mardi 5 novembre 2013

Ed Askew



Il faut bien se rendre à l'évidence. Ici le temps s'arrête. « For the world » fait table rase de toute fioriture discographique. Balayer tout sur son passage comme une tempête d'automne décollant même les feuilles scellée sur la terre détrempée.
Remettre en question, se défaire et enlacer le tronc noueux, croquer quelques rameaux pour sucer la sève d'outre tombe.

Des indices, des avertissements, Dom et Yom, des piqures de rappel, Bowie, Dylan, Wyatt, des cordes à pleurer, puis l'on trébuche sur l'harmonica, le piano bar quelque fois Neil Young ou le maladif Daniel Johnston. C'est surtout un album qui peut pétrifier.
On est peu de chose, « For the world » nous en souffle la fraîcheur. Et s'il ne restait que ce disque là, absolument de tous les temps, toutes les météos, les humeurs. De quel siècle, quelle décennie, de quelle cellules ces mitochondries jutent t-elles ?

Il est possible de ne pas revenir de « So ».

Sans les avertissements amicaux, j'aurai pu croire à un rêve.
Merde, fallait-il aller si loin dans l'échelle des âges pour dévoiler autant de beauté pure, fallait t-il un vie entière pour composer un tel album, « combien de souffrance pour une mélodie » …
Si je me suis abîmé sur le retour tardif de Bill Fay l'an passé, je suis littéralement abasourdi par cet providence psyché folk acoustique de songwriter buriné.

Mon pépé de l'au delà, si je pouvais t'entendre pleurer la fêlure penché sur ton banjo.

Le cerveau imbibé, la gorge sèche post biture à la recherche d'une respiration, j'écoute cet album sans pouvoir l'ôter de la platine.. en boucle depuis des heures. Tout le monde s'est évaporé. Un monde parallèle ? jamais la mélancolie n'a été aussi savoureuse, comme une lente injection. Ne dites rien à Dylan..il ne va pas survivre à ça.

L'automne, le vrai est ici au seuil de la lourde, j'ai même pas eu le temps de fendre mon bois. C'est gris à crever, venteux comme une gifle, humide à pourrir sur place, froid à se faire corbeau. Et la lumière dans tout ça ? La lumière elle provient d'Ed Askew. Une prière.
Champêtre, boisé, celtique... et remerde, comment survivre à "So" ?
Ed Askew est aussi peintre.

Ed Askew 2013 « For the world » label : tin angel
http://edaskew.bandcamp.com/
http://www.tinangelrecords.co.uk/edaskew/
https://www.youtube.com/watch?v=_zNu3DArfKo 

7 commentaires:

Unknown a dit…

Quand j'ai vu la pochette, j'ai su que ces yeux m'appelaient; je n'osais pourtant pas espérer une telle épiphanie.

La Rouge a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
charlu a dit…

Les yeux qui appellent.. envie de chialer pour moi, quand je vois les siens qui nous fixent à la fin du clip.. dingo.
Merci en tout cas pour l'envoi de cet album Djim.

Sb a dit…

Magnifique chronique... Merci aussi pour ça.

Chris a dit…

Belle chronique, belle pochette qui donne envie d'aller voir ce qu'il y a dedans....et magnifique album...

DevantF a dit…

Jimmy et maintenant toi ... et si cela déclenchait la version web du bouwhe à oreille?

charlu a dit…

yes.. ce disque va se répendre et faire du grabuge ..

merce les p'tits gars et la p'tite boite :D

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