.
Réorganisé en quatre mouvements d'une
heure et dix minutes chacun, il a retracé, corrigé cette
mystérieuse œuvre narcotique pour piano. On parle d'avant gardisme
pour l'époque, quand le rock'n'roll prenait sauvagement racine sur toute la planète.
La carrière musicale de Dennis Johnson
fut éphémère, elle a pris fin en 1962, et même s'il a essayé de
refaire surgir cette profonde immersion dans le silence joué dans
les 70's, « November » ne reverra le jour que 40 ans plus
tard, via la vision respectueuse de R.Andrew Lee.
D'une simple bande audio ce pianiste de
Kansas City ressuscite toute la substance des premiers travaux de
musique minimale de l'histoire.
Répétitif, résonnant, étude de
tonalité comme on dessine l'océan......... mon cerveau est piqué.
1959..... la preuve que la musique est
intemporelle, cette pièce là affichée « avant-garde »
d'alors pourrait se répandre sur le "néo-classique" d'aujourd'hui.
Tellement de pianistes se sont absorbés de ce son suspendu,
engouffré dans des paysages nus. Tellement de lumières
ont vibrés depuis avec quelques nuances de plus ou de moins. Je pense à Nils
Frahm, Sakamoto, Satie, Keith Jarrett.....
C'est le calme absolu, l'introspection
la plus profonde, l'isolation et le désir de se retrouver quelque
part, seul, sans jamais avoir besoin de justifier sa présence,
devenir un contemplatif définitif pour se diluer sans force, comme
un nuage en haute-pression.
L'hiver est une erre frigide et janvier
habité de rien. Novembre est derrière très loin quand quelque
chose bougeait encore. Un autre est à venir en passant par la
lumière et la turgescence végétale. J'écoute « November »
au milieu de rien, à attendre, me souvenant encore.
Je rentre ce soir avec sous les yeux,
le premier coucher de soleil avant novembre prochain. Cette
demi-balle magmatique mirage sur la chevelure canopée de la forêt
de Meudon. Mon wagon fuse, comme pour rattraper le temps perdu d'une
lourde journée pour rien. Tout s'allume, s'enflamme, le sol détrempé
happe l'horizon comme le capillaire, il n'y a plus de ciel, le sépia
brûlé dégringole avant le noir froid et humide. L'automne ce soir,
n'aura duré que quelques minutes miraculeuse, comme ce rappel
fantastique d'outre-tombe.. « November », étalé
sur plusieurs heures de dérive, une éternité.
Dennis Johnson (aka R.Andrew Lee) 1959
(2013) « November » 4xCD
label : penultimate press
6 commentaires:
Que cette musique soit intemporelle ne signifie pas que toutes le sont... La musique de Guillaume de Machaut(1300-1377) jouée par Tricollectif semble incroyablement contemporaine : https://soundcloud.com/tricollectif/sets/machaut
Inversement certaines musiques des années 80 ou même d'aujourd'hui semblent affreusement daté.
Y'a des musiques qui sont intemporelle à force de revenir sans cesse, le retro, comme les 80's. En ce moment je découvre des expérimentation électro datant des 70's (et même 60's)qui pourraient sortir maintenant (Eliane Radigue) par exemple.. John Cale.. La Monte Young.. et je suis d'accord avec toi, ce style là est encré n'importe quand. Aussi je vais aller voir Machaut ..je connais pas.
Ah bah nan .. pas "enfin"..je resterais bien à 12°C jusqu'au printemps moi ;D
J'ai encore dit une ânerie Tricollectif c'est le nom du collectif qui regroupe des groupes dont le groupe Machaut fait partie. J'vais essayer d'aller à une de leurs soirée tricot bientôt.
Eliane Radigue... Yeah! du drone des années 70... Quel fun!
et puis je te conseille de jeter un œil ici : http://www.indierockmag.com/article23934.html
T'inquiète, je suis le roi de la bourde aussi, je lutte tous les jours :D
Merci pour les liens..je vais pécho Machaut et surtout Otto.. la moitié de Deaf Center que j'adore... merciii Esb
Ah la belle chose que voilà... D'abord intrigué, j'ai écouté l'extrait proposé dans le post et ensuite j'ai écouté ça sur Youtube (on y trouve la version intégrale) et ... même si je n'ai pas éouté en entier, j'ai failli faire une nuit blanche.
J'ai eu l'impression d'un Erik Satie qui serait rentré encore plus profond en lui-même, étonnant.
Il va falloir que je trouve cet objet d'envoutement...
Merci de cette lumière sombre.
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