vendredi 15 février 2008

les p'tites écoutes du dimanche







Une quantité impressionnante de disques « ambiants » inonde les bacs électro des disquaires. Un tri sérieux est obligatoire afin de ne pas se perdre dans cette profusion electronica. Déshumanisé à des degrés différents le son étiré sur des grandes longueurs offrent une liberté d’imagination. Quand un certain vague à l’âme réclame l’évasion et rejette toute présence humaine, une lente dérive de la pensée vient épouser l’ambiance musicale. Telle une douce macération, l’esprit s’imprègne du son cosmique jusqu’au décollage, à l’évaporation dans des nappes synthétiques, quelles soient urbaines, maritimes voire intersidérales. Aérienne par définition la musique plane à outrance et offre des altitudes (ou des profondeurs) différentes suivant la vitesse des tempos ou même l’absence de rythme. Certaines turbulences électroniques ou acoustiques colorisent, habillent cette nappe dans des contrastes nuancés, le voyage cinématographique en dépend.
Sans pouvoir défendre tel ou tel album sinon par l’intensité du voyage déclenché, par la cohérence des teintes, par la justesse des sons, par la beauté d’une construction architecturale d’ambiance, par le choix des idées sonores et l’émotion des images qu’elles procurent, mes préférences vont naturellement vers « remembranza » de Murcof ; « O, little stars » de Keiron Phelan & David Sheppard ; « Quiet city » de Pan American….
A des degrés différents de minimalisme jusqu’aux rythmes syncopés de quelques beats electro, chaque disque est un tableau avec sa lumière, ses contrastes et ses couleurs. D’ailleurs c’est avec ces « disques de chevalet » que je m’évertue à essayer de retransmettre sur la toile le plus fidèlement possible les images qui me viennent à l’écoute de ces effluves musicales. L’inspiration naît de ces grandes libertés sonores qui offrent à l’esprit un espace considérable. Laisser la musique titiller les pensées et l’ocre jaillit, des cobalts, de l’alizarine. « A jeun » le croquis se pose mais c’est en musique que la pâleur du lin rosit. Le degré de mélancolie distillé par les arpèges dose la quantité de blanc et décide de la lumière du paysage, tel un diaphragme auto-focus. Le tempo guide la pente des pluies obliques et le minimalisme définit la place du ciel.
Cette trilogie ambiante pendant laquelle s’esquisse un paysage canalise les vagues à l’âme pour quelques heures. Parler d’un de ces albums reviendrait à décrire scrupuleusement comme les impressionnistes, nos images pensives qui en découlent. Tant de disques peuvent postuler à rendre de tels effets, ces trois là sont parmi mes préférés.
MURCOF 2005 "Remembranza" label : leaf
PAN AMERICAN 2004 "quiet city" label : kranky
Keiron Phelan & David Sheppard 2002 " o,little stars" label : rocket girl

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