Un instant de grâce atmosphérique où entrent en collision un piano et le silence. Tissé sur un fond de lin blanc, le field recording de Paul Corley saisit nos pensées bucoliques en les injectant d’une torpeur toxique engourdissante. On appréhende « Disquiet » distribué par Kompakt, comme un énième album planant d’électronica. C’est sans compter le label qui le produit, Bedroom community où il se passe des choses, et la formidable vision biologique du plasticien américain. Sans compter aussi la présence de Corley pour les travaux pianistiques de Tim Hecker sur « Ravedeath 1972 », et la liste des invités qui viennent figer cet opus qui se découpe en quatre pistes instrumentales. Le mixage et la programmation sont tenus par Ben Frost et Paul Evans, la guitare par Ben Frost et Matthew Collings et surtout la présence aux manettes de l’aérien Valgeir Sigurdsson, beaucoup plus visible pour avoir tissé le papier peint sonore auprès de Bjork, Feist ou Camille. La basse nébuleuse de Borgar Magnasson vient alourdir la brume qui ne se dissipera pas.
Dans les remerciements, il y a Tim Hecker et Brian Eno. Ces deux entités artistiques pourraient résumer la palette de couleurs de « Disquiet ».
Comme de gros morceaux de glace, les notes de piano dérivent à la surface d’une mer glaciale léchant mollement les rivages d’un monde urbain qui respire difficilement. Du gris, du blanc, et si le nacre des frimas se réchauffe légèrement, c’est d’un mercure verdâtre que la brume et la nuit naissante autorise pour quelques minutes encore, juste avant l’anthracite définitif. Le piano est préparé, il flotte dans un rêve néoclassique au milieu de drones délicats, de post-rock primaire et traduit une discrétion spirituelle saisissante, une brûlante caresse cérébrale, sombrant sur un final minimal troublant.
Paul Corley 2012 « Disquiet » label : bedroom community
http://paulcorley.bandcamp.com/
http://bedroomcommunity.net/
11 commentaires:
Ça me parle... merci Charlu!
Y'a de la poudre rouge sur le bord !!! je sais pas qui c'est qu'est venu lui cirer la tronche, mais j'ai bien une petite idée :D
Grand grand disque ambiant abyssal à ranger auprès de Tim Hecker.
Merci pour la découverte! Accompagne bien cette fin (faim) d'automne...
Merci, ici aussi.
Tim Hecker a sorti un disque récemment (20 novembre) avec Daniel Lopatin (Oneohtrix Point Never)... vraiment bien.
Ohhh !!!! merdouille..je pars à la pèche ..merci Esb
Merci et merci aussi .... Bravo à la chronique, effectivement l'image des espaces bleutés collent parfaitement, bon, forcément, du minéral (considérons les Icebergs comme des montagnes blanches)
pas de chair, même les ours blancs sont en trop....
Et puis avec le réchauffement ... comme une fin...
Nous sentons là le peintre même si ce n'est pas dans tes couleurs (idem pour la rouge) c'est que vous êtes trop^tourmentés
J'ajoute: qu'entre ENO, HASSEL, Terry Riley, Scott Walker ... va me falloir me faire un petit rockabilly
Eh Dev, je connais tes visions de fin troublantes.. l'absence d'individu systématique (et m^me les bètes) est surement une fin, ou un commencement.. en tout cas, j'aime bien l'idée de la trace, sans la présence. Un endormissement éphémère ou définitif...
Beuarrhh tourmenté !!! j'ché pas.. dubitatif sur .. ouaih, j'ai un peu déconné..promis le prochain envoi, c'est de l'urgence 2min chrono genre The Hives :D
Eh Djim... j'te vois venir avec ta musique martienne :DD.
Magnifique morceau. Parfait pour mes oreilles coincées entre le froid de ma chambre glacée et le radiateur où je suis collé qui me brule.
Un nouvel opus du trés fou et génial Nico Muhly vient aussi de sortir de la même maison.
Oui j'ai vu pour Nico Muhy..j'avais perdu sa trace depuis "speak volume"2006.. merci Arno et bienvenu ;D
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