Il faut bien se rendre à l'évidence.
Ici le temps s'arrête. « For the world » fait table rase
de toute fioriture discographique. Balayer tout sur son passage comme
une tempête d'automne décollant même les feuilles scellée sur la
terre détrempée.
Remettre en question, se défaire et
enlacer le tronc noueux, croquer quelques rameaux pour sucer la sève
d'outre tombe.
Des indices, des avertissements, Dom et
Yom, des piqures de rappel, Bowie, Dylan, Wyatt, des cordes à
pleurer, puis l'on trébuche sur l'harmonica, le piano bar quelque
fois Neil Young ou le maladif Daniel Johnston. C'est surtout un album
qui peut pétrifier.
On est peu de chose, « For the
world » nous en souffle la fraîcheur. Et s'il ne restait que
ce disque là, absolument de tous les temps, toutes les météos, les
humeurs. De quel siècle, quelle décennie, de quelle cellules ces
mitochondries jutent t-elles ?
Il est possible de ne pas revenir de
« So ».
Sans les avertissements amicaux,
j'aurai pu croire à un rêve.
Merde, fallait-il aller si loin dans
l'échelle des âges pour dévoiler autant de beauté pure, fallait
t-il un vie entière pour composer un tel album, « combien de
souffrance pour une mélodie » …
Si je me suis abîmé sur le retour
tardif de Bill Fay l'an passé, je suis littéralement abasourdi par
cet providence psyché folk acoustique de songwriter buriné.
Mon pépé de l'au delà, si je pouvais
t'entendre pleurer la fêlure penché sur ton banjo.
Le cerveau imbibé, la gorge sèche
post biture à la recherche d'une respiration, j'écoute cet album
sans pouvoir l'ôter de la platine.. en boucle depuis des heures.
Tout le monde s'est évaporé. Un monde parallèle ? jamais la
mélancolie n'a été aussi savoureuse, comme une lente injection. Ne
dites rien à Dylan..il ne va pas survivre à ça.
L'automne, le vrai est ici au seuil de
la lourde, j'ai même pas eu le temps de fendre mon bois. C'est gris
à crever, venteux comme une gifle, humide à pourrir sur place,
froid à se faire corbeau. Et la lumière dans tout ça ? La lumière
elle provient d'Ed Askew. Une prière.
Champêtre, boisé, celtique... et
remerde, comment survivre à "So" ?
Ed Askew est aussi peintre.
Ed Askew 2013 « For the world »
label : tin angel
http://edaskew.bandcamp.com/
http://www.tinangelrecords.co.uk/edaskew/
https://www.youtube.com/watch?v=_zNu3DArfKo
5 commentaires:
Les yeux qui appellent.. envie de chialer pour moi, quand je vois les siens qui nous fixent à la fin du clip.. dingo.
Merci en tout cas pour l'envoi de cet album Djim.
Magnifique chronique... Merci aussi pour ça.
Jimmy et maintenant toi ... et si cela déclenchait la version web du bouwhe à oreille?
yes.. ce disque va se répendre et faire du grabuge ..
merce les p'tits gars et la p'tite boite :D
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